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par elle* même ï né fut encore défendue qué par
de nombreufes f o r t i t s , qui firent payer la prife
cher à l’ennemi. Dans des cas femblables , on ne
doit point fe négliger pour les / o r t ie s . Pour qu’elles
réuffiffent, il faut quelles foient faites avec art
6c intelligence. C’eft , dit M. le maréchal deN
Vauban , dans ces fortes d’aélions que la vigueur ,
la diligence & la bonne conduite doivent paroître
dans tout leur éclat & dans toute leur étendue.
Lorfque l’ennemi eft encore loin de la place,
les forties font très périlleufes , parce que l’ennemi
peut, avec fa cavalerie, leur couper la retraite
dans la v ille ; mais lorfqu’il a établi fa fécondé
parallèle , & qu’il pouffe les boyaux de la tranchée
en avant pour parvenir à la troifième au pied du
glacis , c’eft alors qu’on peut fortir fur lui ; on
le peut même , fi l’on prend bien Tes précautions,
lorfqu’il travaille à fa fécondé parallèle, & qu’elle
n’eft point encore achevée entièrement; mais où
elles doivent être les plus fréquentes , c’eft lorfque
l ’afliégeant eft parvenu à la troifième parallèle ,
& qu’il veut s’établir fur le glacis. On ne craint
plus alors d’être coupé , & on peut le furprendre
d’autant plus aifénaent , qu’on peut tomber fur
lui d’abord , & le culbuter fans lui donner le temps
de fe reconnoître.t
Le!*/orties peuvent être ou grandes ou petites ;
les^andes doivent être au moins de cinq ou fix
cents hommes , ou proportionnées à la garde de
la tranchée , & les plus petites feulement, de dix ,
quinze ou vingt hommes.
L’objet des grandes f o r t ie s doit être de détruire
& de rafer une grande partie des travaux de l’af-
fiégeant, afin de les mettre dans la néceffité de
les recommencer, d’enclouer le canon des batteries
, de reprendre quelque pofte que l’on aura
abandonné , & enfin de nuire à l’ennemi en retardant
fes travaux, pour reculer par là la prife de
la place.
Pour les petites f o r t ie s , elles ne fe font que
pour donner de l’inquiétude aux têtes de la tranchée
, pour effrayer les travailleurs , 6c pour les
obliger de fe retirer. Comme il faut toujours quelque
temps pour lesrappeller, & les remettre dans
l ’obligation de continuer leur travail , il y a un
temps de perdu qui retarde toujours l’avancement
6c le progrès des travaux.
Le temps le plus propre pour les grandesf o r -
t i e s , eft deux heures avant le jour ; le foldat eft
alors fatigué du travail de la nuit, 6c accablé de
fommeil , il doit, par cette raifon , être plus aifé
à furprendre & à combattre. Lorfqu’il a fait de
grandes pluies pendant la nuit, & que le foldat
ne peut faire ufage de fon feu , c’eft encore une
circonftance bien favorable ; il ne fauP<rien négliger
pour le furprendre ; car ce n’eft, pour ainfi
dire , que par la furprife que l’on peut tirer quelque
avantage d’une fortie.
Pour les petites fo r t ie s dont l’objet eft.de donner
fimplement de l’inquiétude aux afîïégeants, fans
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pouvoir leur faire grand mal, voici êôrtime çlJêj
fe font. On choifit, pour les faire , des foldats
hardis & valeureux , au nombre ; comme- nous
l’avons d it, de dix, quinze ou vingt, qui doivent
s’approcher doucement de la tête des travaux des
affiégeants , & fe jetter enfuite promptement deffus,
en criant, tue , tue, & jettant quelques grenades;
enfüite de quoi , ils doivent fe retirer bien vite
dans la place ; l’alarme qu’ils donnent eft fuffifante
pour faire fuir les travailleurs , qui ne demandent
pas mieux que d’avoir un prétexte fpécieux pour
s’enfuir , fans , dit M. Goulon , qu’il foit poflîble
; de les en empêcher, & de les raffembler toute la
' nuit, ce qui la fait perdre aux affiégeants. S i,
; dit le même auteur, les affiégeants s’accoutument
à ces petites forties , & qu’ils ne s’en ébranlent
plus , les affiégeants s’en appercevant , feront
fuivre ces petites forties d’une bonne, laquelle
n’étant point attendue, renverfera fans difficulté
les travailleurs , & ceux qui les couvrent : après
quoi, elle fe retirera fans s’opiniâtrer au combat,
pour ne pas avoir toute la tranchée fur les bras.
SOUBREVESTE. Partie de l’habillement des
moufquetaires. Ce fut en 168-8 , que le roi ordonna
les foubrevef.es , qui étoient comme des juftaucorps
fans manches. Elles étoient bleues & galonnées
comme les cafaques. Elles avoient une croix devant
6c une derrière , qui étoient de velours blanc ,
bordées de galon d’argent ; les fleurs de lys aux v
angles de la croix étoient de même. Le devant
& le derrière des fou brève fis s s’accrochoient aux
côtés par des agraffes. Non-feulement les mouf-
quètaires, mais encore les fous-brigadiers , ,les
brigadiers, & les maréchaux-des logis , portoient
lafoubrevefie.W n'y avait que les officiersSupérieurs
qui ne la portoient point. Le roi fourni Soit la
cafaqué & la foubrevefie, 6c on rendait l’une &
l’autre quand on quiftoitla compagnie. CD. J . )
SOUDOYERS. Voyeç A v a n t u r ie r s .
SOUS-BRIGADIER. Bas-officier de cavalerie,
qui a rang après le brigadier.,
SOULERET. Pièce de l'armure ancienne ;. on
ignore ce que c’étoit.
SOUS-LIEUTENANT. Officier quia rang après
le lieutenant. SPONTON. Voyeç Espon to n -.
STRATAGÈME. Rufe employée pour trompe?
l’ennemi. 'On peut employer le firatagême dans
toutes les opérations militaires. Il confifte en général
f -à cacher à l’ennemi ce qui eft , & à lui faire
croire une chofe vraifemblable qui n’eft pas. Nous
avons fouvent occafion d’employer le firatagême
dans la petite guerre , & rarement dans là grande,
parce qu’il eft difficile de dérober les mouvements
d’une armée auffi nombreüfe que les nôtres .'.celles
des anciens l’étant beaucoup moins , ils en faif oient
un plus grand ufage. Polyen & Frontin ont fait
chacun un recueil de (Iratagcmes, l’un confufément,
-l’autre avec plus d’ordre , en les rapportant aux
principales opérations : mais on pourroit y em*.
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ployer pins de méthode, en fuivant une divlfion
fyftematique de l’art de la guerre, 6c rédjgeam
fous toutes les fous-divifions les firatagêmes anciens
& modernes les plus ingénieux. Nous n’avôns
encore, en ce genre, aucun ouvrage bien fait.
SUBORDINATION. Obéiffance de l ’inférieur
au fupérieur.
Il eft effentiel de maintenir la fubordination dans
les troupes , mais il faut y pofer de juftes bornes.
Elle doit unir entre eux les différents grades , 6c
les faire concourir au même objet : pour quelle
ait toute fon utilité , il eft néceffaire que la raifon
& la volonté de celui qu’elle foumet l’adoptent 8c
la regardent comme effentielle. Si elle l’abaiffe &
l’humilie en mettant une diftance exceffive entre
lui & fon fupérieur , celui-ci conçoit pour fon
inférieur, un fentiment de mépris , & n’en obtient
qu’un fentiment dé haine : touts les-liens du
corps militaire au lieu de fe refferrer fe relâchent :
c’eft dans le rapprochement des parties, que la
foliditè confifte. L’arrogance, la hauteur, la dureté,
ne font qu’erreur & injuftice ; elles éloignent les
êtres nés pour la raifon ; la force qu’elles emploient’
leur eft odieufe ; le défir de la repouffer vit toujours
en eux , & elle n’en obtient jamais que les
lecoiirs qu’elle leur arrache , au lieu qu’ils donnent
touts ceux dont ils font capables , à un chef qui
s’eft.fait aimer. Et qu’eft-ce qui fait aimer? C ’eft
la bonté, c’eft l’humanité , c’eft tout ce qui dit à
l’homme avec qui l’on traite , tu es mon égal,
mon ami, mon frère ; le bien que nous défirons'
nous eft commun ; mais , pour l’obtenir , il faut
un ordre ; pour obtenir l’ordre, il faut un pouvoir
; qu’il n’excède point ce qui eft néceffaire ;
quil n’agiffe que lorfque nous marchons vers notre
ebje ; hors de là nous fommes égaux. Un corps
militaire conduit par ces fentiments , feroit invincible
; toutes les forces de l’Orient & de l’Europe
échoueroient contre lu i, & un autre Alexandre
avec quarante mille François , unis par cet efprit ,
afferviroit encore la feryile Afie.
SUBSISTANCES MILITAIRES. On entend
par fubffiances militaires, tout ee qui fert à fubf-
tanter les hommes 6c les animaux que l’on emploie
à faire la guerre.
Les fubfifl, in ces militaires font naturellement
divifées en fubfifiances qui fervent à la nourriture
des hommes, & en fubfifiances qui fervent à la
nourriture des animaux. .
Les fubfifiances qui fervent à la nourriture des
.hommes, font connues fous le nom générique de
vivres.
Les fubfifi onces qpi fervent à la nourriture des
r animaux , font connues fous le nom générique de
% fourrages.
[ Les fubfifiances qui fervent à la nourriture des
[ hommes , (ont le pain ordinaire • le pain de munition',
le pain bi(cuite , le bifcuit, la viande fraîche & Calée :
le 'K,- les .légumes. \ ; é ; '
L£s.ftibfififknces. qui fervent à la nourriture des 1
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animaux , font le foin , la paille, & toutes les ef-
pèces de grains, comme 1 e bled, lefeiglefYavoine s
1* orge.
Les fubfifiances qui fervent à la nourriture des
animaux, fe diflribuent en v e r t , ou au fec ; &
font appellées dé là , fourrages en vert , ou fourrages
au fec.
Les fourrages en vert font toutes les denrées
deftinées à la fubfifiance des animaux , lorfqu’elles
font diftribuées avant le point de leur entière ma-
tur-ité.'
Les fourrages au fec font les mêmes denrées ,
lorfqu’elles font diftribuées après qu’elles ont été
récoltées , 6c ferrées dans ries granges ou greniers.
On employé encore la pdturt pour faire fub fi fier
les animaux dont on fait ufage dans les atniées...
• Le plus grand général de notre fiëcle nous a donné
, dans une feule phrafe , une idée vraie de Pim-f
portance de l’a d mi n ift r at i on dus fubfifiances militaires
: « Les armées que l’on affembie de nos jours
font, ( dit Frédéric I I , roi de PruJJe), des émigrations
de peuples qui voyagent en faifant des conquêtes „■
dont les befoins qui fe renouvellent chaque jour
veulent être fatisfaits ; ce font des nations entières
ambulantes qu’il eft plus difficile de défendre
contre la faim que contre leurs ennemis. Les def-
fins du général fe trouvent par conféquent en-
■ chaînés à la partie des fubfifiances ; 6c fe£ plus
grands projets fe réduifent à des chimèrês héroïques
, s’il n’a pas pourvu,, avant toutes cliofes ,
au moyen d’affurer les vivres ». Comment, après
avoir fait des réflexions auffi fages, peut- on affem-
bler des armées énormes ! abandonnons cependant
les réflexions ; nous ne devons nous occuper
dans cet article qu’à donner une idée des fubfifiances
militaires néceffaires à une armée.
Suppofons une armée compofée de 97,963 h .,
& voyons ce qu’il faut à cette armée en pain , en
riz, en viande 6c en fourrages. Du calcul que
nous allons faire pour une armée de 97.963 hommes
, il fera aifé d’arriver , par, une règle de troi.s ,
aux réfultats néceffaires pour une armée plus eu
moins nombreüfe.
Pain.
Pour une armée de 97,963
hommes, il faut chaque jour . . . 97,963 rations,’
Plus , pour les 4 onces d’aug-
mentarion. * ................................16,327
Plus , pour les officiers géné-
raux , particuliers ou autres per-
fortnes , environ . . . . 38,652
Total de rations par jour . . 152,942 rations.
Fariné.
Combien faut-il de facs de farine pour une
armée dç 97,963. hommes ?