
582 S U B
plus vite , parce qu’alors on les fait paner de pofte
en porte , & de divifion en divifion ; au lieu que
lavis de vive voix doit être porté par celui qui l’a
reçu & a ordre de le tranfmettre, ce qui eft bien
plus lent ».
« Les événements les plus ordinaires des routes
font de petites haltes aiTez fréquentes 8e faites à
propos à touts les paffages un peu plus difficiles , a
l’effet de donner le temps aux dernières voitures
d’arriver & de rejoindre la file, afin que le convoi
ne marche point découfu ».
« Ces mêmes haltes fe répètent & deviennent
quelquefois plus longues , quand la marche elle-
même l’eft davantage , à l’effet de donner à la
troupe & à l’efcorte, le temps de repofer Sc de
prendre haleine, fur-tout fi elle eft compofée d'infanterie
»*
« Enfin les haltes deviennent encore néceffaires
dans d’autres circonftances : s’il fe trouve fur la
routé une montagne affez rude à monter ,pour que
l’on foit obligé de faire doubler les équipages ,
cette manoeuvre exige des précautions particulières
».
u On double les chevaux fur les voitures de
deux façons différentes : ou bien la moitié de l’équipage
double l’autre moitié , ou un équipage
en double un autre ; cette dernière façon eft plus
ufitée dans les grands convois, parce que les équipages
en font moins décompofés ».
« Pour cela, lorfqu’on arrive au pied de la montagne
, on fait ranger les voitures fur les côtés du
chemin , quand cela eft poffible , & il eft bien
rare que cela ne foit pas ; on met-un équipage tout
fur une même ligne à la droite ou à la gauche du
chemin , les voitures à côté l’une de l’autre ,
comme lorfqu’elles font rangées fous des remifes ».
« On range derrière, fur une fécondé ligne , le
fécond équipage de la même façon 8c dans le
même ordre , obfervant de laiffer d’une ligne à
l ’autre , une grande voie où des voitures & des
chevaux puiffent défiler, ainfi des autres à mefure
qu’ils arrivent, toujours de deux en deux & l’un
derrière l’autre ».
« Alors les chevaux du fécond équipage doublent
le premier ; le quatrième double le troi-
fièmejle fixième double le cinquième, ainfi de
fuite ».
«O n doit fentir qu’il faut au moins 126 à 130
toifes de profondeur au terrein pour y loger 18
équipages fur 18 lignes ou rangées , chaque voiture
occupant fept toifes pour le repos delà voiture
& les chevaux ; & comme il faut de plus
grands intervalès entré les voitures que lorfqu’elles
font en route, on peut évaluer cela à aoo^fôifes
pour 18 équipages ; chaque rangée fuppofée de
*4 voitures, comporte au moins 36 à 40 toifes de
largeur au terrein ».
« Les équipages ainfi doublés montent la montagne
, & lorfqu’ils font parvenus au haut, on a
l’attention que le premier équipage fe porte, à 200
s u B
toifes plus loin que le haut, & qu’il y forme la
rangée de la même manière qu’elle étoit au bas».
« Lorfqu’enfuite le troifième équipage arrive,
au lieu de le mettre immédiatement à la queue du
premier , on obferve de laiffer mm intervalle pour
y loger le fécond équipage , aiiifi pour les autres ».
« Chaque équipage trouvant donc au haut de la
montagne la même pofition qu’il avoit au pied , à
mefure que les équipages arrivent au bas de la
montagne 8ç qu’ils fe font mutuellement doublés,
ils montent, 8c lorfqu’ils font arrivés au haut, les
attelages y dépofent les voitures qu’ils ont montées
, 8c viennent rechercher celles qu’ils ont biffées
, c’eft-à-dire, que le premier équipage alors
vient doubler fur le fécond ; le troifième fur lo
quatrième ; le cinquième fur lé fixième, ainfi de
fuite ».
« Pour ne point perdre de temps, le premier
équipage doublé & qui fe préfente pour monter,
monte ; mais arrivé en haut, il doit reprendre fon
rang, & lorfque la totalité de deux équipages ou
de quatre, formant une divifion , eft parvenu en
haut, chaque équipage râtelle à fes voitures pour
être prêt à partir au premier ordre ».
« Il eft fçnfible qu’il eft bien rare que des montagnes
où il eft abfolumentnéceffaire de doubler,
foient affez longues pour que les derniers équipages
euffent le temps d’être arrivés au pied &
. déjà joints ; on gagne, par cet expédient, le temps
du rafraîchiffement des dernières voitures ».
« Lorfque dans la marche d’un convoi on rencontre
une rivière ou un ruiffeau que l’on eft
obligé de traverfer à gué , on ne fouffre , pour
I aucune raifon , que les charretiers s’arrêtent 8e y
faffent boire leurs chevaux, parce qu’indépençlam-
ment de la perte de temps confidérable qu’occa-
fionneroit le retard de chaque voiture, ne per«
diffent-elles qu’une minute chacune, il en rélùlte
encore de l’inconvénient pour les chevaux qui, fe
trouvant le plus fouvent tout en fueur, 8c venant
à boire des eaux quelquefois crues & fraîches, y
gagnent des tranchées 8c des maladies ».
« Mais quand dans une marche , lorfque & par
de grandes chaleurs, on juge néceffaire de faire
boire les chevaux en route pour les défaltérer,
alors l’expédient le plus fimple eft de faire halte à
portée de quelque rivière ou ruiffeau , de parquer
comme on a d it, fur une file, équipage par équipage
, ce que l’on appelle en écurie ou en artillerie ;
alors on fait manger un peu de'fourrage aux chevaux
, enfuite on les dételle & on les mène boire,
la moitié de l’équipage d’abord, c’eft-à-dire deux
chevaux de chaque attelage, & l’autre moitiéerb
fuite ; au retour de l’eau on donne de l’avoine, &
quand elle eft mangée, on fe remet en route.
Toute cette manoeuvre ainfi pratiquée , ne fait pas
perdre plus de trois quarts d’heure en tout, parce
que plufieurs équipages font la même opération
d a n s le m êm e - tem p s v.
u La traverfée des villes 8c des villages uft petl
confidérables , eft toujours une occafion de retard
pour les équipages ; c’eft pourquoi toutes les fois
qu’il-y a poflibilité de les tourner , on doit le faire ,
quand même le chemin en feroit un peu allongé ,
pourvu toutes fois que les paffages foient pratiquâmes
; mais quand abfolument on eft dans l’o bligation
de les traverfer, il n’y a qu’un parti à
prendre, c’eft de difpofer des employés furs de
diftance en diftance dans toute l’étendue de la
ville , qui ne bougent point de leur place tant que
le convoi traverfe ., 84 qui veillent à ce qu’aucune
voiture ne s’arrête, foit pour rafraîchir , boire ,
acheter du tabac, & tant d’autres motifs féduc-
teurs pour des charretiers , 8c quelquefois pour
ceux qui les conduifent».
u Les paffages de pônts , 8c fur-tout de ceux de
bateaux ou de pontons, exigent des précautions
particulières , tant pour ne laiffer jamais le paffage
vuide, que pour obferver des diftances 8c des intervalles
, afin de né point trop charger les ponts
dans un même point ; ce font MM. les officiers des
ponts qui indiquent les précautions à prendre à
cet égard , 8c on les exécute ».
«Il arrive quelquefois dans une .marche, qu’un
convoi des vivres rencontre ou une divifion de
troupes , ou un autre convoi qui le coupe ; pour
l’ordinaire la force fe trouvant combinée 8c réunie
avec la divifion de troupes , ou dans là colonne
d’artillerie, celles-ci arrêtent tout court le convoi,
& veulent paffer de préférence; cependant il arrive
prefque toujours que ce retard eft1 préjudiciable
à la troupe même qui coupe 8c arrête le
convoi ; mais pour le moment elle en tient peu
décompté. Dans ce cas, il eft de l’intelligence du
commandant du convoi d’apprécier combien de
temps à peu près il le trouvera retenu , 8c pour
peu qu’il voie qu’il doit l’être quelques heures , le
plus court parti à prendre eft de faire faire halte ,
de parquer 8c faire rafraîchir les chevaux , pour ,
auffitôt que le chemin fera libre & ouvert , fe
remettre en route 8c regagner le temps perdu par
le retard ».
« Néanmoins lorfque les commandants des
corps qui , dans leur marche , fe trouvent couper
le convoi, font affez complaifants pour vouloir fe
concilier, il eft très aifé de déblayer les deux colonnes
pour ainfi dire à la fo is , fans qu’elles- fe
portent mutuellement un biea grand préjudice >
l’expédient confifte à fe couper & recouper alternativement.
Une brigade d’infanterie paffe ÿ on
fait filer enfuite deux équipages, enfuite une autre
brigade & puis deux équipages ; de çette manière
la tête de chaque colonne raccourciffant le pas , la
queue rejoint infenfiblement fans beaucoup de
peine , & tout le monde paffe à la-fois »►
« Dans ce cas , lorfque les chemins le permettent
, les vivres 8c les troupes peuvent encore regagner
le temps qu’ils fe font- perdre mutuelle-
?0€flt j il ne s’agit qpe dé doubler les- files * &• de
pûfTer deux files à-la-fois , après quoi on fe dé*
ploie ».
« Enfin de toutes les précautions à prendre , &
de toutes les manoeuvres à obferver pour bien
conduire un convoi > les plus difficiles fans doute
font celles qu’on eft obligé d’exécuter en prèience
& pour ainfi dire fous le feu de J’eonemi ».
« Toutes les difpofitions , dans ces cas , doivent
émaner du commandant de l’e’fcorte. La feule qui
foit réfervée aux employés des équipages , 8c qui
n’eft ni la moins difficile ni la, moins efïentielle
c’eft de contenir tout le monde à fon pofte ; de
prévenir la défertion des;charretiers 8c ouvriers 8e
l’abandon de leurs voitures ; de faire obferver fur-
tout le plus grand filence ».
« il y a longtemps que pour là première foison
a dit que toute efeorte de convoi attaquée eft une
efeorte battue. L’efcorte étant obligée de fe tenir
divifée , 8c le corps attaquant fe tenant au contraire
réuni , il fe trouve toujours fupé rieur en
force dans le point où il. attaque j il eft même
prefque toujours impoffible que les forces divifées
d’une efeorte viennent au fecours les uns des autres
8c fe réunifient, parce que , dans le niomeng
où l’on apprend que la tête ou la queue du convoi,
eft attaquée, on ne peut pas favoir fi on n’a pas
devant foi une autre troupe des ennemis qui attaquera
au moment que l’on quittera la pofition où
l’on, fe trouve »,
« La meilleure façon d’efeotter un convoi eft
donc non d’entreprendre de le défendre en route *
mais de prévenir qu’il ne puiffe être attaqué avans
que l’on ait eu le temps de le mettre en défenfe ».
« Si Le commandant de l’efeorte veut que le
convoi parque fur ie-champ en colimaçon , en uni
ou plufieurs parcs,. fuivant la force du convoi , il
en donne lui-même l’ordre au lieutenant-, commandant
des équipages , qui, dans de pareilles cir-
e on fiances , doit toujours fe tenir auprès de lui &
ne le jamais quitter j celui ci ne porte point lui-
même cet ordre , il l’envoie par des employés aux
lieutenants qui font avec les voitures, 8c ceux-ci
lui renvoient fur-le-champ d autres employés d’ordonnance
».
« Pour parquer en colimaçon , on embraffe tus
terrein fuffifant pour le parc que l’on veut former v
choififfant pour cela , autant qu’il eft poffible, f*
pofition de manière qu’elle foit couverte de quelques
bayes, ou foffés , ou ruiffeaux, du côté oît
l’ennemi fe propofe d’attaquer ; alors embraffant
dans le terrein choifi d’abord un fort grand efpace,
8c revenant fur foi-même en tpurnant continuellement
par plufieurs tours redoublés , les voitures
du convoi ou feulement de la divifion, forment
plufieurs lignes de voitures redoublées les unes-
fur les autres, qui fe prolongent en fpirales 8t
viennent aboutir à un centre commun-. On- ob-,
ferve , dans cette manoeuvre , de laiffer dans te
centre circonfcrit un efpace affez grand pour p©u>t
voir feryir do place d’armes imais en même-temps