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bord , fondirent fur eux & les prirent fouis ; mais
ils fedétinrent fi longtemps, que le gros de l'armée
navale de Rome arriva , & les Carthaginois
perdirent dix-huit vaifleaux. . ' .
L e p lu s fur e ft d e fo rm e r , com m e j e 1 at d it ,
l ’em b u fc ad e à cô té du c h em in , & de la iffe r paffer
l ’a v a n t-g a rd e e n n em ie ,a f in d e la ch a rg e r en qu eu e
e n même-temps qHe v o t r e a rmé e , a y a n t fa it v o lt e -
fa c e , l’attaquera de fro n t ; a lo rs le s trou p es de
l ’em b u fcad e , au lieu d e reb rou fle r ch em in pour
fu iv r e le s e n n em is , m a rch ent v e r s v o tr e g ro s .
A lp h o n fe d’A v a llo s , m a rq iK d e l V a l u t , mit
a in fi en d éro u te la ca v a le rie F r a n ç o ife , qu i pour-
fu iv o i t l'a rm é e E fp a g n o le d ans fa retruite d e Mar-
Une partie des troupes qui fortent de l’embujcade
fera face à l’armée ennemie , afin de vous ailurer
contre les partis ennemis qui pourroient venir par
derrière. Mais comme j’ai traité ailleurs des embufcades,
j’y renvoyé le leâeur.
En parlant des erobufcades, j’ai dit que vous devez
en fortir auffitôt qu’on vous donne avis que les
ennemis en ont eu connoiffance. J’ajoute ici que
fans attendre cet avis, vous devez continuer votre
retraite fi vous voyez que l’avant-garde des ennemis
marche avec plus d’ordre qu auparavant,
qu'elle fe range en bataille , qu’elle s arrête Ce de-
tache fes batteurs d’eftrade vers -tours les cotes ;
tout cela fe peut obferver avec des lunettes d approche
du haut d’un édifice voifin de 1 embufeade,
ou de quelque autre lieu éminent couvert de teuillages.
,
RETRAITE. B a tte r ie de c am e qu i an n o n c e la retraite
d e v an t l ’e n n em i, o u a v e rtit les foîdars d e fe
r e t i r e r à leu r s q u artiers d ans les g a rm fon s , & a
leu r s tentes dans u n cam p . ( Chambers ) .
R E T R A N C H E M E N T . O b f ta c le q u o n o p p o fe
à l ’en n em i p o u r d é fend re plu s fa cilem en t & plus
a v a n it e e u fem e n t le te rre in qu ’o n o c c u p e , i l y a
d es Manchements de plu fieu rs e fp è c e s ; les plus
o rd in a ire s c o n f i e n t d ans un fo ffé d o n t là te rre
é tan t ie tté e d u c ô té d e s t rou p e s q u on v e u t c o u v
r i r leu r fe r t de parapet. O n en fait a v e c des
a rb re s abattus & pla cé s le s uns fu r le s a u t r e s ,
( voyer AB A TT IS ) , ou avec des charnots , avec
des pierres fèches, des démolitions de vieux murs,
des fafeines & des terres , &c. On donne auffi le
nom de retranchement aux coupures qu’on fait dans,
les dehors de la fortification & dans les battions ,
pour les défendre pied-à.pied. Ces fortes de retranchement;
font compofés d’un petit rempart &
d’un parapet ; ils forment le plus fouvent un angle
rentrant, pour en défendre rapproche plus avan-
ta^eufement ; on les fait de façs a terre, de gabions
, fafeines , &c. On donne .auffi le nom de
retranchement aux lignes de circonvallation. f g y
La difpofition d’un retranchement doit etrç réglée
fur les principes de la fortification. Balancer également
la force de touts les points „fortifier ceux
qui font naturellement plus foiblés , occuper ceux
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que la nature a heureufement difpofés ; occuper
autant qu’il eft poffible une ligne droite, coupée
par de grandes & fréquentes faces faillantes qui
donnent des feux croifés fur une étendue confidé-
rable ; voila le principe général.
Celui de la défenfe eft de rendre touts les points
également forts autant qu’il eft poffible , de renforcer
les plus foibles par des troupes plus Cures ou
plus norabreufes, par des rèferves , par une plus
grande quantité d’artillerie , & fur-tout par les plus
habiles & plus braves généraux.
Quant à l’art de l’attaque, il confifte à diftin-
guer le point le plus faible d’une pofition, & à
porter fur ce point les principales forces , tandis
que par une ou plufieurs attaques fimulées , on
tâche d’attirer ou du moins de faire tenir en place
les troupes efinemiesh
M. de Feuquières a donné quelques préceptes
fur l’attaque d’une armée retranchée.
Il y a , dit-il, des avantages qui fe peuvent
prendre fur une armée q u i, fe trouvant quelquefois
forcée de fe mal placer par des raifons infur*
montables „aura au moins fortifié fou camp , &
l’aura rempli de vivres & de fourrages autant qu il
lui aura été poffible, & qu’elle aura cru en avoir
befoin. En ce cas , il n’eft pas fans exemple qu’on
; ait fait des batteries, ouvert la tranchée , gagné
quelque terrein fort voifin du camp de 1 ennemi,
pour y placer du canon , & enfin après avoir détruit
& ouvert une partie des retranchements, qu on
les ait attaqués de vive force ; mais il faut obferver
que ces fortes d’attaques ne fe doivent faire,
autant qu’il eft poffible» que contre les flancs du
camp , & lorfqu’il peut être attaqué par un front
plus grand que celui qu’il peut oppofer.
Il faut même obferver qu’il eft bon , avant que
d’attaquer , d’avoir pendant quelques jours fatigue
l’ennemi, & l’avoir fait tomber dans quelques be*
foins effentiels. ' .
En général, cette efpèce d’attaque d une armes
retranchée fuppofe toujours une grande fupério-
ritéde l’attaquant, & même une néceffité de fe
commettre à cette aétion , qui fera toujours d une
grande confommation d’hommes, mais auffi qui
pourra produire la perte entière de l’armée ennemie
, ainfi forcée dans fon camp.
Je n’ai vu que deux exemples de cette efpece.
Le premier eft d’une pareille aélion, qui, au
moment de fon exécution , manqua par la faute
du général qui l’avoit entreprife, & à laquelle u
aüroit pourtant infailliblement réuffi , comme on
le comprendra aifément par le récit que -je vais
en faire. \ ' .. ,
En l’année 1677, pendant que M. le duc de
Lorraine occupoit M. le maréchal de Çréquy >
comme je l’ai dit, M. le duc de Saxe-Eifenach,
qui, avec un corps de dix mille hommes a voit
paffè le Rhin à Philisbourg , vint traverfer toute
l’Alface devant M. de Montclar , dont les troupes
étoient dans les places , & enfin vint fe campe
auprès
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auprès dé Bâlô, afin de tirer fes vivres des villes
frontières. Il fe plaça trop près du Rhin * proche
d’une route que nous avions dans ce temps-là , au
lieu où le roi a depuis fait bâtir la fortereffe d’Huningue.
-
Ce pofte ne valoir rien par plufieurs raifons : il
étoittrop proche de la rivière , & par conféquent
n’avoit pas dé fond. Ifètoit fournis à la plaine par
plufieurs amphitéâtres naturels , qui fucceffive-
jÈRènr tomboient fur le camp, auquel il ne don-
noit d’autre fourrage pour fa fûbfiftance que celui
quiéfoît de l’autre côté du Rhin , dès que M. de
Montclar , avec les troupes du roi affemblées ,
viendroit fe camper fur cette plaine , comme il
y vint peu de jours après que M. de Saxe-Eifenach
eut choifi ce pofte.
Comme je n’examine point fi ce général auroit
pu fe placer différemment de ce qu’il f it , & que
je n’ai à parler que fur les réflexions qui fe pré-
fentent à faite fur la matière de l ’attaque d’une armée
retranchée , je reprendrai mon fujet , en di-
fant que M. de Montclar ayant pris fa marche
entre la haart fupérieure & la montagne , fe
trouva,après un léger combat de cavalerie, maître
de ces amphitéâtres naturels ; & dès les premiers
jours il renferma.M. d’Eifenach dans fon camp ,
dont il ne pouvoit plus fortir , ni pour combattre
par la fupériorité du terrein que nous avions fur
lui, ni pour fourrager , que de l’autre côté du '
Rhin , en paffant le pont qui étoit fur cette rivière,
derrière fon camp.
Ce camp étoit couvert par le front d’un retranchement
aflez élevé , le long duquel il y avoit par
efpaces des plates-formes encore plus élevées que
le retranchement, où il y âvoit du canon qui pourtant
ne voyoit que le terrein qui étoit entre le
camp & le premier amphiréâtre fur lequel il ne
pouvoit voir, & dont il étoit dominé.
Par la gauche il étoit couvert d’un retranchement
placé fi proche du terrein de Bâle, qu’il n’auroit
pas été poffible que les troiîpes du roi enflent pu
fe former pour attaquer le camp de ce côté-là ,
ailleurs que fur cette terre fuiffe, ce que MM. de
îa régence de Bâle n’auroient peut être pas voulu
fouffrir.'
Par la droite , le camp étoit auffi fermé djan
retranchement j mais le terrein extérieur nous étoit
fi avantageux, qu’à la faveur d’une vieille digue
du Rhin & des amphitéâtres qui, de ce côté là ,
s’approehoient fort près du front du camp & de
ce flanc droit, nous pouvions l’approcher à couvert
de fort près , y placer du canon pour ruiner
le retranchement, '& enfiler le camp, qui, d’ailleurs,
n’avoit pas confervé en dedans affez de
terrein pour fe mettre en bataille entre le front du
camp & le retranchement.
Cette fituation étoit fort trifte pour l’ennemi &
fort avantageufe pour l’armée du roi, dont aucun
niouvement ne pouvoit être vu par les Allemands.
M. de Montclar avoit même fait venir du gros ca-
-Art militaire. Tome III.
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de Brifack, qui battoit avec- fùccès le flanc
droit diî'C2fnp.
Tout concoLirou à la .ruine de cette armée, lorf-
que M. de Montclar lui laiuâ p?ifiblement pendant
la nuit repaffer le Rhin fur un feul pont ; quoique
le bruit dé l'artillerie & des bagages fur ce pont
portât à fes oreilles. Ainfi s’échappa cette armée ,
dont 'un autre général n’auroit pas laiffé fauver un
feul homme.
Le fécond exemple de l’attaque d’une armée retranchée
que j’ai vu , eft celui de Nerwinde, fur
lequel je ne m’étendrai point ic i, en ayant parlé
ailleurs, & ayant encore à en parier dans les réflexions
que j’ai à faire fur le fujet des batailles.
Je finirai donc cet article par la comparaifon qui
fe préfente naturellement à faire.entre deux généraux,
fur leur conduite dans deux opérations de
guerre d’une même efpèce.
Le premier, qui eft M. de Montclar , laiffe
échapper une armée qu’il tenoit enfermée avec
fon artillerie & fes bagages , & qui ne pouvoit fe
retirer qu’en paffant fous fes yeux une rivière
comme le Rhin, fur un feul pont.
Le fécond, qui eft M. de Luxembourg, bat
totalement une armée égale à la fienne, fupérieure
en canon & en munitions de guerre, retranchée
avec touts les avantages du terrein , & qui avoit
plufieurs moyens de fe retirer fans combattre, fï
elle avoit voulu - éviter un engagement. ( Feuquières
).
REVERS. Partie intérieure d’un parapet & d’un
rempart. On dit qu’un ouvrage eft venu de revers ,
lorfqu’il eft près d’un lieu d’où l'ennemi peut découvrir
la partie intérieure du parapet, le terre-
plein , & par conféquent les troupes qui le défendent.
On nomme revers de la tranchée , le côté oppofè
à fon parapet ; on y pratique ordinairement une 011
deux banquettes , afin que les troupes qui gardent
la tranchée puiflent monter plus facilement: plus
promptement fur le revers en cas d'attaque, afin de
laiffer là tranchée comme un foffé entre elles &
l’ennemi.
On donne auffi le nom de revers à la partie de
l’orilion d’ un baftion qui eft tourné du côté de la
place.
REVETEMENT. Couche extérieure qui fou-
tient les terres d’un rempart. Le revêtement eft de
maçonnerie ou de gazon. Quant à fes ufages &
dimenfions , voye% FORTIFICATION.
RÉVOLTE Refus, d’obéiflance.
Les peuples gouvernés avec douceur & avec
jufticene fe révoltent jamais. Violer la juftice ,c ’eft
donner lieu à la fédition. Ainfi avant de traiter de
la manière d’appaifer une révolte, je parlerai, dit
Santa Crùz , des moyens de l’éviter. 11 vaut mieux
prévenir une perte que la réparer.
Des caufes de révolté.
Il fe peut trouver des miniftres qui, par un zèle
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