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lignes des petits fièges, où on nè laifle pas d’êtré
obligé de prendre des précautions.
Maximes ^générales pour fervir à la conf.ruB.ion des
lignes.
I. Les faire bonnes, & profiter de touts les
avantages du terrein autant qu’-on peut.
I I . Donner à leur circuit tout l’efpace néceffaire,
& rien de plus.
III. Ne point expofer les camps fous. la portée
du canon de la place.
IV. Ne les point commettre aux commandements
extérieurs des dehors de la place, qui pourroient
incommoder le dedans des lignes par le canon &
le moufquef.
V. Occuper touts les commandements des en virons
qui pourroient nuire à la ligne & au camp ,
foit par la ligne même ou par des forts & redoutes
détachées, plutôt que de hafarder de les laiffer occuper
par une armée de fecours.
VI. L’obfervation de ces maximes préfuppofée,
il ne doit refier d’étendue au circuit des lignes que
«elles qu’elles doivent précisément occuper.
VII. Si la ligne eft coupée de rivières ou de canaux,
y faire le plus de ponts qu’on pourra, c’eft-à-
dire, plutôt deux qu’un , ou plutôt trois que deux-,
de même plutôt, quatre que trois, afin de faciliter
le prompt tranfport des fecours d’un côté à l’autre ,
& éviter la confufion où l’on fe trouva à la levée
du premier fiègé de Valenciennes, où ce défaut
fit périr une partie de l’armée , & en dernier lieu a
Denain, oh un femblable défaut a coûté la vie à plu-
iîeurs milliers d'hommes, & fait échouer touts les projets
des alliés , & procuré à la France des avantages
dont elle n eût ofé fe flatter.
VIII. Employer les. bois, rivières , ruifleaux ,
étangs , marais , ravins , foffés , efcarpements ,
chemin creux, & généralement tout ce qui peut
favorifer la fituation des lignes ; les appliquer à
leur fortification , favoir , les bois par les abbatis,
les rivières & ruifleaux en rompant les quais, &
les faifant fervir d’avant foffé aux lignes ; lés
étangs , en les mettant entre vous & l’ennemi ;
les marais , en augmentant , s’il fe peut, leurs
eaux , & les mettant devant les lignes ; les ravins ,
grands foffés & efcarpements, en les plaçant à
même fin ; en un mot, faire fervir toutes les diver-
fités du terrein à leur fortification , comme autant
d’avantages favorables que la nature nous préfente,
& qu’il ne faut pas négliger. - .
IX. Les avants-foflfés des lignes ne font raifon-
nables qu’autant qu’ils peuvent être remplis d’eâu ;
&. de toute autre façon ils ne valent rien , parce
qu’ils ne fervent qu’à cacher l’ennemi, quand il a
tant fait que de s’avancer jufques-là.
X. Que la diftance de la tête des camps à la
ligne ne foit pas plus éloignée de 120 toiles , ni
moins de 80, à moins qu’on n y fifk coatraiat par
les inégalités du terrein.
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XI. Que l'éloign ement de la pointe d’un redan
à l’autie ne foit guères plus de 120 toifes , ni
moins de 80 , fi ce n’eft que les inégalités du terrein
l’obligeaflent de .faire autrement.
XII. Que les lignes de contrevallation” puiffent,
au befoin, être approchées de la place afiiégée jufqu’
à l’extrémité de la portée du canon , & pas davantage.
Max imes générales pour la conduite des attaques.
I. Etre’ toujours bien informé de la force des.
garnifons , avant, de déterminer lès attaques.
II. Atra quer toujours par le plus foible des
places , & jamais par le plus for t, à moins qu’on y
foit contraint par des raifons fupcrieures , qui ,
comparées'aux particulières, font que. ce qui eft ië
plus tort., fe trouve le plus foible dans les extraordinaires
; ce qui dépend des lieux, des temps 8c
des faifons que les places font attaquées, &. des
différentes fituations où on fe trouve.
Quand le roi afliégea Valenciennes , fa majefié
n’ignoroit pas que le front de la porte Douzain ne
fût le plus fort de la place ; cependant il la fit attaquer
par-là.
i°. A caufe de la facilité des approches par la
chauffée de Rhume , qui, étant pavée , amenoit
toutes les munitions de Dunkerque , Ypres, Lille ,
Douai & Tournai, jufqu’à la queue des tranchées
ce qui ne fe pouvoit par-tout ailleurs.
20. De la facilité d’avoir des fafcines , y ayant
de grands bois près delà qui pouyoient abondamment
fournir toutes celles dont on avoit befoin.
30. De pouvoir contrevaller, comme on fit par
la tranchée , toute cette partie qui s’étend depuis
l’inondation au-deffus de la place, jufqu’à celle au-
deffous jce qui étant répété par deux places d’armes
l’une devant l’autre , & par touts les plis & replis
de la tranchée , l’ennemi fut renfermé dans fa
place , réduit- à ne pouvoir pas fortir quatre
.hommes hors de fon chemin couvert, depuis la
porte de Tournai jufqu’à la porte Notre-Dame ,
de forte que s’il fe fût .préfenté un grand fecours,
le roi auroit pu , en renforçant la tranchée de deux
bataillons ,& de trois ou quatre efcadrons , lever
touts les quartiers, de ce côté , qui fai foit les deux
cinquièmes du circuit des lignes , pour en renforcer
fon armée , fans que les attaques euflent ceffé.
de faire leur chemin.
Ces raifons, ou autres femblables, prévalent
quelquefois fur les communes très avantageufe-
ment ; & c’eft pourquoi oji cela fe trouve , on ne,
doit pas héfiter de les faire valoir. De femblabUs
raifons ont déterminé en 1708 le prince Eugène à attaquer
la ville de Lille par ou il Va fa it, qui e(l cert ainement
un des plus forts de la place.
III. De ne point ouvrir la tranchée que les
lignes ne foient fort avancées , & les munitions.
& matériaux néce'ffaires prêts & apportés , car,
il ne faut point languir par ce manquement , mais
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avoir toujours les befoins néceffaires fous la main.
IV. De faire toujours trois grandes lignes parallèles
ou places d’armes, les bien fituer & établir
, leur donnant toute l’étendue néceffaire. La
manière dont l’ennemi fe défend vous peut déterminer
à négliger quelques parallèles en avant ,
comme l’on fit à Ath en 1697*
V. Embraffer toujours tout le front des attaques ,
afin d’avoir l’efpace néceffaire aux batteries &
places d’armes. \ ( ■ . \ .
VI. Les attaques liées font préférables a toutes
les autres. - . , .
V I I . Employer la fape dès que la tranchée deviendra
dangereufe, &. ne jamais faire à découvert
, ni par force , ce que l’on peut par induftne,
attendu que l’induftrie agit toujours furement , oc
que la force ne réufiit pas toujours, & on hafarde
pour l’ordinaire heaucoup. . ,
VIII. Ne jamais attaquer par des lieux terres OC
étroits, ni par des marais , & encore moins par
des chauffées, quand on le peut par des lieux fecs
& fpaçieux. U
. IX. Ne jamais attaquer par des angles rentrants ,
qui puiffent donner lieu à l’ennemi d envelopper
pu croifer fur la tête des attaques ; parce qu’au lieu
d’embraffer, il fe trouveroit par les fuites que la
tranchée feroit enveloppée , comme il efi arrive au
dernier fiège de Turin.
X. De ne point embarraffer la tranchée de
troupes ni de travailleurs , ni de matériaux , mais
ranger les uns & les autres dans les places d armes
de la droite & de la gauche , Oc lai fier le chemin
libre pour le fervice du travail, pour les allants &
venants. ' , •
XI. Le moyen le plus fûr de bien reullir aux
fièges, eft d’avoir une armée d obfervation.
XII. Ne jamais porter un ouvrage en avant
près de l’ennemi, que celui qui le doit foutenir ne
foit en état de le faire avantageufement.
. XIII. Que les batteries plongeantes appèllées ricochets
foient toujours fituées fur les enfilades &
revers des pièces attaquées , & non autrement.
. XIV. Employer les batteries à ricochet, & les
cavaliers de tranchée à la prife des chemins couverts
, par préférence aux attaques de vive force,
dans touts les: endroits où on le pourra faire.
XV. Obferver la même maxime à l’attaque de
touts les dehors, & même du corps de la place.
XVI. Ne jamais tirer aux bâtiments delà place ,
parce que c’eft perdre fon temps , & confommer
fies-munitions mal-à-propos , pour des chofes qui
ne contribuent en rien à leur reddition , & dont
les réparations coûtent toujours beaucoup après la
prife de la place.
XVII. La précipitation dans les fièges ne hâte
point la prife des places, la recule fouvent, & ensanglante
toujours la fcène , témoin Barcellone ,
Landau & plufieurs autres.
XVIII. La faifon la moins propre à l’attaque des
■ places eft l’h iver, parce que c’eft celle des mau-
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vais temps & des grands froids, qui font beaucoup
fouffrir les troupes.
XIX. Attaquer les places entourées de marais
dans les temps les plus fecs de 1 année , parce que
vraifemblablement on y fera moins Incommodé
des eaux. . . .
XX. Aux places regulieres , il faut des attaques
régulières; mais au x places irrégulières, U faut attaquer
comme on p eut, fans toutefois s eloigner
de l’obfervation des règles que le moins qu il fera
poflibie. . j .. If
XXL Au % places où il y a chateau U citadelle ,
fi dautres raifons ne prévalent, comme il arrive
fouvent, il faut, autant qu’on pourra , attaquer par
la citadelle , parce que la citadelle prife , la ville
fuit néceffairement ; au lieu qu en attaquant la
ville la première, on a deux fièges à faire pour un.
XXII. Ne jamais s’écarter ni s’éloigner de l’obfervation
des règles, fous prétexte qu’une place
n’eft pas bonne , de peur de donner lieu a une
mauvaife de fe défendre comme une bonne.
XXIII. Les attaques par des lieux ferrés & étroits
font toujours difficiles & fujets à de grands inconvénients
, parce qu’on n’y peut pas toujours ob-_
ferver lesrrègles: B H B , ,
XXIV. Toute fortification reglee par les maures
de l’art a toujours quelque chefe de régulier, ou
fort approchant, à moins que la fituation n’y répugnetout
à-fait ; il en doit être ainfi de la conduite
des attaquesibien entendues.
XXV. Les pays de marais qu’on ne peut ni
écouler ni épuifer , ne font propres à l’attaque
des places , qu’autant que la foibleffe de leur fortification
& de leur garnifon en favorife l’éntrepriie ,
& que les digues par où on les peut aborder ,
donnent moyen , par leur largeur & hauteur, de
conduire une tranchée tout le long avec les retours
néceffaires , fans être contraint de s’enfiler , Sc
qu’il fe trouve quelque terrein fec à côté , plus
elevé que la fuperficie du matais, pour y pouvoir
établir utilement des batteries de toute elpèce, qui
fuppléent en partie aux conditions demandées dans
les cas ordinaires. ■ ,
XXVI. Attaquer de jour quand la.tranchee a tellement
pris des avantages, qu’il n’y a plus d’endroit
dans tout le front attaque qui foit exempt çle
!■ § fupériorité du canon, des bombes, des pierres ,
, delà moufqueterie, & attaquer de nuit, quand
une grande partie de ces endroits ne font pas dans
les cas précédents.
XXVII. Tout fiège de quelque conüderation ,
demande un homme ds quelque expérience , de
tê-e & de caractère , qui ait la principale dtlt o!t-
fion des attaques , fous l’autorité du général que
cet homme dirige la tranchée & tout ce qui en dépend
place les batteries de toute èfpèce, & montre
auxofficiers.de l’artillerie • ce qu’ils om à faire ; à
quoi ceux ci doivent obéir ponctuellement, fans y
rien ajourer ni diminuer.
XXVIU. La même raifon fait encore que ce dt-,
y v i j