
tliftingué que celui du géaie , qui ne voit rien en
Europe qui puiffe lui être comparé d & dans la défenfe des places. ans l’attaque
Il eft établi en France, depuis M. le maréchal de
Vauban , de ne recevoir aucun in g é n ieu r qui n’ait
été examiné fur les parties des mathématiques néceffaires
à Ion état, c’eft-à-dire, fur l’arithmétique ,
la géométrie élémentaire & pratique , la mécha-
uique & 1 hydraulique. Le roi paye pour cet effet
un examinateur particulier.
L intention de M. le maréchal de Vauban étoit
qu apres cet examen, on envoyât les jeunes gens,
qui 1 avoient fubi, dans les places où il y avoit de
grands travaux, pour les former dans le fervice
des places & leur faire acquérir les differentes
parties de la fcience du génie. Cette efpèce de
noviciat devoit durer un an ou deux, après quoi
il vouloit qu’on les examinât de nouveau , pour
juger de leurs talents & du progrès de leur application
avant que de les mettre à l’état d ’ ingénieu r. Ceux dont les talents auroient paru trop médiocres
pour le génie, dévoient être placés dans l’infanterie
, ou les connoiffances qu’ils avoient acquifes ne
pouvoient que contribuer à en faire de bons officiers
.Le roi a établi àMézières , depuis quelques années
, une école particulière pour le génie. V o y e z
G é n i e . x Quoique touts les in g én ieu r s doivent être également
verfés dans le fervice des places & dans celui
de campagne ,cependant, comme il eft difficile
d exceller en même temps d ms chacun de ces deux
îervices, peut-être feroit-il à propos de les divifer
en in g én ieu r s de p la c e 8c en in g én ieu r s d e campagne. Ces deux états, dont M. le maréchal de Vauban
a-réuni les différentes qualités dans le degré le
plus éminent, fuppofent également la fcience de
la fortification ; mais comme on peut pofieder le
detail de la conftruétion des travaux , qui ne s’apprend
point en campagne, 8c ignorer , ou du moins
ne point exceller dans ce détail, & être très habile
dans le fervice de campagne, qui ne donne, aucune
idee de celui des places. Le partage de ces deux
fondions pourroit peut-être donner lieu de former
pdaesrt ifeiisj edtus gpélnusie .habiles dans chacuae de ces deux
Le fervice de campagne demande beaucoup de
connoiffance de l’art de la guerre : il exige d’ailleurs
une grande vivacité d’efprit & d’intelligence
pour imaginer en même temps les différents travaux
néceffaires en campagne pour fortifier les
camps & les portes qu’on veut défendre. « On n’étudie
point cette matière dans les places , dit M.
de Clairac dans 1 in g én ieu r d e cam pagne , parce que
ce n eft point l’objet prefent. .. D’ailleurs quelque
foit le rapport de la fortification de campagne avec
celle des places , la fcience de celle-ci ne fuffit pas
toujours pour développer pleinement ce qui concerne
l’autre ». C’eft pourquoi, dés que les travaux
de ^ in g é n ieu r en campagne exigent une étude
particulière , il femble qu’il feroit très convenable
de s’y appliquer aurti particulièrement.
Les qualités néceffaires a u x in g én ieu r s de guerre
ou de campagne font, fuivant M. le maréchal de
Vauban , beaucoup de courage, beaucoup d’efprit
, un genie fôlide, une étude perpétuelle & une
expérience confommée fur les principales parties
de la guerre; mais fi la nature raffemble trèi rarement
ces trois premières qualités dans un feul
homme, il eft encore plus extraordinaire d’en
voir qui ayent échappé à la violence de nos fièges ,
oc qui puiffent vivre affez longtemps pour acquérir
le6 deux autres ; l’art eft grand 8c noble , mais il
demande un génie fait exprès , & l’application de
plufieurs années ». ( In firu é lio n p o u r la c o n d u ite d es
f iè g e s ).
Aux qualités précédentes, « il faut'encore , dit
M. Maigret, joindre Tadivité &la vigilance abfo-
lument néceffaires dans toutes les avions de la
guerre , mais fur-tout dans l’attaque des places qui-
efpèrent du fecours. Il ne faut point donner le
temps aux affiégés de fe reconnoître ; qui y perd
une heure, en perd pour le moins deux; & un
feul moment perdu de ces oceafions eft quelque-
fois irréparable. C’eft par l’adivité & la vigilance
que les in génieu rs contraignent fouvent des affiégés
de capituler , qui ne le feroient que longtemps
après, fi ces in gén ieu rs n’avoient pas ufé d’une
grande promptitude dans le progrès des attaques ».
( T r a i té de la f u r e t é d e s é ta ts p o u r le m oy en des fo r t e-
r e ffe s ).
Aux deux divifions précédentes d 'in g én ieu r de
place & d in g én ieu r de campagne, peut-être feroit-
il encore à propos de faire une troifiéme claffe pour
la fortification des villes maritimes , qui demande
une étude particulière, 8c dans laquelle il eft difficile
d’exceller fans beaucoup de travail & d’application.
Il fuffit , pour s’en convaincre, d’une
leélure férieufe 8c réfléchie des deux derniers volumes
de Y a rchiteê lu re h y d ra u liq u e , p a r M . B e l id o r1 Le nombre des in g én ieu r s en France eft de trois
cents. Ils font partagés dans les différentes places
de guerre du royaume. En temps de guerre , on en
forme des détachements à la fuite des armées. Ceux
qui fervent dans les fièges font partagés en brigades
, à la tête de chacune d'efquelles eft un ancien
in g é n ie u r, auquel on donne le nom de b rigaqdiuear.
t reC ehse ubrerisg.ades fe relèvent toutes les vingt*»
Dans les places où il y a plufieurs in g é n ieu r s, le
premier eft appelle in gén ieu r en c h e f . Il a la direction
principale de tours les travaux ; les autres
agiffent feusTesordres. Les appointements des in g
én ieu r s en chef font de 1800 livres ; mais ils ont,
outre cela, des récompenfes & des gratifications.
« Cetteplace demande des foins infinis, dit M- le
maréchal de Vauban, une r.divité perpétuelle ,
beaucoup de conduire, de bon fens , d expéri nce
dans touts les ouvrages de icrre, de bois & de
pierre, avec une parfaite intelligence de toutes les
I NS
différentes efpèces de matériaux , de leur prix , &
de la capacité des- ouvriers. Ces qualités font fi
néceffaires dans la conduite des grands travaux ,
que partout où elles fe trouvent manquer, on
peut s’affurer que le moindre mal qu’il en puiffe
arriver, fera un retardement, une longue 8c en-
nuyeufe conffruétion , quantité de mal-façons , &
toujours beaucoup de dépenfe fuperflue ; accidents
à jamais in réparables de la médiocre intelligence
de ceux qui en feront chargés ». ( Directeur des fortifications
).
Il y a aufii des ingénieurs provinciaux ou directeurs
des fortifications dans les provinces. Ce font
ceux qui font chargés de la diredion générale de
touts les travaux qui fe font dans les places de
leur département. ( Q. )
INSPECTEUR. Officier général chargé d’examiner
fi les troupes fe conforment exadement à ce
que les loix militaires leur preferivenr.
§■ i-
De la nèceffité des infpeéteurs.
Si une piiiffance avoit placé à la tête de chacun
des corps militaires dont fon armée feroit compo-
fée , un chef affez intelligent pour en adminiftrer
les finances avec ordre 8c fageffe ; affez éclairé
pour en bien choifir les membres ; affez adroit
pour faire aimer la difcipline; affez ferme pour lui
faire acquérir la force qu’elle doit avoir ; 'affez impartial
pour récompenfer & punir avec juftice ;
affez âgé pour n’être plus emporté par. fes pallions ;
affez inftruit pour donnera chacun de fes fubordon-
nés les connoiffances qui leur font néceffaires ;
affez fage pour ne pas fuivre fa volonté plutôt que
celle des loix; en un mot, affez vivement pénétre
du défir du bien, de l’amour de fa patrie & de celui
de la véritable gloire , pour remplir fes devoirs
dans toute leur étendue ; cette puiffance pourroit
fe difpenfer, peut-être , de créer' des infpeéleurs ;
mais comme , malgré le foin qu’on peut apporter
dans le choix des chefs de corps , il s’en trouve
toujours plufieurs dénués des vertus & des talents
néceffaires à la place qu’ils occupent, & comme
tous ont des pallions ,• parce que tous font des
hommes , on a toujours penfé qu’il étoit prudent,
néceffaire , & même indifpenfable , de charger des
militaires diflingués par leurs dignités, leurs con-
noiffances, leurs talents & leurs vertus , du foin
de furveiller la compofition , l ’adminiftration ,
1 inftrudion , la difcipline & la tenue des différents
corps qui compofent une armée ; & 1er hommes
diftingués portant en France le nom dinfpeéleur.
§. I I.
Ejfai hifiorique fur les infpedeurs.
Les anciens, n’ayant point eu de troupes permanentes,
n’ont point établi d'infpeéleurs.
INS 9i
Jùfqu’au moment où les communes abolies donnèrent
naiffance aux compagnies d’ordonnance &
aux francs-archers , les Mijji Dorninici furent les
feuls infpeéleurs des troupes françoifes ; ils étoient
chargés d’examiner fi chacun des feigneurs que le
roi avoit convoqués , avoit même avec lui le
nombre d’hommes dont il devoit être accompagné,
8c fi chacun de ces guerriers étoit pourvu des
armes 8c des vivres qu’il devoit avoir ; lorfque
Charles VII eut créé les compagnies d’ordonnance,
il donna chaque année, à quelques grands feigneurs
, la commiffîon d’aller paffer en revue
quelques - unes de ces différentes compagnies ;
Louis XI imita la conduite de fon prédéceffeur ; on
conferve une lettre originale de ce ro i, datée de
P.elfis les-Tours, du 7 décembre 1473 > Par cette
lettre , le roi ordonne au comte de Dammarrin d’aller
faire la montre 8c la revue de plufieurs compagnies
d’ordonnance ; on voit auffi dans riiiftoiredê
ce même prince , que le connétable de France, le
■ comte de Saint-Paul , fut chargé du même foin ;
Charles VIII & Louis XII fuivirent les traces de
Louis XI. François Ie' envoyoit,dit le maréchal
de là Vieiileville , dans les provinces des infpec-
teéleurs peu avancés en âge 8c en grade , chargés
de faire la revue des trouves 8c de juger des
plaintes que les citoyens portoient contre leurs
gouverneurs. Sous Henri I I , c’étoient les maréchaux
de France qui faifoient les/ revues 8c la
montre des troupes ; aux maréchaux de France
Succédèrent les fergents de bataille , & ceux-ci
jouirent de cette prérogative jufques vers le milieu
du règne de Louis XIV. Ce fut dans l’année 1668-
que l’on donna la première commiffion d’mfpefleur
général. Il n’y eut.alors que deux infpeéleurs généraux:
un pour la cavalerie & Taur e »pour l’infanterie.
Bientôt après le nombre des infpeéleurs augmenta
: 011 en dirtribua dans touts les départements »
8c le roi exigea qu’ils viffent les troupes très fréquemment
,& qu’ils lui en rendiffent un compte
très détaillé. Il ne falloir point alors être officier
général pour être infpeéleur. Une ordonnance du
10 mai 1680, nous apprend que les colonels d’infanterie
, les meftres-de-camp de cavalerie, ou de
dragons, les lieutenants colonels, les majors , 8c
même les capitaines , pouvoient être chargés d'inf-
peéler les troupes. En lifant Thiftoire de Louis X IV ,
on trouve que M. Digueville , fimple major, mérita
& obtint, par fon zèle & par fes connoiffances
fur le fervice de l’infanterie , le titre d'infpeéleur général
du département de Normandie ; on voit plufieurs
autres officiers qui n’obtinrent le titre de brigadier
, qu’après avoir longtemps exercé les fonctions
dé infpeéleur. Sous Louis X V , les officiers
chargés d'infpeéler les troupes portèrent tantôt le
titre de diredeurs généraux , tantôt celui dinfpec-
teurs ; ils furent toujours pris parmi les lieutenants
généraux pu les maréchaux de camp ; on trouve
cependant dans le code militaire , une ordonnance
de 1750, propre à faire croire que les infpeéleurs pou-
M ij