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marche en colonne ; comment chaque bataillon,
après cette divifion réglée , doit y paffer de fa
première pofition en bataille ; & enfin , la place
néceffaire qu’il doit occuper dans la marche &
dans la nouvelle pofition de pied-ferme de l'armée.
Mais il n’eft pas inutile d’obferver ic i , relativement
à l’alignement de profondeur, quand ces
deux lignes d’une armée marchent fur deux co-^
lonnes parallèles , A B C D & E F G H , ( fig,
443 ) > que la ligne de marche donnée doit toujours
être confervée exactement, & qu’il faut,
pour cet effet, la déterminer non-feulement par
deux points de vue extérieurs & dijlinSts pris en
avant, D E , mais encore par deux points directeurs
intérieurs indiqués par quelques pelotons de la colonne
même , d’où il fuit qu’il ne faut jamais donner
de fauffe pofition à ces pelotons fervant de
points directeurs pour touts les autres de la colonne
de l’armée, parce qu’elle feroit auffitôt entraînée
dans les faux alignements A J ou A H , & de-là un
défordre général dans la marche de l’armée.
Mais laprofondeur de la fécondé ligne de l’armée
E G F H ne pouvant pas toujours être dirigée
fur des points de vue extérieurs pris en avant &
parfaitement analogues à ceux de la'première
ligne , il faut la diriger d’après l’habitude du coup-
d’oeil dans la diftance requife de cette première
ligne, en obfervant les principes démontrés pour
l ’alignement général de plufieurs rangs parallèles.
De la marche en bataille.
Quant au fécond ordre de marche d’une armée, il
faut d’abord obferver deux principes généraux,
fa voir :
i° . Que chaque bataillon de l’armée obferve
dans cette marche , quant à fon intérieur, toutes
les règles prefcrites relativement à la marche en
ligne.
a0. Que ni les chefs de pelotons ni les foldats
ne doivent fe permettre dans cette marche diffic
ile , aucune combinaifon qui leur foit particulière
, ni le moindre changement aux principes &
ordres généraux, mais que touts enfemble doivent
fe comporter comme fi le bataillon marchoit feul.
C ’eft au général en ch e f, aux officiers généraux
& aux commandants des bataillons de l’armée , à
connoître , juger & diriger touts les rapports qu’un
bataillon doit obferver dans fa réunion avec plufieurs
autres, relativement à l’alignement du front,
de la profondeur & de la ligne de marche pref-
crite, à la mefure du pas 8c à fon enfemble avec
les autres bataillons de l’afmée.
Une armée peut marcher avec régularité de fa
première pofition fuppofée A B , ( fig» 4 4 4 ) » fur
une ligne droite & de front, de même qu’un ba*
taillon feul & fon front peut fe maintenir comme
P P P , toujours parallèlement à fa première pofition
A B , de forte que fes lignes de marche H L
TAC
& G O refient perpendiculaires à celles du premier
front.
Mais dans cette marche, l’alignement du front
de l’armée ne peut ni ne doit être déterminé que
fur la pofition de l’ennemi, fur des villages ou
autres objets volumineux & difiinâs que le ter-
rein offrira en avant du front de l’armée ; il eft
impoffible alors de le déterminer par des points de
vue extérieurs fitués fur les ailes que les bataillons
ne peuvent pas conferveren marchant en bataille »
puifque ces objets font immobiles.
De plus , il faut s’aider par l’uniformité du pas,
à laquelle touts les bataillons de l’armée doivent
être dreffés parfaitement, de forte qu’ils en ayent
acquis l’habitude naturelle en grandeur & en vî-
teffe, finon ftri&ement égale , du moins approchant
; & la direâion de la ligne fuivie dans cette
marche par la majeure partie des bataillons de l’armée
, doit d’ailleurs fervir de règle pour l’enfem-
ble général.
Comme un général ne fauroit être toujours pré-
fent par-tout, &re£lifierlui-même les fautes dura
bataillon dans cette marche importante, & que les
chefs des bataillons font obligés de fe regler fur
l’alignement des bataillons les plus voifins du leur,
ne pouvant appercevoir tout l’enfemble de 1 armée
, il eft d’autant plus indifpenfable d’y déterminer
une partie principale, foit à l’une de fes
ailes, foit à fon centre qui donne l'alignement ge-
[ néral du front de toute l’armée, & les lignes de
marche que touts les bataillons doivent prendre &
conferver comme le point directeur principal de là
ligne du front général.
O r , fi une armée eft obligée, relativement a la
ligne de fon front, de fe diriger d’après une partie
principale d’elle-même, deftinèe à lui donner la direction
, elle peut le faire plus commodément par
fon centre que toute autre partie; d’où il fuit qu il
faut fixer invariablement au centre de l’armée le
point directeur principal, parce que c’eft-là fa place
naturelle, à moins que des circonftances importantes
n’exigent qu’il foit déterminé dans une autre
partie principale. .
Les lignes de marches particulières des bataillons
doivent être dirigées relativement à la pré-
mière pofition en bataille A B , d’après des points
de vue faillants & diftinéts fitués en avant, comme
G , X X , F , K , J & H , afin que l’armée ne forte
pas par une aile de la première direction de fora
front, & ne ceffe point de marcher fur des lignes
perpendiculaires à la première pofition A B ,
comme H L & G O , lefquelles doivent être parallèles
entre elles ; car au moyen de ces points de
vue en avant, fi la ligne de marche générale eft déterminée
par le point d’alignement C , touts les
autres bataillons peuvent marcher en bataille en
toute affùrance, fans courir rifque de perdre leur
pofition relative à tout l’enfemble du front de.
l’armée.
Comme on ne peut eftimer que d’apres le coup£
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d’oeil, le rapport perpendiculaire de ces lignes de
marche avec celle de la pofition A B , de même
que le point de vue en avant qui les déterminent ,
on peut s’y tromper, & les bataillons peuvent d’autant
plus facilement fe trouver ou trop rapprochés
ou trop éloignés les uns des autres , comme M X
& N K , Z D & W T , que le foin particulier relatif
à cet objet doit néceffairement être abandonné
aux commandants des bataillons , qui ne
poffèdent pas touts également les principes effen-
tiels.
Il eft donc indifpenfable pour la profondeur du
front de l’armée & les lignes de marche en avant,
de déterminer pour point directeur principal, une
partie principale de l’armée , foit à fon centre,
comme N K , foit à l’une des ailes, comme L H ,
fuivant la pofition de l ’ennemi ou la nature du
terrein.
C ’eft de ce point directeur que la ligne de marche
générale doit être prife avec lé plus de jufteffe pof-
fible, & qu’il faut la fixer par deux points de vue
en avant très parfaitement diftinâs , parce qu’elle
dert de règle à touts les bataillons du front de l’armée
, afin que s’ils s’apperçoivent que leur ligne de
marche particulière n eft pas confervée perpendiculaire
à la première pofition A B , ils puiffent fur
le champ la redreffer.
Enfin, le général ayant fixé lui-même la partie
j>rincipale de l’armée déterminée pour point directeur
principal fur fa ligne de marche, pendant qu’il
en maintient le front dans l’alignement donné, &
ayant fait connoître cette partie à touts les bataillons
de l’armée, leurs chefs doivent apporter le
plus grand foin à conferver la ligne du front fuivant
celle de cette partie principale, & leurs lignes
de marches particulières perpendiculairement à
leurs fronts, en les rapprochant ou en les éloignant
de ce point directeur , fuivant qu’ils ei\ feront
trop près ou trop loin.
La négligence du principe fondamental, favoir,
celui de déterminer dans la marche en ligne , une
partie principale de l’armée pour point directeur
général de tout fon front, peut caufer beaucoup
de défordre dans cette marche effentielle, parce
qu’alors tout l’enfemble n’a point de règle fixe pour
fe diriger uniformément ; voulez-vous vous en
convaincre, voye% les troupes aux exercices journaliers
marcher en bataille.
Quelques obfervations prouveront combien il
eft important dans la marche en bataille d’une armée
entière de juger les lignes de marche particulières
des bataillons , 6c leur rapport avec le front
de l’armée, avec la plus grande précifion poffible.
Lorfqu’entre trois bataillons du front de l’armée
A , M , b , ( fig. 444 ) , l’intervalle preferit a fe rétrécit
, 6c que celui y eft trop agrandi, on peut
conclure avec certitude , que le bataillon M du
milieu marche fur une fauffe ligne en avant, M X.
Le jugement eft infaillible quand les deux batail-
ions qui font à fes côtés tiennent enfemble un
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même alignement à leur front, pendant que celui
M eft avancé par fon aile gauche ; en pareil cas, il
faut fur le champ rectifier la marche du bataillon
du milieu, ( fuppofé qu’il ne foit pas compris dan«
la partie indiquée pour point directeur ) , en con-
féquence de celle des deux bataillons marchant à
côté de lui.
La régularité & la perfeéfion de l’alignement général
du front de l’armée exigent que l’on juge &
que l’on redreffe la ligne du front & l’enfemble
néceffaire, d’après le rapport où fe trouvent entre
eux, pendant la marche, la plupart des bataillons
du front général ; mais cela ne regarde point la
partie défignée pour directeur principal de toute
l’armée.
Quand de deux bataillons, l’un ayant pris un
faux alignement,comme A O & D R , ( fig. 445 ) ,
ne confidére, en choififfantfa ligne de marche particulière
, que fon front feulement,6c non pas fon
enfemble néceffaire avec le front général, s’il arrive
que l’un d’eux marche trop à droite pendant
que l’autre marche trop à gauche, ( voyeç E G &
F H ) , alors l’intervalle preferit entre eux s’agrandit
à mefure qu’ils marchent en avant , & touts
deux marcheront irrégulièrement, fi aucun n’eft
point directeur pour la ligne de marche & l’alignement
du front de l’autre.
S i , quoique l’on ait fuivi le principe fondamental
, ces deux bataillons marchoient dans les
fauffës direâions E G & F H , ils en ferôient d’autant
plus repréhenfibles, que la ligne de leur enfemble
E B , C F , fur les lignes de marche E L
& F M , eft plus facile à fixer par les quatre points
E , B , L , F , & plus certaine qu’elle ne peut être
par les deux points E & F.
Il faut donc, en pareil cas , confidérer la pofition
J K que ces deux bataillons doivent avoir en-
fuite à diftance dont chacun marchant en avant fe
fera éloigné de cette pofition , pour déterminer
d’abord la dérivation de l’un 8c l’autre , 6c la ligne
droite qu’ils doivent fuivre enfemble en continuant
leur marche en avant.
Nous avons vu précédemment jufqu’à quel
point il faut eftimer plus ou moins irrégulière toute
dérivation quelconque de la ligne du front de
l’enfemble d’un bataillon ; ce même principe doit
être obfervé pour celui d’une armée entière, fuivant
fon influence plus ou moins grande fur fora
enfemble général.
Les changements des lignes de marche d’une
armée entière dans la marche en bataille , ordonnés
pour des raifons importantes , doivent être
confédérés fous deux rapports, favoir :
i°. Quand le front entier de l'armée ou une partie
feulement eft obligée, en marchant,d’appuyer
d’un côté, foit à droite, foit à gauche , les batail/
Ions conservant touts leur alignement primitif déterminé.
a0. Quand ces bataillons font obligés de mars
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