
i ; î L É G
Ceux de la fécondé eurent le cuturn ou bouclief
long ©u ovale, le cafque, les bottines, la hafte &
lepé e, niais point de cuiraffe. Ils étoient dans l’ordre
de bataille , après ceux de la première claffe.
La cuiraffe 8c les bottines furent ôtées à ceux de la
troifième. Il leur reftoit donc le bouclier ovale, le
cafque, la hafte & l’épée : ceux - ci occupoient la
troifième place dans la phalange.
Les foldats de la quatrième avoient le bouclier
ovale, la hafte Sc l’épée. Tite-Live leur donne au
lieu de l’épée , le javelot nommé verulum ; ils for-
xnoient les derniers rangs. ( Liv. I. / , c. 43 ).|
Ceux de la cinquième avoient la fronde.
On réduifit enfuite à trois ces cinq différentes
armes, 8c cette innovation fe fitvraifemblablement
lorfque l’ordre en phalange fut abandonné pour l ’ordre
fur trois lignes.
La première eut pour arme diftinélive la hafte ,
& les foldats qui la formoient furent nommés Haf■
tats. Us ne furent d’abord que troupes légères, def-
tînées à commencer le combat en lançant les
Iiaftes. ( Varr. de ling. lat. Z. IV c. 16").
Hafiati fpargum kaftas , fit ferretis imber.
Enn. in Macrob. 1. VI, c. 1.
Ceux de la fécondé ligne combattirent avec l’épée
, 8c furent nommés princes , parce qu’ils étoient
les premiers qui en venaient aux mains.
Ceux de la troifième, armés de gros javelots,
nommés piles , furent appellés pilani , & enfuite
triaircs. Ovide attribue à Romulus cette divifion,
fuivant l’efpèce des armes. Si cela eft, elle fur changée
fous Servius, & renouvellée après lui. ( Ovid.
S a j lL .I lU v . 128 ) .
L’hiftoire n’a point confervé les époques de ces
changemens ; mais on trouve la divifion dont nous
parlons, établie dès le temps des premiers confuls.
Les triaires n’entroient point alors dans l’ordre de
bataille : c’étoient de vieux foldats inftruits par
l’expérience de plufieurs guerres. On ne les me-
noit au combat que dans les plus.grands dangers,
lorfque toute autre efpérance étoit perdue. Brutus
& Valerus , marchant contre les Tarquins, les
avoient laifféspour garder leur camp; ce furent eux
qui défendirent celui de Lucius Æmilius, défait par
les Volfques : ils y étoient en fécondé ligne derrière
la cavalerie, combattant à pied. {Dionys,
X. V,p. 290 de R. 244 » <*v. ƒ. C. 509, V lH ,p . 252
de R . 269 , av. J . C. 482 ).
On les trouve encore employés de même quatre
ans après par M. Fabius & L. Manlius. Tite - Live
parle auffi des triaires indirectement dans la quatorzième
année après i’expulfion des rois , en nommant
le centurion du primipile, ou premier centurion
des triaires. ( Dionys , Liv. IX , p. 569. Liv. //,
L .c . 6 2 7 ).
Vers ce temps la difpofition des armes dans les
trois lignes étoit déjà changée ; on avoit donné le
pilum aux haftats , qui ceffèrent alors d’être troupes
légères. Dans le combat d’Aulus Virginius contre
L Ê G
les Volfques, « le conful ordonna aux fiens, dit
Tite-Live, de faire alte en plantant tes piles en terre ;
& , dés que l’ennemi les auroit joints , de s’ébranler
& charger de toutes leurs- forces l’épée à la main >7.
C e récit fuppofe les piles à la première ligne. S’ils
euffent été à la dernière, comme dans l’origine, il
auroit été inutile de recommander au front de la
troupe de ne charger que l’épée à la main. Pour
remplacer les haftats dans la fonélion de troupes légères
, on joignit à chacune de leurs manipules vingt
foldats armés de la hafte 8c du goefum, ou javelot
gaulois, & les triaires prirent la hafte au lieu du
pilum : mais les noms ne paflerent point avec les
armes, d’une ligne à l’autre. Les foldats continuèrent
d’être nommés haftats dans la première , & pilant on
triaires dans la troifième. ( Liv. I. I I , c. 20 , de R ,
2J)9 , av. j(. C. 494. VIII ,c . 8),
Ils étoient aufli diftingués par l’âge. Les tribuns
choififfoient pour les armés à la légère les plus
jeunes & les plus pauvres ; pour les haftats, ceux
qui étoient immédiatement au - deffus ; pour les
princes, ceux qui étoient à la fleur de l’âge ; pour
les triaires , ceux qui étoient les plus âgés. ( Polyb,
Z. V I y c. 19 ,2 0 , 2 1 , liv. V I I I , c. 8 ).
§• V.
Officiers inférieurs de la légion.
Chaque divifion de la légion avoit un chef. La
décurie étoit commandée par un bas officier, nommé
d’abord décurion , enfuite dixainier , & au
temps de Végèce , chef de chambrée* ( Veget. , l. II ,
8 ).
La centurie l ’étoit par un centurion. Celui de la
première centurie de chaque manipule étoit défigné
par le titre de prior ; celui de la fécondé centurie
par le titre de pofteriorceux des trois ordres de
foldats , étoient diftingués les uns des autres par le
nom de leur ordre. Dans chaque cohorte le centurion
de la première centurie des triaires étoit nommé
triarius prior y excepté dans la première cohorte de
la légion , cù ce même centurion avoit le titre de
primipile, prïmipilus , primus pilus, primopilus , ou
pilus prior, parce que les centuries de cet ordre furent
nommés p ili, lorfqu’elles étoient armées du pilum ;
le centurion de la fécondé centurie étoit nommé
triarius pofterior.
De même le centurion de la première centurie,
dans chaque cohorte des princes,étoit défigné par le
nom de princeps prior , ou prions centurite , 8c celui
delà première cohorte de la légion, par le titre de
primus princeps prions centuries ; celui de la fécondé
étoit nommé princeps pofterior, ou pofterioris centuries.
La même dénomination avoit lieu $ans les haftats,
Le premier centurion de chaque cohorte étoit nommé
haftatus prior, ou prions centuriot ; le fécond ,
haftatus pofterior. On marquoit à quelle cohorte ap-
partenoit chaque centurion, en joignant à fon titre
le
L É G
le nom d’ordre de fa cohorte. Ainfi , dant l'a première
cohorte des haftats, le premier* centurion
étoit nommé primus haftatus prior ; dans la fécondé,
fecundus haftatus prior ,& c . Il en étoit de même du
fécond : dans la première cohorte on le nommoit
primus haftatus'pofterior ; dans la fécondé , fecundus
haftatus pofterior ; dans la troifième , tertius haftatus
pofterior y 01c. • . „
On fui voit la même méthode dans l’ordre des
princes. Le premier centurion de la première cohorte
étoit primus princeps prior ; le fécond , primus
princeps pofterior. Le premier de la fécondé cohorte
étoit fecundus princeps prior ; le fécond, fecundus
princeps pofterior, Sic.
Dans les triaires, le premier centurion de la première
cohorte étoitpilüsprior; le fécond, primus
triarius pofterior. Dans la fécondé, le premier étoit
fecundus triarius prior ; le fécond, fecundus triarius.
pofterior, 8cc.
En général le titre de haftatus, de princeps y de j
pilus & triarius , défignoient un centurion d’un de ;
ces trois ordres. Voulcit-on marquer fon rang dans j
•le manipule? on ajoutoit au titre primitif celui de
prior ou de pofterior. Vouloit-on marquer la cohorte
à laquelle il appartenoit ? on ajoutoit aux deux premiers
titres le numéro de la cohorte.
Les centuries 8c les manipules étoient défignés
par le titre de leurs centurions ; ainfi dans la première
cohorte des triaires, la première centurie
etoit nommée pilus prior j dans les cohortes fui-
vantes , triarius prior, 8cc.
Chaque manipule étoit diftinguée par le nom de
fon ordre, 8c le numéro de la cohorte; ainfi haftatus
primus, étoit le manipule des haftats de la première
cohorte, &c. Princeps primus , le manipule
des princes de la première cohorte ; princeps oBa->
vus, celui des princes de la huitième. ( Cicer. epiftol.
8, ad Brut. ).
Ces dénominations ne fe trouvent pas toutes
dans les auteurs latins 8c les inferiptions ; mais on
peut les inférer avec certitude de celles que l’on y
trouve.
Les centurions étoient nommés en général ordi-
num duElores , 8c au temps de Végèce , centenani.
(V egét.l.IIyC.2).
Le primipile ou premier centurion de la première
cohorte des triaires , commandoit toute la
légion. Celui de la première centurie de chaque
manipule commandoit tout le manipule. Ce font
ceux-ci qu’on trouve fouyent défignés par ces titres :
esnturiones , primi ou primorum ordmum, centurie-
num principes , principes ordinum, primi ordines 3prin-
cipia , ordinarii, ducenarii. Ceux qui furent inftitués
par Augufte, reçurent le nom d'Auguftal.es, par Vef-
pafien,de Fluviales ; les autres centurions étoient
nommés ordines infirni ou inferiores. Le mot ordo ou
Si°num avoit la même fignincation que celui de cen-
mrie. ( Liv. I. I l , c. 45 ; V III, 39, X , 35 , X X X ,
4. Caf. bell. gall. I. V , c. 28,30. Tac. hiß. I. I I I , c,
Art militaire. Tome III.
L É G 15 1 ;
22. Veget. 1.11 y c. y& 8 . Ammian. paffint. cod. lib.
X I I , tit. 38 , le g. 6. Crzfar. bell. civil. 1. 1 , c. 4 6 ).
Les centurions, au temps de Polybe, avoient
au - deffous d’eux un officier que cet hiftorien
nomme ourague , ou ferrefile , 8c que les Romains
appelloient coaftor agminis. Dans la fuite ils en
eurent un autre qui fut nommé optio , fi toutefois
ce n’eft pas le même. Ce nom , qui fignifie choix,
adoption ^fut donné à un lieutenant que les centurions
choififfoient, 8c par lequel ils étoient remplacés
lorfqû’une maladie ou une bleffure les ren-
doit incapables de leurs fonctions. Ces options ,
au temps de Varron, n’étoient plus choifis parles
centurions , mais par lés tribuns qui donnoient les
optionats à ceux dont ils vouloient capter le fuf-
frage. Dans la fuite on joignit cette efpèce de fécond
ou lieutenant à la plupart des emplois ; les tribuns
, les enfeignes , les décurions, 8cc. , eurent
leurs options. ( Varr. de ling. lat. l. IV . Veget. L
I I a c. 7. De R. 6 9 1 , av. J. C. 62 ).
§ . V I .
Du nombre des foldats de la cohorte y b de fes ài-
. vïfions.
La cohorte étoit toujours la dixième partie de la
légion ; ainfi elle étoit de quatre cents hommes
dans une légion de quatre mille.
Polybe fuppofant ce nombre , dit que les triaires
étoient fix cents , les princes douze cents , les haftats
, égaux aux princes , 8c que le refte formoit les
velites ou armés à la légère . ( au nombre de mille)..
Il ajoute que fi la légion étoit de plus de quatre
mille , on fuivoit dans fes divifions la même proportion
, excepté pour les triaires , dont le nombre
étoit toujours égal. ( Liv. V I y c. 19 , ad fin.').
Te l étoit l’ufage de fon temps ; mais nous igno-*
rons l’époque à laquelle il a commencé. Si Romulus
inftitua les trois ordres de foldats, comme le
dit Ovide , 8c qu’on veuille étendre jufqu’à ce fondateur
, le mot toujours , que Polybe employé en
parlant du nombre des triaires , il y avoit dans fa
légion de trois mille hommes fix cents triaires
douze cents princes 8c douze cents haftats, qui
tenoient lieu de vélites, 8c dans la cohorte {bixante
triaires , cent vingt princes 8c cent vingt haftats ,
formant les trois manipules ; 8c dans le manipule
deux centuries de foixante hommes chacune. Mais
il paroît plus vraifemblable que dans ces premiers
commencements le mot .centurie exprima une
troupe de cent hommes ; 8c comme la légion de
Romulus fut divifée en troupes de cent hommes ,
qu’Aurelius Vi&or nomme manipules , il y a lieu
de croire que le manipule 8c la centurie furent
alors la même chofe, 8c que Romulus ayant di-
vifé fa légion en dix corps de trois cents hommes ,
j les fous-divifa chacun également en dix centuries.
L’augmentation que Servius-Tullius fit à la légion ,
dvit y introduire une divifion nouvelle. C ’eft peut**
V