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le corps frappé , quoique ce refte- foit d un fer
mou & fort inférieur à-l’autre. ' ■
Le fécond rang demandoit aufli beaucoup d attention
; il devoit être compofé des plus braves
après les chefs de files; ce rang foutenoit le premier
, augmentoit fon impulfïon, & fes piques s a-
vançoient jufqu’à l’ennemi. Si un .chef de file atteint
par l’épée de fon adverfaire, étoit frappe mortellement,
ou bleffé de_ manière qu’il fût hors de
combat, fon épiftatele remplaçoit, & maintenoit
ainfi l’ordonnance & l’union de la phalange. Le
troifième 8c le quatrième rang dévoient aurai etre
choifis en raifon de leur diftance au premier. ( A r r ia n . p. 34). - , .
. L ’effort de la phalange Macédonienne^paffoit
pour irréfiftible ; fon afpeél & fon choc étoient
également terribles. ( Arrian. p. 3 5 ) .
Le foldat fous les armes à rangs & files lerrees ,
occupoit deux coudées, ou 2 pieds 10 pouces 2
lignes ; la fariffe avoit quatorze coudees, ou 18
pieds 9 pouces 2 lignes. Deux de ces coudées
étoient prifes pour l’intervaie entre les mains du
phalangifte ; les onze autres , qui faifoient 15 pieds
un pouce de largeur, dépaffoient fon corps. £ Po-
lyb. I. X V 11. Pollen. 1. 1 1 . Cleon. )
On lit dans Polybe , dans Arrien & dans l’empereur
Léon , que l’inrervale compris entre les
deux mains du phalangifte étoit de quatre coudées
ou 5 pieds 4 pouces 4 lignes. C’eft une erreur évidente
des copiftes , qui auront écrit pour ; tout
ce que pourroit faire un homme de 5 pieds 6
pouces, feroit d’embraffer quatre coudées , en empoignant
la hampe des deux mains & étendant les
bras autant qu’il feroit poffible; mais alors il tien-
droit la pique à la hauteur des épaules & feroit
fans force. Il pourroit en cmbraffer trois , ou 4
pieds 3 pouces 3 lignes , 8c préfenter la fariffe
avec une force fuftifante ; mais comme la main
droite ne peut fe porter en arriéré qu a une distance
déterminée, qui eft celle ou elle peut empoigner
fortement le talon de la pique, ce feroit alors
la main gauche qui fe porteroit plus en avant fur
la hampe, & la fariffe ne déborderoit pas davantage
le corps. La pofition dans laquelle un homme
d'environ 5 pieds 6 pouces tient avec plus de force
la pique préfentée, eft celle ou la diftance entre
fes deux mains , à compter depuis la main droite
qui faifit le talon , jufqu’à la gauche qui. s’appuie
fur la partie extérieure du côté gauche , eft à très
peu près de deux pieds dix pouces , comme le dit
(Elien ; fa mefure eft donc la vraie.
Quant à la différence apparente des tacticiens
fur la faillie de la fariffe au-delà du premier rang ,
différence qui embarraffe plufieurs critiques , elle
vient de ce que les uns ont donne feize coudées a
la fariffe, les autres quatorze^ en prenant les uns
& les autres quatre coudées pour l’empoignement.
(Elien & Arrien ne s’accordent, que parce que
l ’un fuppofe la fariffe de quatorze coudées f 8c n en
prend que deux pour l'empoigneraient ; 1 autre lui
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en donne feize, & en retranche quatre pour le
même ufage ; refte donc douze de part & d’autre.
( Blancard. ad. Arrian. )
Les fariffes du premier rang dépaffoient donc la
phalange de 12 coudées, ou 15 pieds un pouce.
Celles du fécond rang dépaffoient le premier
de 10 coudées, 14 pieds 2 pouces 10 lignes.
Celles du troifième, de 8 coudées, 11 pieds 4 pouces
8 lignes.
Celles du quatrième , de 6 coudées, 8 pieds 6
pouces. 6 lignes.
Celles du cinquième, de 4 coudées , 5 pieds 4
pouces 4 lignes.
Ceiles du fixième, de 2 coudées, 2 pieds 10 pouces
2 lignes.
Àînfi , chaque chef de file étoit fortifié par fix
farifles qui le dépaffoient, & la phalange préfen-
toit à l’ennemi un front terrible , ainfi qu’un effort
irrèfiftible. Les dix derniers rangs tenoient la pique
droite ; mais ei^preffant les premiers du poids de
leur corps , ils augmentoient la force de l’impul-
fion , & ôtoient. aux protoftates le moyen de fuir,
f Arrian. p. 38 ).
Suivant Euftathe , il n’y avoit que les trois premiers
rangs qui préfentauent la fariffe. Celles du
fécond rang avoient deux coudées de plus que
celles du premier , & paffoient à droite des chefs
de files ; celles du troifième étoient encore plus
longues, ( mais il ne dit pas de combien); il y
avoit donc en avant du premier rang trois rangs de
pointes. Le quatrième, le cinquième, rang portant
la fariffe droite, fe tenoient prêts à rem placer ceux
qui manquoient aux trois premiers. Cette difpofi-
tion, différente de celle que bous donne Polybe ,
(Elien & Arrien , peut avoir été en ufage en quelque
temps & en quelques lieux qui ne nous font
plus connus. ( Ad Iliad X IV ) . ^
Quelques-uns , continue (Eiien , ont donné au
fécond , au troifième & même au quatrième rang ,
des fariffes allez longues pour que leurs pointes
fuffent de niveau avec celles du premier rang ;
ainfi, elles avoient pour le fécond rang 16 coudées,
ou 22 pieds 9 pouces 4 lignes. ^
Pour le troifième, 18 coudées, 25 pieds 7 pouces
6 lignes.
Pour le quatrième, 20 coudées, 28 pieds 5 pouces
8 lignes.
Il n’eft pas étonnant.que ces piques , d’une longueur
énorme , & même celles dont parle Eufla-
the, ayent été abandonnées pour les fariffes de
quatorze coudées.
On plaçoit derrière chaque fy-ntagme un fer refile
hors de rang, qui devoit contenir dans leurs
rangs & dans leurs files ceux qui auroient été tentés
de les quitter.par crainte, ou pour toute autre
caufe; & dans le fiynafpifme, faire ferrer & appuyer
un rang fur' l’autre autant qu’il étoit poffible , pour
augmenter l’impulfion. Il étoit aufli très important
qu’il y eût non - feulement au front , mais à la
, queue çlü fyntagme, quelque officier pour y com-,
TAC
jîiander. Les ferre-files ne dévoient pas tant être
choifis pour le courage & la force , que pour l’intelligence
& l’expérience , vu ce dont ils étoient
chargés.
Des pfiles.
Les pfiles étoient placés par le général devant
eu derrière la phalange, ou bien fur les ailes. Ils
étoient ordonnés fuivant le terrein & les difpofi-
tions de l’ennemi. On entremêloit quelquefois alternativement
des files d’oplites & de pfiles. Le
nombre de ceux-ciétoit moitié de celui des oplites,
ou 8,192, afin de garder la proportion des nombres
divifibles par deux. ( Ælian. p. 20 ).
On les fôrmoit fur 1,024 files , comme les
oplites ; mais chaque file n’étoit que de huit hommes.
La première ou celle de la droite fe plaçoit
derrière la première des oplites ; la fécondé , derrière
la fécondé, & ainfi des autres. (P S . fig. 346 ) .
Quatre files formoient une fiyflafeS de 32 hommes.
( là. p. 21 ).
Deux fyftafes , une pentécontarkie de 64. ( y ).
Deux pentécontarkies , une hécatontarkie de
128.- (/zp ).
Chaque hécatontarkie avoit cinq hommes hors
de rang ; favoir, un porte enfeigne , un ourague
bu ferre-file , un trompette, un hupérète & un
héraut.
Deux hécatontarkies formoient une pfiîagie de
256 hommes. ( bp )„ •
Deux pfilagies, une xénagie de 512. ( * p ).
Deux xénagies , un fyftrème de 1,024. ( •*ƒ> )•
Deux fyftrèmes, une épixénagie de 2,648( ep ).
Deux épixénagies , un ftiphe de 4,096. ( tp ).
Deux ftiphes , un épifagme de 8,192/
Huit officiers hors de rang commandoient le
tout; favoir, quatre épixénagues & quatre fyftrem-
matarques.
Les archers & antres gens de trait étoient deftî-
nés à commencer le combat, à irriter l’ennemi, à
fcrifer fes armes, fur-tout avec les pierres lancées
par la fronde, à le bleffer ou tuer de loin, le
mettre en défordre , éloigner la.cavaleriex ou la
réprimer, chaffer des poftes importants ceux qui
les avoient occupés , reconnaître les lieux fufpefrs ,
s’embufquer , s’emparer des lieux élevés, fonction
à laquelle leurs armes légères & leur vîteffe
les rendoient très propres , de même qu’à les défendre
quand ils s’en étoient emparés, parce que
perforine ne pouvoir s’en approcher fans recevoir
des bleflures , vu la quantité des traits qu’ils lan-
çoient. Lorfqu’ils étoient fur les ailes, ils commen-
Çoient le combat, avant que la phalange en vînt
aux mains ; & lorfqu’elle cotnbattoit , ils atta-
quoient 1 ennemi par les flancs, ( Onofander.c. 20 ).
Gnofandre prefcrivoic de les placer en avant de
la pliai ange. ; «derrière, dit-il, ils font plus'de
mal aux leurs qu’aux ennemis. Parmi les oplites,
leur ufage eft fans effet. Ils ne peuvent pas fe jetrer
eu arrière pouf prendre l’extenfion , l’élan 8c la
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courfe néceffaire au jet de leurs traits , parce
qu’ils ont devant eux des rangs de foldats. Les
frondeurs entourés d’opli'tes ne peuvent pas faire
tourner leurs frondes fans rifquer de les frapper.
Les archers placés en avant tirent fur l’ennemi par
le jet direét ; mais derrière les files ou entremêlés
avec elles, ils tirent par le jet parabolique , 8c
leurs traits retombant avec peu de force, bleffent
légèrement. ( /d. c. 17 , p. 32 ).
Lorfqu’on les place en avant, continue le même
auteur , il faut laider des intervales entre les
troupes, afin que lorfqu’ils ont lancé touts leurs
traits , ils puiffent, avant que l’ennemi en vienne
aux mains, fe retirer en ordre & fe reformer derrière
les ferre-files. Il ne feroit pas fûr pour eux
de tourner tout le front pour revenir derrière la
phalange ; l’ennemi les préviendroit, les attaquerait
, les renfermeroir entre les deux fronts, &
comme ils ne pourraient percer la phalange ferrée
dont ils font partie , ils fe jetteroient fur elle & en
troubleroient l’ordonnance «. On voit , par ces
détails, combien ils étoient utiles à la guerre &
pouvoient y rendre de fervices avant & après le
combat. ( Ælian. p. 24 ).}
Alexandre fit des changements dans la phalange
Macédonienne. La plupart des noms que portoient
les divifions de ce corps ne fe trouvent plus dans
les hiftoriens de ce prince , pas même dans Arrien ,
auteur fi exaél pour les détails militaires. Ceux qu’il
emploie n’ont point la même lignification que dans
la taElique d’CElien. Dans celle-ci la taxe eft une
divifion de 128 hommes ; & dans Arrien , c’eft un
corps beaucoup plus confidérable. Il paroît, par
le récit de la bataille d’Arbelles, que la taxe ré*
pondoit alors au huitième de la diphalangarkie ,
& qu’elle étoit par conféquent de 1,024 hommes ,
fuivant le fyftême donné par (Elien. Il eft même
vrajfemblable qu’il étoit plus confidérable dans la
phalange d’Alexandre, qui entra, en Afie avec
25,000 oplites. Sous ce prince, les troupes portoient
le nom de leurs chefs. II paroît, par la dif-
pofirion qu’il fit en incorporant les Perfes dans
Ion armée, que fon ordre général des batailles
étoit fur feize de hauteur, puifqu'il forma fes décuries
de douze Perfes & de quatre Macédoniens.
( Diedor. I. X V I I , pag. 500-—571, ay. J. C. 335.
Arrian. A le x .p . 474. L. V i l , p. 493 ).
Exercices. .
(Elien & Arrien nous ont confervé ce que les
plus anciens & les meilleurs taéliciens avoient
écrit fur les exercices de la phalange.
Les mouvements les plus fimples étoient l'à-
droïte & Và-gauche, c’eft-à-dire, un quart de tour
par homme vers la pique ou la droite, vers le
bduclier ou la gauche. (ELlian. p. 31. Arrian. pag,
55 )•
Le demi-tour à droite ou à gauche pour faire face
à l’arrière, s’exécutoit par deux à-droite ou deux