
S n e u s
quelqu’un de v’o's ' jeunes, compagnons d’afines ,
égare1 par de faux préjugés , ne croit pas qu’à la
guerre on ne peut jamais porter trop loin la dévaluation
, le meurtre 8c l’incèndie ? Et fi vous
croyez que dans le fiècle éclairé où nous avons, le
bonheur de vivre , il n’eft pas poffible qu’il y ait
de guerrier inhumain , êtes-vous alluré que les
ténèbres de l’ignorance & celles du fanatifme ne
le ' répandront point de nouveau fur la terre ;
qu’elles ne viendront point obfciïrcir* le flambeau
de la raifon , & faire régner encore une fois l’antique
barbarie ?. Alors li mon foible ouvrage' eft
fauve à la faveur des écrits fçavants avec lefquels
il eft confondu , peut-être pourra-t-il être utile ;
8c dans touts les cas j’ai des droits à votre indulgence,
je n’ai parcouru encore que la moitié d'une
carrière qui me préfente prefque toûjours"-des' objets
d'horreur; j avois b è foin , pour achever de là
Fournir , de repofer pendant quelqiiës inftants mon
coeur &' mes yeux fur des tableaux détachés, où
Y humanité refpire ,. & où elle eft entourée des
douces vertus qui forment Ton cortège (C ) .
HUSSARDS. Efpèce de troupes légères à cheval.
Les huffards- connus, depuis longtemps en
Hongrie & en Pologne ,' ‘ont! été employés en
France pendant le règne de Louis XIII , fous le
no n de cavalerie ficngroife. On en forma un régiment‘
par ordre de Louis XIV en 1692% & M. de
Montagne en eut le commandement en 1.693. -
Les armes des hufjards font un grand fabre recourbé
, on un autre tout droit & fort large artaché
à i.r .'ciqture avec des anneaux & rdes courroies.
Ceft'pOur fabrer à droite-& à gauche, & pour
Fra pper de haut en-bas. Quelques - uns ont une
épée outre leur fabre, longue & menue , qu’ils ne
portent pas à leur côté. Ils la mettent lé long du
cheval depuis le poitrail jùfqu’à la croupe , au
.défaut de la felle , & en piquant panché fur la tête
du cheval. Ils s en fervent pour embrocher les
ennemis. Je me fers de ce ternie , parce que cette
épée eft une èfpècë de broche. Quand ils en
ufeut, ils l’appuient fur le genou ; ils «ont encore
clés piftolets 8$. une 'carabine, & de très-grandes 1
gibecières en bandoulière; en forme de havréfac. •
I's ne fe fervent pas fi communément en France
dé cette broche; mais e’eft une de leurs armes
. dans les troupes de l’empereur ; on appelle cette
arméperifsretefçhe ou palache ; elle a cinq pieds de
long. Leur manière la plus ordinaire de combattre,'
eft d’énveloppef l’ennemi, de l’effrayer
par leurs cris 8c leurs divers mouvements. Comme
'ils font fort adroits à manier leurs çheyaux , qui
font de petite taille., qu’ils ont les étriers fort
courts ,& les èpçrons près des flancs du cheval, ;
-ils les .forcent à courir plus vue que la groffe cava- ;
lerie. Ils s’élèvent au-deflùs de leurs Telles , &font ■
dangereux , fur-tout çontrç les fuyards. Ils fe rah
lient très nifémeiit, 8c paftent un défilé avec beaucoup
de vîrefte. Ce qui rend leurs chevaux encore
piiis vîtes ? c’eft que n’ayant que- des bridons , ils
h u s
. en ont la rèfpiration plus libre, & pâturent à la
! moindre alte fans débrider. Quand ils font alte
. après quelque courfe vive , ils tirent les oreilles &
la queue à leurs chevaux pour: les délaffer. Leurs
feiles font d’un bois fort léger & courtes, avec
deux arçons également releves devant comme derrière;
au lieu des anneaiîx, ce font des trefiès de
große ficelle ; elles fönt pofées fur de bennes cou-
yertu.res en plufieurs doubles , qui iCUT fçivent
pour fe coucher 8c couvrir leurs chevaux ; le del-
fus des feiles font des peaux avec leur poil, qui
couvrent leurs piftolets auffi-bien que leurs houflès.
Ces peaux vont depuis le poitrail du cheval juf-
qu’à la queue 8c aux jarrets , & tombent en pointe
fur les cuiffes. .
Leurs trompettes font fort petites , & n’ont
guère plus de ion que les cors des poftiîlons ; leurs
étendarts font en pointe , & dans les armées de
Franee-, ils font d’ordinaire parfemés de fleurs de
lis; leurs houfles font de même ; & pour être moins
connus' dans le pays ennemi, ils les roulent fur la
croupe de leurs chevaux, 8c plient leursétendarts.
Leur manière de camper n’eft pas régulière ; ils
s’attachent à la commodité , 8c s’embarraffent peu
du fourrage, parce qu’ils ne reftent pas dans le
camp : ils ont très peu d’équipage, parce que leurs
chevaux font fôrtT petits , & fouvent en. courfe.
Leur difeipline eft exa£le,la fubordination grande,
& les châtiments rudes. Le plus ordinaire eft la
baftonadé fur le dos & fur le derrière, d’un nombre
de coups marqués. On fe fert utilement de cette
milice dans les partis pour aller à la découverte ,
& à lavant & à l ’arrière-garde pour couvrir un
fourrage, parce que c’eft une troupe fort légère
pour les courfes ; mais ils ne peuvent tenir centre
des efcatlrons en ordre de bataille.
L’habillement des huffards eft tout différent de
celui des autres troupes. Ils ont une efpèce de
pourpoint ou de vefte qui ne va qu’à la ceinture.,;
les manches en font fort étroites, 8c re trou liées
avec un bouton.; ils ont une grande culotte en
pantalon , c’eft-à-dire qu’elle tient au bas des
I 'chauffes : ils ont des bottines jufqu’auxgenoux fans
! gônouillières , & qui tiennent aux fouliers , qui
font arrondis avec de petits talons ; il y en a qui
ont des talons de fer. Les ch® mi fes des foldats font
fort courtes , 8c ils en. changent rarement; c’eft
pourquoi plufieurs en ont de toile de coton
bleue; leurs manteaux, ne (ont guère plus longs
que leurs pourpoints; ils les mettent du côté que
vient la pluie : leurs bonnets font longs ,<& ils les
bordent de peaux ; la plus grande partie a la tête
rnfée , & ne laiffe qu’un petit toupet de cheveux du
côté droit.
Les officiers font plus proprement habillés , chacun
félon fon goût & fa dignité ; ils font même
magnifiques en habillements, en'armes ,■ en peaux,
en harnois , en fourrures ; ils ornent leurs bonnets
de belles aigrettes ; il y en a qui ont quelques
lamesade vermilloa .d’argenr qui le-plaquent du
çôtçj
H Ü S
cSté droit , poof marquer par-là,-le nombre des
combats où ils ont été ; & une boule d’argent fur
la poitrine quand ils font à cheval, pour marquer
la uoblefle-L.es officiers des h u jfa rd s font le colonel,
le lieutenant-colonel , les capitaines , & à
peu-prés comme dans le refte de la cavalerie. ( H ïj-
taire de la m ilic e f r a n ç o i f e, par le P. Daniel. ( <2- ) )•
La compofition des régiments de h u jfa rd s efl:
................. n ...lui' m i ............... m i i p i i b i h w
I M M
T MMOBILITÉ. Privation de mouvement.
« On accoutumera, dit l’ordonnance du premier
juin 1776 , le foldat à l’immobilité; il l’a prendra
auffitôt qu’on lui fera le commandement : garde à
vous ; ü la confervera jufqu’à l’avertiffement repos. Le commandement garde à vous, fera celui dont
•n fe fervira dans touts les cas où une troupe étant
au repos, on voudra lui faire reprendre Y immobilité
». Il y a trente ans qu’un foldat fous les armes fe
mouchoit, tiroit fa tabatière , prenoit du tabac ,
en donnoit à fes voifins , ramaHbit ce qu’il voyoit
àfespieds, &c. ; c’étbir un vice , un très grand
vice: le foldat, lorfqu’il eft fous les armés, ne
doit faire que les mouvements qui lui font ordonnés;
ce principe eft inconteftable.
Lors de la grande révolution qui s’eft opérée
dans l’armée françoife vers la fin de la dernière
guerre, quelques officiers perfuadés de la vérité
c e de la bonté du principe que nous venons de
pofer, & féduits par Y immobilité qu’obfervoient les
troupes allemandes , prouvèrent qu’il falloit l’introduire
parmi les nôtres. Mais n’allèrent-ils pas
au-delà des bornes que la faine raifon avoit placées
? Ils forçèrent le foldat à refter pendant des
heures entières fans faire aucune efpèce de mouvement
; à peine leur permettoient-ils , non je
n’exagère point, à peine leur permettoient-ils de
faire jouer leurs paupières ; un coufin , un taon
fe feroit obftinément attaché à leur-vifage, une
mouche affamée y auroit enfoncé fon aiguillon
ardent, qu’il ne leur étoit pas permis d’écrafer ou
de chaffer ces infeéles incommodes ; on avoit
voulu transformer le foldat en un être impaffible ;
on avoit voulu en faire une infenfible ftatue. C’étoit
un vice, un vice prefque auffi grand que celui
qu’on avoit voulu corriger. Quel officier n’a pas
vu quelquefois .des foldats, couverts d’une fueür
froide, tomber en défaillance pour avoir confervé
trop longtemps une immobilité inutile, quand elle
eft pouffée trop loin ? Les chirurgiens'ne nous ont-
ils pas dit cent fois que cet état à'immobilité abfblue
eft funefte à la fanté ? J’ai effayé quelquefois de la
conferver, cette immobilité , & je ne l’ai jamais pu
.garder plus de fept à huit minutes ; encore après
ç e court efpace de temps, il p i n fallu toujours
Art militaire, Tome ll l .
B U T j h affimilée aujourd’hui à celle de la cavalerie.
HUTTE. Petit logemen t fàit à la hâte avec du
bois, de la terre & de la paille, pour fe .mettre ,à
l’abri de la ploie & du mauvais temps. Les foldat«
fe font de petites huttes avec des perches & de la
paille. Foye{ Ba r a q u e . Avant l’uiage des tentes ou canonnières, le&
foldats fe faifoient des huttes dans les camps.
I M M
plus d’un quart d’heure pour me déroidir & reprendre
mes forces ; cette expérience m’a rendu
un peu indulgent, & je ne doute point que les
chefs , amateurs fanatiques 1 de Yirnmobilité , ne
changeaient comme moi d’opinion J, s’ils von-
loient comme moi , chargés d’un lourd mousquet
, affublés d’une giberne * &c., & dans une
pofition auffi fatiguante que celle du foldat, répéter
l’expérience que j’ai faite! Il eft infiniment aifé de
dire immobile, foyez immobile ; mais il eft très difficile
de l’être ; à quoi fert d’ailleurs cette longue
8 c extrême immobilité ? Nous fomrnes intéreffés à
ce que nos foldats foient adroits & agiles ; mais
non à ce qu’ils furpaffent dans leur art ces tala-
pins , auffi fanatiques qu’imbéciles, qui reftent des
journées entières dans la même pofition. Empêchons
le foldat de quitter fon rang fans un ordre
exprès, de porter fon arme d’une manière différente
de celle qui lui eft preferite ; défendons-lui
de. faire aucun mouvement de corps ou de tête
pendant qu’on l’infpeâe, qu’on l’alligne , & pendant
les courts intervalles qui féparent l’exécution
de chaque temps du maniement des armes ; mais
bornons-nous là : c’eft, je crois , le point que la
raifon & l’expérience nous indiquent, lorlqu elles
nous répètent qu’il efl: par tout au jufte milieu. Js
ne connois qu’un feul objet fur lequel il eft im-
poilible d’être exceffif; c?eft le filence , & c’eft
peut-être celui auquel on fait le moins d’attention,
Voye^ Silence. Mais, dira-t-on , fi nous n’exigeons pas une im *
mobilué parfaite, nous n’obtiendrons pas celle qui
eft néceffaire ; pour obtenir peu, il faut beauccfcp
demander. Erreur dangereufe , erreur funefte l accoutumer les militaires à raifonner ainfi, c’eft
n’avoir aucune idée de la difeipline. Ne demandons
jamais que ce que nous voulons obtenir ; habituons
nous à n’en rien relâcher, fous quelque
prétexte que ce foit, 8c bientôr nous obtiendrons
tout ce que nous aurons exigés ( C. )
INCORPORATION. Réunion de deux ou d’u*
plus grand nombre de corps militaire^ en un feul.
Le corps qui eft incorporé perd fon nom & fo*
état-major; quant à fes foldats, fes bas-officiers 8c fes officiers fubalternes , ils font confervés & mé-r
lés ayec ceux du corps qui reçoit Y incorporation*