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ciers qui font clu confeil de guerre , afin qu’aucun
capitaine n en foit deux fois , qu’après que touts
îes autres en auront été une fois chacun, à me-
fore qu’ils le trouveront au corps.
Les majors & aides-majors de régiments , vont à
l’ordre chez le major de brigade , qui le leur diâe
avec les détails concernant le fervice de leur régiment
& ceux que le brigadier a recommandés :
ils vont enfuite porter le mot à leur colonel ; chaque
aide-wa/or va le poiter au commandant de fon bataillon
, & lui fait leRure de l’ordre: le major ne
porte point le mot au lieutenant-colonel, lorlque
le colonel eft préfent.
Les majors marchent avec leur colonel: lorf-
qu’ils font majors de brigade , le colonel n’a avec
lui qu’un ai de-major.
Le major, & en fon abfence l’officier chargé du
détail, tient un contrôle des officiers dti régiment,
avec la date de leur commiftion , depuis le colonel
jusqu’aux fous-lieutenants ; le jour de leur réception
; les charges vacantes , depuis quand & pourquoi,
fans y comprendre ceux qui n’ont pas été
reçus à leur charge ; le nom des officiers abfents ;
le temps de leur départ ; le lieu de leur demeure ;
s’ils ont congé ou non, pour quel temps , & les
raifons : il doit donner une copie de ce contrôle
au corn miliaire des guerres, lors de la première
revue , & à chaque changement de garnifon , &
une autre copie , mois par mois, des changements
arrivés depuis la précédente revue.
L’officier chargé du détail , doit écrire, compagnie
par compagnie , dans les colonnes marquées
fur les regiftres que la cour envoie à cet effet,
les noms propres de famille & de guerre des fer-
gents & foldats * le lieu de leur naiffance, la pa-
roiffe , la province , la jurifdiélion , leur âge ,
leur raille, les marques qui peuvent fervir à les
faire reconnoître , leur métier , la date de leur
arrivée, & le terme de leur enrôlement, en les
plaçant fur le regiftre, fuivant leur rang d ancienneté
dans la 'compagnie: la même chofe doit être
obfervée pour les cavaliers , les dragons & les
troupes' étrangères.
Il lui eftj défendu , fous peine d’être caffé, &
d’un an de prifôn , d’employer aucun nom de fol-
dat fuppofé.
Il ''marque fur ce regiftre » régulièrement & à
côté de chaque article , la date précife des changements
, à-mefure qu’ils arrivent, foit par la mort,
les congés abfolus , ou la défertion des folcfats : il
envoie toùts les mois à la cour l’état & le fignale-
ment des foldars de recrue arrivés pendant le mois
précédent.
Il tient un contrôle des engagements limités de
chaque compagnie : il y fait mention des fommes
cu’il vérifie avoir été données ou promifes pour fes
engagements.
Il d o it en reg iftre r & m o tiv e r to u ts le s co n g é s des
fo ld ats , fo u s p e in e d e p e rd re fes ap p o in tem e n ts
p e n d a n t u n mois p o u r ch a q u e omiffion.
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Il doit-suffi tenir un état exaél du temps Si des
motifs des congés limités de ceux qui ne font engagés
que pour un temps, & en donner copie au
commiffaire des guerres , pour y avoir recours en
cas de befoin.
Les majors de cavalerie , doivent tenir un contrôle
fignalé des chevaux de leur régiment : ils en
font refponfables , & payent 300 livres pour chacun
de ceux qui font détournés.
Les majors d’ infanterie font feuls chargés des deniers
& des maffes : ils en répondent ; ils peuvent
fe fervir d’un aide - major dont ils (ont garants ; ils
doivent donner touts les mois un bordereau figné
d’eux à chaque capitaine du compte de fa compagnie
: le même compte doit être fur leurs livres, &
figné par le capitaine.
Ceux qui font pourvus des charges de major ou
aide major, n’en peuvent point poflèder d'autres
en même temps.
Les jours de bataille, les majors doivent être à
cheval pour fe porter par-tout où il eft befoin pour
faire exécuter les otdres du commandant.
Telles étoient les fondions du major. : de nouvelles
ordonnances les ont changées , dautres les
changeront encore. Les bornes de çe diélionnaire
ne nous permettant pas d’embraffer toutes ces variations
, nous renvoyons aux ordonnances actuelles
fur l’adminifiraiion & la police des corps.
M a jo r de p l a c e . Cet officier y commande en -
l’abfence du gouverneur & du lieutenant de ro i, &
veille à ce que le fervice militaire s’y faffe avec:
exaélitude.
Touts les majors de place n’avotent pas ancienne*
nernent le pouvoir de commander en l’abfencè du
gouverneur & du lieutenant de roi : mais fous le
miniftère de M. de Louvois, il fut réglé que ce pouvoir
feroit énoncé dans toutes- les commiffions des
majors ; ce qui a été depuis obfervé , à l’exception
de quelques villes , telles que Péronne » Abbeville,
Toulon, & quelques autres où les magiftrats font
en droit , par des privilèges particuliers , de commander
en l’abfence du gouverneur pu commandant
naturel.
MAISON MILITAIRE DU ROI. Loufs-Ie-
Grand eft celui de touts les rois de France de la,
troifième race qui a eu dans fa maifbn & pour la
garde de fa perfonne une milice plus nombreufe »
plus lefte & plus choifie. En remontant jufqu’à
François Ier & à Louis X I I , & depuis Louis X II
jufqu’à Hugues Capet , on ne trouvera rien de
comparable en ce genre. Eft-ce pour le bien du
peuple ?
Je fais ici mention de Louis XII & de François Ier 9
parce que ce font deux princes dont la .magnificence,
pour leur garde , paroît avoir le plus approché
de celle du feu roi. On le voit par les mémoires
manuferits de Robert de la Mark, dit le
maréchal de Fleurange > dont j’ai déjà cité l'extrait »
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& dont je vais mettre ici la fuite pour le dénombrement
de toute la garde de François Ier.
Ci fe divife de l’ état des gardes du roi de France.
Premièrement, il a pour fa garde deux cents
gentilshommes de fa maifon, &c. .
« Après cette garde ., continue le maréchal de
- Fleurange, nous avons les plus prochains du r o i,
vinet-cinq archers Ecoffois ; ce font ceux qu on appelle
aujourd’hui gardes de la manche, qui s appellent
les archers du corps , & ont un fayon blanc à une
couronne au milieu de la pièce devant 1 eftomac ,
& font iefdits fayons touts chargés d’orfèvrerie depuis
le haut jufqu’en bas , & font Iefdits archers
fous la charge du fieur d’Aubigny , & couchent
les plus près delà chambre du roi. Ledit fieur d Au-
bigny eft capitaine de touts les Ecoffois , qui font
cent fans ces vingt-cinq, & encore cent hommes
d’armes qui ne font point compris es gardes . .•
Après ces Ecoffois, vous avez quatre cents arÿ ej s
François qui portent les fayons d’orfevrerie , & de
mêmes gages que les Ecoffois ; & les hoquetons
des couleurs du roi tout couverts d orfèvrerie ,
tout aux devifes du ro i, & font les chefs défaits
quatre cents archers. Le capitaine Gabriel pour
cent, M. de Savigoy cent autres , M. de Cruffol
pour cent, & M. N. l’autre cent ».
Les deux compagnies des cent gentilshommes
faifant un corps de quatorze à quinze cents chevaux
, la compagnie des gardes Ecofîoifes , & les
compagnies des gardes Françoifes faifant plus de
quatre cents hommes , comme le dit le maréchal
de Fleurange . il s’enfuit que toute la garde à cheval
de François Ier étoit de deux mille hommes ,
& qu’elle approchoit pour le nombre de celle du
roi d’aujourd’hui. En effet, le même feigneur parlant
dans un autre endroit de 1 expédition de
Gennes , dit que Louis XII y avoit avec lui dix-
huits cents chevaux de fes gardes ; mais la différence
qu’il y avoit, c’eft que les deux compagnies
des cent gentilshommes n’étoient de quatorze à
quinze cents chevaux que quand cefdites bandes
étoient en armes , c’eft-à-dire en temps de guerre ,
& lorfqu’il étoit queflion de fuivre le roi à l’armée ;
au lieu que les troupes qui compofent la maifon du
roi font toujours fur pied , & entretenues même
en temps de paix.
Ce n’eft que fous le règne de Louis XIV qu’on
a proprement parlé de la maifon du roi comme d’un
corps féparé dans les troupes. Il y en a deux raifons
: la première , que la maifon du roi avant ce
temps-là n’étoitpas fi nombreufe ; chaque compagnie
des gardes- du-corps fous Louis XIII & fous
les rois précédents , n’étoit que fur le pied de
cent hommes ; au lieu que fous le règne de Louis-
le-Grand, par les augmentations qu’il fit depuis la
paix des Pyrénées, les quatre compagnies faifoient
enfcmble un corps de plus de quatorze cents
hommes, & même ils ont été pendant un temps
de plus de feize cents* 11 a aujourd’hui deux com-'
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pagnies de moufquctaires , & il n’y en avoit qu une
fous le roi Louis XIII. Enfin avant Henri IV , il
n’y avoit ni gendarmes, de la garde, ni chevau-
légers de la garde, comme je le dirai en traitant de
ces deux compagnies.
La fécondé raifon pourquoi on ne parloit point
de la maifon du roi comme d’un corps féparé dans
les troupes , eft que les gardes-du-corps n étoient*
prefque point regardés comme un corps de milice,
mais feulement comme une fimple garde dont le
fervice étoit borné aux fondions qu ils exercent
encore aujourd'hui à la cour. Ils n alloient guère*
à l’armée que quand le roi y alloit, & pour y foire
leurs fonctions ordinaires, quoiqu’ils combattifient
aufli dans l’occafion. Sous le roi Louis XIII & au
commencement du règne de Louis XIV , ce n é-
toient point des hommes d’élite ; c’étoient des gens
qui, pour la plupart, s’enrôloient dans ces compagnies
pour être exempts de taille , & jouir des
autres privilèges attachés à cet emploi. Ils achc-
; toient ces places des capitaines ; & cette vénalité
ne fut abfolument abolie qu’en 1664, comme je
le dirai dans la fuite. Le même abus étoit dans les
autres corps de la maifon du roi ; les capitaines
même des gardes-du-corps & les autres officiers
n’étoient pas toujours des perfonnes qui euffent
beaucoup fervi.
Enfin la maifon du roi faifoit fi peu un corps fe-
paré à l’armée comme aujourd’hui, que même à la
guerre de 1667 les chevau-legers de la garde, les
gendarmes, les gardes-du-corps & les moufque-
taires fervirent mêlés parmi la cavalerie légère. On
les mertoit encore alors à la tête des brigades de
cavalerie, & ce ne fùtqu’en 1671 qu’il fut réfolul
que toutes ces compagnies feroient un corps féparé,
qui futappellé la maifon du roi.
Depuis que cette milice eut été mife en l’état où
elle fut depuis, & que Louis XIV y eut fait di-
verfes réformes , qu’il eut remboursé ou dédommagé
plufieurs des officiers , & qu il les eut remplacés
par des gens d’expérience & d’une valeur
éprouvée, ce furent les meilleurs troupes & les
plus redoutables qu’il y eût dans le monde; elles fe
font fignalées dans toutes les batailles & dans
toutes les rencontres où elles ont été employées.
Le combat de Leuze entre autres , fut un prodige
qui furprit toute l’Europe. Vingt-huit efeadrons
commandés par M. le maréchal de Luxembourg ,
la plupart de la maifon du roi , en combattirent
foixante & quinze des alliés, malgré leur vigou-
reufe réfiftance , & leur prirent quarante éteadarts.
Ce haut fait d'armes fut jugé digne d’êrre tranfinis à
la poftérité par une médaille d’un très bon goût ,où
cette défaite eft exprimée , & expliquée par cette
légende : VIRTUS EQUITUM PRÆTORIANO-
R UM , c’eft-à-dire, exploit de la valeur des troupes
de la maifon du t oi. La bravoure des Moufquetaires
dans les fameux fièges qui fe font faits fous ce
règne, leur vivacité & leur intrépidité dans les'
attaques & .dans les affauts, où rien ne leur rv£fo‘