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mais il pourroît arriver que , fagement rigoureufe
comme elle l’eft fur l’obfervarion des loix fondamentales
, elle foutînr que toute impofition eft monopole
, quand elle n’eft pas prononcée par l’autorité
légitime , par une loi revêtue de toutes les
formes que l’inftitution du gouvernement a pref-
crites , que nos fouverains ont fi fouvent recommandées,
& dont leur gloire & leur intérêt'leur
crient fans ceffe de ne jamais s’écarter. J’écouterois
avec un profond refped cet oracle de la vérité; &
je lui rendrois, en la confeflant hautement,' le
plus pur hommage qu’elle puiflé attendre. Oui ,
touts les bons’ citoyens le publient de même , il
faut une loi q.ui autorife les corvées, qui apprenne
aux fujets que le fouvérain ne veut & ne cherche
que leur bonheur, qu’il n’exige de leur amour
pour la patrie, que la contribution dont chacun eft
tenu fuivant fes forces & fes facultés, mais qui
n’en veut difpenfer aucun qui ne le foit par l’ancienne
lo i, afin que le poids de l’impofition devienne
plus léger pour chaque particulier, quand
il fera réparti fur plus de têtes. Les intendans font
les plus intéreftés à la folliciter cette lo i, qui leur
rendra la confiance des peuples & portera le calme
par-tout ; jufques-là il fera toujours trifte pour ces
magiftrats, que leur obéiftancq les expofe à la cen-
fùre des facrés dépolirai res du droit commun , &
que la calomnie du premier audacieux oie s’en faire
un prétexte pour femer des libelles contre leur
probité. J’eflayerai donc moi, foible & inconnu ,
mais impartial & ami du vrai, citoyen adorateur
du bien public, & brûlant de zèle pour le fervice
de mon prince, j’eflayerai de crayonner les difpo- i
filions de cette loi falutaire ; foumife à l’examen j
fcrupuleux d’un miniftre éclairé, elle recevra de
lui la lumière, la force & la dignité que je ne pour-
rois lui donner , & l’acclamation des peuples en
bénira la promulgation.
On met donc très injuftementla corvée des chemins
au rang des caufes de la dépopulation, puif-
que ce n’eft point par elle-même qu’elle peut
nuire , mais uniquement par l’abus qu’on en fait,
ce qu’on peut dire des meilleurs établiffements.
Ce reproche peut être fait à la guerre,„fléau le plus
deftruâeur dans nos climats , parce qu il y eft le
plus fréquent, & que fur cent hommes qu’il enlève
£ l'agriculture, il ne lui en rend pas ’dix; il peut
& doit être fait à l’inftruéfion gratuite , qui rend le
payfan orgueilleux, infolent, pareffeux,plaideur,
qui luffait regarder le travail avec dédain , & l’incline
à fe tirer de fon état pour devenir liuiffier ,
clerc , commis aux aides & aux gabelles, ou à
prendre le parti du cloître, au point que fi l’on re-
cherchoit la généalogie de touts les moines & religieux
, on trouveroit que la charrue en fournit plus
de la moitié ; c’eft-là qu’on peut dire hoc fonte
derivata clades. J’ai lu dans une critique fort aigre
de l’efprit des loix , que l’ignorance n’eft bonne à
jri en ; propofition abfurde, qui contredit les faits
au fens propre & au figuré ; dans le premier, le
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bonheur du bas peuple dépend de fon ignorance}
qui entretient en lui la pureté du coeur , par la fiai»
plicité de Tefprit, & ne lui lailie 'contre les ennuis
& les dégoûts de la vie, que l'heureufe reffource
du travail qui le nourrit. Ceft pour lui que la fa-
gefte a prononcé cette fentence : beati qui littera-
turas n o n cognofcent. Dans le fens figuré, l’auteur
n’avoit certainement pas confulté les frères ignorants
; ils lui auroient appris que leur inftitut eft le
premier du monde dans l’art d’acquérir , & que ce
corps lourd écrafera dans moins de cent ans celui
des fciences & de la belle éducation, fi le ciel permet
qu’ils fubfiftent jufques-là l’un & l’autre.
Le luxe eft aufii accufé, à jufte titre , d’être un
des plus grands ©bftaclesà la population ; mais je
n’ai lu nulle part que dans "les raifons qu’on en
donne, on ait fait entrer celle de l’inftruétion gratuite
, quoiqu’elle foit un de fes arcs-boutants , par
la manie qu’on a de ne plus engager aucun do-
meftique qui ne fâche lire, écrire 6c calculer ; d’où
il fuit que touts les ecfans de laboureurs fe faifant
moines , commis des fermes ou laquais , il n’eft
pas furprenant qu’il n’en refte plus pour le mariage
ni pour l’agriculture.
Mais loin que la corvée nuife à la population ,
je foutiens qu’elle fera propre à l'encourager ,
lorfque l’effroi de cet impôt fera banni par la piété
du légiflateur, & que les peuples Tenvifageront
d’an oeil tranquille & ferein; La corvée entretiendra
le payfan dans l’habitude du travail, & l’empêchera.
pendant les faifons mortes , de fe livrer à
la parefle & au libertinage , deux caufes certaines
de la dépopulation. J’entends toujours la corvée
modérée, telle que l’établira la loi que je propofe,
& qui feroit digne du fuffrage public , quand elle
n’auroit d’autre mérite que de réprimer le commandement
arbitraire, & de mettre les peuples à
portée de fe plaindre , fi quelqu’un ©foit la violer.
En l’attendant avec toute l’impatience d’un
homme qui fent vivement ce qu’il exprime de bonne.
foi , j’oferai dire que pour le bien du royaume ,
cette loi devroit être générale pour toutes les provinces.
Je fuis bien éloigné d’oppofer même le
doute à l’équité des privilèges dont jouiffent les
pays d’états ; mais je ne crains pas de leur manquer,
en foutenant qu’ils font fournis à la police
générale du royaume , & que la loi municipale n’a
pas le droit d’enfreindre celle du bien commun.
Q u ’ils fe régiffent pour l’impofition & la répartition
des chargés , pour l ’adminiftration de leurs
deniers , &c. ; il n’y a , dans Ces exceptions , aucun
inconvénient contre l’ordre général de la fo-
ciété ; mais que les états de Languedoc , par une
délicatefîe dont la bonté ne diminue pas les effets
pernicieux , ‘ne veuillent point ufer des corvées
dans l’étendue de leur gouvernement, tandis que
la Bretagne & la Bourgogne les emploient; qu’à
l ’ombre de ce privilège j qui rend ce travail odieux
dans les généralités , on faffe.attendre plus de
trente ans des routes qui euffent pu être faites en
p o s
fix ou fept années, & dont l’imperfe&îon arrête
tout court le commerce de trois provinces ; qu il
me foit permis de le dire, c’eft une charité mal
entendue , & qui mérite d’être avertie par le ma-
giftrat fuprême dont touts les fujets font également
les enfants. Que fous le même prétexte d’une
adminiftration privilégiée , ces états réduifent à la
largeur des fentiers celle des plus grandes routes ,
fans y être autorifés par le légiflateur , l’ordre n’en
fouffre pas moins ; mais je finis fur cet article, fâchant
qu’il me refte encore à rendre compte des
ouvragés de deux autres départements des ponts
6» chauffées. ( Ejfai fur les ponts 6* chauffées par M.
Boulanger ).,
POSE. Sentinelles conduites par un bas-officier.
On nomme pofe montante les femtinelles qui vont
être pofées en faéfion ; pofe defcendanie , les fenti-
nelles qui viennent d’être relevées & font ramenées
à leur pofte.
POSTE. Lieu occupé par un corps de troupes
deftiné à le défendre. Ce corps de troupes peut
être de quatre hommes , commandés par un bas-
officier; il peut aufliêtre une armée. Un pojle eft
bon & avantageux , lorfque la défenfe en eft
aifée & la retraite fure ; il eft mauvais & non tenable
, lorfque l’attaque en eft facile , qu’il eft
commandé, qu’on peut l’envelopper fans difficulté.
Relever un pojle , c’eft relever les troupes qui
l'occupent.
On nomme pojle avancé, celui qui èft le plus
près de l’ennemi, & le plus éloigné du corps duquel
la troupe qui l’occupe eft détachée.
P oste d ’h o n n e u r . C ’eft celui qui eft jugé le
plus périlleux. On donne les pojles d'honneur aux
plus anciens ou aux premiers régiments. Les flancs
des lignes dans la formation de l’armée étant les
endroits les plus expofés & les plus dangereux ,
font les pojles <£honneur de l’armée.
Il y a dans l’infanterie quatre pojles d'honneur.
Le premier eft la droite de la première ligne ; le
fécond eft la gauche de cette même ligne ; le troi-
fième, la droite de la fécondé ligne ; & le quatrième
, la gauche de cette ligne. Cependant, par
un ancien ufage , le régiment des gardes , qui eft
le premier régiment de France , fe place toujours
au centre de la première ligne.
A l’égard de la cavalerie , comme elle eft divi-
fée en deux corps, favoir , de la droite & de la
gauche , elle a huit pojles £ honneur, dont les quatre
premiers font les mêmes que ceux de l’infanterie ;
le cinquième eft la gauche de la première ligne de
l ’aile droite ; le fixieme eft la droite de la première
ligne de l’aile gauche ; le feptième , la gauche de
la fécondé ligne de l’aile droite ; & le huitième eft
la droite de la fécondé ligne de l’aile gauche.
( Dans les différentes brigades de l’armée , les
régiments fuivent la même règle entre eux , c’eft-
a-dire, que le premier ou le plus ancien fe met à la
dtoite de la brigade ; le fécond à la gauche ; le
Art militaire. Tome III,
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troîfième & le quatrième , s’il y en a un quatrième,
fe mettent au centre.
Dans les brigades qui ferment la gauche, des
lignes, la jauche eft le pojle d’honneur ; ainfi le premier
régiment occupe cette place, & le fécond la
droite, &c. ( Q. )
POTERNE. Faufle porte fituée dans le milieu
des courtines & fous le terre-plein du rempart ,
pour communiquer aux ouvrages extérieurs. On
en place aufîi à l’angle de la courtine ou près de
Porillon.
POUVOIRS. Patentes que le roi accorde aux
lieutenants généraux de fes armées ; celles des maréchaux
de camp font des brevets , mais les patentes
des lieutenants généraux s’appellent des pouvoirs
; ils ne peuvent pourtant pas fervir ni commander
en vertu de ces feuls pouvoirs ; car, quoiqu’ils
foient donnés pour toute la vie , il leur faut
cependant à chaque campagne une lettre du prince,
qui s’appelle lettre de fervice ; qui eft adrelfée au
général fous lequel ils doivent fervir, fans quoi il
leur feroit inutile d’aller à l’armée, car ils n’y fer
roient pas reconnus. ( D. J. )
PRÉVÔT. Officier d’épée & de juftice , chargé
de procurer dans une armée la fureté,publique 9
d’arrêter les vagabonds , déferteurs, fuborneurs ;
de conno-ître des crimes & délits commis par gens
de guerre , comme vols , maraude, inflation de
fauve-garde , violences, logement fans commif-
fion, &c. Voyei ordon. de 1356, 15 13, 15 5 6 ,
1573, M77> 1586, 1594» 16 1S, 16 33, 16 5 4 ,
&c. roye:i le diéfion. de Jurifprudence.
PRISON. Lieu deftiné à renfermer les foldats
coupables de quelque faute ou délit.
Lesprïfons doivent être falubres , bien aérées *
tenues proprement. Il feroit à défirer qu’elles fuftenc
folitaires, c’eft-à-dire, que chaque homme y fût
feul. Les cachots fouterreins, obfcurs , humides >
meurtriers , devroient être proferits. Le plus grand
avantage de la fociété eft l’objet de la peine. Son effet
doit être de prévenir la récidive de l’homme qui
lafubit, & la contagion de l’exemple pour fes fem-
blables. La peine qui atteint ce but eft fuffifante*
Mais fi on enferme un homme dans un lieu où fa
fanté s’altère, où il peut devenir perclus, où fa
vie même eft menacée, la peine eft injufte, en ce
que le prifonnier fouffre au delà de ce que l'intérêt
de la fociété exige ; elle eft nuifible en ce qu’elle le
rend moins capable de fervir enfuite cette fociété ,
& quelquefois l’y enlève par la mort. Cependant il
faut que la prifon foit allez dure pour qu’on la . re»
doute, affez courte pour n’altérer ni la fanté ni les
moeurs.
Chez les Romains les coups tenoient lieu de pri
fon ; en ce point leurs officiers étoient defpotes &
leurs foldats efclaves. Le même efprit, q u i, en général
, ‘eft celui des militaires , a voulu introduire
cette peine en France ; la nation en a été indignée ;
je défire qu’elle le foit toujours.
PRISONNIER DE GUERRE. ( Droit de U
l i i