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avantage Iùï procnroit-elle > Ces deu* articles ehi-
barraffent le comte de Buffy & moi auffi; il faudroit
donc conclure, comme il femble avoir fait, que
la charge de maréchal général des camps & armées du
roi n’étoit qu’un grade qui le difpofoit à la dignité
de connétable, que le roi auroit eu envie de rétablir
Jorfqu’il fit M. de Turenne maréchal général des
camps & armées; ce que j’ai cependant beaucoup de
peine à croire , car Louis XIII avoit fupprimé
cette charge pour de très bennes raifons, & en particulier
à caufe de l’exceffive puiffance quelle don-
noit à celui qui en étoit pourvu ; raifon capable
de faire encore plus d’impreffion fur l’efprit de
Louis XIV que fur celui de Louis XIII, à moins
qu’il n’eût eu deffein de reftreindre l’autorité de
cette charge, comme il fit depuis pour celle d’amiral
de France., de colonel général de la cavalerie ,
& quelques autres. ( Daniel mil. franc. ).
Depuis Turenne , M. le maréchal de Villars a
obtenu cette même charge en 1733 , & M. le maréchal
de Saxe en 1746.
Le maréchal de camp eft l’officier de l’armée qui a
le plus de détail, lorfqu’il veut bien s’appliquer à
remplir touts les devoirs de fon emploi. On peut
dire qu’un officier qui s’en eft acquitté dignement
pendant fept à huit ans de pratique & d’exercice, 1 eft très-capable de remplir les fonéfions de lieute- i
nant-générah
C ’eft fur le maréchal de camp que roule le détail
des campements & des fourrages.
Il eft de jour comme le lieutenant-général, dont
il prend l’ordre pour le donner enfuite aux majors-
généraux de l’armée. Son pofte dans une armée, eft
à la gauche des troupes qui font fous lés ordres du
lieutenant-général & fous les fiens.
Quand lé général veut faire marcher l’armée , il
donne fes ordres au maréchal de camp , qui conduit
le campement & l’efcorte néceflaire pour fa fureté,
aux lieux qui lui ont été indiqués. Lorfqu’il eft arrivé,
il doit envoyer des partis dans touts les endroits
des environs, pour reconnoître le pays , &
©bferver s’il n’y a point de furprife à craindre de
l'ennemi. On ne fçauroit être trop alerte & trop
vigilant fur ce fiijet: mais il eft à propos de ne faire
aller à la découverte que de petits partis conduits
par des officiers intelligents , afin de ne point fatiguer
exceffivement, & fans néceffité, lesjrroupes
de l’efcorte.
Avant de faire marquer le camp , il doit en pof-
ter les gardes, & fur-tout n’en pas trop mettre ; car
c’eft ce qui fatigue extrêmement l’armée , quand
il faut les relever journellement. Il eft abfolument
néceflaire d’épargner aux troupes toutes les fatigues
inutiles ï elles en ont, toujours affez , fans
qu’il foit befoin de leur en ajouter de fuperflues.
Quand les gardes font poftées, & que le terrein
eft bien reconnu, le maréchal de /camp doit examiner
, conjointement avec le maréchal des logis de
1-arméé & les majors - généraux , la difpofition
gu’il veut donner au camp , & obferver de mettre
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les troupes dans le terrein qui leuf convîehf. ! ï
I>rend enfuite les points de vue néceflaires pour
1 alignement du camp. Le maréchal général des logis
fait après cela la diftribution du terrein aux
officiers-majors de l’infanterie & de la cavalerie*
qui en font la répartition aux majors des régiments
, fuivant l’étendue fixée pour le front de
chaque bataillon & de chaque efeadron.
Le maréchal de camp doit s’inftruire des fourrages
qui fe trouvent dans les environs du camp, 8c
rendre après cela compte au général de tout ce
qu’il a fait & obfervé.
M a r é c h a l g é n é r a l d e s l o g i s . Le maréchalgéné-
ral des logis de l’armée, a pour principales fondions * *
de choifir les lieux où l’armée doit camper ; & lorsque
le général a approuvé fon choix, de diftribuer
U terrein aux majors de brigades, qui le diftribuent
aux majors dçs régiments. C ’eft lui qui marque ce
qu’on appelle le quartier-général, le parc de l’artillerie
, de concert avec ceux qui la commandent,
le quartier des vivres , & celui de l’hôpital. Il va
touts lés jours recevoir l’ordre du général, pour
fçavoir ce qu’il aura à faire le jour fuivant. C ’eft
lui qui forme l’ordre de la marche , & le communique
au général. Il y marque tours les lieux par où
les colonnes doivent paffer. Il a fous lui deux fourriers
qui marquent dans les villes les villages où
le quartier-général doit être établi, les logements
des officiers de l’état-major.
Si l’on en croit quelques-uns, cette charge feroi.t
comme un démembrement de celle de grand maréchal
des logis de la maifon du roi : car félon eux ,
( & c’eft ainfi que parle l’auteur de Yétat de /<$
France, de 1708 } , « les marèchajix des logis de la
maifon du roi , qvù font les fubalternès du grand
maréchal fies logis , non-feulement étoient autrefois
chargés du logement du roi & de fa maifon *
mais, encore de loger les armées ».
Je ne crois pas que cela foit vrai : ce qu’il y a au
moins de certain , c’eft que ni dans les provisions
de M. le marquis de Cavois , qui a poffédé la charge
de grand m irèchal des logis, depuis l’an 1677 juf-
qu’en 1716 , ni dans celles de M. le comte de
Foulai fon prédéceffeur, il n’y a rien d’énoncé qui
ait le moindre rapport à cette fopélion ; & cetre
charge ne paroît en aucune façon être une charge
militaire.
La charge de maréchal général des logis de l’armée*
ne me paroît pas plus ancienne fous ce titre , que le;
régne de Louis-le Grand. Avant lui, c’étoient les
maréchaux de camp qui faifoienr les départements
du camp pour l’armée, aidés des majors 8ç des ma-,
réchaux des logis des régiments,
Avant l’inflitution des régiments d’infanterie , il
y avoit des maréchaux des logis dans les bandes tanc
vieilles que nouvelles , & un fourrier- qui étoit
comme leur aide, pour loger & faire camper la
bande. Ces fortes d’officiers ont été de tout temps
néçeflaires dans les troupes ; & avant qu’on y voie
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ïe s n om s qu’ils p o rte n t a u jo u rd ’h u i , Ofl y tro u v e
le u rs fo n d io n s .
Les maréchaux généraux des logis doivent avoir
une connoiffance parfaite du pays où l’on fait la
guerre; parce que ce font eux qui dirigent les
marches , qui marquent le camp fous les ordres
des maréchaux de camp ; qui diftribuent le terrein
que doit occuper l’armée , 8c qui marquent les logements
des officiers-généraux, & def*autres qui
doivent être logés ; c’eft-à-dire les lieutenants-
généraux , les maréchaux de camp , & l’état-major.
Les 'maréchaux des logis de l’armée ont à leurs
ordres les capitaines des guides , dont j’ai déjà
parlé, & les vaguemeftres. Les fondions de ceux-
ci , font de vifiter les chemins par où l’armée doit
pafler, d’affembler touts les équipages les jours de
marche , & de les faire marcher félon l’ordre ordinaire
, en commençant par ceux du général, des
officiers-généraux & des corps, par leur ancienneté
, ou félon l’ordre du campement. Il y a un
vaguemeflre général*, un pour chaque ligne d’infanterie
, un pour chaque ligne de cavalerie, pour
chaque brigade & pour chaque régiment. Le feul
vaguemeftre général eft en titre d’office ; les autres
font choifis dans chaque brigade d’infanterie & de
cavalerie , 8c dans chaque régiment, auquel on
donne deux aides. Ils marchentà la tête des colonnes
Sc des brigades.
Le vaguemeftre général va touts les foirs prendre
l’ordre du maréchal général des logis * pour favoir la
route que les bagages doivent tenir, & enfuite fe
pourvoir de bons guides, & faire avertir les bagages
de chaque brigade, de fe trouver autour de
fes fanions , pour défiler félon le rang & le pofte
des brigades.
M a r é c h a l d e s LOGIS. Bas-officier d’une compagnie
de' cavalerie. ( Voye\ B a s -OFFICIER ) .
Le préfident Fauchet, fur la fin de fon livre des
dignités & des magijlrats de France , dit que les maréchaux
des logis font fort anciens dans les troupes
de France , tantôt fous ce nom de maréchal, &. tantôt
fous celui de fourriers.
Pour le prouver, il fuppofe que ce nom de fourrier
vient de fourrage 8c. de fodrum , qui en effet,
dans la baffe latinité, fignifie du fourrage, & même
en général des vivres pour les foldats. Il cite fur ce
fujet nos anciens romanciers :
Plus d’une lieue font li fourriers couru ,
Et prenant la v itaille qui par la terre fu.
Et un roman d’Alexandre :
Le s foudoyers Monfire , dont quarante en y a ,
Se partirent d’ic i , fitôt qu’il ajourna,
En fourre font allis très que il éclaira.
Et pour montrer qu’on les appelloit auffi du nom
de maréchaux :
Le s maréchaux o ftex livrer
Soliers , cambres délivrer;
Art militaire. Tome III,
M A S i 6 f
En effet , une des fondions du maréchal dts logis .
d’une compagnie de cavalerie ou d’infanterie , étoit
de diftribuer les fourrages & de loger le régiment.
On leur donne encore le nom de fourriers des
bandes déinfanterie, dans les ordonnances de François
Ier & de Henri IL
Il y avoit un maréchal des logis dans chaque régiment
d’infanterie, q u i, outre la fondion dont
on vient de parler & qui lui donnoit accès touts
les foirs auprès de fon colonel ou du major , pour
recevoir leurs ordres , devoit dans une marche aller
prendre l ’ordre chaque foir du maréchal général
des logis de Varmée, pour fçavoir où feroit le rendez
vous , & en informer fon colonel. Cette charge
dans les petits corps, étoit ordinairement exercée
par l’aide-m*jor : ellel’eft aujourd’hui par les fourriers
, fous les ordres des officiers de l’état major.
Il y a auffi un maréchal des logis dans chaque
compagnie de cavalerie & de dragons ; il eft chargé
de divers détails. Outre la diftribution des fourrages
, il doit vifiter fouvent les écuries, & voir fl
l’on a foin des chevaux, fi rien ne manque à leurs
harnois , afin que la compagnie foit toujours en état
de partir au premier boute-Telle. C ’eft à lui à aller
prendre l’ordre chez l’aide-major pour le porter à
fon capitaine 8c aux autres officiers de la compagnie.
Quand la compagnie marche , il eft à la
queue , pour empêcher les cavaliers de quitter-
leurs rangs ; & s’il y a quelque détachement à
faire de la compagnie , il eft ordinairement chargé
de ce foin.
Il y a des maréchaux des logis dans toutes les
compagnies de gendarmerie : il y en a dans les
gendarmes de la garde , dans les chevaü-légers de
la garde , dans les deux compagnies des moufque-
taires : mais ces maréchaux des logis font fur un autre
pied que ceux des compagnies de cavalerie légère.
Il y en a parmi eux qui ont des brevets de meftre
de camp, 8c qui peuvent paffer de*là au rang des
officiers-généraux.
Le titre 8c la charge de maréchal des logis , a été
autrefois dans les compagnies des gardes-du-corps:
Dans le rôle des gardes-du-corps de 1598 , il y a
un maréchal des logis ; dans celui de 1599 , & dans
celui de 1602, il y a trois maréchaux des logis: il
n’y en a plus depuis longtemps dans ce corps.
Cette charge y a ceffé au plus tard quand on y a
multiplié les aides-majors qui font chargés du détail
, les uns de tout le corps, les autres de chaque
compagnie. ( Daniel, mil. franc. ).
MARQUEUR. Bas-officier ou foldat que le maréchal
général- des-logis de l’armée envoyé au lieu
deftiné pour le quartier-général , pour marquer les
maifons propres à fervir de logement aux officiers
de l’état-major , fuivant leurs grades. Ils marquent
les portes de ces maifons avec de la craie.
MARQUISE.. Tente qui couvre celle qu’on
nomme canonière. ( Voyc^ T e n t e ).
MASSE. Somme deftinée à l’habillement &
l'équipement d’une troupe, ainfi qu a leurs répa