
c ’eft que l’on met tou]ours à la tète du convoi la
divifion la plus repofée , à la tête de chaque divifion
l’équipage le plus frais» parce que s’il y a^
quelque ordre à exécuter en route > foit pour faire
devancer une partie du convoi, ou pour aller plus
loin que la deftination premièrement indiquée ,
ces équipages fé trouvent plus en état d’y fuffire »
& les plus fatigués ne venant qu’à la fin du convoi,
font retenus pour être employés aux pofitions les
moins éloignées , ce qui leur épargne un peu de
fatigue ».
« Le jour du départ arrivé » le lieutenant commandant
à foin de donner l’ordre |k>ur atteler à
l’heure qu’il a indiquée la veille , 8c qui doit
précéder celles des rendez-vous de l’efeorte ».
« Cet ordre d’atteler ne doit point être a la
même heure pour touts les équipages , ni pour
toutes les divifions ; ce feroit tenir inutilement des
chevaux harnachés pendant des heures entières. Il
fuffit que la première divifion foit prête avant
l’heure fixée, & du moment que celle-ci part &
commence à défiler , la fécondé harnache & attele :
elle a beaucoup plus de temps qu’il ne lui en faut
pour ne pas faire attendre après elle ».
« Il eft bon de prévenir que nonobflant ces répartitions
8c divifions d’équipages entre les lieutenants
, cela ne les empêche point de veiller,
chacun pour fa part, à ce que la totalité du convoi
marche dans le plus grand ordre & la plus grande
police^ On indiquera par la fuite, les précautions
que l’on prend pour cela ».
« Une des principales, c’eft d’avoir des guides
furs , gens connoiffant le pays, fur-tout quand
les employés n’ont point encore fait la route fur
laquelle ils marchent. C ’eft affez ordinairement
l ’efcorte qui s’en affure ; mais à fon défaut, le commandant
du convoi doit en demander , 8c s’en ;
pourvoir ».
« L e moment de défiler étant arrivé, le lieutenant
commandant prend la tête de la première
voiture, & avec lui le lieutenant & le capitaine
du premier équipage ; il marche ainfi jufqu’au lieu
dü rendez-vous de l’efcorte. Si elle n’y étoit pas
encore rendue , il l’y attendroit, & ne prendroit
en aucune forte fur fon compte , de paffer outre
fans efeorte , attendu que s’il lui arrivoit d’avoir
au-delà de ce point quelques chevaux d’enlevés ,
il feroit blâmable de s’être mis en route fans être
protégé ; mais l’efcorte rendue à fa deftination ,
le lieutenant commandant le convoi, donne le
temps au commandant de l’efcorte, de régler fa
difpofition, & lorfque celui-ci le prévient qu’elle
eft faite , alors il fe met en route de la façon qu’il
fuit ».
a Le point effentiel pour bien conduire un convoi
, eft que toutes les voitures foient continuellement
obfervées 8c vues par quelqu’un qui puifle
maintenir les charretiers , & par fois même, les
employés, dans leur devoir ».
« Ce n’eft donc point est M tenant à la tête d’un
I convoi ou d’un équipage, que l’on parvient à le
bien faire marcher ; c’eft en le voyant défiler délavant
foi, 8c en avertiffant le charretier & l’employé
^de ce qu’il a à faire pour éviter un mauvais pas,
pour rallentir ou preflér fa marche , pour obferver
fes diftances , pour faire tirer fes chevaux touts en-
femble 8c également , pour faire ménager un
cheval de trop bonne volonté qui fe tue , pendant
que les trois autres à peine entrent dans leurs traits.
Tout cela paroît bien difficile à obferver dans la
marche de 400 voitures à la fois , cependant rien de
fi fimple 8c de fi facile quand on en a l’habitude ».
« Commençons par un fimple équipage ; du fimple
nous irons au compofé ; nous avons dit qu'il
y a à chaque équipage, un capitaine, deux conducteurs
, deux hauts-le-pieds , trois ouvriers & vingt-
cinq charretiers ; ne parlons point des charretiers,
ils conduisent leurs chevaux ».
« Le capitaine prend là tête de la file, le fécond
conducteur marche à la douzième voiture, 8c le
premier conducteur à la queue ».
« Une voiture attelée de quatre chevaux occupe
4a pieds ou 7 toifes de terrein, y compris l’intervalle
à laiffer de la première voiture à la fécondé,
un équipage de vingt-quatre voitures, occupe donc
environ 168 toifes »:
« Lorfque le capitaine qui a défilé à la tête de fon
équipage calcule , & l’habitude lui fait calculer
jufte, qu’il a parcouru environ 168 toifes de terrein,
il s’arrête, fe range fur le côté de la file , 8c refte à
voir défiler fon équipage devant lui ».
« Pendant ce temps , le Second conduCteur qui
étoit ail centre gagne la tête de l’équipage , &
quand il a marché 84 toifes, il s’arrête 8c en fait
autant ».
« Dans le même temps, le premier conducteur qui
a quitté la queue où fe trouve le capitaine , a paffé
alors par le centre , 8c infenfiblement a gagné la
tête où il marche à-peu-près le même elpace de
chemin, & puis il s’arrête pour revenir une fécondé
fois à la queue » après qu’il a vu défiler devant
lui tout l’équipage ».
« On doit ientir que par cette combinaifon il
fe trouve toujours un employé à la tête, un au
centre , & un à la queue de l’équipage ; que fuc-
ceffivement toutes les voitures paffent devant eux ,
& qu’il n’y a pas un inftant dans la route , où elles
ne foient vues & infpeétées, au moins par un des
employés , & même quelquefois fouvent par deux
en même-tems. Ils ne font point pour cela plus de
chemin que le convoi, & fans le fatiguer, aller
ni venir plus qu’il n’eft néceffaire, ils font toujours
par-tout ».
« Si donc dans la route il le trouve un mauvais
pas ou un détroit, c’eft en cet endroit que de préférence
les employés s’arrêtent, 8c préviennent par
leurs foins , les açcidents qui pourroient arriver ».
« Ce qui s’obferve dans un équipage „ les lieutenants
l’obfervent entre eux pour la totalité du
convoi ».
. U Nous avons dit qu’il y a quatre lieutenants
à un convoi de 18 équipagés ; un de ces lieute-
nams qui eft le commandant, n’a point de place
fixe il fe porte ou refte par-tout où il croit fa précoce
néceffaire; mais en partant, pour l'ordinaire,
jl fait marcher le fécond lieutenant à la tête du
convoi, & pour lui, il s’arrête plus communément
au débouché du parc , où il attend que la dernière
voiture du convoi ait défilé & paffé , pour s’affurer
eue tout fon monde eft avec lu i, 8c qu’il ne lui
manque point de voitures ».
u Toutefois.fi le capitaine général, ou le commandant
général des équipages, comme cela arrive
très fouvent & prefque toujours, à moins qu’ils
ne foient occupés ailleurs , fe trouvoient préients
au défilé du parc , alors le commandant du convoi
en prendroit lui-même la tête.
« Quand iUy a neuf équipages de file , il fait
marcher le quatrième lieutenant à la tête du dixième
équipage, & à la queue de tout le convoi, il y
place le troifiéme ».
« Alors , quand il eft affuré que tout fon convoi
eft en route, 8c marche fans inconvénient, il gagne
infenfiblement la tête, pendant lequel temps il
voit une fécondé fois toutes le? voitures de fon
convoi, & s’affure que cljaque employé eft à fon
pofte , & a rempli fon devoir ».
« Arrivé à la tête du convoi, il y reprend faplace,
& alors le fécond lieutenant refte en place pour voir
défiler les neuf premiers équipages ; dans le meme
temps,le quatrième lieutenant y refte auffi pour
voir défiler les neuf derniers ; après quoi chacun
d’eux remonte le long de la file des équipages qu’il
a vu défiler, jufqu’à ce qu’il foit arrivé à la tête de
fa file, où il s’arrête une fécondé fois pour recommencer
».
« Par cet ordre , il y a toujours un lieutenant à
la tète, un à la queue , & deux fur les côtés de
la file, qui voyent défiler les équipages ».
« On fent aifément que cette manoeuvre ne fe
répète pas beaucoup de fois dans la même journée.
Si un équipage occupe 168 toifes de terrein , 18
doivent en occuper 3,124 , qui, réduites en lieues
communes de 2,282 toifes, onde 25 au degré , ne
s'éloignent pas beaucoup de la proportion exaCte
d’une lieue 8c demie ; encore faudroit-il que chacune
des voitures n’occupât que jufte la proportion
du terrein qui lui eft afligné par cette combinaifon
; on fait cependant de refte. qu’il nVft
guères poffible que cette précifion exaéie ioit obfer-
vée & fuivie dans une file auffi longue que celle
de 414 voitures au moins ».
«Ainfi donc, quand la dernière voiture fort du
parc, la première doit être réputée à une lieue
& demie du même point, & quand le lieutenant
ne mettroit qu’une heure pour faire au pas de fon
cheval cette lieue & demie , & regagner la tête de
la colonne, le convoi a encore avancé pendant
ce temps , 8c fe trouve avoir dépaffé le terme de
la moitié de fa marche „de la journée. Il ne lui refte
donc que fort peu de terrein à parcourir polir être
rendu à fa deftination, en fuppofant la journée de
marche d’un convoi de 4 à 3 lieues communes ,
de 25 au degré, par jour. Il eft vrai que fouvent
les équipages font forcés d’en faire d avantage ;
il eft vrai auffi que c’eft au détriment de ces mêmes
équipages , 8c du fervice en général ; mais il n’en
réfulte pas moins que pendant tout le temps de la
marche, chaque équipage eft continuellement ob-
fervé par les employés particuliers qui font pré-
pofés à la conduite, & que ceux-ci font eux-
mêmes obfervés par les lieutenants qui commandent
le tout ».
« Il fe rencontre par fois dans les routes des
paffages difficiles , où l’adreffe des charretiers
échoueroit fi on ne prenoit des précautions fures
pour remédier à la nature & à la fituation du terrein.
Ces moyens font faciles : il faut favoir que
dans chaque équipage il y a un nombre d’outils de
différentes natures affeCtés au fervice de ces équipages
; ces outils font 4 haches, 4 ferpes, 4 bè-,
ches , 4 hoyaux ».
u Nous avons dit que par équipage il y a trois
ouvriers 8c deux haut-le-pieds qui l’accompagnent,
& n’ont point de fondions déterminées dans la
marche, à moins qu’il ne furvienne quelque accident
qui exige leur miniftère ; c’eft fur un convoi
de 18 équipages, 90 perfonnes , qui, au befoin ,
peuvent prêter fecours & affiftance , fans déran-,
ger les autres de leurs poftes & fondions ».
« Il eft aifé d’ en conclure que dans un paffage
difficile , s’il vient à verfer une voiture , ou qu il
s’y rompe quelque chofe , au premier ordre il fe
trouve affez de bras pour la relever & pour réparer
le mal, fans déranger perfonne de fon fervice ;
de même fi on prévoit qu’une route foit embarraf-
fée , ou que la nature du terrein exige qu’on cherche
à fe frayer de nouveaux chemins , en abattant
des hayes, comblant des foffés , ravalant un terrein
trop èfearpé, on eft pareillement fur de trouver
des bras & des outils pour le faire ; auffi eft-il
bien rare qu’un convoi refte en chemin , quand le
fonds des équipages & des chevaux n’eft point
outré de fatigues par l’excès du travail précédent ».
« Il eft expreffément défendu dans les équipages,
d’obéir à ces ordres verbaux qui fe paffent de
bouche en bouche, & dont l’origine n’eft jamais
fuffifamment connue & avérée ».
« Quand le commandant a des ordres à faire
parvenir à la partie de fon convoi à laquelle il ne
fe trouve point pour le moment, il a fuffifamment
de monde à fes ordres pour les envoyer porter de
vive voix par quelqu’un de connu, & pour peu
que l’objet foit intéreffant, il ne doit point encore
fe contenter de cette précaution , il doit l’écrire ».
« D e même fi un des lieutenants qui fe trouve
éloigné du commandant , a à lui faire part de ce
qui arrive dans fon diftriCi, il lui envoie un employé
, & pour peu que l’avis foit intéreffant, il
l’écrit * les avis par écrit parviennent même bien