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1 infanterie néceflaire, & fe choifit un porte avantageux
fur les hauteurs de Seelin, entre ce bourg
& fes lignes. On ne jugea pas praticable de l'attaquer
ainfi porte, parce qu’il avoir fa droite & fa
gauche affurées , & que i’on ne pouvoit faire d’ef-
iorts contre lui que par fon front , qu’il avoit retranché.
Ces trois exemples fur le même fujet font pourtant
, dans la manière de protéger un fiège par une
armée hors des lignés , touts différents les uns des
autres.
Pour protéger le fiège de Mous , M. de Luxem-,
bourg alla au-devant de l’ennemi tout le plus qu’il
lui fut poffible ; il s’oppofa à lui en pleine campagne
, toujours en état de combattre de front ,
mais avec avantage, par le choix de fes portes , qui
lui donnoient la liberté de charger fon ennemi en
flanc, en cas qu’il eût ofé le lui prêter pour s’ap
procher du fiège , pendant que fon front étoit fi
avantageux, qu!il ne craignait point que M. le
prince d'Orange ofât l’aborder.
Par cette conduite attentive & habile, il donna
le temps au roi d’achever paifiblement fon fiège ,
& de prendre Mons.
Pour protéger le fiège de Namur, M. de Luxembourg
eut une conduite toute différente de celle
qu’il avoit eue au fiège de Mans, parce que la
fituation de cette place étoit différente.
Il ne falloit point laiffer entrer l’armée de M. le
prince d’Orange dans la Méhaigne , parce que fi
elle y étoit entrée, elle auroit pu porter fa droite
à là Sambre, auquel cas les attentions contre le
fecours auroient été doubles; fa voir, du côté du !
château , qui ert entre la Sambre & la Meufe ;. &
du côté de la v ille, qui efl entre la Sambre & la
baffe Meufe. Cepe ndartt l’ennemi avoit beaucoup i
de canon ; il étoit fort fupérieur en infanterie , & il
s’agiffoit de garder avec une cavalerie.fupérieure ,
les bords d’un ruiffeau affezétroit & garni de bois.
Ce fut ce que M. de Luxembourg fit avec tant
de capacité, dans la manière de fe placertou purs
devant fon ennemi, dans une dirtance affez mefu-
rée pour qu’il n’ofâr hafarder ce partage de la Méhaigne
, qu’il ne fut jamais poffible à M. le prince
d’Orange d’arturer un corps d’infanterie en-dedans
de la Méhaigne , capable d’y protéger le partage du
rerte de fon armée.
Ces attentions continuelles durèrent même dix
au douze jours , & furent toujours, de la part de
M. de Luxembourg , & remplies de pénétration &
& de jugement parfait des mouvements que M. le
prince d’Orange pouvoit faire, que ce prince fut
contraint de pouvoir prendre Namur, fans avoir
pu le fecourir.
Pour protéger le fiège de Lille par le côté de
Seelin, qui a été le feuï où l’on ait tenté le fecours
de cette place, M. le prince Eugène n’eut befoin
que de le choifir un bon porte, où il pût avoir les
flancs couverts, & fon front bon. C e ft ce qu’il
trouva fur les hauteurs de Seelin. Ainfi fou opéra-
L i g
non ayant été unique, je ne dois le iouer que du
bon choix qu’il fit de ce porte, & non des différents
mouvements , puifqu’il n’en eut qu’un feul à
faire pour fe porter fur cette hauteur.
Ce n ert point par oubli que je n’ai pas parié ici
de la bataille de Cartel, .donnée pour protéger 1q
liege de Saint-Omer. Ceite aélion pouvoit avoir
rapport à la matière de ce chapitre ; mais comme
les circonftances de cette aéfion. feront traitées
dans le chapitre Juivant, qui ert celui de mes réflexions
iur les batailles auxquelles je me fuis
trouve, ou qui fe font données de mon temps , &
dont j ai été inrtruit , je m’abrtiendrai d’en parler
ici. r
Je finirai donc mes réflexions fur la matière des
ignés, en difant que la railon décifive & certaine
de ma maxime t 8c de ne jamais attendre fon ennemi
dans des lignes de circonvallation , & de le
combattre hors de la ligne , ert fenfible, non-feulement
par les exemples que je viens de rapporter,
mais encore en ce qu’il ert d’une vérité confiante
que , renfermé entre la place & les.lignes , on .ert
toujours gêné dans fes mouvements ; & qu’au contraire
1 ennemi ert libre dans les fiens , qu’il les
couvre de la nuit, qu’il fait fes principaux efforts
ou il lui plaît de les faire, fe dégarniffant fans
crainte par-tout où il le veut ; qu’il fait autant de
ratifies attaques qu’il lui convient d’eD faire , pour
rendre par-tout les attentions égales ; qu’il ert fur
que celle de fes attaques qui profpère , fépate en
rentrant l’armée attaquée dans fes lignes , fans
qu elle piaffe fe rejoindre , la force à la fuite, &
à 1 abandon de fon camp & fiège, parce qu’elle
n a point de terrein pour fe reformer en arrière
entre le front de fon camp & la place; & enfin
que 1 armee qui attend l'ennemi dans fes lignes,
pouvant être attaquée prefque toujours par toute
la circo nférence j e la ligne , elle ne peut avoir
aucun flanc en furete, & ne fe peut jamais trouver
en état de réfifterà la colonne ennemie qui a
force un endroit de la ligne, f Feuauières').
LINo-E & CHAUSSURE. On comprend fous
ces mots touts les effets de petit équipement que
le roi ne fournit pas au foldat. Tels font Les fou-
liers , les ehemifes , les cols , les guêtres , les
bas, ôte.
Fendant tout J e temps où le régime féodal fub-
firta, & même longtemps après le moment où
l on eut reconnu la néceffité de tenir conrtamment
fur pied un corps de troupe confidérable , les gens
de guerre furent chauffés & vêtus chacun fuivant
fon goût & fes moyens. L’expérience ayant en-
feigné cependant que l'homme de guerre calculant
mal la durée de fon linge & de fa chaujj'ure, ou
comptant fur des reffources qui lui manquoient au-
befoin , ou pour parler plus vrai , ne calculant
prefque jamais, fe trouvoit fou vent, dès le milieu
de la campagne, dépourvu de,touts les objets né-
ceffaires à fon entretien, on s’occupa des moyens
de remédier à cet inconvénient ; on ordonna d’as
LIT
bord qu’un certain nombre de citoyens fe cotife-
sroient pour entretenir l’homme qu’un certain
nombre d’autres citoyens avoient levé ; cet ordre
dura peu ; les difcuffions qui s’élevoient entre les
contribuables & lés retards qui s’en fuivirent, le
firent abandonner l’état fe chargea alors * au
moyen d’une légère redevance qu’on lui paya , de
fournir fes foldats de linge & de chaujj'ure , comme
il les fourniffoit d’armes & d’habits. Les adminiftra-
•teurs , afin de fe débarrarter des détails nombreux
dans lefquels ils aurorent été obligés d’entrer, confièrent
à chaque capitaine le foin d’entretenir fa
compagnie, & ils leur aflignèrent pour cela une
fomme fixe qu’on leur paya chaque année. Ce fécond
arrangement, préférable fans doute au premier,
offrit cependant des abus ; l’amour de lo r ,
qui fe glifie dans touts les coeurs , & l’incurie fi naturelle
aux hommes quand leur propre intérêt ne
les réveille point, obligèrent encore une fois de
changer de moyens. On accorda à chaque bas-offi-
cier & à chaque foldat une augmentation de paye
deftinée à l’entretien de fon linge 8l de fa chaujfure ;
cette augmentation fut de 18 livres pour les-premiers
, & de 9 liv. pour les féconds ; on forma ,
avec ces fournies , une marte particulière connue
fous le nom de majfe de linge & chaujfure, & on régla,
par des loix fages , la manière dont cette marte
feroit adminiftrée. Le prix des matières premières
& celui de la main-d’oeuvre ayant hauffé en proportion
de l’augmentation du numéraire , on reconnut
en 1762 , que les fommes de 18 & de 9 liv.
ne pouvoient fuffire à leur deftitiation ; en confe-
quence on les porta à 24 & à 12. Ces : fommes
furent fuffifantes pendant un temps affez confide-
rable; le font-elles encore aujourd’hui? C’efl ce
que nous examinerons dans les articles M a s s e d e
LINGE & CHAUSSURE , MAGASIN & PETITE MONTURE.
( C )
LITS MILITAIRES. Les l it s m ilita ir e s font de
trois efpèces : les l i t s de camp dertinés aux officiers
pendant la guerre; les l i t s de camp placés dans les
corps-de-garde ; & les l i t s des officiers & des foldats
dans les garnifons & les quartiers.
§• 1.
D e s lits de camp d es o ffic ier s.
On donne le nom de l i t d e cam p aux l i t s qu’il ert
permis aux officiers des troupes françoifes de porter
avec eux à l’armée. Les pieds & les quenouilles
de ces l i t s febrifent& fe démontent, enforte que
1 é l i t entier fe met avec facilité, quand on veut le
tranfporter, dans un grand porte-manteau defliné à
cet objet.
Nous ne donnerons point ici la defeription du
l i t d e c am p , on la trouvera dans le diélionnaire des
manufaéhires & arts, tome fécond, article T a p i s s
ier , p a g e 22 6 .
Quoique le lit décrit «Jans l'article que nous ve-
L I T 20?
nons de citer foit le meilleur & le plus en ufage,
je crois cependant qu’on pourroit le Amplifier 8c.
le rendre plus léger. Ne feroit-il pas poffible de
faire ufage des lits connus dans la mâtine fous le
nom de cadres à Cangloifè ? Ne pourroit-on pas facilement
fufpendre ces cadres à l’aide de deux piJ
quets ? Un dès mâts de la tente pourroit remplacer
Un des piquets; peut-être même les deux mâts
pourroient être employés à cet objet.
Dans le cas où le cadre à l’angloife offriroit des
inconvénients que nous n’avons pu prévoir né
feroit-il pas poffible de fe fervir des lits de même
genre que ceux qui font connus fous le nom de lit
de ƒangle. Deux cordes de huit à dix lignes de diamètre
ne pourroient-elles pas remplacer les deux
longues pièces de bois auxquelles les fangles font
•attachées , & quatre barrettes de fer de lix lignes
d’équarifîage, les quatre gros madriers qui, en fe
croifant, foutiennent ces lits.
Les lits de camp feroient dignes d’exercer l'industrie
des ouvriers qui, par état, font obligés de les
conftruire & de les vendre.
Si l ’on étoit affuré de trouver dans touts les
camps une quantité affez grande de paille ou dô
feuilles fêches pour remplir une efpèce de pail-
lafle qu’on pourroit pratiquer dans la doublure
d’une peau d’ours , ce lit militaire feroit aufli fain
que le lit de camp, moins difpendienx & plus aifé à
tranfporter.
§. 1 1 .
Des lits de camp placés dans les Corps-dc*garde.
On trouve dans chacun des corps-de-garde construits
dans les villes, les forts & les châteaux du
royaume , une efpéce d’eftrade fur laquelle les
hommes de garde qui n’ont dans le moment aucun
devoir à remplir, peuvent fe placer & fe livrer
au fommeil, ou du moins le chercher; cette ef-
trade ert compofée de planches de fapin affemblées ,
& porte le nom de lit de camp ; elle ert ordinairement
adoflee à un des murs du corps-de-garde ; elle
a fix pieds de longueur, & affez d’erendue pour
que la moitié des foldats de fervice puiffe s’y placer
en même temps ; l’extrémité des planches , qui
• touche le mur & qui repréfente la tête du l i t , ert
: élevé au-dertus du fol du corps-de-garde d’environ
2. pieds & demi ou 3 trois pieds, & l’autre extrémité
, qui repréfente les pieds du l i t , ne l’ert que
de 15 à 18 pouces. On met toujours à l’extrémité
inférieure des planches du li t , un madrier qui les
déborde de deux pouces au moins , & qui ert défi-
; tiné à empêcher les foldats de gliffer; on met auflï
! quelquefois à la tête du lit une planche de 8 à 10
pouces de largeur qui, portant d’un côté contre le
mur, & de l’autre contre le lit de camp, & formant
avec ce dernier un angle de 35 à 40 degrés , produit
un effet femblable à celui du traverfin. On ne
devroit jamais.omettre, ce me femble , de prrocu-
| rer aux foldats cette dernière commodité que L’ef