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Seconde manière, en y établiffant des cavaliers de
trancher.
Si l’ennemi, après avoir établi fa place d’armes,
au lieu d’attaquer le chemin couvert par une induite
générale, avance des bouts de tranchée le
-long des capitales prolongées, pour s’approcher de
la paliffade jufqu’à mi-glacis, & que delà il s’étende
à droite & à gauche pour.contourner les angles
/Taillants, on pourra prendre.cette manoeuvre pour
un ligne certain qu’il veut vous en chaffer par le
moyen des cavaliers de la tranchée, qu’il adeffein
de faire pour enfiler & plonger le chemin couvert.
A ceci on pourra oppofer lés batteries biaifes
-de canons, difpofées d’avance fur les faces des bafilions
; pour cet effet, il faudra ouvrir les embra-
fures la nuit même qu’il élevera fies cavaliers ,.pour
être en état de-les battre dès le matin. Comme ces
cavaliers ne fieront faits qu’avec de petits gabions
de tranchée , pofés l’un fur l’autre, & garnis
de facs à terre 8c de fiaficines à la hâte, il fiera ai fié
de les rendre inutiles en peu de temps , la première
fois ; mais comme les batteries.ennemies ne manqueront
pas d’attaquer les nôtres, & qu’ils travailleront
de toutes leurs forces à rétablir & fortifier
plus folidement leurs cavaliers , on n’y gagnera
plus qu’une journée ou deux de retard. Après'cela
•il rie reliera plus qu’un moyen aux affiégés, pour
retarder la perte des grands angles faillants, ce fiera
de faire fauter les cavaliers dans le temps que les
ennemis lès occuperont.
Ce moyen ne peut avoir lieu que par l’effet des
mines du front,* & par les rameaux pouffés à l’avance
jufqu’à l’angle Taillant de la place d’armes.
On peut compter que le jour .d’après, ou le fiuivant,
des ennemis -feront en état de plonger dans vos
angles faillants, 8c de vous en chaffer peut-être
avant qu’il foit grand jour , moyennant quoi les
affiégés feront obligés de déguerpir, & de fie réfugier
derrière les traverfes marquées. ( même plan-
.chs ) & pou rvu qu’on ae le poüffe pas plus /loin.
C ’éft le dernier remède quion puiffe y apporter ;
•car dés que l’ennemi commencera à tirer des cavaliers
y* lia garde fera obligée ide fe retirer, 8c de
laiffer au plus quatre ou cinq hommes des plus
affurés , à l’extrémité des angles faillants , bien
couverts .de paniers & de fiscs à terre ,. & munis
de leurs befoins pour y-.pouvoir. impofer quelque
refpeél, • & tenir une journée, ferrant l'angle de
Tort près. Là ils feront feu du mieux qu’ils pour-
•ront fur ce~qui.paroîtra- s’approcher. d’eux, 8c y
jetteront des grenades de temps en temps, & des
feux d’artifice , jufqu’à ce qu’ils foient contraints
d’abandonner & de gagnerJes traverfes prochaines.
Sitôt que l’ennemi vous aura chaffé dec.es grands
angles faillants, il ne manquera pas.de s’y loger,
,& d e s’y maintenir par les avantages qu’il s’y fera
pratiqués;,il s’étendiaienfiuite.à droite & à.gauche
cour s approcher des traverfes & , ce qui. ne fie
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fera qu’à la demi-fape, & pied à pied. S’il fuit la
paliffade de trop près, :8c qu’il ne laiffe pas une
épaiffeur convenable du côté de la place-, -il.faudra,
le canonner des batteries biaifes X , des faces des
baftions; lui tirer des bombes, & beaucoup de
pierres, prenant garde toutefois que leur chute
n’aille pas tomber jufques fur les derrières des
traverfes les plus prochaines F. Si fon logement
eft encore imparfait, & qu’il n’ait point allez de
plongée dans l’angle faillant , il .faudra y faire
•gliffer des grenadiers de temps en temps, qui, en
ferrant le parapet de près , pourroient s’approcher
des angles faillants, & y jetter quelques douzaines
de grenades pour y troubler l’ennemi, & puis s’en
revenir ; il faudra auffi lui avoir préparé de petites
mines à un, deux ou trois toifes devant les redants
qui coupent le paffages des traverfes'6’ , & prendre
Ton temps pour y ^mettre le feu à propos , quand
l’ennemi fera deflus. Je fuis affuré que le foutien.
ferme des traverfes le. contraindra à les attaquer
par infulte à découvert quand il s’en fera mis allez
près.
Je confidére la prife de ces premières traverfes
comme des entrepôts d’où l’ennemi partira auffi rôt
qu’il s’y fera bien établi, pour s’approcher des fécondés
, où il fera obligé de répéter la même manoeuvre
, & les affiégés d’ufer des mêmes défenfes
qu’aux premières. Delà il fera fes approches pour
attaquer les places d’armes des angles rentrants.
Cona.me celles-ci feront bien plus protégées que les
traverfes, & plus-garni es de monde , l’ennemi doit
y ‘ trouver-plus deréfi fiance ; c’eft pourquoi, outré
-leur feu mêlé de grenades , balles à feu.pour éclairer
, bombes & .pierres, piques & hallebardes , le
-feu des basions & des demi-lunes leur fera d’un
grand fecours ; on pourra auffi y ajouter celui des
mines, s’il y en à de préparées, & enfin , le fou-
tien de pied ferme , & les retranchements b-,
même planche;
Si l’ennemi, après s’en être approché d’affez près,
fe met en état de les iiafulter, il faut que le monde
Si les munitions n’y manquent point pour les défendre,
.parce- que l’affaire fera longue fi on les
foutient comme il faut, & queHennemi y perdra
beaucoup de monde avant qu’il s’en foit rendu
maître. Si on ne peut l’en chaffer, il faudra fe retirer
peu-à-peu dans les retranchements , & delà dans
les demi-lunes , parles ponts de communication*;,
ou par les ponts à radeaux , bateaux armés., 8c c..,,
& laiffer peu de monde dans - le petit couvert ménagé
à l’angle rentrant de la-çontrefcarpe, pour
favorifer la retraite.
Il ferait fort à délirer que touts les angles rentrants
des foffés, dans le derrière des places d’arraes.,
fuffent tronqués, & que l’efpaee retranché par cette
coupure fût abaiffé à un pied de l’eau , s’il y en a
dans les foffés , ou à mi-hauteur du bord , s’il n’y
en a pas ; les affiégés fe retireroient plus facilement
■par le petit chemin d ÿ & trouvant là un peu* de
couvert,ils pourroient s’y rallier-pour tâclier de
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reprendre une partie de ce qù’îls auroîent perdu,'
& donner de l'Inquiétude à l’ennemi.
Troifiemt manière d'attaquer le chemin couvert par les
mines.
Si fon attaque le'chemin couvert par les mines,
l’ennemi s’en approchera le plus près qu’il pourra,
après quoi il pouffera plufieurs rameaux & galeries
vers le chemin couvert, à deffein de renverfer
le parapet & la paliffade, de rompre & d’enfoncer
les galeries, même le bord du foffé, & dé s’éta- :
blir fur l’effet des mines. Mais fi vous l’avez pré- ;
venu par d’autres mines plus baffes, 8c plus en- ;
foncées que les fiennes, ou que vous ayez fait de :
longue main une galerie majeure fous le chemin !
couvert, d’où l’on puiffe pouffer des rameaux en j
avant fur le terrein où il doit paffer , il eft confiant !
qu’il rie réuffira point fi l’on fait prendre le temps
à propos pour y mettre le feu, & qu’en étouffera
la plupart de fesimineurs, fans qu’ils puifîent l’é*-
viter ; car en fait de mines , celui qui eu le premier
pofié, Si qui peut prendre le deffous, eft toujours
maître.
Quatrième manière compofée des précédentes.
La quatrième manière d’attaquer les chemins
couverts, éft compofée des. trois autres ; car fi on
y fait plufieurs infultes en détail , tantôt fur une
partie & tantôt fur une autre , fi on y emploie les
cavaliers quand on le pourra , & qu’on approche
tellement les tranchées à la fape , qu a force de les
hauffer on parvienne à voir juiques dans le chemin
couvert, 8c enfin que pour affûter les logements fi
prochains , on y emploie non-feulement le.fufil 8c
ia grenade , mais auffi les mines baffes & les fuper-
ficielles, en un mot* tout ce que l’on peut, les affiégés
, comme premiers poftés, doivent être en .état
d’oppofer à.ces attaques tout ce qui a été dit ci-
deffus, 8c doivent y tenir jufqu’à ce qu’une force
majeure les en chaffe.
Comme il fe trouve des places qui ne font accef-
fibles que par des digues, des chauffées , ou des
avenues fort étroites , qui ne laiffent pas affez de
terrein aux attaques pour embraffér tout le front
attaque auquel elles ont à faire, auquel cas ce terrein
fe trouvera fi refferré , que le front de la fortification
aura beaucoup plus d’étendue que celui
des attaques , je tiens que, fuppofé que la garnifon
fioit forte, on peut {putenir l ’infulre du chemin '
couvert de pied ferme. C ’eft dans ce cas que la
double paliffade peut être d’ufage , à condition que
le ricochet n’aura aucune vue d’enfilade ni de re-
versfiur le cherriin couvert, ni fur les fortifications
qui les foutiennent ; car s’il y en a , cette paliffade
n y fervira de rien, & fera plus de mal que de bien.
, ^ ^aut Préparer toutes fortes de chicanes contre
r ouverture de la fape ;.( je dis de la fape , quoi-
qu on en faffe,plufieurs .pour entrer .dans le chemin
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cou vert), & comme ordinairement l’ouverture de
celle qui eft deftinéc pour le paffage & la defeenté
du foffé, fe fait vis-à-vis la face du baftion attaqué^
à-peu-près un tiers vers la pointe, on d o it,
fi le foffé eft fec , avoir préparé des fourneaux poux
renverfer non-feulement la fape , mais encore le
logement voifin ; & quand même cela ne fe pour*
roit, le foffé étant plein d’eau , l’ennemi ne fproit
pas encore le maître du chemin couvert, bien que
la fape fût commencée , & même ouverte pour y
-entrer , puifque l’on ne doit point l’abandonner
entièrement que l’ennemi n’ait logé fon canon le
long des faces1 du parapet de ce même chemin
couvert, pour détruire les palîffades 8c les traverfes
mobiles qui font plantées au-dedans.
Il faut auffi avoir fait fous les mêmes faces de
bons fourneaux, pour renverfer les batteries quand
elles font prêtes à tirer ; toutefois il ne faut mettre
le feu à ces fourneaux que le plus tard qu’il fera
poffible , & attendre' que le canon des flancs
fimples ou doubles de la place ait tâché:de ruiner ,
dans leur conftru&ion, ces batteries qui leur font
oppolèes.
Cependant le chemin couvert ne fera pas entièrement
abandonné, puifqu’on pourra toujours y
aller & venir de l ’un 8c de l’autre côté, à la faveur
des traverfes mobiles & des places d'armes retranchées
; 8c lorfqu’on fera forcé de le quitter, fans
efpoir de retour, on doit mettre le feu aux fourneaux
donril eft parlé ci-deffus.
L’affiégeant n’ayant plus d’ennemi à combattre
dans le chemin couvert , attaquera les places
d’armes retranchées , qui lui donneront de la peine
à prendre, fi elles font revêtues de maçonneries ,
ou bien fraifées, ou paliffadéès dans lé fond de
leur foffé ; l’affiégeant fera obligé de s’en ouvrir le
paffage par des fourneaux , qui ne fe feront pas facilement
fi le foffé eft bien défendu ; ainfi l’attaque
de cette petite pièce retardera de quelques jours
celle des autres , plus importantes à la confervatiôn
de la place. Celui qui commandera dans ces petits
dehors doit s’y retrancher par de bonnes palif-
fades, pour la fureté de fa retraite. En fe retirant ,
il doit mettre le feu aux fourneaux qui auront été
faits pour détruire , s’il fe peut, tout l’ouvrage ; ou
bien il attendra que l’ennemi ait fait fon logement
au dedans, pour l’envelopper dans les mêmes débris.
Défenfe de Vavant- foffé & de F avantr chemin. converti
Il y.a beaucoup de places qui. ont des .avants»
foffés à l’extrémité de leur glacis, ce qui fuppofe
nèceffairement un avant-chemin couvert j,autrement
les avant-foffés feroient autant de défauts
confidérables aux places , en ce qu’ils empêche»
roient les forties 8c les fecours ; ce qui fe répare
par un avant-chemin couvert, qui corrige ce défaut.
Comme cet avant chemin couvert eft fort
éloigné des ouvrages fupérieurs de la place, Si