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R o n d e d e s o »f i c i e r s d e p i q u e t . En campagne
« le brigadier, le colonel, le lieutenant-colonel
de piquet, font la ronde dans le camp pendant
la nuit. Le brigadier règle l’heure à laquelle
chacun doit la faire. Celui qui la fait parcourt la
tête & la queue du camp , il parte entre les deux
lignes , afin d’examiner s’il ne s’y commet'aucun
défordre. Il vifite de temps en temps quelques
iquets à fon choix, pour favoir s’ils font alertes,
our cet cffTet, il demande à voir le piquet d’un
bataillon ; la fentinelle du piquet de ce bataillon
l’arrête à quinze pas , en lui criant halte-là : le caporal
approche & dit avance qui a P ordre, afin de
recevoir le mot de celui qui fait la ronde. Le mot
reçu 8c l’officier reconnu, le caporal va rendre
compte au capitaine , qui a dû, pendant ce temps,
faire afifembler fon piquet fans armes ; le capitaine
avance , l’efponton à la main, efcorté par deux fu-
filiers préfentant leurs armes fix pas en avant de
la fentinelle.; il dit avance à Vordre : pour lors le
brigadier , ou le colonel, ou le lieutenant-jcolonel
de piquet, avance & reçoit le mot : le capitaine
quitte enfuite l’efponton, & il fait voir fon piquet
en bataille dans l’intervalle , prêt à prendre
les- armes, (t)
Ronde chc{ les Turcs. On fait chez les Turcs ,
comme parmi nous, la ronde pour obfgrverfi les
fentinelles font leur devoir : les Turcs l’appellent
..kol. Cette ronde part du corps-de-garde, & le chef
n’a qu’un fimple bâton à la main , avec un caporal
qui porte le fallor. Il eft attentif que la fentinelle ,
obligé de veiller à tel porte, crie jegder Allah ,
c’eft-à-dire, bon Dieu. Si les fentinelles , foit par
négligence , foit qu’elles foient endormies , ne
crient pas à temps , on les met en prifon, on
leur fait donner la baftortnade. Le condu&eur de
ces rondes retire une afpre d’augmentation fa vie
durante. Les Turcs n’ont pas l’ufâge de donner
l’ordre comme nous , ni dans les placées, ni dans
les gardes autour de leurs camps.
RONDELLE. Bouclier de figure ronde ou
ovale , nommé auffi rondache. (Q.)
ROUTE. Etat des villes & villages où doit lo-
’ger une troupe qui fe tranfporte d’un lieu d’un
royaume dans un autre, & qu’on doit y recevoir
conformément à l’ordre du roi joint à cet état.
Lorfque le roi trouve à propos d’accorder des
voûtes pour des recrues ou des remontes , il veut &
entend que les majors des régiments envoyant au
commencement du quartier d’hiver au fecrétaire
d’état de la guerre, les mémoires des routes dont
chaque capitaine aura befoin , foit pour les recrues
d’hommes ou les chevaux de remonte de fa compagnie
, dans lefquels mémoires ils doivent marquer
le nombre qui manque à chaque compagnie
pour la rendre complette for le pied de la dernière
revue. Us doivent défigner auffi le premier lieu
d’étape où la route devra commencer ; il faut que
ce (oit autant qu’il ert poifible une ville ou un chef-
lieu d'éleéUçna
RUS
U y a beaucoup de réglements pour prévènif
les abus qui peuvent fe gliffer dans les routes
Vjye^ les ordonn. (Q.)
R o u t e , efpèce de brigands qui ont longtemps
ravagé la France , 8c qui formoient un corps de
troupes dont les rois fefontfervis dans plufieurs
occffions, mais qui furent entièrement diffipés
fous le règne de Charles V. Voye{ Compagnies, graHN , Ü RUSES. Moyens qu on employé pour tromper
& furprendre l’ennemi. Les rufes militaires fe
nomment ordinairement Jlratagême.
Suivant Thucydide, la plus belle de toutes les
louanges qu'on peut donner à un général d’armée
, eft celle qui s’acquiert par la rufe 8c le ftra-
tagême.
Les Grecs ètoient grands maîtres dans cet art:
c’eft plutôt une fcience , car l’art de tromper finement
à la guerre petit être très aifément réduit en
principes fie en méthode. On y excelle infiniment
plus par l’acquit que par le naturel,' puifqu’èn effet
la guerre eft la fcience des tromperies... Plutarque
dit qu’à Lacédémone on mettoit une grande différence
entre ceux qui furmontoient leurs ennemis
par la rufe , & ceux qui les vainquoient par la
force ouverte , & que les premiers immoloient
une plus grande viélime.
Homère , qui eft le confeiller des gens de guerre,
dit qu’il faut faire du pis que l’on peut à fon ennemi
, & que la tromperie, de quelqu’efpèce
qu’elle puiffe être , eft toujours permife. Il paroît
affez que Grotius eft de cet avis dans fon excellent
ouvrage > de jurepacis 6* belli'y que bien peu
de gens de guerre lifent. Il rapporte un grand
nombre d’autorités refpeâables & très favorables
aux rufes 8c fourbes militaires. Tout leur eft permis
, jufqu’au menfonge. Il cite bon nombre de
théologiens & quelques faints , entre autres Saint*
Chryfoftome, qui dit que les empereurs qui
avoient ufé de forprife , de rufe 8c d’artifice pour
réulfir dans leurs defleins , ètoient très louables.
Il a raifon , puifque l’écriture eft toute remplie de
ftratagêmes & -de rufes militaires.
La viéloire qui s’acquiert par la force & par la
fopériorité du nombre , eft ordinairement l’ouvrage
du foldat, plutôt que celui du général ; mais
celle qu’on remporte par la rufe 8c. par l’adreffe eft
uniquement due à celui-ci. L’une & l’autre font la
reflource des petites armées contre les grandes,
& toutes les deux la pierre de touche de la valeur
& de l’intelligence. Cette reflource ne peut
être que dans l’efprit & dans le coeur. L’un fe
trouve toujours tranquille & ' toujours préfent
dans les plus grands périls ; il faut avoir l’autre
bien haut 8c bien ferme pour foutenir & affronter
un ennemi puiffant & redoutable.
Un général qui fe met à la tête d’une armée
étonnée parles défaites précédentes, qui n’offre
prefque que de nouveaux foldats à la place des
vieux qui ont péri dans les batailles , qui les ex*
_ . ' ■ ' ' ’ “ pôle
RUS
«ofe contré de vieilles troupes Accoutumées «i
vaincre , & qui rend touts les defleins de l’ennemi
inutiles, par la force de foh efprit .& par l’ artifice
de fes mouvements; un général, dis-je, tel
que celui-ci, eft un homme du premier ordre,
de la haute volé e, & il a un courage au-deflùs
de touts les autres , digne d’être' admiré.
Celui qui compte fur le grand nombre de fes
troupes 8c for leur courage-, n’a pas befoin de
rufes contre un ennemi qui n’a qu’une . petite armée
à lui oppofer. .11 laide faire au nombre ; il
lui fufiit de lâcher la détente , & le coup part, il eft
aflùré de l’effet par fes troupes. Les victoires de
la plupart des conquérants , d’im Attila , d’un
Gengis-Kan , d’un Timurbec, ont été le prix de
leur nombre,; mais celles d’Annibal forent celui
de la rufe 8c de la fageffe audacieufo de ce grand
homme. Je conclus- de tout c e c i, dit M.de Fo-
lard , que nous n’avons fait que copier depuis le
commencement de est article , que tout général
qui n’eft pasrufé, eft un pauvre général.
Comme Part-de mfer ne peut s’apprendre par la
pratique , par la rout-ine , qu’il faut lire 8c étudier ,
non-feulement ce que Polyen & Frontin ont écrit
force fujet, mais encore tout ce que les hifto-
riens nous ont tranfmis des rufes des grands capitaines
, il n’eft pas étonnant de trouver peu de
généraux aflqz habiles dans cette matière , pour
'en faire un ufage fréquent. Il faut, de plus, un
efprit vif & intelligent ^ qui faififfe le moment
! S A B
S ABRE o u C im e t e r r e . E p é e tranch ante q u i a
beaucoup de la r g e u r , & d o n t la lam e eft fo r te ,
p e fa p re , épaiffe pa r le d os & c o u rb e v e r s la po in te .
Ce mot v ie n t de fabel9 qu i a la m êm e lig n if ic a t io n .
en a llem a n d , o u du m o t {clavon, fa b la , e fp è c e de
fabre.
SAC A TERRE. Sac de moyenne grandeur
qu’on emplit deterre, & dont les foldats bordent
une tranchée ou les parapets des ouvrages , pour
tirer entre deux. On les fait de bonne toile d’é-
toupes, ou toile faite de.bon fil , (le*plus fort qu’il
fe peut, & d’une bonne fabrique, bien ferrée.
Le fac à terre doit avoir environ deux pieds de
hauteur fur huit ou dix pouces de diamètre. Quand
le terrein eft dur & de roche, on fe fort dans les
tranchées-de fa es à terre & de gabions ; on en fait
auffi des batteries dans plufieurs occafions.
’ Sac A l a in e , eft un fac qui ne diffère du fac
a terre, que parce qu’il eft plus .grand & qu’il eft
rempli de laine. On sfon fort pour les batteries &
les logements dans les endroits où il v a peu de
terre.
Sac a p o u d r e , font des facs remplis de poudre,
qui en.contiennent quatre ou cinq livres , 8c qu’on
-drt Militaire, Tome I I J,
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d’employef les rufes, qui fâche' les varier fuivant
les circonftances ; & c’eft: ce qui ne fe rencontre
pas fréquemment. M. de Folard , qui nous fournit
prefque toute la matière de cet article, obferve
que les anciens s’appliquoient beaucoup à la lecture
des ouvrages qui traitent des rufes ou des
ftratagêmes militaires ; leélure qui lui paroît plus
néceffaire à un général qu’à tout autre ; car outre »
dit-il, qu’elle eft très amufante, & encore plus
inftruélive, l’ignorance où l ’on eft Ht-deffus , fait
que l’on eft toujours nouveau contre la rufe 8c
le ftratagême ; & lorfqu’on ne les ignore*point, on
apprend à les rendre inutiles, ou à les mettre en
ufage dans l’occafion. Ce qu’il y a de bien fur-
prenant , c’eft qu’ils ont toujours leur effet, 8c que
l ’on donne toujours tout au travers, quoiqu’il y
en ait un très grand nombre qui ayent été pratiqués
mille fois. Enfin. la guerre dit le célèbre
commentateur de Polybe , eft Part de rufer & de
tromper finement par principes & par méthode.
Celui qui excelle'le plus dans cet art, eft fans
doute le plus habile ; mais chacun rufe félon la
portée de fon efprit & de fes connoiffances. Deux
généraux médiocres fe tromperont réciproquement
touts les deux comme deux enfants ; deux
habiles comme des hommes faits ; ils mettront en
oeuvres tout ce que la guerre a de plus fobril, de
plus grand 8c de plus merveilleux. Voyer Surprises.
( <£. )
S A P
jette fur l’ennemi avec la main , comme les grenades.
Il y en a de plus gros qui contiennent quarante
ou cinquante livres de poudre, 8c. qui fe
lancent avec le mortier. ( Q._)
SADAR-NAGARA. Les Turcs appellent ainft
les deux petites caifles ou timbales qui fervent de
fignal pour la marche. Les bachas a trois queues
ont deux timbaliers ; les timbales font à chaque
côté de la folle, 8c on les bat comine chez nous.
SALADE. Une efpèce de calque léger aflez
fombiable au pot en tête. On lui donne auffi le
nom de bourguignote. La falade était appellée ma»
riim■ dans l’infanterie.
On v o it, par les: commentaires de Montluc, &
les autres écrits militaires du même temps, qu’on
donnoit le nom de filades aux gens de cheval qui
en ètoient armés. Ainfi pour exprimer, par exemple
, qu’on avoit envoyé deux cents cavaliers
dans un pofte ou dans un détachement, on difoit
qu’on y avoit envoyé deux ceins falades. ( Q. )
SAPPE. Tranchée que font les foldats à couvert
du feu d’une place par un mantelet ou un
gabion farci qu’ils font rouler devant eux. Cec
ouvrage diffère particulièrement de la tranchée ,
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