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objet eft réel & intèreflant en fo i, on doit donc le
confidérer comme utile & néceffaire ».
« L’ordre de la régie confiée à réunir & à raffem-
bler toutes les fournitures que le roi a faites de fes
magafins; à conflater d’où proviennent toutes les
matières qui y font employées ; à établir en quoi
chaque pays y a contribué ; par conféquent à affu-
rer l'objet des prétentions de ceux qui ont à en
former; à obferver le même ordre vis-à-vis des
fourniffeurs ; par conféquent à conflater l'exécution
de leur marché ; à renfeigner ce qui a été
fourni à chaque partie ; par conféquent à s’affurer
que perfonne n’a pris au-delà de ce qui peut jugement
lui appartenir; à établir les répétitions que
le roi a à faire ».
« Enfin à mettre le roi à portée de fe rendre
compte à lui-même de ce que le tout lui a coûté ;
difficilement pourroit-on fuppléer à toutes ces formalités
».
« Auffi n’y fupplée-t-on point. On peut bien
varier fur le choix des perfonnes auxquelles on
jugera à propos d’en confier les détails ; mais on
ne peut pas empêcher qu’il n’en exifte une &
qu’elle ne foit néceffaire ; la feule différence qu’il
y aura , c’eft qu’elle fera en une main plutôt que
dans une autre ».
Ordre de la régit*
« Par-tout où M. l’intendant détermine qu’il fera
formé un magafin , le régiffeur y établira un pré-
pofé de fa part pour recevoir les denrées & en
faire la diftribution. Ce prépofé devient comptable
, foit que les fourrages foient de contribution ,
d’impofition ou de livraifon des fourniffeurs. Le
prépofé ne peut fe difpenfer d’en fournir des reçus
, fpécifiant la qualité de la matière, la quantité
fournie , par qui elle l’a été & en quel état ; fi
la fourniture eft à compte des contributions, le
récépiffé fert à décharger le pays d’autant fur ce
qu’il a à fournir ; fi elle eft à compte d’une impofi-
tion , il établit la prétention du pays impofé ; fi
c ’eft une livraifon de frurniffeur, il fert à le décharger
de l’exécution de fon marché, & à le faire
payer de fa fourniture ».
« L'es gardes-magafins des fourrages doivent
donc tenir des regiftres, & comme ils font expo-
fés à recevoir toutes fortes de denrées, ces regiftres
doivent être divifés ou par colonnes , ou par chapitre
pour chaque nature de denrée ».
« S’ils reçoivent des denrées à différents poids
©u à différentes mefures , ils en font des rédu&ions
aux poids & mefures ufités, pour la formation &
compofition des rations-, fpécifiant toutefois dans
leur enregiftrement, comme dans leurs reçus, de
quelle quantité première, ou de quel poids proviennent
les quantités & poids portés par leurs réductions
».
« Ces matières reçues à différents poids & me-
fures doivent, pour être employées & diftribuées,
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fe trouver remifes aux poids & mefures qui doivent
compofer des rations. Cette manutention eft
une fuite des fondions du garde-magafin ».
« Ces mêmes matières rationnées,ou autrement
mifes en rations , doivent , pour fe conferver ,
être refferrées dans des granges, ou mifes fous
des hangards , ou enfin emmeulées, quand on ne
peut mieux faire, ou que les magafins font trop
confidérables ; c’eft encore la fonction du garde-
magafin de faire faire toutes ces manoeuvres, &
de préfider à ce qu’elles foient faites avec le plus
d’économie poffible & de la façon la plus fûre».
« De ce magafin ainfi formé , il en eft ordonné
des expéditions fur d’autres magafins, ou des livraisons
à ceux qui ont à s’en fournir ; la fortie de
ces matières de fon magafin en fait la dépenfe ,
comme leur entrée en fait la recette ».
Pour les expéditions , l’ordre d’êxpèdier, la re-
connoiffance de ceux qu’il charge du tranfport,
convertie enfuite dans le fécépifle de celui à qui il
envoie, opèrent pour lui une décharge fuffifante ».
« Quant aux livraifons, l’ordre de délivrer, fur
quel pied il doit délivrer , & le reçu de celui qu’il
a fourni, fpécifiant en quelle nature , poids & me-
fure il a été , font, fans contredit , des pièces de
décharges inconteftables ».
« De ces recettes & de ces dépenfes, il réfulte
un compte à rendre par le garde-magafin ou régiffeur.
Ce compte comporte des recettes & dépenfes
en deniers pour la manutention & les frais
& les recettes , & dépenfes en matières pour les
denrées de toute nature qui compofent les rations
de fourrage fournies ; & le compte général detouts
les comptes devient celui du régiffeur envers le
roi ».
« Il eft vrai qu’il eft précédé de bien d’autres
opérations non moins effentielles que ce compte
même,‘tel que la réunion de toutes les fournitures
de contributions pour conflater la fituation des'
contribuables».
« La réunion de toutes les fournitures d’impofi-
tions pour conflater les prétentions des pays im*
pofés ». ,
« Le décompte à touts les fourniffeurs pour établir
l’exécution de leur marche & opérer la der
charge du roi envers eux ».
« C ’eft enfuite le décompte à toutes les parties
prenantes pour conflater quelles n’pnt reçu que ce
qu’elles doivent recevoir, non pas-à la vérité pour
leur tenir compte de la fourniture, (. car en fait
de fourrage , le pas affez pris n’eft jamais admis en
répétition ) , mais le trop pris doit être répété, à
moins que le roi ne juge à propos d en faire
grâce ». ' ,
« De toutes ces opérations , il en réfulte necef-
1 fairement des états généraux de recettes & d’autres
pour les dépenfes. Ces états s’arrêtent fur le vu des
pièces , & ils deviennent eux-mêmes, celles du
| compte du régiffeur ; voilà l’ordre de cette comp“
tabilité ».
« Les fonds que le régiffeur a reçus pour fon
fervice, & l’emploi qui* en a été fait par lui-même
pour les frais généraux de fa régie, vu par ceux
auxquels il en a verfé pour leur manutention ,
dont ils lui ont compté , font pareillement fon
compte en deniers ».
v La retnife ou la vente, l’abandon ou la perte
des matières & des effets fait, avec les dépenfes
précédentes , la folde du tout ».
Fixations des rations.
cc On appelle ration de fourrage, la quantité de
foin , paille & grains que l’on emploie par cheval
pour fa fubfiflance chaque jour; comme tours les
chevaux qui font à une armée ne font pas d’une
même force, on leur proportionne auffi différemment
la nourriture ; il y a donc différentes fixations
à la ration ».
« Pour l’ordinaire la ration du cheval d’infanterie
eft compofée de 16 livres de foin fans paille ,
ou ia livres de foin, 8 livres de paille & demi boif-
feau d’avoine mefure de Paris ».
« La ration du cheval de cavalerie ou de dragons,
qui eft auffi celle des chevaux des officiers généraux
& de l’état-major, eft de 18 livres de foin
fans paille , ou 1 5 livres de foin, 6 livres de paille,
& deux tiers du boiffeau d’avoine ».
« La ration du cheval d’artillerie, des vivres &
de l’hôpital ambulant, eft déterminée a.20 livres de
foin fans paille, & le boiffeau d’avoine mefure #le
Paris ». .
« En général quand on fubftitue de la paille au
foin , on donne deux livres pour une ».
a Au furplus , ces compositions de rations ne
font pas tellement fixées, qu’elles ne doivent jamais
varier ; il arrive qu’on les détermine quelquefois
, & affez fouvent même , à des quantités différ
rentes de celles ci-deffùs, félon les pays & le plus
ou moins de facilités à s’en fournir ; il arrive même
que ces fixations changent plufieurs fois dans le
courant d’une campagne, fuivant le plus pu moins
de reffources que l’on rencontre dans le pays ».
« Il arrive encore que l'on fupplée aux qualités
de la denrée par d’autres ; comme en donnant du
feigle, dé l’orge , du bled même aux chevaux en
place d’avoine ».
« On donne auffi des gerbes battues en place
de fourrages , & enfin des gerbes non battues pour
tenir lieu de foin & de grain ».
«Il eft donc néceffaire dans ces occurrences , &
lorfqu’il eft queftion de compter, foit vis-à-vis de
ceux qui reçoivent, foit vis-à-vis des pays qui
fourniffent, de donner des appréciations à chaque
efpèce de fourniture qu’ils peuvent avoir faites ou
avoir reçues ; & ces appréciations font de.réduire
toutes les fournitures quelconques en ration de
cavalerie ».
« Un pays , par exemple , aura fourni des ra
fions d’infonterie à 16 livres de foin & le demi
boiffeau d’avoine ; d’autres à 12 livres de foin *
8 livres de paille & demi boiffeau d’avoine ; d’au-,
tres en foin fans avpine ; d’autres en avoine fans
foin ni paille, parce qu’on ne leur en aura pas demandé,
ou qu’ils n’en auroient pas pour en fournir.
La même chofe fera arrivée pour des rations
de cavalerie & pour des rations de chevaux des
vivres ou d’artillerie ; il faut donc réduire toutes
ces differentes rations en celle de cavalerie ; car
l’ufage eft , dans les demandes que l’on fait de
fourrages aux différents pays, de les établir toutes
en rations de cavalerie ; ce qu’il fournit à compte
doit donc, fe réduire de même, pour que l’on puiffe
s’affurer qu’il a fourni ce qu’il devoit ».
u Pour mieux nous faire comprendre , donnons
des exemples: un intendant d’armée en Flandres
demande, f>ar fuppofition, au comté de N. de
fournir cent mille rations completres de fourrages ;
elles font toujours reçues en rations de cavalerie,
à 18 livres de foin & deux tiers de boiffeau d’avoine
».
Pour acquitter cette impofition, le pays aura dé-,
livré
10.000 Rations à 18 livres de foin & deux
tiers de boiffeau d’avoine.
10.000 Rations à 15 livres de foin , 6 livres
de paille & deux tiers de boiffeau d’ar
. voine.
10.000 Rations à 12 livres de foin ; 8 livres
de paille & un demi-boiffeau d’avoine.
10.000 Rations à 16 livres de foin & un
demi-boiffeau d’avoine.
10.000 Rations à 20 livres de foin & un
demi-boiffeau d’àvoine.
10.000 Rations à 20 livres de foin fans
avoine.
10.000 Rations au boiffeau d’avoine fans
foin.
10.000 Rations à 10 livres de foin & un
demi-boiffeau d’avoine.
10.000 Rations en gerbes non battues &
pleines de grains, de poids de 30 livres
l’une.
10.000 Rations en gerbes battues ou paille ,
au poids de 60 livres , fans foin ,
avoine niwgrains.
100,000 rations.
« Voilà bien cent mille rations fournies, mais il
n’eft pas dit pour cela qu’elles opèrent la décharge
du pays , ou qu’elles n’excèdent pas les demandes
qui lui ont été faites ; il faut donc , pour s’en affu-
r e r , décompofer toutes ces rations ; & les réduire
en rations de cavalerie ; c’eft la première opération
, mais elle ne fuffit pas encore ».
« La ration de cavalerie eft néceffairement compofée
de^ 18 livres de foin fans paille, ou 15 livres
de foin , 6 livres défaille & deux tiers du boiffeau
d’avoine, & nous avons dans le détail ci-deffus