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bien diftribuée pour qu’ils ne fulleilt pas fou vent fur
le pavé comme à préfent.
N. B. Il feroit trop fatiguant pour fo i , & trop
faftidienx pour les autres , d’entrer ici dans des détails
fur toutes les friponneries que fe permettent
les entrepreneurs des fourrages & leurs commettants
, & fur la qualité & fur la quantité, poids ,
mefure , &c. ainfi que lur les retranchements .que
donnent certains chefs de corps fur la nourriture des
chevaux, fur-tout fur l’avoine , à laquelle ort fubf-
titue diifon, fous le prétexte tr'opYbuvent fpeéieux
de fe procurer par-là des moyens de fubvenir à
certaines dêpenfes qu’on s’eft permifes mal-à-
propos.
Logement.
En général , les écuries dont on fe fert pour
les chevaux de la cavalerie , font baffes , mal-faines,
point aërées”, affez vafles.
Travail, panfement, maladies. •
Avec de meilleures écuries , le ménagement
dans le travail, un panfement plus, foigné , une
nourriture plus abondante & meilleure, on préviendrait
infailliblement ces épidémies qui gagnent
dans beaucoup de régiments , & (mi ne font que
la fuite de la dangereufe manière dont on fe con- i
düit ën couchant mal les chevaux , en lès pâilfant à
l ’eau , lorfqu’ils ont encore chaud, en les fai font
rentrer fuants à l’écurie , & les y laiffânt refroidir
au lieu de les panfer en ne féparant point des
autres ceux qui jettent; en négligeant des rhumes'
eu des goiirrriës a ceux qui commencent à en-'
avoir, & ç .; dés officiers înftruits , foîgnëiix, &
chargés fpécialement detoutsrces objets , décide-'
rôient bien vite les officiers Si les cavaliers'à ri’à Voir1
plus aucune de çës négligences fi pernicieufes,'
& coaferveraient par-là beaucoup de chevaux.
Harnois , réforme , remonte.
Il feroit bien inutilë de s’arrêtera prouver èonï-
bieri il feroit ëffenrîel que. les écuyers fuffent chargés
de veiller à la manière dont on fait les harnois:
des chevaux : il ne faut pas regarder comme une
chofe indifférente à leur confervation , la manière
dont leurs brides & leurs felles font faites, ainfi
que la manière dont elles vont à leur bouche Si fur
leur corps..-. Quant aux réformes & aux remontes ,
fi il ne pouvoit être qu’utile qu’aucun cheval ne
fût réformé qu’avec l’attache des écuyers, combien
davantage feroit-il effentiel qu’on ne reçût aucun
cheval de remonte qu’après qu’il auroit éré fçru-
puleufement examiné par les écnyers.
Exercices. -
Ce qui ne contribuerait pas moins à la confervation
des chevaux, ce feroit de ne plus fe permettre, 1
MAN
comme on l'a fait jufqu’à préfent d’excéder les chevaux
par des manoeuvres forcées , qui les mettent
bientôt prefque- tours hors de Service.... Ofons le
dire , avec le pas, & des réprifes de trot très
courtes , on parviendrait très fur è'ment à -rétablir
1 entemble on à 1 augmenter. Ces fortes de manoeuvres
auroient le double avantage de former les
hommes & de fortifier les chevaux ; au lieu qu’ac-
tuellement on les énerve ’tout de fuite par le trot &
|le galop, qu’on fe permet de leur faire prendre
tropi tôt ^continuer rrapilongtempsi... Des chevaux
biëri drèffès acquiereiu indubitablement la force ôc
la docilité qui donnent’ lès moyens d’exécuter les
manoeuvres lès plus vives , fans en être altérés,
pourvu qu’on les leur faffe faire rarement.
N. B. Lé cheval de guerre doit être dreffé comme
celui de çhaftè. S i , avant d’avoir été:, longtemps
préparé au travail par des marches très longues , au 1
;pas , 8c des reprifts de trot‘très courtes , on1 lui
» fait faire des manoeuvres trop- -longuesau lieu de
.fe procurer un cheval capable des plus gràndés-fatigues
, par l’exercice modéré de fes membres , on
; les énerve, & on les met bientôt hors d’état de pouvoir
jamais fervir.
M^is il ne fuffit pas d’avoir fait appercevoir en
partie tout le-bien qui dèvroit fiiivre de la création
d une placé d écuyer & de fous-écuyer dans chaque ■
régiment dès troupes-à cheval1; il refte èncore â
indiquer les'moyens les<meil!èurs & les plus fûrs
pour fe procurer des fujets feuls capables de bien
remplir ces différentes places. . - :
Jufqu’à préferi:, !e’eft parmi meffieurs les pages
du roi, de l'une & l’autre écurie , qü’ori a choifi
Iles*écuyers cavalcadours, ceux aux coureurs , &
ceux èhargés de l’école d’équitation ; & on - fait
combien ,' parmi lès différentes perfonnes qui ont
occupé ces différentes placés, il s?eft trouvé fouVent
d’excellents hommes de cheval , ainfi que -dés
hommes qui-ont répandu les plus'grandes lumières
fur l’art de l’équitation.. . . ce- feroit donc parmi
meffieurs les pages de l’une & l’autre écurie , qu’ori
choifiroit les fujets deftinés à remplir les places
qu’on propofe, & à occuper , exclufivement à-touts
autres , à l’avenir, les places qui viendraient à -vaç-
quer... Meffieurs lespagés étant tours très bien'nés ,
à portée de recevoir chez le roi ùnè éducation peu
commune, ayant un nom à Soutenir, défireux fou-
vent de gloire, de réputation & d’avancement, fe
trouvant à portée d’être plus aifémeht•dnftruits
dans les manèges de la. grande écurie,' font fans
contredit préférables à tours -les autres.
N. B . Mais comme il potirroir être trop long
d’attendre qu’on eût formé parmi meffieurs- le s 1
pages , des écuyers 8c des fouj-écuyers pour touts
les régiments des troupes à cheval, on pourrait
d’abord demandera meffieurs les colonels & infpec-
teurs de cavalerie , de défigner dans leur régiment
ou infpeélion , ceux de meffieurs les officiers dont
ils font très contents, q u i, étant fortu des pages ,
ont continué de s’appliquer avec fûceès à l ’équitation,
MAN
tion \ afin que fi ils y confentoient, on pût les envoyer
à Ver failles pour y paffer quelques mois ,
& y être remis à runiformké des principes & à
rinÜruéUon de ce qui pourrait être relatif à la
nouvelle place qu’on leur deftineroir. Dès que
chaque régiment auroit un écuyer, il pourrait at-
tçndre qu’on lui envoyât un fous-écuyer, objet
qui fe remplirait fuccdïivement dès qu’il fe trou-,
veroit des fujets parmi meffieurs les écuyers élèves.
Dans la première éducation des trois ans ' de
ineffieurs les pages , meffieurs les écuyers du manège
indiqueraient à monfieur le grand écuyer ,
ceux d’entre ces meffieurs qui à la ftruélure, la
bonne volonté , l ’application , l’affiduité au travail
dans les manèges, la fpéculation au dehors, joindraient,
de l’aveu des gouverneurs , Un cara&ère ,
des moeurs , de l’aptitude , de l’application , des
connoiffances, & une conduite fans reproche....
Les pages choifis , & dont on fixerait le nombre ,
défignés. fous le nom d’écuyers-élèves , continueraient
de relier dans leur écurie refpedive , jouiraient
des mêmes prérogatives que les premiers
pages, & ne fer oient tenus qu’à certains exercices
dont on conviendrait , 8c examinés à la fin de
chaque année, foit fur la pratique & la fpéculation ,
foit fur leur manière de fçavoir dreffer un cheval ,
fur les connoiffances qu’ils auroient acquifes en
hipiatrique, foit fur celles relatives à tout ce qui
peut regarder un cheval, & les différents objets
dont ils devroient être chargés dans iin régiment....
Si après deux ou trois ans, on s’appercevoit aux
examens , qu’il y eût parmi les écuyers-élèves,
des fujets , ou qui ne répondraient pas par leurs
progrès à ce qu’on avoit efpéré, ou qui auroient
développé des vices ou des défauts qu’on ne leur
avoit pas connus , on les placerait tout de fuite
dans un régiment, à l’inftar des autres pages qui
fortent des écuries lorfqu’ils y ont fait leur temps. •
Chaque année il y auroit un concours parmi
les écuyers-élèves, après lequel on pourrait donner
des marques diftinélives à celui ou ceux qui
auroient prouvé le plus de connoiffances acquifes
depuis le dernier concours.
Quand il y auroit une place à nommer , on
donnerait à chacun des deux écuyers élèves reconnus
les plus forts , un ou deux chevaux à dreffer ,
après en avoir bien conftaté l’état, afin de pouvoir
mieux juger en fui te jufqu’à quel point de perfection
l’auroit mené celui qu’on auroit chargé de le
dreffer; on nommerait celui qui, d’après les fuf-
frages de meffieurs les écuyers & des gouverneurs
, feroit confirmé par monfieur le grand-
écuyer.
. N. B . A peine fe feroit-il écoulé quelques années
après cet établiffenient , que meffieurs les écuyers
auroient déjà trouvé dans chaque régiment, parmi
les cavaliers ou leurs bas-officiers , un affez grand
nombre de fujets diftingués & inftruits pour pouvoir
les choifir afin d’en être aidés. Us poufferaient
ce nombre jufqu’à deux par compagnie, auxquels
Art militaire, Toute III»
MA N 233.
on donnerait des diftinélions , une paye plus
forte , & la dénomination d'écuyers-adjudants....
Leur bonne conduite , leur application , leurs pro-.
grès , feraient la raifon qui déterminerait à leur ac-,
corder touts les agréments , toutes les douceurs &
touts les égards dont ils feraient fufceptibles.
C’efl: en dire affez fans doute pour faire appercevoir
touts les avantages du projet qu’on propofe :
mais nous ne fçavons pas réfiffer en finiffant à
l’envie de faire fentir que par ce projet, on remédierait
à touts les maux dont on vient de
parler.
Décidé à ne confier qu’à meffieurs les écuyers-
élèves , FinllruêUon dans touts les corps des troupes
à cheval , & le maintien des bons principes ,
i° . on fentiroit plus que jamais combien il ferait
effentiel d’établir dans les manèges de la grande
écurie, des principes clairs , fimples, aifés, invariables
& uniformes.... 2°. - La même raifon nécef-
fiteroit une plus grande fpéculation, 8c une pratique
plus continue.... 30. On ferait parvenu à fe
procurer de grands moyens d'émulation &de ré-
compenfe.... 40. Enfin , on auroit affuré un éta-
bliffement q u i, étendant dans le royaume les connoiffances
fur l’équitation , procurerait l’infiruélion
& la confervation des chevaux de toute la cavalerie.
( Le chevalier de Strvan, major d’infanterie').
MANGAN ou MANGONNEAU. Machine à
jetter des traits & des pierres.
« On voit , dit le P. Daniel, dans Ykifioire de
: la milice françoife , les mangonnaux mis en ufage
| fur la fin du règne de Charles V , 50 ans après
qu’on eut commencé à, fe fervir du canon en
France. On les voit encore bien avant dans le règne
de Châties "VI, où, avec les bombardes ou canons ,
il eft fait mention de ces autres machines fous le
nom d'engins. Les' engins & bombardes , dit Jean
Juvenal des Urfins, en parlant du fiège de Ham ,
que le fire Bernard d’Albret défendoit contre Jean ,
duc de Bourgogne , furent ajjis, & tiraient bien
chaudement. On jettoit, dit-il plus bas , dans la villa
de Bourges , par le moyen des engins , grojfes pierre#
qui faifoient beaucoup de mal aux habitants n.
MANIEMENT DESARMES. Le but qu’on fe
propofe dans cet exercice, eft d’apprendre au foldat
à tirer promptement & jufte. Il ne faut pas s’écarter
ici de ce qui mène droit à ce but, pour chercher
ce qui eft plus ou moins gracieux , & par confé-
quent arbitraire. .
Si plufieurs hommes formés en troupes, placés
l’un près de l’autre, & occupant chacun 18 pouces
en quarré feulement, n’exécutent point enfemble
les différents mouvements néceffaires pour manier
le fufil, ils fe heurteront, s’embarrafféront; leurs
mouvements feront plus lents ; ils tireront moins
jufte, 8c n’atteindront point l’objet que l’on fe propofe
, celui de tirer promptement 8c jufte. C ’eft
donc cet enfemble effentiel qn’il faut rechercher. Il
\ dépend de trois chofes ; de la compofmon du ma-
I niement d?armes, de l’exécution 8c de l’idftruélion.