
giments dont les foldats foientenrôlés librement J
il y a un corps de troupes nationales qui, pour la
cavalerie, fe monte à 9700 hommes, 8c pour l ’infanterie
à 24845. Ces régiments nationaux, qui
font le principal fond de l’armée , font repartis
dans les provinces & entretenus par le pays qui
leur donne des fermes à cultiver , qu’on appelle
boflel; en temps de guerre ils font à la folde ; mais
outre cette efpèce de milice il y en a encore une
autre qui n’eft défignée que pour le moment de la
guerre, & dont le nombre eft égal à celui des régiments
nationaux.
E h Prujje tout fujet eft foldat en venant au
inonde, excepté l’homme noble ; à l’âge de 16 ans,
tout laboureur, payfan , artifan, bourgeois , & c . ,
eft infcrïtfur le rôle du cantonnement, 8c obligé
de joindre la compagnie à qui appartient la ville ,
bourg ou village où il èft né.
Le militaire y eft divifé en régiments de garni-
fo n , qui ne font compofés que de gens taxés par
leur conduite ou leur taille ; en régiments francs
qu’on ne lève qu’au moment de la guerre, & en
tégiments de campagne. Ceux-ci ont chacun deux
bataillons ; chaque bataillon a cinq compagnies ,
dont chacune eft de 200 hommes , 80 nationaux ,
80 étrangers , & 40 nationaux d’augmentation , qui
font renvoyés chez eux après deux mois d’exercice
, & reftent dans le cantonnement du régiment,
toujours prêts à le joindre ; des 80 autres nationaux
, 64 font ordinairement aufli renvoyés chez
eux du premier juin au premier avril. La cavalerie
a aufli 200 hommes, dont 64 étrangers, 114 nationaux,
8c 22 d’augmentation fur le pied de l’infanterie.
€he^ Vempereur <T Allemagne on compte annuellement
près de 70000 hommes de milice.
En Hollande on compte 19780 hommes de
troupes nationales, diftribùées en 60 bataillons,
qu’on augmente en temps de guerre par des citoyens.
fournis par le fort.
En Suijfe tout particulier qui fe marie eft obligé (
d’être fourni d’un uniforme, qui devient fon habit 1
de fête, d’un fufil de calibre & de tout l'équipage I
«l’un fantafîin, 8c il eft infcrit dans la compagnie
de fon quartier; durant l’été , les dimanches 8c
les jours de fêtes on exerce ces milices félon l’ordre
de leur rôle; d’abord par petites èfcduades, enfuite
par compagnies , puis par régiment, jufqu’à ce
que leur tour étant venu , ils fe raffemblent en
campagne , & forment fucceflivement des petits
camps, dans lefquels on les exerce à toutes les
manoeuvres qui conviennent à l’infanterie. Peu ou
point détournés de leurs travaux , ils n’ont aucune
paye ; mais fitôt qu’ils marchent en campagne, ils
ont le pain de munition & font à la folde de l’état ;
il n’eft permis a perfonne d’envoyer un' autre
homme à fa place, afin que chacun foit exércé lui-
même , & que touts Faflent le fervice.
Le roi de Sardaigne a des troupès provinciales
recrutées par des hommes qui ont tiré au fort.
MIL
En Efpagne le corps de la milice \ confpofé de
nationaux que le fort fait foldat, fe monte à environ
36000 hommes.
En A ng le terre il y a une milice qui tient encore
du lervice auquel on étoit obligé fous l’empire
féodal ; on impofe un cheval.& un cavalier à tout
homme qui a 600 livres fterling de revenu , ou
6000 liv. fterling de fond ; on impofe un fantaflin
à ceux qui ont 50 livres fterling de revenu, ou
500 livres fterling de fond.
En France 9 par l’ordonnance du 30 janvier &
premier mars 1778 , on a rétabli les troupes provinciales
, 8c on les a portées à 106 bataillons pro-,
vinciaux.
24 bataillons forment 7 régiments deftinés en
campagne au fervice de l’artillerie, 8c 5 qui font
attachés à l’état-major de l’armée.
2, bataillons forment le régiment attaché à celui
du roi.
2 bataillons forment le régiment de Paris, qui eft
compris au nombre des troupes provinciales ,
quoique les foldats qui le compofent loient enrôlés
librement.
78 bataillons, fous le nom de bataillons de garni•
fon , font affeélés aux 78 régiments d’infanterie
françoife à deux bataillons, & en portent le nom.
Les 104 bataillons forment , avec leurs compagnies
de grenadiers, 13 régiments de grenadiers
royaux.
Chaque régiment de grenadiers royaux eft com->
pofé de 2 bataillons ; chaque bataillon de 4 compagnies;
chaque compagnie , par l’ordonnance du
premier décembre 1781, d’un capitaine, 1 lieutenant
en premier, 1 lieutenant en fécond, 2 fous*
lieutenants, 1 fergent-major , 4 fergents, 8 caporaux
, 95 grenadiers, & 2 tambours.
L’état-major, d'un colonel, d’un lieutenant-colonel,
d’un major , d’un quartier-maître-tréforier ,
d’un adjudant, d’un tambour - major, 8c pour la
guerre, d’un aumônier & d’un chirurgien.
Chaque régiment provincial d’artillerie ou d’état
major eft compofé de 2 bataillons ; chaque bar-
tailion de 5 compagnies , dont une de grenadiers
formant les régiments de grenadiers royaux , 4 de
fufiliers ; chacune de ces compagnies a un capitaine,
un lieutenant en premier , un lieutenant en
fécond , 2 fous-lieutenants , un fergent-major , 4
fergents , 8 caporaux, 135 fufiliers 8c 2 tambours»
L ’état-major comme celui des grenadiers royaux,
excepté qu’il y a de plus 2 porte-drapeaux par bataillon.
Le régiment de Paris même formation ; mais fes
compagnies de grenadiers n’entrent point dans la
formation des régiments de grenadiers royaux.
Chaque bataillon degarnifon eft compofé comme
ceux des régiments provinciaux ; mais l’étatrmajor
ne confifte qu’en un commandant de bataillon
ayant rang de lieutenant-colonel, 8c 2 porte-drapeaux.
La folde de ces troupes eft : pour les grenadiers
royaux, colonel, 3000 livres ; lieutenant-
colonel , 2500 livres; major, 2000 livres ; 8c
140livres pour fon bureau; ( ces trois officiers
font payés toute l’année en furportant les retenues
de la*capitation , les 4 deniers pour livre , les quittances,
&c. ) ; quartier-maître, 1080 l iv ., adjudant
, 360 liv .; tambour-major, 270 liv. ; chirurgien
^1200 liv. ; aumônier , 600 liv. ; capitaine ,
1260 liv. ; lieutenant en premier, 720 liv.; lieutenant
en fécond, 648 liv. ; fous-lieutenant, 600 1. ;
fergent-major, 324 liv. ; fergent, 276 liv. ; caporaux
, 186 liv* ; grenadiers, 132 livres ; tambours ,
168 liv.
Pour les régiments provinciaux , colonel ,
2000 liv. ; lieutenant-colonel, 1800 liv. ; major,
1500 liv. ; & 120 liv. frais de bureau ( ces officiers
payés toute l’année ) ; porte-drapeaux, 600 livres ;
quartier-maître , 1080 liv. ; adjudant, 360 livres ;
tambour-major , 270liv.; chirurgien , 1200 liv. ;
aumônier , 600 liv. ; capitaine , 1260 liv. ; lieutenant
en premier ,760 liv. ; lieutenant en fécond^,
648 liv. ; fous-lieutenant, 600 liv. ; fergent-major,
306 liv. ; fergents, 240 liv., caporaux , 168 liv. ;
fufiliers , 114 liv ; tambours , 150 liv.
Pour les bataillons de garnifon , commandant,
1600 liv , & 120 liv. frais de bureau ( payé toute
l’année ) ; porte-drapeaux , 6001. ; quant aux officiers
, bas-officiers 8c fufiliers , & c . , comme dans
les régiments provinciaux.
Le colonel, commandant de bataillon & major
du régiment attachés à celui du ro i, jouifîent des
appointements des colonels , majors & commandants
de bataillons de garnifon & régiments provinciaux,
8c font payés comme eux toute l ’année.
Lorfque les régiments ne font pas aflemblés ,
les capitaines, lieutenants, fous-lieutenants de grenadiers
royaux & les capitaines feulement des
compagnies des régiments provinciaux oc bataillons
de garnifon , jouiflént d’ün mois d’appointements
par an.
Quant aux officiers qui ont paffé par le grade de
foldat, ils reçoivent par an, le capitaine, 360 liv. ;
le lieutenant en premier, 270 liv.; le lieutenant
en fécond ,252 liv. ,1e fous-lieutenant, 216 liv. ;
le quartier-maître, 300 livres; le porte-drapeau,
216 liv.; 8c l’adjudant 198 liv.
Lorfqu’on affemble les régiments ou bataillons
pour quelques mois ou quelques femaines feulement,
les officiers reçoivent alors ( indépendamment
de leuss appointements pour le temps de
foffemblée ) , deux mois d’appointements pour
frais de voyage , 8c les bas-officiers 8c foldats 2 f.
par lieue pour venir de leur paroifle 8c y retourner.
Les enrôlements font de fix ans , 8c le fort décide
de l’homme qui doit être enrôlé.
Les paroiffes fourniffent à chaque foldat provincial
de nouvelle levée, un chapeau, une vefte ,
line paire de fouliers, une paire de guêtre, deux
chemifes de toile , un havrefac , nn col noir & un
ruban pour les cheveux , 8c payent en outre 8 liv.
MI L 169
en argent, dont 5 liv. pour le commiffaire aux levées
, & 3 livres pour chaque foldat de nouvelle
levée.
On peut regarder comme aflez arbitraire la manière
dont font formés les régiments provinciaux
8c les bataillons de garnifon , ainfi que les appointements
8c la folde des perfonnes qui les* compofent
; mais il n’en eft pas de même des moyens
qu’on employé pour les recruter. Cette troupe devient
infiniment onéreufe ail royaume par la manière
dont on fait tirer au fort, par les perfonnes
qui en font chargées , & fur tout par ces exemptions
fans nombre qui réduifent à fi peu de citoyens
les individus obligés de tirer pour la milice, 8c
dont encore la plus grande partie font pris parmi
les gens de la campagne. 11 feroit trop long de rapporter
ici le titre V ,page 30 de l’ordonnance du
premier décembre 1774 , concernant les régiments
provinciaux t à laquelle renvoyé celle du premier
mars 1778 ; ce titre contient plufieurs pages petit
in-folio, dont fept font toutes employées à exempter
, prefque fans exception , des citoyens qu’on
auroit dû foumettre au fort de préférence ; les
maux qu’occafionnent ces exemptions font fi fort
connus de toute la nation , 8c les effets en font ü
funeftes , qu’il eft bien moins néceffaire d’en parler
que de chercher à y remédier, en s’occupant à
trouver les moyens qui paroîtroient les plus avant
tageux.
30. Ce que devraient être les milices.
Un des grands vices de la conftitution miü-,
taire aâuelle , c’eft non - feulement la difficulté
qu’on a même en temps de paix des recrues pour
conipletter les troupes qu’on entretient continuellement
fur pied, mais encore la mauvaife efpèce
d'hommes que l’on recrute en général, & qui ne
font la plupart que des enfants ou des libertins ,
que les premières marches , les inflruélions, les
gardes, la mauvaife nourriture font bientôt tom-;
ber malade , enfuite languir longtemps ou mourir.
Si l’on rencontre d’auffi grands obftacles à recruter
pendant la paix, combien ne doit-on pas en
trouver 8c n’en trouve-t-on pas en effet pendant la
guerre ? Nos armées d’ailleurs font furchargées
d’une fi grande quantité de vivandiers, de vivriers,’
charretiers, domeftiques, marchands, ouvriers ,
& c . , que leur nombre furpaffe quelquefois celui
des combattants , 8c rend encore plus difficiles les
moyens d’avoir des recrues.
Il arrive donc prefque toujours qu’au moment
de la guerre on ne peut point faire les levées né-
ceffaires pour fe procurer le nombre de combattants
dont on peut avoir befoin. Que fait on alors ?
on facrifie des fommes énormes pour avoir des foldats
, on employé touts les moyens de la féduélion
& de lafraude ( encore la néceffité les rend-elle
fa c ile ) , 8c on remplit les armées d’enfants, d’étrangers
, de vagabonds , de libertins , de gens ca