
prifcs pat le jour avant d’avoir exécuté leur projet.
La Noue rapporte -que pendant la première
guerre de religion,les prOreftaritsde France,commandés
par le prince de Condé, manquèrent de fur*
prendre l’armée catholique , parce qn’abufés- par
leurs guides , ils arrivèrent beaucoup trop tard devant
le camp e'nnémr.. -
En 1708 la furprife-de la ville de Tortofe manqua
aulli par une erreur des guides qui conduifoient
les Allemands; ;
Ces faits, & une infinité d’autres dont l’Kiftoire
a confervé le fouvenir, ont infpiré aux écrivains
didaéliques les préceptes fuivants.
Dès le moment où vous verrez la guerre inévitable
, vous mettrez fur pied une compagnie de
guides pour chacune des armées que vous voudrez
former,
L’état-major de cette compagnie fera compofé
d’un capitaine , d’un ou deux lieutenants, de deux
fergents , de deux caporaux , de deux appointés &
de vingt-cinq ou trente fufiliers guides, moitié à
cheval & moitié à pied.
Les fondions des différents membres de l’état-
major de la compagnie des guides confiftenf à raf-
fembler, choifir , former, fournir & garder les
guides.
Le choix des perfonnes qui doivent compofer
l ’état major de la compagnie dès guides eft inté- :
reffant ; tout ce qui entre dans cet état-major doit
avoir les qualités & les connoiffances dont on a
donné une idée dans l’article Capitaine dès ;
G uides. Voyeç ce mot.
Des officiers , des bas=ôffickrs & des foldats qui,
dans les guerres précédentes , ont fervi dans les
troupes légères, font ordinairement très.propres à
former l ’état-major des compagnies des- guides. . .
L ’état major de la compagnie des guides formé ,
c’eft à lui à choifir les guides dont elle doit être
compofée.
Vous proportionnerez le nombre de guides aux
qualités du pays dans lequel vous vous trouvez,,,
& la quantité plus ou moins grande de détachements
que votre armée fournira.
Les meilleurs guides font ceux qui font nés dans
le pays où vous faites la guerre, ou qui l’ont habité
pendant longtemps : parmi ceux-ci vous donnerez
la préférence aux petits marchands qui courent de
village en village , aux contrebandiers , aux chaf-
feurs, & aux perfonnes deffinées à empêcher la
contrebande. Tous ces gens - là connoiffent le s .
gués, les ponts, les routes à travers les bois &
jufqu’aux plus petits fentiers ; ils font d’ailleurs accoutumés
à la fatigue & ils fupportent avec facilité
les ardeurs du foleil & les rigueurs du froid.
Pour vous affurer que les guides ont les connoiffances
qu’ils difent avoir, vous les interrogerez fé-
p.arément, mais fans appareil , ayant fimplement
j ’air de cauferavec eux.. Vous comparerez leuri différents
récits l plus ces récits auront dé côijcdr-
dance entre eux, plu; vous pourrez leur donner
G U I
de confiance ; vous comparerez auffi les réponses
des guides avec les • cartes-.topographiques dont
vous ferez pourvu , oc. s'il règne un grand accord
entre les cartes & les réponfes des difîérents guides
, vous ferez prefque affuré qu’ils faveut en effet
ce qu’ils difent favoir.
Affuré des connoiffances des guides , vous chercherez
à pénétrer leurs qualités morales ; un guide
adonné au vin peut vou^ égarer avec facilité; un
guide trop intéreffé eft prêt à vous vendre; un guide
fans bravoure né reconnoît plus le chemin qu’il
doit fuivre, quand il doit le choifir à la lueur du
feu des ennemis.
On peut d’ailleurs tirer de la connoiffance du
caraélêre d’un guide des induélions fur la qualité de
la marche: s’il eft hardi, entreprenant, la marche
eft moins belle qu’il ne le dit ; s’il eft timide ,,
craintif,,le chemin eft plus favorable qu’il ne le
fuppofe.
Lorfque vous aurez connu les qualités morales
de vos guides , vous chercherez à fçavoir. quel eft
. le degré de confiance que vous pouvez accorder à
i leur fidélité. Un homme né fujet du prince à qui
. vous faites la guerre , croit, en vous égarant, fer-
vir fon roi Si Ion pays ; celui qui a une religion
' différente de la votre croit , en vous trahiffant,
; s’affurer une couronne célefte. Autant que vous lè
pourrez , cho.ififfez donc pour guides des fujets de
votre prince ; des hommes dont-vous ayez mis la
fidélité à l’épreuve, ou qui ayentun grand intérêt
à voir le fuccès couronner votre entreprife.
Quelque confiance que méritent vos guides ,
vous n’en prendrez pas moins avec eux les précautions
fuivantes.
Vous exigerez qu’ils vous donnent pour otages
les objets que vous croirez leur être les plus chers,
leurs femmes, leurs enfants & leurs biens. Vous
leur laifferez entrevoir de grandes récompenfes
j s’ils font fidèles, & de grandes peines s’ils né le
I font point. Vous.les menacerez de la deftru£fioii de
leurs maifons & de la dévaluation de, leurs biens ;
'j vous leur montrerez une mort affurée pour eux.&
1 pour les. otages qu’ils vous auront donnés. Comma>
ils pourroient cependant oublier ces menaces au
moment où l’êfpoir de s’évader brilleroit à leurs
yeux , vous les remettrez toujours ou entre les
mains de deux hommes de l’état-major de la compagnie
des guides qui vous en répondront fur leur
tête, ou entre celles de .deux bas-officiers de vos
troupes. Ceux-ci les garderont à v u e , & même à
l’approche de la nuit & à celle de l’ennemi, ils les
attacheront avec de petites chaînes de fe r , ou au
moins avec des cordes.
Vous traiterez les guides avec bonté ; vous leur
donnerez une paye çonfidérable ^.vous leur fournirez
des chevaux toutes les fois que les expéditions
auxquelles vous les employerez l’exigeront.
A 'rnefure que vous avancerez dans le pays ,
vous renverrez les guides que vous aurez pris fur
les derrières; lespayfans ne connoiffent bien que
le pays qui entoure leur chaumière. Quand vous
renverrez les guider ,vous leur donnerez avec fidélité
les récompenfes que vous leur aurez promifes.
Quand vous interrogerez les guides, vous entremêlerez
avec affez d’art les queftions intéreffantes
d’un affez grand nombre d’indifférentes , pour
qu’ils ne puiffent point deviner quel eft; le véritable
but de votre marche, Quelqu’adreffe que vous
ayez mife dans vos queftions , il n’en fera pas
moins prudent d’enfermer celui à qui vous les aurez^
faites , afin qu’il ne pujffe ni s’évader , ni parler à
perfonne. C ’eft là un des principaux fervices que
vous tirerez de vos fufiliers guides.
Quand vous interrogerez les guides fur les qualités
des chemins , vous leur ferez les queftions que
nous indiquerons dans l’article reconnoissance
militaire , paragraphe des chemins. Vous oe vous
eu rapporterez jamais , comme nous l’avons dèj.a
dit, au témoignage d’un fèulguide, d’abord , parce
qu’il peur avoir L’intention de vous tromper , &•
enfuite parce que les perfonnes qui n’ont aucune'
.connoiffance de la guerre ne favent pas diftinguer
les chemins qui font bons pour de l’infanterie, de
.la cavalerie , 011 des bagages. .
Vous aurez foin de ne point laiffer dormir vos
guides.pendant la marche, & de les empêcher de
boire avec excès,
Vous donnerez deux guides au moins à chaque
colonne , ou à chaque détachement. Un marchera
.à la tête de la colonne , & l’autre vers le centre ;
les guides de la même troupe ne fe connoîrront jamais.
Si celui de la tête s’égare ou vous trompe, le
fécond vous remet dans la bonne voie. La multiplicité
des guides eft encore néceffaire , afin de
remplacer ceux qu’l pourroient être tués ou grièvement
bleffés. ’ .
Toutes les fois que vous marcherez pour Surprendre
une ville , vous aurez des guides chargés
de vous indiquer les chemins ; d’autres de vous
conduire aux brèches,aux aqueducs , ou aux portes
; & d’autres de vous mener dans l ’intérieur de
la ville. Ces derniers doivent connoître les rues
qui conduifent à la citadelle, à la place d’armes,
chez le commandant, &c. Voyeç Surprise. Chacun
des détachements deftinés à une de ces diffég
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rentes opérations doit avoir deux guides au moins.
Vous devez , dans cette derrière çirconftance, raf-
fembler vos gufdes plus feçréteruent encore qu’à
•L’ordinaire,.&: les cacher avec plus de foin que
dans tout autre moment. Voyeç Surprise. {c S.
L’armée ne doit jamais être dépourvue d’un
grand nombre de guides. Il faut, po’j r cet effet
charger de ce foin un homme d’efp.rit qui, par fes
converfations avec les guides, qr/i feront pris dans
le pays , en acquière une parfaite connoiffance. Il
doit les entretenir féparément, les confronter en-
fembîe lor/qu’ils ne conviendront pas , & tirer
d’eux la vérité par la douceur autant qu’il eft po/fi-
ble , quelquefois auffi par les menaces.
Les guides doivent être . bien nourris & bien
payés. Le capitaine des guides doit être pourvu
d’une quantité de chevaux pour monter lefd. guides;
lorfqu’on les fait fortir avec des gens à cheval ,
ils doivent être gardés , principalement après qu’ils
-auront été intèrrogés fur la connoiffance d’un pays
où l’on n’a point encore pénétré , afin qu’ ils ne
puiffent donner aucun avis des chofes fur lefquellcs
ils auront été interrogés.
Ces guides doivent auffi être renouvelles à me-
fure qu’on pénèire dans le pays ennemi. Chaque
colonne dans fa marche doit avoir au moins un
guide à fa tête , lequel il faut faire garder, afin qu’il
ne s’échappe pas , principalement dans les marches
de nuit, afin de ne point tomber dans l’embarras
de ne pouvoir fe conduire, il faut même alors avoir
deux'guides , & les faire garder & marcher féparément.
Que fi l’on peut croire qu’on trouvera l’ennemi
, il faut même faire lier les guides, parce qu’il
eft fort naturel de croire que la crainte du péril
leur fera faire touts leurs efforts pour s’échapper.
( Mém. de Feuquieres ).
GUIDON. Etendard de la gendarmerie. On
’ donne auffi le même nom à l’officier qui le porte.
GUIS ARME. Efpèce d’épieu. Nos anciens auteurs
le nomment auffi gifarme , jaifarme , & ju -
Jarme. On lit dans le roman de Rou :
Et vous avez lances aguës , -k
Et gaifarm.es bien émolues.
H A B
H ABILLEMENT , ÉQUIPEMENT & AR-
ME MENT des troupes. Ces trois dénominations
expriment colleâivement les divers effets uniformes
qui fervent à habiller , à équiper Sx. à armer les
cavaliers , huffards, dragons & foldats. Nous donnerons
ci-après des devis détaillés de ces effets.
Cette opération doit fuivre immédiatement celle
des enrôlements, dont nous traiterons dans un ar-
d e particulier; Voye{ Levée des T roupes , &pré*
H A B
céder celle des exercices, matière approfondie an
moins dans les préceptes & dans la théorie. Voye^
Exercice, Evolution-.'Toutes trois par un concours
mutuel tendent à l’amélioration- de la police,
de l’a r t, & du méchanifme de la guerre.
Dans notre ancienne inftiturion militaire , prefque
touts les corps étoient livrés à une routine arbitraire
qui fe plioit aux caprices des colonels , & per-
pétuoit les défeâuofités & les abus. Un miniftre
A i j