
4 4 4 " RÉC
Alexandre, après la bataille d’Iffe , fit donner la
fépulture aux morts en prefence de toute l’armée
fous les armes, fit lui-même l’éloge de ceux qu’il
avoit vu combattre avec courage, ou dont il avoit
appris les adions de valeur par la voie publique ,
8c les honora par des préfens , chacun fuivant fon
mérite ; il fit ériger des flatues dans Dium, ville
de Macédoine, à vingt-cinq foldats de la troupe
des amis , qui avoient été tués au paffage du Gra*
nique ; fit rendre les derniers devoirs à ceux qui
avoient péri dans cette bataille, & déclara exempts
d impôts, de tributs & de touts fcrvices perfon-
nels leurs pères , leurs mères & leurs enfants. ( là.
47— 48 ).
Lorfqu’étant à Ecbatane il congédia fes cavaliers
Theffaüens, il leur donna deux mille talents au-
delà de leur folde , ( 12,000,000 liv. ). ( Id. I. I I I ,
P, 2 0 6 ; le talent ~ 6OOO liv. ) .
A Suze, il diftribua des couronnes d’or à ceux
qui s’étoient diftingués par leur courage, & paya
les dettes de toute fon armée , qui fe montèrent,
dit-on , à vingt mille talents, ( 120,000,000liv.)
449),
A l’attaque de la Pierre en Sodgiàne, il promit
douze talents à celui qui monteroit le premier dans
la fortereflê , une moindre au fécond , enfuite au
troifième , & au dernier trois cents dariques ,.
( 7820 liv, )..( Id. I. IV s p. 282 ; le darique , 26 1 .
1 ƒ )•
Il renvoya dix mille foldats que leur âge ou des
bleffures avoient mis hors d’état de fervlr outre
leur folde entière, quoique leur temps ne fût pas
fini, il leur, donna l’argent nèceffaire pour leur
retour & un talent à chacun. ( 60,000,000 liv. ) Id.
i . r i i , P. 464).
Des Romains.
Si aucune difcipline ne fut plus févêre dans fes
loix pénales & plus attentive à les maintenir , aucune
ne fut plus grande & plus magnifique dans
fes récompenjes. Elles étoient proportionnées à la
grandeur des avions , & pour en augmenter l’éclat,
le prix , par la folemnité , le général les diftri-
buoit en préfence de l’armée. Il louoit chacun de
ceux qui les avoient mérités , rappelloit fies belles
adions précédentes , & faifoit le récit de celles
qu’il alloit récompenfer. Quelquefois les légions
elles mêmes décernoient le prix du courage ou de
la fcience militaire. ( P lin. I. X V I , c. 3. Polyb. I.
n ,c . 37 ).
Celui qui, en délivrant une troupe entourée par
l ’ennemi, confervoit à l’état plufieurs citoyens ,
recevoit la couronne obfidionale \ elle fut d’abord
d’herbe verte, & enfuite on la fit d’or. L’armée de
Minucius , délivrée par le-didateur L. Q . Cincin-
natus , décerna une couronne d*or à fon libérateur.
( P l in . L X X I I y c. 4. Liv. I. I I I , c. 29 , de R. 295 ,
av. J. C. 458 ).
Lorfque le tribun Décius, en occupant une col-
RÉC
line qui dominoit le camp des Samnites , eut délivré
l’armée Romaine engagée imprudemment dans
un défilé,& qu’entouré lui-même par l’ennemi,
il fut revenu au camp du conful, fans perdre un
feul homme, l’armée tranfportée de joie de. ces
généreux citoyens , qui fe font expofés pour elle ,
fe précipite au-devant d eu x , les loue, les félicite ,
rend grâce au c ie l, les appelle fes fauveurs, fes
libérateurs ; & lorfque les Samnites , attaqués en*
fuite par les confeils de Décius, eurent été vaincus
, ce conful affemblant l’armée, loua le courage
que le tribun avoit montré avant & après le combat,
& outre les autres dons militaires, lui donna
une couronne d’or & cent'boeufs, dont un de couleur
blanche & plus grand que touts les autres ,
avoit les cornes dorées. Les légions approuvant
cette rêcompenfe par leurs acclamations , mirent
elles-mêmes fur la tête de Décius la couronne obfidionale,
& les foldats du détachement qu’il avoit
commandé lui en donnèrent une fécondé ; ces
mêmes foldats reçurent du conful chacun deux
boeufs, deux tuniques , & double ration de froment
à perpétuité. Enfuite Décius portant fur la
tête la couronne obfidionale, immola un boeuf de
la plus grande taille au Dieu Mars, donna cent
boeufs à fa troupe , & les légions ajoutèrent à ce
don celui d une livre de farine, & d’un feptier de
vin pour chaque foldat. ( Id. L V I I , c. 36 & 3 7,
de R. 410, av. J. C. 343 ).
Dans la fécondé guerre punique , le fénat & le
peuple Romain décernèrent cette couronne à Q.
Fabius Maximusi, pour avoir délivré Rome ; &
dans la guerre contre les Cimbres , elle fut donnée
à C. N. Teins Atinas qui fervoit dans l’armée de
Catulus , ce brave homme voyant fa légion enfermée
dans le camp ennemi, "& le principle héfiter,
le tua, faifit l’aigle, fortitdu camp avec la légion ,
& la ramena faine & fauve. On lui accorda de
plus l’honneur de facrifier auprès d’un petit feu ,
( foculo accenfo ) , au fon de là flûte , & vêtu dé l'a
prétexte. Elle fut auflî décernée à L. Sicinius Den-
talus, & à M, Calphurnius, pour avoir délivré en
Sicile dans la première guerre punique, Régulus
& fon armée. ( Julug. I. V , c. 6 , de R. 536 , av.
J. C. 217. Aulug. I. I V , c. 18. Plin. L XXII% c.
5 , de R. 657 , av. J. C. 102. Ib. de R . 496 , âv. J.
C. f . 257 ).
Après la couronne obfidionale , la civique êtoît
la plus honorable. Elle fut d’abord de chêne verd
( iléx ) , enfuite de l’efpèce de-chêne nommé efcu~
lus, & confacré à Jupiter, puis de chêne commun
( quercus ) , enfin de toute efpèce d’arbre glandi-
fère que l’on rencontrait , en ayant feulement
égard au fruit. Elle‘étoit donnée à celui qui fau-
voit un citoyen, fait Romain , foït du nom Latin
; celui-ci couronnoit lui-même fon libérateur ;
6 s’il ne le faifoit pas volontairement, les tribuns
l’y obligeoient ; il devoit, pendant toute fa v ie ,
l’honorer & le refpeder comme fon père. Maffu-
riusSabinus, auteur militaire, cité par Aulug elle-,
RÉC
difoit qu’on ne donnoit la couronne civique à celui
qui fauvoit un citoyen , que lorfqu’il avoit tué un
ennemi, & confervé la place où il combatton.
Pline parle auflî de cette condition , & il paraît
qu’elle fut nèceffaire jufques fous l’empire, puifque
Tibère ayant été cônfulté à l’égard d’un foldat qui
avoit fauvé un citoyen & tué deux ennemis , mais
qui n’étoit pas refié au lieu du combat, répondit
que ce foldat lui paroiffoit avoir mérité la couronne
; parce qu’il avoit confervé un citoyen en
un lieu ii défavantageux , que ceux qui combat-
toient courageufement avec lui , n’avoient pu lé
conferver. { f l in . l . X V I , c. y P o ly b .l. V I , c. 37.
Lepf L V , dialog. 17 ,ƒ>. 3 34* Aulug. I. V , c. 6 ,
fejl. in corona ) . _
Dans la guerre contre Tarquin , Marcius , Co-
riolan combattant aux yeux du général, & voyant
un foldat tomber près de lu i, le défendit, repouffa
& tua l’ennemi qui l’avoit bleffé, & s’élançoit fur
lui. Le didateur, après fa vidoire , décerna la couronne
de chêne à Marcius. Jules Cæfar obtint cette
couronne au fiège de Mitilène. ( Plutarch.p. 214.
E. de R. 257, av. J. C. 496. Sueton. c. 2 ).
L’aveu du citoyen fauvé étoit nèceffaire ; tout
autre témoin inutile ; on n’obtenoit point la couronne
en fauvant un auxiliaire, fût-ce même un
roi. Sauver un général n’ajoutoit rien à cet honneur
; les inftituteurs l’avoient mis à fauver un citoyen
, quel qu’il pût être. On l’avoit rendu perpétuel;
quand le libérateur paroiffoit dans les jeux
publics , touts les fpedateurs fe levoient, & le
fénat lui-même. Il avoit place auprès des fénateurs ;
à la guerre il étoit exempt des travaux &c du fer-
vice ordinaire ; fon père & fon aïeul paternel jouif-
foient de la même exemption. « O moeurs l'ii-
blimes ! s’écrie un ancien , qui recompenfoient de
tels fervices par les feuls honneurs ; qui, ajoutant
le prix de l’or à d’autres couronnes , ne voulurent
mettre à aucun prix femblable la confervation d’un
citoyen, & déclarèrent ainfi que fauver un homme
pour un vil intérêt, c’étoit une efpèce de crime ».
( Plin'i loco citât0. ) .
La troifième couronne étoit la murale, deftinée à
celui qui, dans l’attaque d’une v ille , montoit le
premier fur le rempart, malgré les efforts des af-
fiégés. Elle fut de feuilles d’arbres dans les premiers
temps ; Romulus en décora Hoftus Horti-
lius, aïeul du roiTullus, parce qu’il; avoit pénétré
le premier dans Fidène. Dans la fuite on la- fit
d’or, ainfi que la quatrième, nomméevallaire ;on
donnoit celle-ci à celui qui s’ouvroit le premier
un paffage dans un camp attaqué. La murale étoit
diftinguee par des créneaux, la vallaire par des
paliffades. JLorfque Sylla força le camp d’Arche-
laüs auprès d’Orchomène, Baffle y entra le premier,
& reçut dès mains du général la couronne
vallaire. ( P lin. ibid. Appian. Mithridat. p. 203.. D.
204. A , de R. 667, av. J. C. 86 ).
Les autres aélions de valeur avoient auflî leur
rêcompenfe, Le fénat & le peuple firent élever fine
RÉC 445
fiatu e à H o ra th is C o c l é s , 8c lu i d o n n è r en t au tant
d e te rre s q u e le tra v a il d ’u n e charrue p e n d an t u n e
jo u rn é e p e u t e n c ir c o n fc r ir e . A p r è s ces m a rq u e s
h o n o ra b le s d e la re co n n o iffân c e p u b liq u e , ch a cu n
s’empr.efl'a de lu i e n d on n e r de pa rticulières ; les
plus p a u v r e s , p o u r y c o n t r ib u e r , fe pr ivè ren t d e
leu r n o u r r itu r e . ( Liv. I. I l , a 10 , de R , 246 , av.
J. C. 507 ). '• : 1
L e c ou ra g e de C l é l ie fu t r e c om p e n fe pa r un e
fia tu e éq u e itre v ê tu e d e la to g e , & p la cé e au haut
d e la v o ie fa c r é e . C e fu ren t le s p è res des je u n e s
fille s q u ’e lle a v o it d é liv r é e s qu i firen t é le v e r c ette
fia tu e à leu r s f r a is , a v e c la p e rm iflïon du p e u p le .
( Liv. ibid. c. 13. Plin. I. X X X IV , c. 6. Dyonif. I.
r,p. 3 0 3 ) . .
O n é rig ea des fia tu es équ eftre s à C am i lle & à
C . M oe n iu s , qu i a v o ie n t d é fa it & fourn is l ’un le s
T ib u r t in s , l’autre les L a tin s . L o r fq u e Q . M a rc iu s
T r ém u lu s eût v a in cu trois fo is le s H e rn iq u e s &
les eût fo u rn is , o n lu i é rig e a u n e fiatu e é q u e fir e
v ê tu e de la to g e ; e lle fu t pla cé e dans le fo rum , d e v
a n t le tem p le de C à fto r . ( Liv. I. V I I I , c. 13 , de
R. 415 , av. J. C. 333. Id. leg. IX , c. 43. Plin. L
X X X IV , c. 5 , de R. 447 , av. J. C. 3 0 6 ).
U n e autre rêcompenfe d u m ême g en re , é to it u n e
co lo n n e é rig é e en mém o ire d ’un e v ic to ire c é lè b r e .
C e t h o n n eu r fur d é c e rn é à C . M é n é n iu s , p o u r a v o ir
fournis les L a t in s , & à Ç . D u i iliu s , qu i rem po rta
le prem ie r fu r le s C a r th a g in o is , u n e v id o i r e nav
a le . C e fu c c ès in efp éré cau fa tan t d e jo ie au
p eu p le R om a in , qu ’ il p e rm it à D u i iliu s de fe faire
1 pré c éd er par des flam b e au x & d es jo u eu r s de
flûtes , en fie retirant ch e z lu i après le fo u p e r ,
c om m e f i , p e u con ten t d ’un fe u l tr iomp he , il eû t
î v o u lu le con tin u e r touts les jo u rs d e fa v ie . ( Plin.
/. X X X IV , c. 6. Cato. ap. Cicéron. Flor. I. I l , c. 2 ,
de R. 492 , av. J. C. 261 ).
L a pe inture fe r y ir auflî à pe rp é tu e r le s a& ion s
m ém o ra b le s ; M . V a lé r iu s M e fla la fit rep ré fen te r
dans un tab leau fu r un des c ô té s d e la cu rie ho fti-
lie , la v id o i r e qu ’il rem po rta en S ic ile fu r les C a r tha
g ino is . L e s in fer iptio n s é to ie n t au flî un m o n u m
e n t d es v id o i r e s , d es ad io n s d e v a le u r , & des
récompenfes q u ’e lle s o b ten o ien t. ( Plin. L. X X X V ,
de R. 490, av.J. C. 263 ).
Le citoyen qui fe difiinguoit par un courage éminent
, recevoit une couronne d’or. La première fut
donnée par le didateur Aulus Pofthumius , à celui
qui avoit le plus contribué à la prife du camp des
Latins , près du lac Régille. T. Manlius , qui feul
entre touts les jeunes Romains , s’offrit pour combattre
le Gaulois, & quHe vainquît, reçut des
mains du didateur T . Quintius, ce prix de fon
courage. Le conful Lucius Lentulus décerna cette
couronne à Serg. Cornélius Mérenda, après la
prife d’une ville des Samnites. ( Plin. I. X X X I I I
c . 2 , de R . 2 5.7 , av. J . Ci. 4 9 6 . Liv. I . V I I , c . 10 „
de R . 292 , av. J. C. 361. Plin. lo,c. fit. de R. 4 78 ,
av. J. C. 27 5 ).- .
D e m êm e q u e la c ou ro n n e murale r a p p e llo it ,