
; , i P A S
qtiés pour le tirer; que furie bord où eft la pièce,
on applique au fécond cable quinze cents hommes ,
8c fi ces cables ne font pas allez longs , qu on en
ajoute d’autres ; faites que ces deux mille hommes
& ces quinze cents hommes tirent chacun de leur
côié, en ligne droite directement oppofée ,vou$ verrez
alors que le canon commencera àfefulpéndrè
& à fe laifler.porter vers le bord, où le, plus grand
nombre des hommes eft le plus' Fort ', ainfi que je
l ’ai vu pratiquer. Il faut néanmoins avertir que les
quinze cents hommes doivent biffer autant de
cordes entre eux 8c le canon , que h rivière a de
large ; car autrement ils fêroient obligés de lâcher
des mains la corde avant que la pièce fut à l’autre
bord. Cette manière de faire paffer l’artillerie fera
aifée ii;une feule perfonn'e préfide à la manoeuvre,
afin qu’à fa voix touts ceux qui font deftinés à tirer
obéiffent, & q ui,à cet effet , garderont un grand
filence ».
Je penfe qu’il eft extrêmement difficile que trois
mille cinq cents hommes qui tirent en cables ,
faffènt cette union de force qui eft néceffaire ; car
fi cette union n’eft pas précifè dans les unes 8c les
autres, 8c fi les quinze c'ents ne cèdent pas également
à la force fupérieure des deux mille, le
canon tombera dans la rivière. Si l’on peut le tirer
delà à l’autre bord par le moyen des cabefians 8c
dès moulinets , tout cet appareil feroit inutile. Il
fe préfente en foule plufieurs autres difficultés:
mais comme Lupicini affure qu’il l’a vu pratjquèr ,
=i ne m’eft pas permis de combattre l’expérience
«ii’il dit en avoir vu faire. Je me contente donc de
proposer mon idée fur ce point. ^
S’il me falloit faire paffer des canons à l’autre
'bord d’une rivière profonde , fans avoir ni ponts
ni bateaux , j’atracherois chaque canon fur fix ou
huit madriers, joints enfemble par trois ou quatre
poutres mifes en travers, 8c liées par de groffes
chevillés ; fi cette forte de machine ne fuffitoit pas
pour foutenir le poids de là piece fans aller au
fond , j ÿ ajouterois des tonneaux vuides 8c bien
calfatés , ou des peaux remplies de vent ,’ que
t’attacheroîs au-deffus des madriers.
Il feroit très aifé de tirer tout cela avec de bons
cables qui fe rbulêroient-iaùtour des cabeftans ou
des moulinets , arrêtés fortement par des troncs
ou des madriers plantés à plomb , fur-tout fi a
quelque diftance. plus .haut de l’endroit ou l’on
commence à faire paffer le canon , il y a tin autre
petit moulinet pour fervîr à retenir la machine par
une corde qui y eft attachée , 8c qu’on lâche à
mefure que le canon avance, afin que le courant
ne l’entraîne pas trop bas ; car il y auroit plus de
peine à le faire remonter qu’à lui faire traverfér le
cours des eaux.
Si le fond de la rivière eft interrompu par dés
bancs de fable fur lequel la machine ne pourroit
pas flotter , mettez-y deux forts effieux fur quatre
roues beaucoup plus hautes , ou d'un plus grand
4bunètre jufqu’aux moyeux, que n’eft la groffeur
P A S
des tonneaux, afin que les roues fervent où le$
tonneaux ne peuvent pas flotter.
Quant à la défenfe du p afflige des rivières, il
faut s'appliquer à pénétrer les deffeins de J ennemi,
8c à bien reconnoître les endroits où 1 'zpafflage duit
lui être lé plus facile Ck le plus avantageux ; ce font
fur ces lieux qu’il faut veiller avec la plus grande
attention, fans fe négliger néanmoins fur les autres
endroits. On ne doit po.ut trop étendre fon armée
pour garder à-la-fois une grande étendue de rivière
; il fuffit d’avoir~de bons poftes ou des redoutes
de diftance en diftance dans les lieux ou
l’on préfume que l’ennemi peut renter le p afflige »
de taire en forte de n’être point furpris, 8c de s attacher
à bien démêler fes mouvements feints des
véritables. Lorfqu’on a bien pris toutes les précautions
que la fcience de la guerre fuggére à cet
égard , on peut rendre lepafflage d’une rivière très
difficile à l’ennemi. Il eft important de convenir de
fignaux avec les différents poftes qui gardent le
bord de la rivière, 8c même avec les habitants des
villages voifins , pour être informé promptement
de toutes les démarches de l’ennemi. Si malgré les
troupes qu’on hù oppofe , il veut forcer le pacage
dans un endroit, il' faut s'y retrancher- 8c s’y bien
épauler contre le feu de fon artillerie ; la cavalerie
doit être affez éloignée pour n'en avoir rien à
craindre; de cette manière elle eft en état d'agir
avec plus de force 8c d’impétuofiré, lprfqu’il s’agit
de. lui donner ordre de charger.
Si malgré les obftaeles, qu’on oppofe à l’ennemi,
il parvient, fous la protèâiôh du feu de fon artillerie
, à établir fes ponts 8c à commencer dé faire
paffer fes troupes , on ne doit pas pour cela abandonner
la défenfe du pafflage, mais tomber coura-
geufement 8c fans délibérer, fur les premières qui
Font franchi , pour les culbuter, dans la rivière
ou leur faire regagner leurs ponts ; comme l’ennemi
ne peut lès foutenir. que difficilement, une
attaque vigburéufe né peut guère manquer de
réuffir. Si on ne peut parvenir à les éhaffer entièrement
, on retarde au moins le pafflage , 8c l’on fe
foutient ainfi pendant tout le jour. Lorfque la nuit
eft venue, 8c qu’il y a lieu de craindre que l’ennemi
ne fé trouve trop en force ,- je matin , pour
qu’on puiffélui refifter/ on fe retire pour aller occuper
un pofte avantageux à peu de diflarice , oit
l’on puiffe lui en impofer ou le gêner dans les opérations
qu’il a deffein d’exécuter.
Quand on défend une rivière qui peut fe paffer
à gué, il faut avoir foin de rompre 8c de garder
les gués ; on y jette pour cet effet des chauffes-
trapes , des arbres avec toutes leurs branches ,
bien amarrés avec dé forts piquets dans le fond
de la rivière, des madriers attachés de même 8c
bien lardés de grands clous dont la pointe fort
en-dehors , 8cc. ( Q. )
PASSE - VOLANT. Homme fuppofé enrôlé
qu’un officier préfente à une revue. Cette fraude
eft commife par le capitaine pour convertir à fon
profil^
oii à nos pîerriers ; cependant 11 paroîf convaincu
que les Chinois ont eu l’ufage de la poudre 1600
ans avant qu’elle fût découverte en Europe ; ces
peuplés faifoient ufage d’abord de morceaux de
bois creufés ou de canons de bois pour jetter des
pierres. V o y e ^ Armes.
PAVESADE. Retranchement portatif, à l’abri
duquel les archers tiroienr aux défenfes d’une
ville affiégée. i
« Lespavefades dont parle l’auteur de 1 hiftoire
de la milice françoife , dit le chevalier Folard ,
( tome I I , page 163 ) ,étoient en ufage longtemps
avant Philippe Augufte , 8c Froiffart ne les donne
pas comme une chofe nouvellement inventée. Le
père Daniel nous les repréfente fous la figure d’ua
bouclier ; je ne fais où il a pris cela. C ’étoient des
mantelets de claies qu’on rangeoit fans doute .par
lignes parallèles ou obliques , du camp aux travaux
les plus proches du corps de la place , derrière
lefquêlles les foldats à couvert ouvroient un
petit foffé affez profond pour les maintenir droites
8c fermes. On les'rangeoit-dans ce foffé, qu’ont
couvroit enfuite de terre, ce qui fe pratiquoit dans
les fièges réguliers. Mais dans les attaques d’in-
fulte, on y alloit avec moins de cérémonie , 8c les
claies étoient plus petites , pour être transportées
plus aifément. C ’eft-là le retranchement portatif,
comme l’appelle le père Daniel, en ufage plufieurs
fiècies avant celui de Philippe Augufte ; on les ap--
pelloit pavefades ou- tallenas , parce qu’elles fer-
voient à couvrir ; mais cela ne veut pas dire que.
ce fuffent de vrais pavois. Procope 8c Anne Com-
nene font mention de ces fortes d’ouvrages dans
leur hiftoire. Salignac , dans fa relation du liège de
Metz par Charles Quint , dit que M. dfe Guife fit
mettre des pavefades du côté des brèches ».
Voilà ce que Folard avance fans en apporter au-«
cune preuve, au lieu que le père Daniel en donne
au moins quelques-unes. Il rapporte un voeu de
Guillaume , qui prouve que les archers qui ti-
roient fur les remparts étoient couverts par des
targes; ou boucliers que tenoient d’autres hommes".
profil la paye d’un homme qui feroit véritablement
enrôlé. Elle eft punie par les ordonnances. Foyti
Péines.
PATOU-PATOU. Arme des habitants de la
rtouveile Zélande ; c’eft une efpèce de hache. ^
PATROUILLE. Ronde faite par une petite
troupe pour la fureté 8c la tranquillité d’ une ville ,
d’une-place de guerre ou d’un camp. On nomme
ajiffipatrouille la petite troupe qui fait la ronde. 1
Les patrouilles doivent être peu nombreuies ,
parce que leur fonéfion n’eft que d avertir de ce
qui fe paffe. -Quatre hommes 8c un appointe
luffifent ordinairement. Dans un pofte voifin de
l’ennemi on les double quelquefois , parce qu’elles
peuvent rencontrer les patrouilles-ç.nnemies. Les
patrouilles font le moyen le plus fur de fe bien
garder. Comme elles changent de lieu à chaque j
fnftant, elles font plus fures 8c découvrent mieux
ie danger que les fentinelles qui occupent toujours
le même pofte. Quand on eft près de 1 ennemi
, on doit faire faire de nuit, 8c quelquefois
de jour, dans les pays fourés /de fréquentes patrouilles
, 8c en charger les hommes les plus intrépides
8c les plus intelligents. C ’eft peut être
pour avoir négligé cette précaution que le généreux
d’Affas a péri ; mais doit-on le plaindre î il
eft fi beau de mourir comme lui.
Il n’ÿ~a pas jufqu’à ce petit corps nommé patrouille
, qui ne doive obferver les maximes de la
guerre. Celui qui le commande doit faire marcher,
à quelque diftance devant lu i, un foldat brave 8c
intelligent; c’eft fon avant-garde. Ce foldat marchera
doucement, ^arrêtera de temps en temps
pour écouter , 8c s’il n’entlnd rien , reprendra lentement
Ta marche. Le commandant doit être convenu
avec lui d’un fignal, tel qu’ un coup fur le
fufil ou fur la giberne. Si le foldat d’avant-garde
entend quelque bruit fufpeéï éloigné , il fera le
fignal, & la le joindra. Si le bruit étoit
fort près de lui, il attendra la troupe , afin que le
commandant juge par lui-même.
Celui-ci tiendra les hauteurs dans les pays de
coteaux 8c de montagnes ; il ne defeendra vers
les fonds que dans les cas ou il feroit néceffaire
de vérifier ce qu’il peut foupçonner d’après ce
qu’il a entendu ou apperçu. S’il découvre un corps
d’une certaine force, il détachera auffitôt un de
fps foldats pour*avertir le pofte.
Les précautions que les patrouilles doivent
prendre dans les villes & places de guerre , 8c
leurs fondions, font preferites par les ordonnances.
PAU. Lorfque les Tartares Monguls firent la
conquête de la partie feptentrionale de la Chine
en 123a , ils employoient dans les fièges une machine
appellée pau. Il y en avoit de deux efpèçes :
1 une fervoit à lancer des pierres, 8c s’appelloit
chè-pau ou pau à pierres ; l’autre fervoit à lancer du
feu, & s’appelloit ko-pau ou pau à feu. Le père
Gaubil, jéfuite millionnaire , n’ofe décider fi ces
f f â ®t0'ept de vrais canons femblables aux nôtres
Art utilitaire^ fm e ƒƒƒ,
Li uns tardent li autres traient,
Guillaume - le - Breton raconte qu’au fiège de la
Roche-Aumoine en Anjou, par Jean , roi d’Angleterre
, un foldat de ce prince nommé Engeoran,
alloit fur le bord du foffé tirer des flèches contre -
les affiégés, 8c fe fai.foit précéder par un homme
qui le^co.uvroit de fon bouclier.
; Tune proectdebat cutn puma garda , fubqua
Nil ftbiformidans obfcffos damnificabat.
Rigord s’exprime fur le même fait plus prècifé-
ment , en difant : Quidam de obfidione confueverat
venire ad fojfas , parmâ pratentâ , quam quidam fa-
mulus ante ipfum portabat , non manuali quidern
P arma 3 fed immenfâ , quales in ebfdionibus deferri
folent u Un des aftîégeants-avoit coutume devenir
aux foffés couvert d’un bouclier qu’un valet ppfe
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