
honte & dans l’ignominie* Il eft aifé de fe convaincre
qu’il y a un grand nombre de généraux qui
font tombés dans cette faute , & que c’eft aux
foins de l’éviter, que l’on reeonnoît fur-tout combien
un homme eft différent d’un autre. Le temps
pâffé nous en fournit une infinité d’exemples ».
' ( Hijl. de Polybe , liv. X I , ch. i. Voyeç B a t a il l e ,
G u e r r e & R e t r a it e ), ( Q . )
VIRETON. Efpèce de flèche qu’on appelloit
ainfi , parce qu’elle viroit ou tournoit en l’air par
le moyen des ailerons ou pennons qui lui étoient
attachés. ( D a n . mil, franc, tom,. I , p. 419 )• ( Q. )
VIVANDIER. Homme qui fuit une troupe , &
fe charge de provifions pour vendre & diftribuer
à cette troupe. Les vivandiers doivent camper à la
queue'des troupes auxquelles ils font attachés , &
immédiatement avant les officiers. ( Q? ).
VI VRES. Tout ce qui fert à la fubfiftance ou à
la nourriture de l'armée. Les provifions qu’on fait
pour cet effet, font appellées munitions de bouche.
Les vivres font un objet très inréréffant & très
effentiel pour les armées. Celui qui en eft chargé
eft appelle rnunitionnaire général ; on lui donne aufli
quelque fois .le titre de rnunitionnaire des vivres.
u Celui qui a le fecret de vivre fans manger,
peut, dit Montécuculi, aller à la guerre fans provifions.
La famine eft plus cruelle que le fer , & la
difette a ruiné plus d’armées que les batailles. On
peut trouver du remède pour touts les autres acci- !
dents ; mais il n'y en à point du tout pour le man- j
que de vivres*S’ils n’ont pas été préparés de bonne j
heure, on eft défait fans combattre ». (_Mèm. fur- la
guerre, liv. I , ch, 2. ).
Les fubfiftances font de deux fortes : les unes
f e trouvent dans le pays ; ce font les fourrages,
& fouvent les grains pour des diftributions ; les
autres font celles qui fe tirent de loin ; ce font le
pain le v in, la viande de boucherie , les menues
fournitures de l’armée ; le bois & la paille font
plutôt des commodités indifpenfables que des fub-.
fiftances..
Le général doit avoir une attention particulière
à tenir toujours fou camp exempt de néceffité des
chofes ci-dèfliis dites , parce quelles ont de trop
dangereufes fuites.
Cet article ne mérite qu’une réflexion ; e’èft que
dans ces derniers temps, l’incapacité du miniftre
de la guerre pour la difpofition générale de fes
vivres avant l’ouverture de la campagne , & le
manque de pénétration des généraux employés
pour la difpofition particulière ont fouvent mis
les armées hors d état d’agir-utilement pour le fer-
vice du roi, faute de n’avoir pas jugé avec capacité
&. prévoyance du véritable deffein des ennemis
& par cette raifon de n’avoir pas pourvu affez tôt
2 ce qtf’il falloir pour faire fubfifter les armées dans
Êss pays où il alloit devenir néceffaire de les.
porte?;
Les exemples qu’on pourroit rapporter fur ce
fujet * ne-feroieut d aucune utilité. L fuffit d’aver.-
tir que la bonne difpofition pour radrmniftratkm-
commode des vivres eft une des principales parties
d’un général, fans laquelle il court fouvtjJJt
rifque d’être gêné dans fes mouvements*
Pain-,
La fourniture du pain eft indifpenfahle. Elle fer
fait au parc des vivres qui fuivent l’armée, & doit
toujours être faite d’avance, au moins pour quatre
jours ,. lorfque cela fe peut commodément i car
fouvent l’éloignement des lieux d’où l'on peut tirer
le pain , ou la marche de l’armée d'un pays à
l’autre, force le général à en faire diftribuer pour
fix jours, & même quelquefois pour h u i t lo r s qu'il
prévoit que- l'on en pourra confomm.er une
partie dans le camp où eftd’armée avant que de
; m a r ch e r& qu’on eft obligé d’envoyer les caif-
fons en avance pour rejoindre l’armée dans ut*
nouveau camp. Mais cette diftribution pour fix ou-,
huit jours ne doit jamais être faite fans une nécef-
fité indifpenlable, à caufe de l’abus des fripons qui
vendent leur pain fans favoir de quoi ils vivront
les derniers jours.
Le pain fe cu itp o u r l’ordinaire dans les villes
les plus voifines de l’armée, parce que les fours y
font en plus grande quantité. Il fe cuit aufli fouvent
à l’armée, où l ’on conftruit des-fours, principalement
lorfque les convois font trop difficiles ,
parce qu’une charrette perte en farine le triple de.
ce qu’un caiffon porte en pain. On fournit aufli
quelquefois du bifcuit, au lieu de pain frais; l’u-
fage en eft utile , principalement dans les longues,
marches au travers du pays ennemi..
La rafîoa à vingt quatre onces ne me paroîf
pas affez forte au commencement de la campagne
que la terre n’a encore produit aucuns légumes ,
de je crois qu’il feroit à propos qu’elle ait deux
livres pendant les deux premiers mois.. Les hôpitaux
en feroient furement moins remplis., 8c le
foldat, plus vigoureux, feroit plus en état de fou-
tenir la fatigue. L’expérience n’a que trop fait
connoître que la plupart des jeunes fbkiais ne pé-r
ri fient que d’inanition..
M. de Louvois avoir eu le deffein- de faire fournir
aux troupes deux onces de poudre de riz par-
jour,, pendant les deux premiers mois de la campagne
, & lorfque l'infanterie auroit de grandes
marches à faire au travers du pays ennemi. C e t
ufage auroit été fort utile*.
Viande»
La viande dé boucherie qui, d'ans des derniers;
temps , a été diftribuée aux troupes , eft d’uiîv
excellent ufage, pourvu qu’elle foit bonne & régulièrement
diftribuée*. L’inteadant de l’armée doit
avoir une attention particulière fur ce détail-r dan*
lequel il fe peut paffer une: infinité de friponneries
, dont le malheur tombe toujours- fur le %!.-
dat 7. qui ? par-là „ fe trouve-privé d- fubf i f tance
y 1 v
qui le foutient, quoique le prince en paye à (on
entrepreneur la diftribution régulière.
, La ration de viande pour le foldat eft de demi-
livre ; mais comme les os font compris , 8c que
fouvent on fait la diftribution dans le montent que
les bêtes font tuées , & que par conféquent la
viande eft plus pefame que lorf’qu’elle eft raflife ,
cette fraude tombe encore à la perte du foldat 8c
au gain du boucher. C ’eft une chofe .qui mérite
attention de la part de l’intendant 8c des commif-
faires prépofés à cette diftribution,.
Dans les dernières campagnes , il s’eft introduit
un ufage qui va encore à la fraude de là ration du
foldat, c eft de prendre les boeufs vivans au poids
par eftimation ; fi le fervice fe faifoit régulièrement
, cela ne devroit pas fe fouflrir ; mais les
abus font terriblement multipliés.
Outre cette boucherie generale , if y en a à la
fuite des armées une grande quantité de particulières.
Il faut, ainfi que pour touts les . autres marchands
de l’armée, veiller à leur fureté pour la
joindre, & de plus à leur garde, lorfqu’ils l’ont
jointe , foit dans les marches, foit pour la pâture
de leurs beftiaux.
• |VI. de Le uvois voufoit, à l’exemple des orientaux
, faire diftribuer aux troupes de la poudre de
viande. Comme dans ces pays chauds c’eft le fo-
leil qui a fait cette poudre , ce qui ne pourroit pas
fe pratiquer en ces climats , M. de Louvois avoir
fait faire de grands fours de cuivre capables de
contenir huit bceufs, où il en avoir fait faire des
effais. Sa mort a interrompu cette entreprife, qui,
à ce que je crois , auroit été d’une grande utilité
pour le fervice, en deux cas : dans des marches
au travers du pays ennemi, & dans les places eue
l ’on peut craindre qui foient afliégées , 8c où il fe
trouvé de la difficulté à eonferver longtemps des
bêtes vivantes.
Cette poudre de viande fait de fort bon potage.
Une once bouillie dans l’eau fuffit pour nourrir
quatre hommes , & la livre de viande fraîche
donne une once de poudre.
Du vin f de Veau-de-vie & de la hierre;
Le vin , l’eau-de-vie & la bierre font plutôt une
utilité qu’une néceffité à la fuite d’une armée. Le
gain attire affez de marchands qui les fourniffent. ;
U fuffit qu’on les oblige a fe joindre aux convois
pour être conduits fûrement à l’armée , afin que
leurs enlèvements par les partis ennemis n’en apportent
pas la cherté; & dans les marches, les
marchands de vin doivent être à la fuite des gros
bagages, foit du quartier général, foit des colonnes
particulières des gros bagages des troupes;
c eft tin foin du prévôt & du vague-meftre de 1
Farinée»
Des marchands fuivant Varmée»
Les marchands fuiyant Tannée doivent êtrepro- J
V I V ■ 7 4 9
teges dans le camp , à caufe de la quantité de menus
befoins dont ils la fonlagent.
Il eft inutile d'en diftinguer les différentes ef-
pèces, puifque ce font les différents débits qui fe
peuvent faire dans les armées qui les y attirent &
les leurs font fuivre. 11 faut également pourvoira
leur fureté, tant pour joindre l’armée que dans les
marches , c’eft- encore un foin du prévôt 8c du
vague-meftre..
Des pâtures»
Les pâtures font de deux fortes : torfqu’une cavalerie
eft nouvelle / ou. du moins remplie d’une
grande quantité de jeunes chevaux , fi le fervice
le permet , on aftemble cette cavalerie fur des
ruiffeaux & dans des pays de prairies voifines du
lieu ou l’on veut affembler l’armée, mais à couvert
des infultes de la part de l ’ennemi; & pendant
ïm efpace de temps plus ou moins long , on
met touts les chevaux à l’herbe, afin de leur faire
perdre la inauvaife nourriture qu’ils peuvent avoir
prife pendant 1 hiver , les rafraîchir & les difpofer
à la nourriture du verd , avant que de les- faire
beaucoup fatiguer. Cet ufage eft excellent quand
on le peut pratiquer, & il conferve beaucoup les
chevaux dans le cours de la campagne»
Il y a une autre efpèce de pâture qu’on donné
aux chevaux lorfqu’on eft en corps d’armée, qui
fert a les rafraîchir de la nourriture dès fourrages
en grains, qui les échauffé trop y 8c qui épargne.-
les fourrages.- '
Ces parures fe prennent le long des ruiffeaux
voifins de 1 armée , & même dans les plaines fou-
ragées où il revient de petites, herbes & e eft
toujours avec des gardes générales de tout le-
camp , èc particulières de chaque corps , que l’ont
couvre ces pâtures ; & cela afin que les petits partis
des ennemis, eu même les gros , fi l’on n’y
prenoir pas affez de précaution , ne puiffent pas
venir enlever les chevaux à la pâture.
Quand les pays font propres à la pâture, cela;
eft d’un grand foulage ment pour la cavalerie , qui
n’eft pas-obligée d’aller fi fouvent au fourrage,,
8c au général, qui trouve par-là le moyen’ de fub>-
fifter beaucoup pins longtemps dans fon camp ,
fans être obligé d aller loin au fourrage».
Des légumes.
Il y a encore pour les armées une aûtre effpecé
de fubfiftance que le prince ne pouvoit pas fournir
, au moins tant qu’elles font en campagne ; c&
font les légumes qui fe trouvent dans fo pays’ oui
l ’on fait la guerre.
De ces légumes , il y en a de différentes el-
peces : celles qui /ont lemées ou plantées , & celles
quer.la terre produit fans culture ; celles qui font
lemées ou plantées font les poids , fèves & racines s
celles, quêta terre produit fins culture-,, tôm les
efpeees d herbes ou. racines fa uv âge s y quiiy nac