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du pays que l’on a à fourrager , & aflez exa&es
pour qu’on puifle en tirer une opération un peu
certaine du produit’ des différentes récoltes , dans
l ’état où elles fe trouvent, & dans celui où elles
peuvent fe trouver, lorfqu’on jugera à propos
<l’en faire le fourragement ; pour cela il faut commencer
par apprécier l’étendue du terrein en général
, enfuite s’aflùrer par un examen plus réfléchi
de l’objet particulier dès terres enfemencées,
ou produifant des denrées propres à former du
fourrage que le même terrein comporte ».
« Pour y parvenir j il eft indifpenfable de fe
faire à foi-même des principes, & de fe préparer
une méthode ; elles ne peuvent qu’être imparfaites,
parce qu’on n’a ni le temps ni les facultés de faire
affez d opérations pour parvenir à un point fixe
& déterminé ; mais tout au moins , on doit chercher
à arriver, autant qu’il eft poflible, finon à
l ’exaâitude , au moins à l’approximation ».
» Admettons donc un terrein quelconque, dont
un officier de Fétat-major eft chargé de faire la re-
connoiflance ; il lui eft poflible de circonfcrire ce
terrein en entier , ou par partie , par des points
remarquables ; tels que des bois, un chemin, un
village., un rideau , ou toute autre borne immuable.
Alors, foit en: queftionnant les gens du pays
foit par lui-même, en prolongeant .ce terrein au
pas de ion cheval % dans fa longueur & dans fa
largeur , il lui eft facile d’y déterminer une fuper-
ficie quelconque , & d’eftimer fa dimenflon. Snp-
pofons , par exemple , un terrein qui auroit à-peu-
près 1,141 toifes'de long fur autant dans fa largeur,
ce qui eft la proportion de la demi-lieue quarrée ,
évaluée de 23 aü degré, une demie-lieue de cette
dimenfion contient 1,301,881 toifes quarrées, autrement
1,171 arpents 69 perches 29 100e quarrées.
La perche a 20 pieds , 8c le pied 12 pouces ».
a II doit être facile enfuite à cet officier de re-
connoître combien, dans cette fuperficie , il y a
à-peu près de terrein occupé par des chemins , rivières
, ruifteaux, étangs, marais , hages, maifons
ou châteaux , yignes, bois, terres vagues ou autres
non enfemencées , qui ne peuvent fournir
aucune reflource pour le fourrage, & qui peuvent
fe rencontrer dans l’efpace deftgné ».
« S’il ne s’y rencontre aucun de ces articles
, ou feulement les chemins 8c les terres non
enfemencées , comme cela peut arriver , l’opération
n’en eft que plus facile , puifqu’il y a d’autant
moins à fouftraire ; calculant de même par appréciation
les parties du terrein qui peuvent fe trouver
enfemencées en denrées entièrement nplles
pour le fourragement, telles que les chanvres, les
lins , les tabacs, la gâüde , le paftel, ou autres
productions de ce genre, & en en faifant pareillement
fo«ftra£fion , les parties qui referont feront
celles qui produiront des dênfées propres au
fourragement », •
« Il ne s’agiroit donc plus que de donner une
éjpluation proportionnée au produit de chacun
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des arpents reftants, relativement à la denrée donf
ils feroient enfemencés , 8c au degré de maturité
auquel elle feroit parvenue. On fent aifément que
plus on approche de la récolte , 8c plus le produit
doit être fort ; de même aufli, plus il y a de temps
encore à attendre pour que les denrées foient
dans leur point de maturité, & moins il y a à
en efpérer de produit à les couper en verd. On
fait aufli que félon la qualité du terrein, une mêm»
quantité de terrein peut rendre infiniment plus ou
infiniment moins ; mais il n’en eft pas moins pof-
fible pour cela à un officier qui fait des reconnoif-
fànces , ou qui a fait feulement fourrager une
fois dans un pays , de fe faire des règles pour ap.
précier aflez jufte, quelle quantité de troufles de
chaque efpece de denrée un arpent peut rendre »,
« Qu’il choififle, par exemple, dans touts les
terreins, un arpent enfemencé de bled, qui ne
foit ni fort ni foible , qu’il fafle faucher dans cet
arpent une perche quarrée , ou fimplement un
quarré de 20 pieds dans toutes fes faces , qu’il
en fafle raftembler le fourrage , 8c qu’en le péfant
il trouve, que ce quarré aura produit 60 livres pe-
fant, il peut fans rifque en conclure que l’arpent
étant compofé de cent quarrés pareils à celui-là,
rendra 6000 pefarit , autrement 12 troufles de
500 livres. Si au lieu de 60 livres, le quarré en ren«
doit 80, ce fëroit 16 troufles à l’arpent 8c pareillement
s’il ne rendoit que 40 livres, ce ne feroit
plus que 8 troufles à l’arpent ».
« De même pour toutes les autres efpèces de
denrées quoiqüe cette opération foit bien Ample,
donnons-en ici une table calculée ».
I P<zr perche. Par arpent.
Trùujfes de
yoo liv.
1 100
2 200 . 7
3 .300
4 400 1
3 500 1
6 600 H P |
7 700 1 7
8 800 i - 1
9 900 i f f j
IO 1000 2«
20 2000 4 *
2 2 3° 3000 , 6.
4 0 4000 8.
5° 3600 10.
; 60 6000 - 12.
70 7006 14.
80 8000 16.
9° 9000 18.
IOOOO 20.
a FaifoAS
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« Faifons préfentement une application fimulée
^de ces principes ». . # ?
« Nous avons fuppofé que l’officier chargé d une
reconnoiflance de terrein pour un fourrage , aura
trouvé qu’il peut avoir environ une demi-lieue
quarrée , c’eft donc 1171 arpens , laifîbns les perches
& les pieds ».
« Sur une quantité il aura reconnu, parfuppofl-
tion, qu’il lui faut déduire pour les chemins, rivières
, ruifleaux , marais, étangs , hayes, maifons
, enclos, terres vagues 8c non enfemencées ,
ou pour celles qui le font en denrées qui ne peuvent
fervir au rourragement , fl l’on veut , un
tiers, ou 390 , il lui refte donc 781 arpens ».
u 11 aura évalué de même que de ces 781 arpens
, il aura par fuppofltion :
En bled, un cinquième environ . . 1 3 0 arpens.
En a v o i n e ..................................... 130
En foin . . . . .1 3 0
Èn vefee . . . . .1 3 0
En orge , . . . . • . 130
En une autre efpèce de denrée . . 31
Nombres égaux . . . . 781 arpens.
Dans ces épreuves il aura trouvé que la perche
de froment lui aura rendu par fuppofltion
...........................................................30 livres.
Celle d’a v o i n e ....................................40
Celle de foin , . , , . 4 0
Celle de vefee . . . . . 30
Celle d’o r g e .................................... 40
Et dans une autre denrée . • . 2 0
Total ..............................................240 livres.
11 lui eft aiféde dire :
130 arpens de bled à 30 livres la
perche , produifent en troufles de
500 livres . . . . .1300 troufles.
130 arpens d’avoine à 40 livres la
perche . . . . . . 1200
130 arpens de foin à 40 livres la
perche . . . . . 1200
130 arpens de vefee à 30 livres la.
perche .. . . . . . 1300
130 arpens d’orge à 40 livres la
perche • * . . . .120 0
31 arpens d’une autre denrée à
20 livrés la perche . . . . 1 2 4
Les 781 arpens doivent produire.. 6724 troufles.
Evaluant enfuite la ration en verd à 40 , 50 ou
60 livres , félon que le fourrage aura plus ou
moins de conflftance, les 6724 troufles de 300 liv.
produiront:
A 40 livres la ration
A 3c livres la ration
A 60 livres la ration
84,030 rations.
67,240
56,033
Total . . . .
jirt militaire• Tome II J,
, 207,323 rations»
S U B 595
« Sachant enfuite le nombre de chevaux pour
lefquels il y a à faire fourrage , 8c pour combien
de jours il doit les approvifionner, il lui eft aifé
de déterminer quelle portion de fon terrein il a à
abandonner pour le fourrage. ».
On fait fort bien que toutes .ces appréciations
ne peuvent jamais être bien juftes : mais fl fautives
qu’elles puiflent ê tre, l’expérience 8c l’ufage
doit néceflairement donner les moyens de les
reâifier, 8c pour peu qu’un officier intelligent
veuille y donner de l’application , il doit s’en
faire une pratique aifée, 8c fe former un coup-,
d’oeil fur ».
De la pâture.
u La pâture étant un fourrage verd que les
chevaux confomment fur le terrein même, nous
allons en parler à la fuite des fourrages en verd faits
en pleine campagne, 8c avant de pafter au fourragement
dans les granges ».
« La quantité de terrein , fon fourrage , le plus
ou le moins de fertilité , 8c les temps pour lequel
on veut en faire ufage, font les feules règles que
l’on puifle donner pour déterminer le nombre des
bêtes que l’on peut jetter dans une pâture ».
« En général comme les prairies ne s’abandonnent
en pâture qu’après que les foins font faits ,
( car fl la première herbe étoit encore fur pied,
on ne négligeroit point de la fourrager ) , une pâture
, fl fertile qu’elle puifle être, ne peut pas
fervir longtemps de fuite, fur-tout quand on y
abandonne à-la-fois une grande quantité d’animaux
, parce qu’ils en gâtent .autant 8c beaucoup
plus qu’ils n’en mangent. Cependant lorfqu’on a
fuffifamment de terrein pour pouvoir le partager
8c faire pafler fucceflivement les animaux dans une
partie , puis dans une autres il eft poflible de tirer-
un très grand parti d’une pâture ; mais on n’y met
guères que les chevaux de l’infanterie 8c les boeufs
de l’approvifionnement de l’armée ; on ne peut
donner aucun principe à cet égard , l’infpeâion
feule du terrein eft ce qui peut déterminer. Le tpi-
litaire prend aufli les melures convenables pour
protéger les chevaux 8c les beftiaux que l’on abandonne
dans la prairie ».
Des fourragement faits dans les granges.
u C ’efl toujours au militaire à qui il appartient
, de faire toutes les difpofitions néceflâires pour ces
fortes de fourrages , 8c comme c’éft à lui à les protéger,
il détermine en même-temps les lieux où
j ils doivent fe faire, Sc il s’afliire des quantités que
chaque endroit peut lui fournir ».
« Ce n’ eft pas une petite entreprife que celle de
s’aflfurer de la quantité des denrées de toutes efpèces
qu’il peut y avoir dans un village; 1®. on
peut être en quelque forte afîiiré qu’il y en a pref-
que toujours autant 8c plus de caché que les
payfaas n’en laiflènt paroître ; mais comme il