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«’inquiéter en aucune manière les propriétaires, en
retenant les fugitifs indigènes de ces biens-fonds ,
& de ne prendre que les déferteurs fils de vétérans
, les vagabonds , & ceux que leur origine af-
fujettifibit à la milice. ( Id. leg. X , de J . C. 400 ).
Suivant un refcript du même empereur , fi
quelques déferteurs étoient trouvés errants dans les
provinces , ils devoieut être arrêtés & conduits devant
le juge, pour être entendus & mis en prifon
après l’aveu de leur crime. Cet aveu figné par les
criminels devoit être envoyé au préfet du prétoire,
& d’après le procès inflruit, les maîtres de
la milice dévoient décider du fort de ces déferteurs
; fi lorfqu’on vouloit les faifir , ils tentoient
de réfifter à main armée, le prince autorifoir à les
traiter comme rebelles, & à les exterminer dans
leur téméraire entreprise. Il étoit de plus enjoint
aux juges des provinces d’examiner avec foin les
congés & paffe-ports à la faveur defquels ils pou-
voient tenter d’echapper à la juftice. Le même refcript
confirmoit les peines portées contre ceux qui
recéloient les déferteurs. ( Id. leg. X I , Jujlin. I I ,
de J. C. 403 ).
Le même prince autorifa directement touts les
habitants des provinces à fe faifir des. déferteurs ,
ainfi qu’à punir fur-le-champ ceux qui feroient ré-
fiftance ; 8c remit ainfi aux particuliers le droit
d’afîùrer le repos commun , & d’exercer la vindiéte
publique contre les voleurs 8c les déferteurs. Ce pendant
les nouveaux foldats fournis récemment
furent exceptés, afin que les contribuables que les
réglements obligeoient à en payer l’eftimation aux
corps dans léfquels ces nouveaux foldats dévoient
entrer, ne fufient pas grevés de cette fomme ,
pour des hommes qui, à peine enregiftrés, avoient
pris la fuite Les peines contre les recéletirs furent
de nouveau confirmées. ( Id. leg. X I I I 6* X I V , de
J. C. 403 ).
Un autre édit fournit à toute la rigueur des loix
les déferteurs devenus voleurs. ( Id. leg,, X V , de
J. C. 406 ).
Les tribuns chargés de la recherche des vagabonds
& des déferteurs en Afrique , ayant commis
fous ce prétexte, un grand nombre de vexations
& de concuffions , Honorius les fupprima,
en déclarant que fi quelqu’un tentoit encore d’exercer
cet emploi pour avoir une occafion de rapine ,
il fubiroit une peine capitale. ( Ib. leg. X V I I , de
J. C. 412 ).
Quant aux peines militaires portées par les ordonnances
des rois de France, voye{ ces ordonnances
, trop norabreufes peur être rapportées
dans cet ouvrage ; voye{ fur-tout l’ordonnance du
premier juillet 1727, & celle qui a paru en 1786
concernant les déferteurs. Voyeç auffi Duel , D éser
t eu r , &c.
PELOTON. Petite troupe, ou efpèce de divifion
d’une troupe. Voye[ Division.
PELTE. Petit bouclier rond. Voye^ Armes dis
G recs.
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PENNON. Voye£ Pannon.
PERTUISANE. Efpèce de pique. La hampe eft
de frêne , longue de fept à huit pieds ; le fer d’environ
deux pouces à fa partie la plus large , long
de dix huit à vingt pouces , quelquefois canelé
dans fa longueur. Cette arme peut fervir à la dé :
fenfe des retranchements , des remparts & des
vaifleaux.
PETITE-GUERRE. C ’eft celle qui fe fait par détachement
ou par partis, dont l’objet eft d’éclaireT
les démarches de l’ennemi, d’obferver fes mouvements,
de l’incommoder ou le harceler dans toutes
fes opérations, de furprendre fes convois , établir
dos contributions , &c. Les détachements ou les
partis qu’on envoyé ainfi à la guerre font composés
de troupes légères 8c des troupes régulières ,
de cavalerie & d’infanterie , plus ou moins nom*
breufes, fuivant les différentes chofes qu’ils doivent
exécuter. Cette guerre demande beaucoup d’iniel-
ligence & de capacité dans les officiers qui en ont
le commandement. Ils doivent lavoir difiinguer le
fort 8c le foible du camp & de la pofition de l’armée
ennemie, 8t juger des avantages que la nature
du terreinpeut donner, pour l’attaquer oti la furprendre
, Soit dans fa marche ou dans les lieux cù
elle doit fourrager. 11 faut auffi qu’ils fâchent pénétrer
les defleins de l’ennemi par fes mouvements
, 8c qu’ils l’obfervent aflez exa&ement pour
n’être point trompés par de faufiles manoeuvres,
dont l’objet feroit d’en impofer 8c de furprendre
l’armée qui lui eft oppofée.
Des partis ou détachements conduits par des
officiers habiles & expérimentés , font absolument
néceflaires pour la fureté de l’armée. Un général
peut, par ce moyen , n’être jamais Surpris, parce
qu’il eft toujours informé à temps de touts les
mouvements & de toutes les opérations de Son
adverfaire. Il lui rend les communications difficiles
, de même que le transport des vivres & des
munitions , 8c il trouve le moyen d’étendre les
contributions jufqu’à 3 0 ,4 0 , & même 50 lieues
de Son camp.Par le moyen des partis, on afiure
auffi les marches de l’armée , & l'on empêche l’ennemi
de venir les troubler ou les inquiéter.
Lorfqu’il ne s’agit que de Savoir des nouvelles
de l’ennemi, les petits partis font plus commodes
que les grands , parce qu’ils ont plus de facilité à
fe cacher & à roder avec moins d’inconvénient
autour du camp ennemi, attendu la célérité avec
laquelle ils peuvent s’en éloigner ; ces petits partis
doivent être de cavalerie. M. le maréchal de
Saxe ne les vouloit point au deflus de cinquante
hommes. Ils doivent marcher par les lieux les
moins fréquentés & le s plus détournés , fe cacher
ou s’embufquer dans les bois & autres lieux fourrés
de l’armée ennemie , & tâcher de faire-des pri-
fonniers. Ceux qui commandent ces partis doivent
toujours fe ménager line retraite aflurée., & faire
enforre de n’être point coupés & enlevés. On partage
fa troupe en petits détachements qui fe fou,*}
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tiennent les uns & les autres, de maniéré que fi
les™ entiers font enlevés, les autres puiffent fe re-
"Tôrfque les partis ou les détachements font def-
tinés à établir des contributions, & a forcer de pe-
tires villes, châteaux & autres lieux capables de
quelque défenfe , on les fait plus nombreux. Leur
conduite demande alors à peu-pres la meme fcience
& la même intelligence que la guerre qui tei ta
entre les grandes armées. Il faut veiller avec d autant
plus de foin à la confervation de fa troupe &
à éviter les furprifes, qu’on (e trouve environné
d’ennemis de toutes parts ; qu il eft important de
brufqner les entreprifes que l’on fait .pour ne p
donner le temps à l’ennemi de raffemblcr des
troupes pour s*y oppofer, & qu il faut beaucoup
de fermeté 8c une grande connoiffance du pays
pour éluder toutes les difficultés que 1 ennemi Peut
employer pour s’oppofer à la retraite. ( Q. )
PETITS-VIEUX. Sous Louis XIV 8c Louis XV ,
en a ’donné ce nom aux fix régiments qui WË
voient, dans l’ordre d’anciennete , les fix plus anciens
qu’on nommoit vieux corps. Ce nom neit
plus d’ufage.
PHALANGE. Ordre de bataille des anciens Romains
& des Grecs Peyeï T actique. ,
PHALARIOUE. Gros trait qui fervoit a porter le
feu. Tite-Live le décrit ainfi, livre X X I : P balança
érat Saguminis miffile telum , haftili oblongo, tr
cetera tercti , prteterquam a i extremum, ubl ferrum
extabat. E t ficut in pilo quadrqtum injluppâ circum.
ligabant ; linebantque pice. Ferrum autem très m lon-
gum habeat pedes , ut cum amis transfigere corpus
pojjet. Sed id maxime , etiamfi hccfiffetin feuto , nec
fenetraffet in corpus , pavorem faciebat : quoi cum
medium accenfum mitteretur, conceptttm ipfo motu
multo majorent ignem ferret , arma omitti cogebat,
nudumque militem ad infequentes iSlus prabebat.
La phalarique étoit donc un gros trait, & fi gros,
que Silins Italicus l’appelle trabs. Son fer avoit
trois pieds Romains de longueur ; on enveloppoit
le fer, qui étoit quarré, d’étoupes poiflees , on y
mettoit le feu, & on le lançon avec la ballifte
contre les tours de bois appelles fali f^8c contre
les machines de guerre, quelquefois même contre
des hommes dont on perçoit le bouclier, la eut--
r a fle ,& le corps en même temps. LesSagontins
en firent ufage dans la défenfe de leur v ille, comme
le dit Tite-Live cité ci-deflus. ( D. J. ) %
PICORÉE. Sous Charles IX on donnoit ce nom à la maraude. Les troupes, dit la Noue, avoient
obfervé d’abord beaucoup de difcipline ; mais elles
fe portèrent'bientôt aux plus grands défordres ;
chacun fe comportoit comme s’il y avoit eu un
prix propofé à celui qui feroit le plus de mal ; d’où
s’enfuivit la procréation de la picorêe. L’amiral
Coligny ne négligea rien peur maintenir la difcipline
; mais malgré les exemples de févérité dont
il ufoit pour réprimer ce défordre , comme tout le
monde y prenoit part , la noblefte, ainfi que le
p i l m
fiiaple foldat, U ne lui fut pas poffible d’y remédier
entièrement.
PILLAGE. Enlèvement des effets appartenants a
l’ennemi.:. ‘ V '
Le pillage , a6te de peuples barbares, etoit ordinaire
chez les anciens. Une armée Grecque ou Ro*
maine entroit rarement dans un pays ennemi fans
le ravager. Les hifioires font remplies des récits de
ces dévaftations. Cela devoit être^ chez des peuples
pour qui le butin étoit un des principaux objets de
la guerre, & cette barbarie a exifté dans toute
l’Europe jufqu’à ce que les princes ayent eu une
milice réglée & payée régulièrement. Alors on a
obligé les habitants du pays ennemi à fe racheter
du pillage par des contributions. ( K. )
Les loix de la guerre permettent d’abandonnef
au pillage les villes prifes d’affaut ; mais comme
dans le défordre qui s’enfuit il n’eft point de licences
ni de crimes que le foldat ne fe croye permis
, l’humanité doit engager, lorfque les circonf-
tances le permettent, à ne rien négliger pour empêcher
ces horreurs. Oii peut obliger les villes a
fe racheter du pillage, & fi Ion diftribue exactement
& fidellement au foldat l’argent qui peut en
revenir , il n’a point lieu de fe plaindre d aucune
injufticeà cette occafion; au contraire, touts en
profitent alors également, au lieu que dans le pillage
,1e foldat de mérite eft fou vent le plus mal partagé;
ce n’eft pas feulement parce que le hafard
en décide 9 mais c’eft , dit M. le marquis de Santa-
Cruz, qu’un foldat qui a de l’honneur refie à fon
drapeau jufqu’à ce qu’il n’y ait rien à craindre de
la «arnifon ni des habitants ; tandis que celui dont
l’avidité prévaut fur toute autre chofe, commence
à piller en entrant dans la v ille, fans attendre qu il
lui foit permis de fe débander. ^
Outre 1 e pillage des villes, qui arrive très rare-
i ment, il y en a un autre qui produit le relâchement
de la difcipline, c’eft la dévaluation que fait
le foldat dans le pays où le théâtre de la guerre eft
établi ; ce pillage accoutume le foldat a fecouer le
joug de l ’obéiffance & de la difcipline ; l’envie de
conferver fon. butin peut amortir fa valeur, & 1 engager
même à fe retirer ; d’ailleurs , en ruinant le
pays , on le met hors d’état de payer les contributions
, & on expofè l’armée a la difette ou a la fa-
mine. On fe prive ainfi par cette licence,non-feu-,
lement des reffources que le pays fournit pour s’y
foutenir , mais l’on fe fait encore autant d ennemis
qu’il contient d’habitants ; le pillage de tout ce
qu’ils poffédent les mettant au défefpotr, les engagea
profiter de touts les moyens de nuire a ceux
qui les oppriment auffi cruellement.
Le pays où l’on fait la guerre , quelquefois
l’exaffitude de la difcipline qn’on fait obferver aux
troupes , fe reffent toujours beaucoup des calamités
qui en font inféparables, ; c’eft pourquoi l’équité
devroit engager â ne faire que le mal qui devient
abfolument inévitable , à né point ruiner les
chofes dont la perte,n’affoiblit point 1 ennemi, 8c
S üu