
Q u ’as-tu fait, barbaVe ? . . . . Comment pourrai-je'
vivre déformais ! &c.
Quelqù’iriebnlblable que le roi parut, le temps
& les circonftanèes lui firent bientôt oublier la
perte qu’il avoit faite. Les ennemis étoient prêts à
fondre fur lu i, il redemanda Sunt-Ze, le fit général
de fes armées , & il fut par tout victorieux. ( C. )
INSTRUCTION. ( école d’ ) Nou s avions projette
de donner dans cet article une idée des
connoiflances qùe doivent pbfleder les militaires
dè touts les gracies, & de parier des moyens qui
nous ont paru les plus furs & les plus faciles de
les leur faire acquérir; mais de nouvelles réflexions
nous ayant montré que -ces objets devraient être
difperfes dans les articles confacrés aux différents
individus qui entrent dans la compofition d’une armée,
nous renverrons nos lecteurs aux mots recrue
y Joldat , brigadier, ferment , capitaine , major ,
mcflre-de-camp, général, & nous ne nous occuperons
ici que de Xécole d’inflruttion.
On donne communément le nom d'école d’ inf-
truElion , à un peloton compofé des foldats qui
n’ont point encore été admis au bataillon.
On renvoie encore à cette école.les foldats déjà
admis au bataillon , q u i, dans l’exécution de leurs
devoirs , pèchent par inattention ou par ignorance.
C ’eft encore à cette école qu’on renvoie les officiers
qui ne font pas en état d’inftruirè .& de commander
leurs compagnies.
L’école d'infiruâlion eft commandée par un officier
choi.fi par le chef du corps. Cer officier doit
être chargé de cet objet pençlant trois ans conféçu-
tifs : il doit avoir,, par fon grade ou fon ,ancienneté,
l ’autorité fur touts, les ôffiqi.ers qui le fécondent,
& lur ceux qui font renvoyés à l’éçolç d'inftruflion
pour y être înftruirs.
Chaque capitaine-commandant doitchoifir, dans
fa compagnie, un officier , un fergent & deux caporaux
, pour inflruire & conduire les hommes qui
font envoyés à l’école à'inflruEÎïon.
D ’après,ce que nous venons de dire du peloton
d’infiruElion, on voit qu’il peut être confidéré &
comme une école, & comme une punition. L’ordonnance
, pour régler l’exercice , ayant prévu
avec fagefle tout ce qui concerne le peloton d'in f
trùâion confidéré comme une école , nous n’avons
à cet égard qu’un feul fouhait à former, c’eft
que les volontés de la loi {oient fuivies avec exactitude.
Ce même peloton confidéré comme punition
, n’a pas été peut -être examiné avec a fiez
d’attention par les rédacteurs de f ordonnance ; ne
ferait il pas avantageux que l’homme envoyé à
l ’école A'inflrufiion , parce qu’il a manqué d’attention
, ne fût point confondu avec celui qui y eft
envoyé , parce qu’il manque de connoiflances ? Le
bas officier chargé de conduire à l’école à'infime-
tion les foldats de la compagnie à laquelle il eft
attaché , ne devrait-il pas rendre compte par écrit,
à l’officier qui commande cetté école , des motifs1
qui ont déterminé fon capitaine à y envoyer
j quelques-uns de fes foldats ? Ainfi le commandant
de cette, école affigneroit avec facilité., à chacun
deux , l’efpète d’exercice qu’il devroit faire ; il
renverrait l’ignorant dès l’inftant où il feroit inf-
truit, & l’innattenrif après qu’il anroit paflé à l’école
à'in fi ru filon le nombre des jours pour lefquels il y
auroir été condamné. Ne devroit-on. pas ordonner
encore de conduire chaque jour à l’école d’infraction
les hommes mis à la falle de difcipline, &
pendant quelque temps ceux qui arrivent de congé,
qui forcent de l’hôpital, ou qui ont travaillé de
leur métier pendant un mois confécutif.
J’ai vu des régiments qui, pour s’aflùrer d’une
infiruâlion uniforme, faifoient pafler chaque jour
trois files de chaque compagnie à l’école d’infime-
tion. Cette coutume m’a paru fage; elle remplit
parfaitement 1 objet de fon infiiturion ; elle fait
connoitre aux chefs de corps le véritable degré
d'infiruâlion qu’ont atteint les différentes compagnies
, & peut réparer enfin les maux que caufent
trop fouvent la prévention , l’indulgence , ou le'
peu de lumières des capitaines ; l’officier chargé de
l’école d'infiruâlion ayant en effet la liberté d’y retenir
aufli longtemps qu’il le juge nécefl'aire, les
hommes qu’il trouve mal placés pu peu inftruits,
peut, avec facilité, donner à touts la pofition &
; Xinfiruâlion qu’il croit les meilleures. ( C. )
INSTRUMENTS. Machines fonores. Toutes les
nations ont employé les inflruments pour animer les
: troupes ou régler leur pas &. leur marche. On a fait
choix de ceux dont les fons étoient les plus éclatants
, comme les instruments à vent, la trompette ,
1 le cor, le clairon, le fifre , ou des plus bruyants ,
' comme le tambour & les timbales. Les Hébreux
! ont eu la trompette, les Athéniens & les Macédo-
! niens l ’ont auffi employée : les Spartiates préfé-
rèrent la flûte-.
La corne , injlrument ruftique , fut le premier
dont les romains firent ttfage. Au temps de Romulns»
c’étoit avec des cornes de boeuf que l’on convoquoit
le peuple. Elles fervirent auffi à la guerre avec la
trompette ; & au lieu de cornes naturelles , on én
. fit dé cuivre',- qui furent nommées buccines. Ces deux
efpèces d’inflruments furent afîiijettis à l’infanterie.
( Dionis., l. I I , p. 83. Veget, , l. I I I , c. 5. Varro
de ling. lat. , l. IV. Horat. , l. I I ,od. I , v. i j . Co~.
lumell. y l.lV . Propert., &c. ).
La corne ou buccine avoit le fon rauque &
fourd. (^Ænëid. , l. V i l & VIII). La trompette étoit
de même forme que les nôtres ; mais beaucoup
plus grande, fi elle fut toujours telle que nous la
voyons fur la colonne trajanne : elle y - a> au moins
deux pieds & demi de longueur. Les poètes la dé-
fignoient par la dénomination A'ces reâlum, ( Ovid. ,
Metamorph., /. I. Lucan , /. I .) , pour la diftinguer
de la buccine , qu’ils nommoient ces curvum recur-
, vum fiexum.
Le même monument nous préfente un autre instrument.
féniblable à notre cor : il eft recourbé ,
non pis en cercle , mais en fpirale, & le tuyau ea
eft fimple. Celui qui donne de ce cor, le tient de
la main droite, prés de l’embouchure ; de forte que
le corps de Xin\immeîit paffe à gauche , fe recourbe
par derrière , & que la conque vient pafler la tête
du côté droit. Il tient de la main,gauche un bâton
fculpté en forme d’oves enfilées , avec lequel il pa-
roît foutenir & fixer le cor. Quelquefois ce, bâton
eft long., & terminé par un ornement en forme de
pelte ,(/?/. 6). Ailleurs, il eft armé d’un fer,,{ p t
37 ) ; & on le voit une fois fans fer & fans oves (p/.
108 ).
Ceux qui fonnoient.de la trompette , furent de
fon nom tuba, nommésxubicines) {Liv. I. I , c. 43).
Ceux qui donnoieut de la corne ou buccine, furent
d’abord nommés cornicin.es, enfuit e huccinateurs.
Ces deux noms font rendus dans les auteurs Grecs ,
par Ceux, de Bukuvi's-x; OU Bvx.ccvitras. {
VL, c. 33 & 34.). Au temps de Végèçe , le nom de
buccine étoit donné au cor, puifqu’il définit la buccine
, un infiniment qui fe recourbe fur lui-même,
par un cercle de cuivre , buccïna quee in femetipfam
ctreo circulo fieâtïtur. { L. I I I , c. 3 ). Il diflingue en-
fuite très précifément ces trois inflruments & ceux
qui en jouoient. Les tubïcines ,•dit-il, les cornicines
éi. les buccinateurs , font;ceux qui, fuivant l’ufage,
donnent le fignal du combat, avec la trompette ou
le cuivre courbé , ou la buccine. ( L. I i l 9c.y ). Il
paroît que le même auteur parle dans un autre endroit
, d’un temps antérieur au fien, lorfqu’il dit que
ÏQ clafJicum eft un air que les buccinateurs jouent
avec la corne. (/. I I I , c. 5 ).
Comme ces inflruments étoient de cuivre , on
donnoit à ceux qui en jouoient, le nom générique
d’ancatores. Ils font armés & vêtus, fur la colonne
trajane, comme les troupes légères , mais fans bouclier.
La buccine , la trompette & le cor, fervoient à
donner les fignaux pour touts les mouvements des
troupes fous les armes. La buccine feule annonçait
les mouvements des troupes fous les armes. La bue-
ci ne feule annonçoit les mouvements des enfeignes.
La trompette feule appelloit les travailleurs commandés
pour quelque ouvrage. La buccine étoit
auffi particulièrement cônfacrée à donner les fignaux
néceflaires pour le férvice du camp ; fav.oir ,
pour appeller les foldats à l’allocution ( Liv. L V ,
c. 4 7 , V III, c. 7 ) , impofer le filence ( Id. , /.
I I , 45 ) , ordonner le départ ( Ibid.y c. 59 ) ,
une exécution ( Veget. , l. I I , c. 22.) ; annoncer
les veilles , relever les gardes & les fentinelles ,
{ Tacit. , Annal. I. X V , c. 30, Propert.', I. IV ,
Eleg. 4 ). L’air qui fervoit à ces fignaux , étoit
nommé clnjjicum. Le droit de lé faire fonner ,
n’appartenoit qu’au général. Dans la fédition de
Suetone, un des principaux reproches de Scipion ,
fut que deux foldats euflent ofé ufurper cette prérogative
de l’autorité fuprême. ( Liv. I. X X V II I ,
c. 27 ). Et lorfque Pompée reçut Scipion le jeune
dans ion camp , U voulut partager avec lui les honneurs
du commandement ; c’eft-à-dire , ceux du
INT îo 7
c la jjîc um & du prétoire. ( Çoe f. B e l l , c i v i l . L U t ,
c . 82 ). Le tambour eft en ufage depuis longtemps dans
les troupes françoifes.Tl a pafle des Sârrafins & des
Maures aux Européens. { D u C a n g e a d f o ï n v . p . 61
Nos anciens Romanciers le nomment ta b u r , ta b o r , & th ab o ur . On lit dans.le roman d’Aubri :
S o n n e n t c i l c o r s , & m a in t ta b o u r n o ifa .
Le tambour eft aujourd’hui le principal in jlrum en t de notre infanterie , & a été longtemps celui de nos
dragons Le fifr,e aévtoeict leen huafuatg-eb odièss. le temps de .François I.
On en voit au bas-relief du tombeau de ce Prince *
qui repréfente la bataille de Marignan; & on trouve
tr o is f i f r e s o rd in a ire s d u r o i portés fur un compte de
janvier 1537 { c o t t . 9844)» qui eft à la bibliothèque
du roi. Cet in jlrum en t a été longtemps dans notre
infanterie le,feul accompagnement du tambour ;
aujourd’hui, elle a.des clarinettes , des hauts-bois
&. autres in flrum en ts . ,
La trompette eft celui de toutes nos troupes a cheLveasl .timbales nous font venues des Sarrafins par
les Allemands. Il y en avoit .dans l’ambaflade envoyée
en 1457 par Ladiflas „roi de Hongrie , pour
demander en mariage Madeleine, fille de Charles
VII. On lit dans une chronique citée par le père Benoît
, auteur de l’hiftoire de Lorraine : « O n r i a v o i t » m ie o n e q u e t v e u d e s ta b o u r in s comme d e g ro s c/iau- » <ir o n s , q u i l s f a i f o i e n t p o r te r f u r d e s c h e v a u x ». Les
Allemands en firent ufage. Sous Louis XIV , quelques
régiments de cavalerie françoife en prirent fur
l ennemi, & obtinrent la permiffion de les confer-
ver. On en mit enfuite dans toutes les compagnies
de la maifon du roi, excepté les moufquetaires; dans
la compagnie du meftre-de-camp de la gendarmerie
& de la cavalerie légère, & on les permit aux autres
compagnies qui en avoient enlevé. Cette permiffion
honorable fut auffi accordée au régiment de dragoLness
d eti mla bBa lreest êocnhte .été fupprimées, & la trompette
eft aujourd’hui le feul in flrum en t de notre cavalerie.
INTELLIGENCE. Perfonne qui étant dans une
armée, une ville, une place affiégée , entretient une
correfpondance avec l’ennemi, lui donne des avis,
& IaNgiTt EdeN cDonAcNerTt .a vMeca gluifit.rat chargé de veiller à
l’obfervation de la police & aux fubfiftances de
l’armée. t Les principaux objets de fon département, font
le payement des troupes , l’approvifionnement des
magafins , la fourniture des vivres & fourrages ,
le reglement & la perception des contributions , le
fervice des hôpitaux , l’exécution des ordonnances
de Lpoorlfiqceu.’une guerre eft refolue , le rot nomme
l'in te n d a n t de fon armée ; & c’eft ordinairement
celui d’une des provinces voifines de la frontière
où la guerre doit fe faire. _