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premiers bataillons de la droite de l’armée ; au fur-
plus, il remettra aux commandants des bataillons
le fpin particulier de faire appuyer les ailes de
leurs bataillons refpeâifs fur leurs propres centres.
Comme les points directeurs ou intérieurs du front
d’un bataillon font pris des ailes de fes pelotons ,
bordées des officiers qui les commandent, il faut
auffi que le commandant fade feulement attention
en alignant les ailes de fon bataillon, à ce que les
chefs des pelotons foient placés fur la ligne droite
que l’armée doit occuper , & que le general a déterminée
par la poffiion donnée au centre du premier
bataillon de la droite de l’armée ; au refte , il
doit abandonner aux chefs des pelotons le foin de
placer leurs foldats dans l’intervalle le plus exaéle-
ment poffible, fur la ligne droite de 1 armée , & à
les y maintenir dans la marche en bataille.
Les dérivations de l’alignement du front de l’armée
qu’éprouve un bataillon, foit dans la totalité
de fon front, foit dans une de fes parties, aux
ailes , par exemple , doivent être jugées d après le
rapport de ce bataillon, non-feulement avec la po-
fition des bataillons voifins , mais encore d’après
celui de Tenfemble de toute l’armée.
Donc, chaque commandant de bataillon doit ,
autant qu’il lui fera poffible , tâcher d’appercevoir
la ligne générale, & diriger celle de fon bataillon -,
non pas toujours d’après la ligne qu’occupent les
bataillons les plus voifins du fien , mais d après
celle que tiennent la plupart des bataillons de 1 armée
dans leurs points directeurs principaux, ceft-
a-clïre» dans leurs centres particuliers.
Pour appuyer cette propofition d un exemple ,
je fuppofe que le bataillon x ( fig. 426 ) dérive
delà ligne générale du front de l’armée M N., &
qu’il prend un faux alignement par la gauche en
arrière ; alors le bataillon voifin de fa gauche W V -
s’aligneroit irrégulièrement par la pofition K L , s il
n’avoit nul égard, en s’alignant, à celle de toute la
ligne générale de la droite R O ; de meme 1 aile
droite du bataillon fuivant, G Y , auroit tort de
s’aligner en arrière de fa droite, à caufe .que les
deux bataillons voifins de fa droite fe font portés
en arrière de la ligne droite de farinée au lieu
de fe maintenir alignés tels qu’ils ont dû 1 être.
D ’où je conclus que l’enfemble général doit donner
toujours la règle à tout ce qui compofe fes parties
, parce que dans un certain nombre de bataillons
réunis en corps d’armée , le plus doit diriger
le moins. ^
Suivant ce principe, quelque confidérable que
puiffe être une dérivation d’un bataillon delà ligne
droite générale , fon defordre fera facile a redref*
fer, quand les bataillons voifins maintiennent la
ligne droite preferite., au moins dans , leurs points
directeurs principaux , c’eft-3-dire , leurs centres ,
en confervant leur alignement d’après celui de la
plupart des bataillons de l’armée. |
Au furplus , la ligne droite en front qu un bataillon
doit garder, peut aifépient etre apperçue ,
TAC
quand les centres de plusieurs bataillons en defees-
dant, comme ceux T S & G V , fe trouvent en
ligne droite avec plufieurs autres bataillons en remontant
la ligne, comme ceux R Y & P O.
D o n c , un bataillon doit toujours prendre fort
alignement propre , non pas feulement des bataillons
voifins, mais encore de la pofition a&uelle de
la ligne droite, formée par la plupart des batail-.
Ions de l’armée.
11 y a cependant des circonftances qui font exception
à cette règle générale.
i°. S’il était dangereux , par rapport à la proximité
de l’ennemi, de ne pas porter également en
avant ou en arrière, les ailes des deux bataillons
rangés l’un à côté de l’autre, & de laiffer une trop
grande ouverture entre eux.
2°. Si des motifs quelconques avoient porté le
général en chef à ordonnërexpreffément que chaque
bataillon prenne l'alignement de fon front feulement
de celui du bataillon voifin de lui.
o°,Si la nature du rerrein ne permettoit pas aux
commandants djippercevoir la ligne générale du
front de l’arméêT
40. Si la dérivation d’un bataillon de la ligne générale
eft fi peu confidérable, que pour reprendre
celle de l’enfemble il peut fe régler fur le bataillon
voifin de lui , fans donner lieu par-là à un grand
défordre dans-l’enfemble..
Comme ces trois premiers fujets d"exceptions en-
- trent dans la grande indique, on ne développera
ici que le quatrième.
Si un bataillon dérive un peu de la ligne du
front de l’armée C D , (j%. 4x7 ) > foit dans la totalité
de fon front, comme celui g f , foit par l'une
de fes ailes feulement, comme celui ai-, St fi la
plupart des autres bataillons de l’armée fe trouvent
, finon èxaélement, du moins à-peu-pres rangés
fur cette ligne droite C D , alors il eft avantageux
, pour la confervation de l’enfemble de l'armée
, que les bataillons les plus Voifins de celui
qui dérive, fe dirigent un peu fur cette dérivation,
en appuyant de.leurs ailes, foit un peu en avant ,
foit un peu en arrière, fuivant la nature de la dérivation
, afin de fe maintenir toujours à hauteur
égale avec l’aile du bataillon qui dérivé.
Ce ne fera pas une faute capitale par rapport i
l’enfemble néceffaire , fi le bataillon e h, par exemple
, s’aligne tout à-fait un peu en arrière , afin de
réunir celui g ƒ avec le bataillon fuivant A i , quand
ce mouvement n’augmente pas confidérableraent
le défordre ; de même l’une des ailes du -bataillon
i k , peut auffi s’aligner en arrière pour fe réunit
avec celle du bataillon a b, "s’il y avoit des empêchements
invincibles pour remettre fur la ligne
droite générale de l’armée les bataillons fg S t ai.
C ’elï ainfi que la fauffe pofition du bataillon Im
occafionneroit une grande ouverture dans la ligne
générale du front de l’armée , & y porteroit une
confufton difficile à redreffer, fi le bataillon voitm.
TAC
de la droite op n’appuyoit fon aile gauche en ar-
rière en n.
‘ Donc, les commandants des bataillons de l’armée
doivent chercher, en pareil ca s , de réunir
ces parties féparées , afin de conferver la ligne générale
nécefîaire de l’armée , quoiqu’appuyée à la
fauffe pofition du bataillon dérivé ; par ce moyen ,
ils accorderont, autant qu’il eft poffible , la cir-
conftance avec l’ordre indifpenfabîe , & ce défordre
léger ne fera ni augmenté, ni rendu univerfel
dans l’armée.
Cependant, fi la dérivation d’un bataillon en
avant de la-ligne générale du front de l’armée auquel
il faudroit appuyer le bataillon voifin pour
les réunir, donnoit lieu à un défordte encore plus
confidérable dans l’enfemble général-, il faut alors
plutôt obferver de préférence , de faire reculer ce
bataillon qui a dérivé en avant, parce que l’on eft
toujours obligé de fe maintenir plutôt foi-même
fur la ligne générale néceffaire, que d’appuyer en
avant pour chercher à fe réunir avec un bataillon
dérivé.
Mais il faut avoir l’expérience confommée des
exercices journaliers,être fondé en bons principes,
favoir confidérer le terrein & juger fainement de ;
la nature des circonftances, pour déterminer juf-
qua quel point certaine dérivation peut êtrecon-
fidérée plus ou moins grande par rapport à l’en-
femble général, & quand lin bataillon voifin de
celui quia dérivé doit s’aligner fur lui.
Go mme il eft phyfiquement impoffible de maintenir
toujours fur une ligne droite ftriâement
prife un certain nombre des bataillons , ou une
armée entière marchant en bataille, il faut fe contenter
de conferver feulement une ligne militairement
droite.
Cela p ofé,un général en chef auroit tort de
négliger des difpofitions infiniment plus importantes
que les redreffements d’une petite dérivation
, parce qu’en voulant rétablir la ligne droite,
il donneroit lieu à des irrégularités plus confidéra-
bles que la dérivation elle-même, en détournant
l ’attention des officiers & des foldats pour leur
faire prendre Hn pas plus lent ou plus précipité; de
forte que ce redreffement ne ferviroit, eu égard
a l’enfemble général, qu’à rendre l’alignement de
toute la ligne auffi irrégulier en avant que la dérivation
l’étoit déjà en arrière.
De même que la fauffe pofition d’un foldat ou
de plufieurs enfemble , ne peut, dans un bataillon,
être confidérée comme une grande irrégularité
, eu égard à la ligne du bataillon , parce qu’on
ne fauroit dire que le bataillon n’eft pas fur une
ligne droite, quoique çela faffe un objet pour
celle du peloton ; de même lé dérangement de la
ligne droite générale d’un peloton , de plufieurs
enfemble , même de l’aile entière d’un bataillon ,
ne doit pas être envifagé comme une irrégularité
fort importante , eu égard à la ligne du front de
toute l’armée, parce qu’elle peut, nonobftant cette
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dérivation , continuer dé marcher en bataille avec
ordre , fe maintenir fur une ligne militairement
droite , & conferver les rapports néceffaires.
Mais il ne faut jamais perdre de vue , dans cette
marche eflentielle , que le front de chaque bataillon
doit conferver les points diredeurs de la ligne
générale de 1 armée -, que la .plupart des bataillons
de la ligne doivent y être maintenus au moins dans
leurs parties principales 011 leurs centres, St qu’il
faut veiller à ce qu’une dérivation quelconque
n occadonne pas un plus grand défordre dans
l’enfemble de l'armée, lorfqu’elle n’eft pas redref- '
fée fur-le-champ; ce qui d’ailleurs n’eft guère à
craindre , quand les bataillons obl'ervent de régler
-leur alignement particulier fur celui de l’armée Sc
fur la ligne que la plupart des bataillons occupent
par leurs centres, & non fur celui du bataillon
qui fera le plus voifin.
J’ai établi plus haut que le point directeur principal
de toute pofition quelconque d'un bataillon
■ pour fon alignement en front St en profondeur ,
& pour fon ordre intérieur, eft toujours à fon
centre ; ce n’eft donc que d'après la pofition actuelle
du centre d’un bataillon, que le général en
chef peut juger de celle de chaque bataillon & de
fon rapport avec la ligne occupée par les autres
bataillons de l’armée ; il eft donc de fon devoir de
veiller à ce que les centres des bataillons confer-
vent la ligne droite preferite. Comme le foin particulier
de chaque commandant eft d’y aligner les
ailes de fon bataillon , & de même celui-ci ne doit
être occupé que d'aligner les chefs des pelotons
fur là ligne donnée, en remettant à leur attention
particulière le foin de redrefter, aux moindres dérivations
, les pofuions des foldats, ou l’alignement
de leurs pelotons.
O r , quand l’aile droite d’un bataillon ( voytz
a b > fis- 4 3 ° ) eft troP en arrière, quand l’aile
gauche d’un autre bataillon eft trop en avant
quand les deux ailes enfemble d’un bataillon ,
commet & i font en arrière, on peut, en fens
impropre à la vérité , regarder cependant pour
droite la ligne générale de l’armée e f , parce que
les centres de touts les bataillons n’en dérivent pas.
D o n c , ces fortes de dérivations que l’on peut
empêcher ou redrefter promptement, (quoique
confidérabies, eu égard à la pofition particulière
de chaque bataillon dans la ligne générale ) , ne
doivent point entrer dans les confidérations du
general en chef, obligé de donner fon attention
à des objets plus importants, parce qu’elles font
de peu de conféquence, eu égard à la longueur
de la ligne de l’armée c f , où elles ne peuvent oc-
cafionner un bien grand défordre. Je vais plus
loin, je fuppofe que quelques-uns des bataillons
du front de l’armée refient tout-à-fait en arrière,
comme celui n o , il n’en eft pas moins poffible
que la plus grande partie de ces bataillons fe maintienne
toujours en ligne droite, pourvu que leur
point de vue ne foit point caché par des obfiactes