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la tête des ennemis qui paroiffoit au-delà de la
trouée, & aùroit fait un effort pour mettre fon armée
en bataille, en laiffant la trouée derrière fon
camp. Cette feule çli-1 pofition autoit empêché les
ennemis de tenter le fiège de Mons.
En l’année 1.691 , le roi fit le fiège de Mons
avant le temps dé l’ouverture ordinaire des campagnes.
M. le prince d’Orange voulut affembler
une armée allez pulflante pour faire lever le fiège ;
mais M. de Luxembourg, à qui le roi avoit donné-
le commandement de l ’armée d’obfervance , fut fe
placer fi judicieufement devant l’ennemi, qu’il le
contraignit de voir prendre'la place fans pouvoir la
fecourir.
Touts les mouvements queM. de Luxembourg
'fit faire à fon armée , étoient d’une guerre défensive
judicieufement dirigée , pendant que l’armée
du roi faifoit le fiège & agiffoit offenfivement ; ce
qui prouve que les mouvements pour l’oftenfive
& la défenfive peuvent être pratiqués en même-
temps par une armée, quand ces mouvements font
bien conduits.
Dans cette mètne année on devoit ouvrir la
campagne en Piémont par le fiège de Turin , &
tout étoit -prêt pour cette expédition ; mais les
ordres de la cour changèrent fur le point de mettre-
ce projet à exécution , & l’on ouvrit la campagne
par le fiège de Carmagnole , enfuite parle changement
de la garnifou de Gazai, & l’introduélion
d’une femme confidérable d’argent dans cette
placé , qu’on jugeoit bien qui feroit longtemps fans
communication avec l’armée du roi en Piémont.
L’arrivée de M. l’éleéleur de Bavière avec un
corps confidérable de troupes, changea dans ce
pays la conflitution de la guerre.
RECRUES. Soldats nouvellement enrôlés.
REDAN. Pièce de fortification compofé& de
deux faces formant un angle Taillant. On l’emploie
dans la conftruâion des retranchements & des
lignes. .
REDOUTE. Pièce de fortification. On lui donne
la figure d’un quarré, d’une étoile , d’un baftion ,
d’une demi'lune. On place quelquefois les redoutes
au pied d’un glacis, 8c alors elles s’appellent communément
lunettes. On en conftruit aufiï dans les
environs des places , à la portée du fu&l des ouvrages
les plus avancés. On choifit pour cela les
lieux par où l’ennemi peut s’approcher de la place ;
les redoutes placées dans ces endroits fervent à enfiler
les travaux de l’ennemi dans les fièges , & à
lui rendre les approches de la place plus difficiles.
On emploie encore ces ouvrages pour couvrir les
éclufes & les différents poffes qu’on veut conferver
dans les environs des places.
Les redoutes doivent être placées de manière que
l’ennemi ne puiffe ni les tourner, ni empêcher leur
communication avec la ville. On doit obferver
qu’elles ne puiffent pas, après avoir été prifes, lui
fervir de rempart contre les feux de la place. .
Pour çonftrqire une rtdçutf vis-à-vis une place j
RED
d’armes rentrante, oit mènera par le fommet de
l’angle rentrant de la contrefcarpe, & pair celui de
l’angle Taillant de la place d’armes , une ligne
qn’on prolongera indéfiniment vers la campagne.
On marquera le centre de la gorge fur cette ligne
capitale à vingt, trente ou quarante toifes de cette
place d’armes , fuivant qu’on voudra que la re-
, doute foit plus ou moins avancée dans la campagne.'
On mènera par ce centre une perpendiculaire à la
capitale qu’on prolongera de part & d’autre de
cette ligne, & fur laquelle on prendra quinze ou
vingt toifes pour les demi-gorges de l’ouvrage. A
l’extrémité de chaque demi gorge on élèvera une
perpendiculaire à laquelle on donnera dix ou
douze toifes ; elles formeront les flancs de la redoute.
On les joindra par deux faces de vingt-cinq,
trente ou trente-cinq toifes, qui fe réuniront fur la
capitale. On donne à cet ouvrage un parapet de
fept ou huit pieds de hauteur, & de dix-huit d’é-
paiffeur, & on y conflruit une ou deux banquettes
en forte que le parapet n’ait que quatre pieds &demï
d’élévation fur la banquette. Cet ouvrage a un foffé
de huit ou dix toifes parallèle à Tes faces lorfqu’il
eft fec , & aufiï à Tes flancs quand il eft plein d’eau.
Dans le premier cas , il forme une efpèce de rampe
douce des flancs à l’angle flanqué , où il doit avoir
huit ou neuf pieds de profondeur. On le difpofe
ainfi, afin qu’il foit vu du chemin couvert dans
toute fon étendue, & que l'ennemi , après s’en
être emparé, ne s’y trouve pas à couvert du feu
de la place. Les redoutes fopt ordinairement entourées
d’un chemin couvert ; lorfq.n’il y a plu-
fieurs fronts de fortification accompagnés des redoutes
au pied du glacis , le chemin couvert qui
les enveloppe forme un avant-chemin couvert,
comme à Landeau, Luxembourg 8c plufieurs autres
places. Les redoutes fo*t de terre ou de maçonnerie
; il y en a de voûtées à l’épreuve de la bombe ;
on les appelle redoutes ca^ematées. Il y en a à Luxembourg
de cette efpèce ; ces redoutes ne peuvent
guère être détruites que par les mines , ce qui eft
une affaire difficile & de difeuffion.
On communique du chemin couvert de la place
'aux redoutes 8c aux lunettes , par une efpèce de
double chemin couvert, qui va de l’angle Taillant
des places d’armes devant lefquelles cés ouvrages
font conftruits, à la gorge des mêmes ouvrages.
On conftruit cetre communication en menant des
parallèles de part & d’autre de la ligne , & à la
diftance de neuf pieds. L’élévation de terre qui lui
fert de parapet fe perd en glacis comme celui du
chemin couvert ; la communication a une banquette
de chaque côté avec des paliffades. L’entrée
du chemin couvert eft fermée par une rraverfè
qui empêche que l’ennemi ne voie dans la place
d’armes après s’être emparé de la redoute. On pratique
dans l’épaiffeur du parapet de la communication
, à côté de la traverfe, un petit paffage de
part & d’autre d’environ deux pieds de largeur ; la
traverfe a quatre ©u cinq toifes de longueur &.
RED
irois d’épaîffeur ; elle a une banquette du côté intérieur;
vers le chemin couvert de la place cette
traverfe fe nomme le tambour ; elle fert encore à
flanquer ou à défendre la communication , laquelle
a plufieurs tambours ou traverfes. Lorfqu’il n’y a
point d’avant-fofle à la place , outre la communication
dont on vient de parler, il y en a ordinairement
une autre fouterreine , qlii eft plus fure que
la première; lorfque les redoutes font un peu avancées
dans la campagne , elle met en état de les fou-
teair avec beaucoup d’opiniâtreté ; les communications
des redoutes de Luxembourg font de cette
manière.
Il faut obferver Ie*. que les faces de redoutes ou
lunettes doivent, être défendues par les branches
du chemin couvert, fur lefquelles tombe leur prolongement
; qu’ainfi l’angle flanqué de la redoute
ne pourroit être fort avancé dans la campagne ,
parce qu’alors le prolongement de Tes faces tom-
beroit au-delà des angles du chemin couvert, auquel
cas elles ne feroient plus défendues.
a®. Que l’angle flanqué des redoutes ou des lunettes
ne doit jamais avoir moins de foixante degrés';
s’il fe trouve plus aigu , il faut diminuer les
faces & augmenter la gorge de quelques toifes, de
manière cependant que la redoute ou lunette fe
trouve toujours bien flanquée & défendue du chemin
couvert.
30. Bien prendre garde, dans l’établiffement des
redoutes , & en général dans la pofition de touts
les ouvrages qu’on conftruit au-delà du glacis ,
qu’ils ne puiffent pas être pris par leur gorge ou
tournés , c’eft-à^dire , que l’ennemi ne puiffe pas
diriger ou conduire les approches entre cet ouvrage
& la place , fans être obligé de l’attaquer en forme ; 1
car autrement la conftruéïion en devient totalement
inutile pour fa défenfe. Les redoutes ou lunettes
vis-à-vis les places d’armes rentrantes du ;
chemin couvert, ne font point aufli expofées à cet
inconvénient que celles des places d armes Taillantes
; c’eft pourquoi elles doivent y être placées
préférablement. Elles ont d’ailleurs l’avantage ,
dans cette première pofition, de pouvoir prendre
des revers fur l’ennemi, lorfqu’il veut s’établir fur ,
les angles faillants du glacis , qui font les premiers
objets de fon attaque, ce qui le met dans la nécef-
fité de s’emparer de ces ouvrages pour pouvoir
avancer Tes travaux avec fuccès.
La conftruâion des ^redoutes qu’oa établit dans la
campagne , c’eft-à-dire , dans les environs des
places , n’eft fufceptible d’aucune difficulté. On
donne au côté des redoutes quarrées vingt ou vingt-
cinq toifes de longueur ; la gorge de celles qui font
en forme de baftions, a quinze ou dix-huit toifes ;
les faces , dix-fept ou vingt ; & les flancs, huit ou
dix. On peut augmenter ou diminuer ces mefures ,
fuivant l’ufage particulier auquel chaque redohte
eft deftinée, & à la quantité de monde qu’elle doit
contenir.
Il eft d’jifage de relever touts les jours h gardé
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que l’on met dans les redoutes ; mais lorfqu elles le
trouvent trop éloignées de la place, on les conf-,
truit comme des efpèces de petits forts particuliers
; on les fait entièrement de maçonnerie, &
on leur donne un ou deux étages , pour y diftri-
buer les logements néceffaires aux officiers & aux
foldats qu’on y met en garnifon ; on y conftruit
aufli quelquefois , quand le terreih le permet, un
fouterréin où l’on pratique un magafin à poudre *
& un autre pour les vivres ou munitions de
bouche. On peut aufli y conftruïte une citerne ,
dans laquelle on conduit les eaux de la pluie qui
tombent fur la partie fupérieure de la redoute, laquelle
partie fe nomme plate-forme , à un parapet
de maçonnerie percée de touts côtés par des em-
brafures pour tirer le canon , ou des créneaux
pour tirer le m m La partie fupérieure de ces re-,
doutes faille quelquefois en mâchicoulis , afin de
faire découvrir le pied du mur de la redoute ; on les
appelle alors redoutes à mâchicoulis.
On conftruit encore des redoutes dans les lignes
de circonvallation & de contrevallation, dans les
différents poftes qu’on veut garder , & même quel-,
quefois devant le front des armées, en bataille »
pour les fortifier & leur fervir de retranchement.
Ces redoutes font de terre , avec un rempart fraifé.
On peut encore fe fervir des redoutes pour former
une efpèce de ligne de circonvallation autour,
des places , commè M.- le maréchal de Saxe 1 a-
voit fait à Maëftrich en 1748; plufieurs militaires
penfent que cette circonvallation formée d ouvrages
ainfi détachés , eft plus avantageufe que
les lignes ordinaires. Nous obferverons feulement
ici fur ce fujet, que les plus fameux capitaines, an-j
ciens & modernes , fe 'font fervis très avantageu-
fement de ces lignes ; qu’on n’a point encore
d’exemple à alléguer en faveur des circonvallations
formées de redoutes détachées ; 8c que dans
un objet aufli important, l’amour de la nouveauté
ne doit nous porter à changer l’ancienne méthode .
qu’autant qu’il fera bien prouvé que la nouvelle eft
plys avantageufe. ( Q .)
R ed o u t e a c r ém a il l è r e . C ’eft une^ redoute
ordinaire dont les faces forment des efpèces de
redans perpendiculaires les uns aux autres de
trais pieds , de côté ou de faillie.
L’objet de ces redans eft de défendre toutes les
parties de la redoute , c’eft-à*dire , les angles qui ,
j dans les autres conflruétions, ne font pas défendus.-
( Ingénieur de campagne , par M . de Clairac ).
Cette forte de redoute demande du temps pour
être conftruite folidement & régulièrement , ce
qui fait qu’elle ne peut guère s’employer que dans
les endroits que l’on peut fortifier à loifir. ( Q. )
RÉDUIT. Efpèce de petite demi-lune conftruite
au-dedans d’un autre ouvrage, C eft un retranchement
dont les murailles ont des créneaux.
L’ufage du réduit eft de donner une retraite aux
foldats , lorfqu’ils fe trouvent obligés d’abandonner
le parapet de l’ouvrage de ce réduit ; iis in»
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