
i y 8 M I L
mirsuté ou la guerre, les pécheurs , & c . , d condition
au Us mettent, comme dans les anciens temps ,
quelqu'un à leur place , 6» qu'ils le payent. ; ( voilà
bien encore les avoués , & à peu de chofe près les
moyens qu’on vient de propoler ).
Par les projets dont on vient de faire part ,
n'aura-t-on pas évité les injuftices, en faifant préfi-
der aux tirages des milices les officiers , aides des
curés , des officiers municipaux & des notables ?
N’aura-t-on pas cherché avec attention à réunir,
autant qu’il a été poffible, l’inftruâion militaire
aux occupations qui font attachées à la profeffion
du nouveau foldat ? & en voulant avoir un foldat,
n’a-t-on pas obfervé qu’il ne falloit que peu de
temps pour le former ; mais que comme citoyen f
il n’en avoit point à perdre , afin de pouvoir vaquer
à fes affaires.
N ’aura-t-on pas rendu aux défenfeùrs de l’état
la confidération que méritent des hommes qui
doivent lui être auffi chers ? On a cru qu’ en étendant
les inftruétions fur tout le cours de l’année,
il feroit prefque impoffible au foldat de ne pas fe
former & d oublier ce qu’il auroit appris ; on a mis
à la tête de chaque compagnie d’anciens capitaines
& d'anciens foldats -, efpérant qu’il s’enfuivroit une
plus grande exa&itude pour la difcipline , & une
plus grande facilité pouti’inftruftion.
Eh ! de quelle utilité ne pourroient pas être encore
près de cent mille foldats provinciaux pour la
police intérieure du royaume ? Touts jeunes , dif-
ciplinés , adroits, inftruits , vêtus & armés uniformément
, fous un chef dans chaque v ;lle , village
ou bourg , fergent, caporal ou vétéran , ne pour-
roient-ils pas prêter main-forte à la maréchauffée ,
lorfque cela feroit néceflaire ? Ne pourroient-Hs
pas contribuer à la tranquillité des foires , des marchés
, des fêtes dans les paroiffes ? Ne pourroient-
ils pas veiller fur les récoltes au moment de leur
maturité , &c. ? Et pour ces différents objets, ne
pourroit-on pas fixer des rétributions qui puffent
les indemnifer des gains qu’ils auroient faits en
travaillant les jours où on les employeroit. ( Le
chevalier de Servdn. , major (T infanterie ).
MILICIEN. Soldat de milice.
MIQUELETS. Troupes légères Efpagnoles formées
d’habitants des Pyrénées. Elles font propres
à la guerre de montagnes.
MISÉRICORDE. Efpèce de poignard qui étoit
anciennement d’ufage dans les troupes françoifes.
MOINEAU. Baftion plat, petit & bas , placé au
milieu d'une courtine dont les lignes de défenfe
excèdent la portée du fufil. On nomme auffi moineau
une demi-lune placée de la même manière.
MORION. Efpèce de cafque.
MOT , mot du guet. Mots fervant de ligne pour
fe reconnoître. ;
Il y a des mots généraux qui fervent à cet ufage, ;
tels que France, Efpagne , &c. U y en a de particuliers
qui font donnés chaque jour à toutes les
groupes d’une armée ou d’une place. Chez les an-
MOU
crens , c’etoit le nom d ’un Dieu,comme Jupiter
Stator, Venus Genitrix , &c. Chez les modernes
c’eft ordinairement le nom d’un faint & celui d’une
ville, comme àaint-Louis & Paris , Saint-George
& Londres , Sainte-Sophie & Çonflantïnople. On
pourroic y fubftituer aujourd’hui le nom d’un général
& celui d’une bataille qu’il a gagnée, tels que
Condè & Rocroy , Turenne Ht Ensheim , Luxembourg
& Fleurus ; ces mots-ci feroient plus militaires.
Nous renvoyons aux ordonnances fur le fervice
des places & fur celui de campagne , pour la manière
de donner le mût & de le faire paffer à toutes
les troupes.
MOULINET. Converfion centrale. Foyer Conversion
& T actique.
MOUSQUETAIRES. Troupe de la maifon du
roi.
Il y avoit deux compagnies de moufquetaires ,
dit le père Daniel ( mil. franc. ).
Les deux compagnies ioiit compofées , poiîr la
plupart, de jeunes feigneurs & gentilshommes.
C eft comme la première école où ils apprennent
le métier de la guerre ûc. font leurs premières armes.
Quantité d’officiers, fur-tout ceux de cavalerie &
ceux des principaux régiments d infanterie, y ont
fait leur apprenttflâge. Plufieurs refient dans le
i corps, & parviennent, avec le temps , aux charges,
aux penfions , & aux prérogatives que le feu roi y
a attachées.
Ils fe font infiniment difiingués dans les lièges ,
fur-tout depuis la campagne de 1672. Us étoient
devenus la terreur des ennemis dans ces occafions,
& rien ne fut plus admirable que la manière dont
ils emportèrent Valenciennes l’an 1677. La valeur
des moufquetaires & la prudence de leurs officiers
les rendirent également recommandables en cette
rencontre.
Elles font depuis longtemps fur le même pied.
Elles ont pareil nombre d’officiers & de même efpèce.
U y a autant de moufquetaires dans l’une que
dans l’autre ; ils font le même fervice à la cour , à
l’armée, dans leurs hôtels. Us ont même folde^
mêmes penfions, mêmes, prérogatives. Les mêmes
changements fe font faits fous le règne de Louis-le-
Grand dans les deux compagnies.
Le roi eft lui-même capitaine des deux compagnies,
comme il l’eft des gendarmes & deschevau-
légers de la garde; & ceux qui la commandent
portent le titre de capitaine-lieutenant.
Il y a deux fous-lieutenants , deux enfeignes
deux cornettes, huit maréchaux-de-logts , quatre
brigadiers, feize fous-brigadiers , un porte-éten-
dart , un porte-drapeau , deux cents cinquante
moufquetaires dans chaque compagnie , y compris
les brigadiers , les fous-brigadiers , &c. Mais durant
la guerre on en reçoit autant qu’il s’en préfente
, pourvu qu’ils ayent les conditions requifes.
Ces furnuméraires ont leur folde tandis qu’ils font
le fervice; mais la guerre étant finie , ils ne l’ont
plus , & attendent leur rang pour entrer en paye
MOU
& dans le nombre des deux cents cinquante. Il y a
dans chaque compagnie fix tambours & quatre*
hautbois ; iis n’ont point de timballes ni de trompettes.
•
Ouire les officiers gue je viens de nommer , il y
en a un dans chaque compagnie qui fait les fonctions
de major* mais les commandants ont toujours
fait & font encore exercer cette commiflion par qui
bon leur femble. Te! éio;t l’état des deux compagnies
des moufquetaires en 1715.
Us fervent à pied & à cheval, l’exercice & les
revues fe font de l’une & de l’autre manière, tantôt
en bataillon , tantôt en efeadron ; lorfque la revue
ou l’exercice fe fait à pied & en bataillon, le drapeau
eft déployé, & il a la droite fur le drapeau.
L’an 1689 , lorfque monfeigneur le duc de Bourgogne
entra moufquetaire , les deux compagnies
campèrent à Verfailles; & ce prince, tout jeune
qu’il étoit, fit l'exercice en préfence du roi. Le
marquis de Q uincy, alors fous-brigadier de la fécondé
compagnie, le tenoit parla main. Ce prince
avoit de l’inclination pour cette compagnie ; mais
pour ne point causer de jaloufie, il avott deux habits
d’ordonnance qu’il mettoit alternativement, ôc
la foubrevefte avoit quelque chofe des deux compagnies.
Touts les ans le feu roi paffioit les deux compagnies
en revue ; quelquefois à pied , quelquefois à
cheval, comme il lui plaifoit de 1 ordonner. Il les
a toujours paflees à cheval durant les. dernières
guerres.
Les moufquetaires vont' à l’armée en détachement
, quand le roi l’ordonne , avec les autres
troupes de la maifon du roi, qui font toujours
commandées par un officier des troupes de la
maifon.
U y a paf-toüt tin moufquetaire à l’ordonnance
chez le général. Il le fuir .par-tout & mange à fa
table.
Dans le temps que le roi alloit à l’armée , les
deux compagnies de moufquetaires campoient en
fon quartier, le plus près de fon logis qu’il.fe pouvoir;
la première à la droite, la fécondé à la gauche.
avec leurs étendards. Quand le roi vouloit fe promener
, ils l’aceompagnoient, foit par détachement
, foif touts en efeadron cela s’eft fait encore
pour feu Monfeigneur, quand il commandoit
l’armée où il n’y avoit qu’un détachement de cent
cinquante moufquetaires de chaque compagnie fans
étendards. Depuis les étendards ont marché avec
le détacliemenr. f
Le roi étant à l’armée , un efeadron de fa maifon
mon oit la garde auprès de fon logis ou de fa tente ,
en commençant par les gardes * du - corps , qui
étoient relevés par les gendarmes, ceux-ci par les
chevau-légers, & le tout finiflait par l’efcadron de
la fécondé compagnie des moufquetaires ; mais il
faut remarquer ici en paftant , que la compagnie
des gendarmes Ecoffois inontoit cette garde après
les cùevau-légers & avant moufquetaires x quoi
M O U 279
qu’elle ne foit pas de la garde du roi ; c’eft un droit
des gendarmes- Ecoftois qu’ils fe font confervé.
Quand le régiment des gardes ne fuivoit pas,
ou qu’il fe trouvoit trop éloigné du lieu où le roi
étoit, les moufquet.titres montoient la garde à pied
par brigades ,-ou en plus grand nombre , félon que
fa majefté l’ordonnoit, avec les officiers à proportion.
Ceux de la garde y alloient tour-à-tour, comme
les régiments des gardes-françoifes & fui fies.
Les étendards des moufquetaires font gardés à la
tête de la compagnie par un fous-brigadier & douze
moufquetaires avec leurs fufils ; ils couchent à l’étendard
qu’ils gardent l’épée à la main & bottés,
& font relevés le foir à la retraite.
Dans les diverfes campagnes les moufquetaires ont
fervi aux ftèges, tantôt à cheval pour la garde de
la tranchée , tantôt à pied aux attaques des dehors ;
& c’eft dans ces adions de vigueur où ils fe font
le plus fignalés.
Dans les batailles ils ont combattu à cheval &
en efeadron. Cependant à la journée de Caflèl ,
comme on rangeoit l’armée en bataille, & que
les moufquetaires alloient prendre leur pofte, M. le
maréchal d’Humières ayant apperçu derrière des
hayes trois bataillons des ennemis , >1 fit mettre
pied à terre aux moufquetaires , qui , tout bottés
qu’ils étoient, donnèrent fur ces bataillons , fécondés
d’une partie du régiment de Navarre, les défendirent,
& remontant à cheval, allèrent enfuite
fe ranger à l’endroit qui leur étoit deftiné dans
l’ordonnance de la bataille.
En 1665 y on un détachement de quatre
cents moufquetaires qui furent joints aux autres
troupes que M. de Pradel conduifit au fecours des
Hollandois contre l’évêque de Munfter. Les deux
compagnies étoient alors chacune fur le pied de
trois cents moufquetaires..
En 1669, il s’en fit un autre détachement pour
le fecours de Candie. Il étoit de cent quatre moufquetaires
de la première compagnie fous les ordres
de M. de Maupertuis, alors cornette de cette compagnie;^
y avoit auffi un détachement de la fécondé.
Pour ce qui eft du fervice de la cour y en quelque
endroit que foit le roi, il y a touts les jours un
moufquetaire de chacune des deux compagnies qui
va à l’ordre. Ils fe placent ordinairement à l’entrée
de la chapelle, & s’il y a quelque ordre à donner ,
le roi le leur donne ; les deux moufquetaires y font
en habit d’ordonnance, & rapportent à l'hôtel ou
au quartier des moufquetaires l’ordre qu’ils ont
reçu. Us font bottés en attendant l’ordre. Autrefois
avant .qu’ils euflënt la foubrevefte , ils avoient
la cafaque fur l'épaule & fur le bras gauche dans
cette fon&ion.
Quant au fervice dans les deux hôtels des moufquetaires
, il fe réduit à- peu de chofe. 11 y a toujours
un officier de jour , à commencer par le près
: rnier maréchal-des-logis,, & à finir par le dernier
! brigadier, à qui on rend compte de ce- qui arrive.