
5 7 $ . S U B
Combien faut-il de garnitures d’uftenfiles de
four ? Il en faut 6 par four.
Combien de garnitures d’uftenfiles de maga-
fin ? 80.
Récapitulation des voitures qu'un même pays ejî
• obligé de fournir & de mettre en mouvement dans
le même temps, pour fubvenir à l'emploi journalier
que fait une armée , l'armée fuppofée de 97,963
hommes, à 36 lieues.
Voitures à fournir Voitures à mettre en
par jour. mouvement pour fubvenir
à la fourniture
journalière.
< Vivres l ~. Z Z
Artillerie . . . .
Hôpitaux. . .
Effets du roi .
Fourrages du
quartier général.
Troupes . . .
Officiers généraux
. . . . .
Fourrages à
raffembler . . .
453. •.
7 4 • •
60 . .
20 . .
75 •• . . . . . 3 7 5
2 7 6 ..
xoo. . . . . ; 100
780 i . : . 3120
Total Tôt. 10,02.7
Les détails que nous venons de tranfcrire, &
ceux que nous offrirons encore à nos leéieurs dans
le cours de cet article, font extraits d’un traité complet
fur les fubfifiances militaires , compofé pour
les enfants d’un des grands généraux de nos jours,
par un des hommes des plus inftruits fur cette
branche importante de l’adminiffration de la guerre.
Ilferoit bien à délirer que ce traité fût rendu public
par la voie de l’impreffion. Nous allons effayer
d’en donner une idée*
Parmi les confeils que l’auteur donne à fes
élèves , on trouve celui-ci : « s’il eft important au
fuccès des opérations militaires que le détail de
touts les fervices foit furveillé par celui qui commande
l’armée , afin qu’il puiffe être affuré de
leur- exécution , il eft dangereux pour le même
homme de trop s’appefantir fur le détail des différentes
adminiftrations. S’il doit donc connoître le
mécanifme des différents fervices, c’eft moins
pour s’en occuper lui-même , que pour pouvoir
apprécier juftement lès hommes qui en font chargés
fous fes ordres : lorfqu’il fe fera bien affuré de
leur intelligence & de leur honnêteté , il leur accordera
fa confiance , il les' laiffera les maîtres de
leurs difpofitions ; il fe trouvera toujours mieux
de cette conduite, que s’il entreprenoit de tout
prefcrire lui-même >>.
« Qu’il fe perfuade qu’un homme capable , qui
n’eft occupé que d’une feule chofe, doit la faire
plus aiféjmerir & plus furement que celui qui, par
eft fprçé d’çn e/nlyraffer pliifieurs ; qu’il fe
tienne pour affuré que ce même homme » chargé’
d’un fervice, doit être, & eft prefque toujours
auffi jaloux de fon plan de fubfifiance, que lé général
lui-même l ’eft de la réuffite de fes projets.
Enfin qu’il .veuille bien fe perfuader que l’honneur
eft de touts les états , & que le plus fur moyen de
l’inTpirer aux hommes , c’eft de ne pas même fup-
pofer qu’ils puiffent jamais y manquer.
1 « S i , après une pareille bonté , quelqu’un étoit
affez malheureux pour s’écarter des principes qui
le conftituent , qu’il foit puni fans miféricorde,
mais fans fcandale 6c fans déshonneur pour ceux
qui ne font pas dans le même cas ; les fautes étant
perfonnelles , les punitions doivent l’être auffi ».
La première des connoiffances néceffaires à celui
qui veut former un projet pouf les fubfiflances
militaires d’une armée, c’eft de connoître, dans
le plus grand détail , i°. la çompofitipn de l’armée
qui doit s'affembler ; 20. le traitement que
l’état fait à chacun des membres qui la compofent;
30. la nature de la guerre que l’on veut faire ;
40. le pays qui doit lui fervir de théâtre. C ’eft fur
ces connoiffances diverfes que doivent., être fondés
touts fes calculs , que doivent être appuyées
toutes fes opérations. Ces connoiffances acquifes,
il doit s’occuper à s’affurer des fonds néceffaires à
l’achat des objets qu’il doit raffembler , & à la
paye des hommes qu’il doit employer.
Le pain étant la première & la plus néeéffaire des
denrees , l’auteur du traité fixe fur cet objet fa
première attention.
P a i n d e m u n itio n .
« On appelle pain de munition , un pain compofé
, félon l’ufage des troupes Françoifes , de
trois quarts de bled-froment, & d’un quart de
feigle , fans aucune extra&ion du fon qui provient
de la mouture ».
« Nous difons , félon l’ufage des troupes Françoifes
, parce qu’il eft des puiffances qui ne fubf-
tantent leurs foldats qu’en pain de pur feigle, &
d’autres qui les fubftantent en pain de pur froment;
celles qui donnent à leurs foldats du pain de pur
feigle , le donnent en farines blutées , c^eft-à-
dire avec extraélion d’une portion de fon , & en
donnent deux livres par jour par homme ; celles
qui donnent du pain de pur froment le donnent
pareillement blutés ; mais la ration a différents
poids ».
« Le pain , en France , fe diftribue à raifon d’une
livre & demie par jour , pour chaque homme
d’infanterie , cavalerie , huffards , & foldats des
troupes légères ».
« Cette portion de pain attribuée à la fubfifiance
; de chaque foldat, s’appelle ration , & c’ eft par ce
nom qu’on défigne la quantité de portions d’une
livre & demie chacune qui fe confomme dans un
ou plufieurs jours ».
u Les rations ne forment point des portions par '
ticulières
ticulières de pain, féparées les unes des autres :
pour la facilité des fabrications, on fait des pains
de trois livres l’un , qui fe trouvent par leur poids
compofer jufte deux rations , ou deux portions «
d’une livre & demie chacune, & l’on diftribue à
chaque foldat deux de ces pains ainfi fabriqués
qui,compofant quatre portions d’une livre & demie
ou quatre rations , doivent lui fervir pour la fub-
ffiance de quatre jours ».
« La difficulté de faire arriver aux armées le pain
ainfi fabriqué , comme l’embarras de le faire prendre
par les troupes , & celui de le leur diftribuer,
ont donné lieu fans doute à cet ordre de diftri-
bution de quatre jours en quatre jours : mais il fe
trouve en même tems combiné avec la charge qui
en réfulte pour le foldat : celui-ci, obligé de porter
fon pain en route , fe trouve à la vérité chargé de
fîx livres en fus du poids de fon armure & de fes
effets, lorfqu’il marche au jour de diftribution ;
mais auffi lorfqu’il ne marche que le lendemain,
il porte une livre & demie de moins , & le fécond
jour il n’eft plus chargé que de trois livres de pain ,
ainfi de fuite par proportion, & fi cette charge
eft une gêne pour lu i, elle lui en épargne auffi une
autre qui feroit d’aller plus fouvent à la diftribution
; joint à ce que les journées de diftribution font
prefque entièrement perdues pour les opérations
militaires , parce que la majeure partie des troupes
fe trouvent occupées à aller prendre leurs fubjîf
tances ».
« II réfulte de ces confédérations, que la fréquence
des diftributions , lorfqu’elles font pour moins de
quatre jours , font un embarras pour la troupe, &
une gêne pour le général ; & fi elles étoient de
plus de quatre jours , elles deviendroient une fur-
charge réelle pour le foldat, dans le cas de marche
; le terme de quatre jours pour renouveller
les diftributions , eft donc , à tous égards , le plus
convenable, comme le plus ufité »„
Après ces notions préliminaires , l’auteur d it,
revenons fur nos pas pour confidérer la compofi-
tion inrrinfèque du pain de munition. Nous avons
vu qu’il eft fabriqué avec trois quarts de farine de
froment & un quart de farine de feigle ; le premier
de touts les objets à examiner eft donc le
choix des grains.
Nous ne fuivons pas notre auteur dans les détails
qu’il donne fur cet objet & fur quelques
autres de même nature ; nous nous bornerons à
donner le titre des chapitres de fon ouvrage. Les
militaires peuvent abfolument fe paffer de ces connoiffances
, & nous ne pourrions point en dire
affez ici pour inftruire les hommes qui fe dévouent
à fervir l’état dans l’adminiftration des
fubfiflances militaires.
L’auteur du traité parle du choix des grains ; de
leur achat ; des commiffionnaires aux achats ; du
choix des magafins & de leur emplacement ; de
l’entretien des grains ; de leur mélange ; de leur
monture , de la confervation des farines 3 des foncer*
militaire. Tome l l l .
fions des gardes-magafins ; des uftenfiles à l’ufage
des magafins , & des facs vuides* Après avoir jetté
fur touts ces objets une vive lumière, il paffe à
la fabrication du pain. Il parle d’abord de la fabrication
du pain de munition ordinaire, puis de celle
du pain bifcuité, & enfin de celle du bifcuit. Il
enfeigne la meilleure manière de conftruire les
fours ; il donne des détails inftru&ifs fur la conf-
tru&ion des bâtiments, des travaux, fur celle des
magafins à pain , fur celle des magafins.à farine & à bois pour les travaux. Il parle de la cuite & de la
recuite des fours , de la manière de les chauffer ,
& du bois néceffaire à ces opérations ; des gages
des boulangers ; des uftenfiles à l’ufage des fours ;
de l’ordre de comptabilité du chef des travaux. Il
s’occupe enfuite des hommes employés aux fubfif»
tances militaires ; il trace leurs devoirs , leurs
droits , & il montre les qualités qu’ils doivent
réunir. Il parle du munitionnaire ou régiffeur général
; du direéleur des vivres ; du garde-magafin
& contrôleur ; des aides - gardes-magafins ; des
chefs & commis aux travaux ; des commis chargés
des boulangers ; des commis chargés des ouvriers
aux conftruélions ; des employés des équipages ;
du bureau des tréforiers & caiffiers , & de la comptabilité
en général. Après avoir épuifé ces objets-,
l’auteur traite des emplacements propres à l’éta-
bliffement d’un travail de campagne. Nous allons
nous arrêter un inftant fur ce dernier article ,
qui peut être utile aux membres de l’état-major
de l’armée.
C h o i x des emplacements propres à Tétablijfement d'un
travail de campagne.
« Les éîabliffements pour les travaux des vivres-
en campagne, font toujours déterminés par les
ordres du général, quant à la ville ou à la place
de guerre où il juge à propos qu’ils foient établis ;
mais quant à l’endroit particulier de la place que
l’on choifitpour y conftruire, le plus ou le moins
de convenance ou de facilité le détermine prefque
toujours ; cependant le choix de ce lieu n’eft:
rien moins qu’indifférent ».
« Il ne fuffit pas que des travaux foient renfermés
dans une place ; il faut encore , autant qu’il
eft poffible, qu’ils foient à l’abri d’y être infultés ;
qu’on .ne puiffe pas y mettre le feu du dehors de
la place ; qu’on ne puiffe pas y interrompre le
travail. Il convient qu’ils foient à portée de l’eau ,
& d’une eau falutaire & faine ; il faut donc, autant
qu’on le peut, les éloigner des tanneries , des
boucheries , des latrines, des égouts , des abreuvoirs
; ou , s’il faut néceflairement qu’ils s’en trouvent
avoifinés , il faut au moins les placer dans des
points fupérieurs à toutes ces ufines ; s’il n’y a pas
de rivières , ruiffeaux ou fources naturelles dans
le lieu, il eft indifpenfable d’y conftruire des puits ;
l’on ne peut être trop attentif à ce que ces puits
foient toujours propres & exempts d’immondices
».
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