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inconvénients qui n’auroient point été prévus, &
qui ponrroient avoir des fuites fàcheu-fes.
J’admets l’intendant & le munition naire général
dans ces délibérations , parce que toujours il faut
vivre & être fur de la fubfiftance-.
Je n’ai de réflexion à faire far lè-fujet de Cet article
, que pour la différence & la comparaifon des
miniftères de guerre que j’ai vus.
Sous celui de M. de Louvois, miniftre habile &
d’une grande capacité, & qui avoit une attention
foigneufe à ne propofer au roi que des gens qu’il
croyoit habiles , & q u i, effeftivemenr, étoient les
plus capables d’exécuter les entreprifes concertées
avec un grand fecret , elles ont prefque toutes
réiiffi.
Sous le miniftère de M. de Barbezieu, q u i, à
caufe de fa jeuneffe, ne s’eft pas trouvé fi fort
le maître du choix de ceux qui ont été employés,
ou qui peut-être même s'abandonnent à fes préventions
plus que ne faifoit M. de Louvois fon
p ère, plus accrédité que lui dans l’efprit du roi ,
les entreprifes n’ont pas toujours été exécutées
avec un auffi grand fie ra , & par coniéquent n’ont
pas été fi heureufes.
Sous le miniftère de M. de Chamillard , homme
que le goût féal du roi a élevé à une charge principale
dont il n’avoit pas la plus petite teinture ,
nous avons vu , & nous voyons encore les affaires
de la guerre manquer prefque tomes , parce
qu’il n’y a plus de fie ra , & qtie tout fe trouve
pénétré & fu longtemps même avant 1’çxécution ,
de manière que rien n’eft inconnu à nos ennemis.
Le miniftre incapable de former par lui-même
des projets de guerre & des plans de campagne ,
s’en eft remis à ceux qui n’auroient dû être tout
au plus que les copiftes de ce qu’il auroit dû pén-
fer lui-même. Ainfi, trop de gens fe font trouvés
employés pour arranger l'exécution d’un projet
dont le fiera devoir affurer la réuftit-e.
Les exemples de ce que je dis fer oient äuffi
nombreux à rapporter, que les occafions où le f i era
auroit été néceffaire fe fönt préfentées. Ceux
mêmes que M. de Chamillard a ehoifis pour travailler
fous lu i, fe font trouvés pour la plupart
incapables des emplois dans fes bureaux infiniment
au-denos de leur portée. Ainfi le fier et n’a point
été gardé par des gens qui ne lavoiefit pas penfer.
Voilà en gros quelles ont été les véritables rai-
fons du dépériffement des affaires du roi par le
manque de fiera.
SEMESTRE. Permiffion accordée alternativement
aux officiers de s’abfenter de leur corps pendant
le quartier d’hiver.
Les fimefires ont été différents , félon lés différentes
conjonôures. Après la paix de Nimègue , il
fut fait une ordonnance le 20 août 1679, qui per-
mettoie à la moitié des officiers de l’infanterie de
s’abfenter pendant les mois de feptembre , o&obre
& novembre ; & à l’autre moitié pendant les mois
de décembre, janvier & février fui vants, à condi-
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tion de fervir touts enfemble pendant les fix autres
mois.
En 1681 y il fut permis aux deux tiers des officiers
de cavalerie , infanterie & dragons de s’abfenter
pendant novembre, décembre , janvier 8c
février , pour l’autre tiers s’abfenrer l’année fùi-
vante pendant les quatre mêmes mots, avec l’un
des deux tiers qui avoit eu congé l’année précédente.
En 1682, il fut permis au tiers feulement deC-
dits officiers , de s’abfenter pendant ces quatre
mois, de manière qu’en trois années confécmives ,
touts les officiers puffent fucceffivement profiter de
ce congé. Cette dernière difpofition a fubfifté de-;
puis. P'oyeç les or don. (. Q. )
SENTINELLE. Soldat placé en quelque pofte
pour découvrir les ennemis , prévenir les für-
prifes , & arrêter ceux qui veulent paffer fans ordre
& fans fe faire connoître.
Ce mot eft moderne ; il n’y a pas longtemps que’
l’on difoit être aux écoutes , pour lignifier ce que
l’on dit à préfent être en fentinellc, Ménage dérive
ce mot à fintiendo, du verbe appercevoir. -
Sentinelle perdue , foldat qu’on place dans un
pofte dangereux & prefque délèfpéré.
La fintinelle doit reftér à fon pofte , quoi qu’il
puiffe arriver, à moins qu’elle n’en foit relevée
par fon officier. Pendant la durée de fon ferviee
ou de fa fa&ion , fa perfonne eft en quelque façon
regardée comme facrée elle peut arrêter &
empêcher de paffer quelque officier que ce foir,
fans pouvoir être maltraitée ou punie qu’après
avoir été relevée, c’eft-à-dire , qu’il ait été mis un
autre foldat à fa place. ( Q. )
SERGENT. Bas-officier. C ’eft un foldat qui a
paffè par les degrés d’anfpeffade & de caporal
avant d’obtenir celui de ferment. Ses principales
fondions font de veiller à Ce que les foldats faffent
leur ferviee, à leur apprendre le maniement des
armes, & à veiller fur leur conduite.
Les /agents tiennent un rôle du nom des foldats
& de leurs logements. Ils doivent les vifiter le
foir & le matin , fur-tout après que la retraite eft
battue, afin de connoître ceux qui font libertins
ou débauchés , & de les faire châtier. Ce font eux
qui pofent le' corps-de-gardè & les fentinelles dans
les endroits qn’on a marqués. Ils vont prendre
l’ordre du major de la place touts les foirs. Ils
s’affemblent en rond autour de-lui dans la place
d’armes , St ils ont le chapeau bas. Le major donne
le mot à l’oreille au plus ancien qui eft à fa droite.
Celui-ci le dit de même au fuivaht} ainfi ce mot
fait le tour du cercle 8t revient au major , qui con*
noîr par là fi touts l’ont retenu.
Sergents ©’armes , firvientes armorum ; garde
inftituée par Phiiippe-Augufte pour la confervation
de fa perfonne.
Les armes des firgents £armes étoient, outre la
maffe d’armes , l’arc & les flèches. Ils avoient auffi
des lances* Cette garde, qui étoit d’abord affiez
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nombreuse, fut diminuée par Philippe de Valois
& fupprimée par Charles V , pendant la prifon du
roi Jean fon père. ( Dan, mil.fpanç. ) ( Q. )
Le nom de ferment eft un des plus anciens de ceux
qui foient reftés dans les troupes. Nous voyons
dans Rigord & dans Guîllaume-le Breton , bifto-
xiographés de Phiiippe-Augufte , que ce nom fe
don noir à touts ceux qui étoient dans le ferviee *
foit de cavalerie, foit d’infanterie , qui n’étoient ni
gendarmes, ni écuyers , ni archers, ni dâHs; le
corps des ribauds ni dans quelques autres qui
avoient des noms particuliers , & qtii, d’ailleurs ,-
étoient ni goujats , ni vivandiers, ni du nombre
d’autres gens qui ont coutume de fiaivré les armées*
Cès firgents êtOient figriifiés dans nos anciennes
hiftoirés écrites en latin * par le mot de fententes ;
d’où eft venu le nom françois dz firgents 9 e’êft-à-
dire , gens qui étoient dans lé ferviee*
Depuis que le nom de foiïdoyets ou de foldats
fut venu en ufage, c’éft-à-dire, depuis que nos
rois, outre les troupes que leur aiiienoient leurs
vaffaux, prirent des hommes à leur foide particulière,
le nom de foldat fe communiqua infenfible-
fflent à touts ceux qui portaient les armes ; & je
crois que Phiiippe-Augufte fut le premier qui ,
outre fes vaffaux , fit des troupes de cette efpêce ;
avec le temps le nom de firgent ©u de firviens
cefla d’être commun pour fignifier un homme qui
eft dans le ferviee. Enfin quand Louis XII s’appliqua
à mettre la difcipline dans l’infanterie, ce
nom de fergent fut reftreint à certains bas-officiers
qui avoient quelque commandement dans les compagnies
fous le capitaine , le lieutenant & l’en-
feigne. Quand on commença à donner le nom de
bandes à une troupe de foldats commandes par
un capitaine , ce qui arriva auffi fous Louis X ÏI9
on appella ces officiers fergertts de bande, & on les
appelle communément aujourd’hui Amplement/êr-
gents. ( Dan. mil. franc. )
Sergent de bataille. Il y a , dans les troupes
d’Allemagne & d’Efpagne , des firgents généraux
de batadle qui ont chacun dans leur diftriâ, le
même commandement que nos maréchaux de
camp ont dans nos armées ; je dis chacun dans
- leut diftriâ , car ils ont des firgents généraux de.
batadle pour l’infanterie , ils en ont pour la cavalerie,
ils en ont pour l'artillerie ; mais en forte qu’un
firgent général de bataille de1 l’infanterie n’a nul rapport
à la cavalerie ni à l'artillerie, & de même celui
de la cavalerie au celui de l’artillerie ne fe
mêlent point de l’infanterie.
Les fergehts de bataille , quand il y en a eu dans
les armées de France , ne paroiffent point avoir
jamais été partagés pour leurs fon étions comme
dans les arnlees d’Allemagne & d’Efpagne ; cette
charge était confidérablè, à en juger par un dif-
cours maiTüfcrrt fur la guerre que j’ai vu & qui étoit
fait par un homme entendu , autant qu’il me paraît,
fous l e - règne de Henri IV ou de Louis Xlïl.
Il y eft dit « qu’en l’abfence des «taréchatix de
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camp , le fergent de bataille doit commander ; que
fa charge eft au-deffus des autres ; qu’il a féance
dans le confeil 5 qu’ il peut, quand les troupes font
en garnifon, aller par les garnifons, & faire mettre
les troupes en bataille ; favoir le nombre des gens
de guerre , & s’ils font bien armés ; qu’il en doit
rendre compte au roi & au général, & meure au
fecrétaire de la guerre , ( quand e’eft dans le temps
de la guerre ) , & voir en tout autre temps, car
cela eft de la fonéiion du fergent de bataille; &
qu’anciennertaent ils avoient vingt - quatre gardes
ordinaires , & alloient faire la vifite par les fron-*
tières au lieudu commiffaire qu’on y envoie. Auffi *
ajoute^t-il, doivent-ils être des hommes ehoifis ,
forts, capables & courageux ».
On voit par cet extrait que les firgents de bataille
avoient non-feulement du commandement dans
les armées » mais qu’ils faifcient auffi les fonétions
des- infpeéleurs d’aujourd’hui.
Quant à ce qui regarde le commandement, ce
qui en eft rapporté ici femble être confirmé par un
endroit des mémoires du feu maréchal duc de
Noailles , où il dit, en parlant de lui-même i « je
vins paffer le refte de l’hiver à Paris ( c’écoit en
1646 } , Ôc j’y fongeai bien moins aux divertiffe*
ments qu’à faire ma cour; je commençors à m’ennuyer
de n’être que fimple colonel ; je demandai
que l’on me fît fergent de bataille, ce qui étoit alors
au-deffus des meftres~de*eamp, & l’on m’en donna
le brevet ». Je trouve auffi M. de la Mote-Hou-
dencoWft avec ce' titre en 1635 ou 1636, avant
que d’être maréchal de France.
Au refte, quelque confidérablè que fut la charge
de fergent de bataille , il eft certain que c’étoit un
grade inférieur à celui de maréchal de bataille ;
cela- fe prouve évidemment par l’exemple de M.
de la Valière , lequel, comme je l’ai oblervé, étoit
fergent de bataille en 1643 » & ^ même année au
fiè'ge de Th ion vil le , maréchal de bataille. J’ai vu
encore deux brevets du fleur de la Boeffière ,
feigneur de Chambers , gentilhomme du Vexin
François ; dans le premier , daté de 1646 , il eft
fait fergent de bataille ; & dans le fécond , qui eft
daté de 1647 ■> monte à la charge de maréchal
de bataille. Il fut tué à la bataille de Lens en l’an
1648 , étant meftre-de-Camp du régiment Mazarin
de cavalerie , qui étoit de vingt compagnies ; il
étoit maréchal de camp , quôiqu’en cette occafion
il combattît à la tête de fon régiment.
On voit ce titre de fergent de bataille dès le temps
de François I er, dans une de fes ordonnances pour
les légions ; mais il ne faut pas s’y méprendre, car
par le nombre de ces officiers qu’on appelle en
cet endroit fergertts de bataille, & qui de voient être
fix dans une efeouade de cent hommes, & par
leur paye , qui eft moindre que celle des cente-
niers , c’eft-à-dire, des officiers qui commarie!oient
cent hommes dans la légion , il eft manifefte que
ces firgents de bataille n’étoient que des firgerfts de
bande,