
11 y a auffi un fous* brigadier de garde avec quatre
moufquetaires aux écuries, pour qu’on.ait foin des
■ chevaux, de les faire panier, de leur: fournir le
foin & „l’avoine , & tout ce qu’il fa<utr aux: heures
marquées. Le fous-brigadier & les quatre: moufque-
-tn'tres couchent aux écuries, & font relevés le matin.
Tel eft le fervice des moufquetaires a. l’armée ,
à la cour & aux hôtels. Je vais' .maintenant traiter
féparément de l’inftjtution des deux compagnies.
J’ai eu beaucoup de peine à.parvenirjulqu’àd é couvrir
la première origine de:)eette. compagnie ,
d’autant qu ayant été inftituée dès la troifième an
.Bée du règne de Louis X I I I , il-n’y. a pliis; d’officiers
du corps de ce temps:-là & que leurs. fuc-
ceffeurs me paroiflent inutiles ; enfin lifant les me-:
moires de Puyfogur, j’y trouvai ce que. je cherchais
depuis longtemps : favoir., que la première
compagnie des - moufque taire s ..fut inftituee par
Louis X I I I , l’an 162a. Voici l’extrait de ces mémoires
qui regarde cette tnfikution.
a Après cela > dit l ’auteur, ( c’eft-à-dire après la
réduction de Montpellier) , le roi marcha droit à
Avignon , & pendant fa marche-il ôta les carabines;
à fa compagnie de carabins leur fit bailler des
moufquets , & donna la compagnie vacante parla
xnort du capitaine, au fieur de Mentales, la lieutenance
an fieur de la -Vergou & la; cornette au
fieur de Montalet, fan oncle, qui mourut empoisonné
à Negrefpelicé , étant capitaine -des carabins
, & qui fut lui-même , après ledit fieur-de
Montalet, capitaine defdits moujq ue taire s. <Sa ma-
ïefté demanda à M. d’Epernon fix de Tes gardes ,
pour mettre dans ladite compagnie ; elle voulut,
& je puis même dire qu’elle me força de prendre
une cafaque de moûfquetaire. La difficulté que j’en
faifois , n’étoit- pas que je ne fçuffe fort bien que
ce m’étoit un grand honneur d’être dans la compagnie
; mais j’appréhendoisfort que .cela ne m.’éloi-
gnât de la charge d’enfeigne quim’âvoit été pro-
mife à Montpellier. Sa majefté m’affiira que cela ne
me reculeroit pas , & qu’il me mettoit dans fes
- moufquetaires ,p a rc e qu’il- favoit- bien que j’étois
un vaillant homme & qui avoit fait de belles actions.
Qu’iVétoit réfolu de ne mettre que des gentilshommes
dans cette compagnie qu’il prendr-oit
dans fes gardes vcomme auffi quelques foldats de
fortune ; mais qu’il ne vouloit pas en prendre qu’ils
xi’euftent fervi & qui, ne fe-fùfîent trouvés aux oc-
cafions, dêfirant après cela / quand ils auroiqnt-été
pendant quelque temps dans la compagnie/les-en
tirer, & les difperfer dans-les vieux & - petits régiments,
&-leur-donner- même dès enfeignes & des
lieutenances dans les gardes ; & lorfqu’ils feroient
dans un de ces degrés,il ne-four -ferait point- de
tort quand les charges au - deffiis-'-d’eux -vaque-
roient pour monter aux compagnies^ & qu’il me
-promettoit de me donner la première enfeigne ; ce
qu’il fit dix huit mois après, que je fus entré dans
ladite compagnie des moufquetaires ». C ’eft-là tout
ce“quç* M; de PuyfégurditLur est article, .
Le premier commandant, fqus le. litre de rifpi-
<4 a^ne » fut Montalet ; jlput pour,fuccefleur un autre
officier.Je4m&me nom , -qui, «akoit; d’abord eu la
cornette de la compagnie ; celui-ci étoit capitaine
des moufquetaires en; 1627 au fecouts^d-u fort de
•Lille; de Ré.. Montajant fuccéda au fécond Monta»
,-let, & .étoit encore capitaine, en 1,63 4.
Ge.cte même année il donna la d^miffion de fa
charge *-.St ce,fut alors q uele /oi feifit • capitaine de
la compagnie des, Utoffguetaf es ,• &, que le,commandant
prit le .titre, de çapjtqin?-lieqtenqnt. >jG’eft
, ce que.témoigne-:L.h.iRox.ien Duplçix. fous cette.an-
.née. «.Le roi Louis, X I I I , dit-il,par}fes lettres du 5
d’pélobre, la charge de capitaine ,des .cent moufque-
taures étant.vacante par la démiffion volontaire.du
fieur de Momelan, s’en fit lui-me nie le capitaine;
il fit capitaine-lieutenant M. de Troisvilles, du
Bois fous-lieutenant , & Goulard cornette ».
M, de Bafforopierre dans . fes, o.bfervatipns fur
rhiftoire de Dupleix , le cpntredit, fur l'article du
cornetle ; il dit,qu’il n’y en avoit point ; mais
qu’d.y avoit feulement un maréchaLdes-logis , qui
étoit le fieur Goulard. Je ne fçai fi la critique du
maréchal eft jufte en cet endroit , car ,M. de Puyfé-
,gur qui étoit de la. compagnie , dit .expreflement
qu’il y avoit un cornettë , & le rôle de 1640 met
auffi lé fieur ; Goulard cornette'. J’y trouve deùx
fergents dans le rôle de la cour des aides de lan
l6 4 3 - . . ' . 1 ^
Ce M. de Tfoisvilles ,,qui depuis fe fit appeller
Treville, étoit un gentilhomme de Bearn ; homme,
félon les mémoires d’Artagnan , auffi eftimable par
l’efprit que par la valeur & la fageffe, qui fit .fa
-fortune par fon mérite , en s’attachant toujours pu
. roi Louis X I I I , fans s’embarrafler de faire fa copr
au cardinal de Richelieu. Ce miniftre , .par cette
raifon , ne l’ainioit pas, & cette averfton.du cardinal
étoit un. motif pour le roi d’avoir plus- d’attachement
& de cônfidération pour Treville. Lacom-
. pagnie des moufquetaires étoit trèsb.çlle, & le cardinal
avoit une compagnie des- gardes comppfée
i auffi de très braves gens. I l y avoitune émulation
entre ces deux compagnies qui ajloit jufqu’à la.ja-
k lpufie y de forte que très fpuyent il . y aypit res
! querelles &des comhats entre les moüfquetaires rdu
roi & les gardes du cardinal, C’étoit un plaifir ppur
le roi d’apprendre,.que \qs.,moufquetaires avoipnt
mal mené les gardes, tk:le, .cardinal. pareiUement
s’applaudiftoit quand les moufquetaires ayoîent, eu
- du deflbus. Comme .les. duêl^,..étpient défendus ,
on faifoit aifément paffer ceux dçs.mp.ufqigtairft &
des gardes du cardinal. pour.','des/: veiiçpjntres. Le
cardinal en prit occafioh.de-.foirênqH^îaues, .tentatives
pour faire cafter là compagnie de$. wpufque'
taures , mais il ne réuffit pas.
Quand*il futmort, Trev.illq n’euti guères-. plus
de complaifance pour le cardinalMazarin. Ce nouveau
miniftre, par d’autres vues,;lui,,prqpof% de
donner la démiffion de fa charge,; iLrefufa^ &
.voyant qu’il, perfévéroit,tou jours.^an^, fan, çèfos ,
j ï fit cafter la compagnie en 1646. Les lettrës de
caflation portent que c’étoit pour épargner une
dépénfe des moins néceflaires ; mais la véritable
raifon étoit le refus de la démiffion de la charge
que le cardinal M azarin vouloit donner à un de fes
neveux.
Le roi rétablit cette compagnie en 1657 au mois
J e janvier. Le duc de Ne vers, neveu du cardinal,
en fut fait capitaine-lieurenant ; & l’on donna,
comme en dédommagement à Treville ? le gouvernement
du pays de Foix pour lu i, la cornette des
moufquetaires pour fon fils cadet ,& l’abbaye pour
fon fils aîné, qui avoir pris le parti de l’églife.
Dans ce rérabliffement la compagnie eut pour
officiers un capitafoe-lieutenant , un fous-lieutenant,
un enfeigne &deu* maréehaux-.de-logis. On
ajouta un cornette en 16.5^. Le nombre des moufquetaires
fut de cent cinquante.
A M. le duc de Nevers fuccéda M. d’Artagnan ,
au mois de janvier de l’an 1667. A M d’Artagnan,
qui fut tué au fiège de MaëArich , fuccéda M. le
bailli de Fourbin, au mois de juin 1673 à celui-
ci M. de Maupertuis , en 1684.
Le nombre des moufquetaires fut d’abord de
cent. Ils n’étoient pas au moins en plus grand
nombre en 1627. Quelque temps avant que la
compagnie fût caflee, ils furent cent trente; &
dans le temps de cette caflation , ils n’étoient que
cent. Le roi les rétablit fur le pied de cent cinquante.
Dans le premier temps ,, le fervice des moufquetaires
àla cour étoit borné à la garde du roi quand
il fortoit. Ils marchoientà cheval deux à deux devant
touts les autres gardes. A l’armée ils combat-
toicnr comme aujourd’hui, à cheval & à pied. Ils
étoient à pied au fecours du fort de Lifte de Ré.
La fécondé compagnie fut inftituée en qualité
d t moufquetaires de la garde du roi, l’an 1660 ;
elle étoit auparavant au cardinal Mazarin , fous le
titre de compagnie de fes moufquetaires ; ce cardinal
les donna au roi cette même année ; car il eft dit
dans la relation de l’entrée de la reine à Paris , qui
fe fit au mois d’août, qu’en cette entrée la compagnie
des moufquetaires que fon éminence a donnée
au ro i, commandée par les fleurs de Marfac
& de Montgaillard , étoit fuivie de la compagnie
des anciens moufquetaires.
La fécondé compagnie des moufquetaires ne fut
montée qu’en 1663 , pour aller en Lorraine à
L'expédition de Marial, qui fut pris par le maréchal
de la Ferté. Elle n’eut pas d’abord le roi pour capitaine
; mais le fieur de Marfac ayant vendu fa
compagnie à M. Colbert-Maulevrier, frère du miniftre
, capitaine au régiment des gardes à la fin de
166.4 »un commiflaire vint par ordre du roi à Cha-
renton , où étoit Je quartier des moufquetaires de
cette compagnie , cafta touts les officiers & mouf
que t aires, & en même temps la rétablit fur le pied
de la première. '
NLe ro i, au mois de janvier de l’an 1665 , s’en fit
Art militaire. Tome III.
le capitaine, comme il l’étoit de la première compagnie.
M. de Maulevrier prit la qualité de capitaine
lieutenant ; la fous-lieutenance fut donnée à
M. de Montbron ; la cornette à M. le comte de
Marfen , & l’enfeigne à M. de Florenfac,
L’inftallation de M. Colbert en qualité de capitaine
lieutenant , fe fit avec cérémonie : les deux
compagnies étoient en bataille dans la cour du
vieux louvre ; le roi lui ordonna de marcher à la
tête de la première en défilant, chaque officier, félon
fon rang , étant dans les diyifions , comme û
les deux compagnies n’en avoient fait qu’une.
Elle eut d’abord fon quartier à Nemours, &
puis à Charenton , & divers autres fucceffivement ;
elle eft maintenant logée à l’hôtel que le roi a fait
bâtir , il y a quelques années, au Fauxbourg Saint-.
Antoine.
Dès que cette compagnie fut fous les ordres de
M. de Maulevrier, comme il étoit frère du miniftre
, tout ce qu’il y avoit de' gens de qualité
s’emprefl'èrent pour y faire entrer leurs enfants. Il
n’y eut rien de plus beau que cette compagnie , &
elle l’emporta de beaucoup fur la première. Ce
grand feu pafla après quelques années. Les deux
compagnies revinrent à-peu-près fur le même pied,
toujours bien entretenues; mais ce fut la jeune
noblefte ordinaire qui en fit, pour ainfi dire, le
fonds, comme aujourdhui.
Les moufquetaires étoient, dès Lan 1663 , au
nombre de trois cents dans chaqué compagnie ; 8c
Lan 1668 , après la conquête de la Franche-Comté,
ils furent fixés à deux cents cinquante fur les état«*
Ils ont été jufqu’à la fin du règne du feu roi fur ce
pied , excepté, comme je Lai déjà d i t , qu’on re-
cevoit des furnuméraires en temps de guerre« autant
qu’il s’en préferitoit.
Il n’y eut d’abord pour premiers officiers qti«3
capitaine-lieutenant , un fous-lieutenant, un enfeigne
& un cornette ; mais Lan 1693 , le roi doubla
le fous-lieutenant, l’enfeigne & la cornette ; 8c
il y a eu depuis ce temps-là deux fous-lieutenants,
deux enfeignes & deux cornette-s.
Jufqu’en 1692 il n’y avoit que ftx maréchaux-de-
logis ; le roi en ajouta deux cette année-là, au mois
de mai ; & il y en a eu huit depuis ce temps-là.Le
nombre de brigadiers a été augmenté jufqu’à fe-ize.
En 1675 le foi inftitua des coinmiffions de porte-
étendard & de porte drapeau , avec penfion. Ces
commiflions font exercées par deux moufquetaires,
Les deux compagnies des mou]quitaires ont rang
dans la maifon du roi après les gardes-du-corps ,
les gendarmes & les chevau-légers. La première
compagnie des moufqitetaires a la préféance fur la
fécondé ; & les officiers de la première commandent
les officiers de là fécondé de même efr
pêce.
Par rapport aux autres corps, les: capitaines lieutenants
des moufquetaires , & les autres officiers
des deux compagnies ont eu , par l’ordonnance du
roi du premier mars 1718 , les mêmes prérogative«
N n