
1 ennemi qu'âpre? quM en a été dreffé un proces-
verbal par le prévôt de l’armée. Ceux qui en dif-
pofent auparavant , font réputés voleurs , 8c. les
particuliers qui les achètenr, receleur?-. (Q . )
PAS MlL iTAIRE . Voye^ T a c t i q u e .
P a s de c a m p . Les officiers de l’état-major qui
reconnoiftent l’étendue d'un camp & ta diftribuent
à 1 armée, la inefurent quelquefois au plus grand
p u s, qui eft d'environ trois pieds j c’eft ce pas
qu’on nomme pas de camp , 8c. c’eft à cette mefure
qu’on l’évalue.
PASSAGE. L epaffage des défilés & rivières eft
une des principales operations de 1 art militaire :
elle fouffre beaucoup de difficulté lot (que le général
oppofé eft rufé & vigilant, & qu'il ne néglige
aucune des attentions néceflaires pour n’être point
furpris. Les principes étant à-peu-près les mêmes
pour l’un 8c l’autre paffage, & celui des rivières
étant le plus compliqué 8c le plus difficile, nous
nous y bornerons dans cet ouvrage, 6c nous al
Ions rappqrter tout ce qu’en ont dit les maîtres de
llart.
On paffe les rivières pour pénétrer dans le pays
ennemi, pour combattre l'armée oppofce , pour fe
retirer 8c fe mettre en fureté à l’abri de la rivière
ïorfque les circonftances l’obligent , foit par la
perte d’une bataille ou la grande fupériorité de
l'ennemi.
Les rivières qu’il faut pafTer font grandes ou petites
; celles qui ont des gués fe paffe nt à gué ;.les
autres fe paffent fur les ponts lorfqu’il s’en trouve
dans le lieu du paffage ; mais comme les ponts cont
truits fur les rivières font en petit nombre , que
d’ailleurs s’il s’en rrouve qui puiffent favorifer le
Paffage » l’ennemi ne manque guère de les détruire
pour en. empêcher l’ufage , ©n eft obligé d’y fup
pléer par des ponts de bateaux ou des pontons ,
©u par des radeaux.
Lorfqu’il n’y a point d’ennemis à combattre , le
Paffagc des rivières eft toujours facile , foit qu’on
le taffe à gué ou fur des ponts de bateaux, fuppo
fant qu'on a toutes les différentes chofes nécefé'
faires à leur conftruélion. Mais lorfqu’il s’agit de
traverfer une rivière en préfence de l’ennemi ,
qui employé touts fes foins & fes forces pour s’y i
oppofer, il y a alors beaucoup, de précaution à
prendre pour éluder les difficultés qu'il peut oppo-
îer. Il fant joindre enfèmble la rùfe oc la force
pour lui faire prendre le change fur le lieu où L’on
a deffein de paffer ; faire, en forte de lui donner
de l’inquiécnde & de la jaloufie fur plufieurs en
droits , afin de l’engager par-là à partager fon armée
en piufieurs parties ,. qui oppofent alors bien,
moins de réfiftance que fi elle étoit réunie.
Quoiqu’il foit plus, facile de défendre le paffage
d’une rivière que de le forcer, parce que’l’armée
qui veut l’empêcher eft bien moins gênée dans
fes manoeuvres. 8c fes mouvements que celle qui
veut traverfer la rivière, il arrive cependant que
♦ «lui qui Tenir epreud réuffit prefque toujours», La.
PAS
raîfoîl en eft fans doute qu’on ignore la plupart
des avantages de la défenfe ; qu’on ne pénètre pas»
affez les deffeins de l’ennemi , 8c qu’on fe laiffe
tromper par les difpofitions fimulées qu’il fait dans
un endroit, tandis qu’il effectue le paffage dans un
autre lieu fur lequel on n’a eu aucune attention.
Le premier objet de celui qui veut faire paffer
une rivière à fon armée fur une rivière non-
guéable , doit être d'en connoîcre bien exactement
les deux bords , ainfl que la nature du tcrrein qui
fe trouve de part 8c d’autre. 11 doit s’informer fi
1-, rivière eft fujette à grofïir tout d’un coup par
les pluies ou la fonte des neiges dans certaines -ai-
fons de l’année , ou bien par dec éclufes dont l’ennemi
ppurroit fe fervir pour rompre les ponts , 8c
augmenter ainfi la difficulté du paffage,
A l’égard des lieux les plus propres au paffage
de la rivière , ce font ceux où tes bords n'ont point
d’efcarpement ; où ils font au contraire une ef-
pèce de pente infenfible où l’armée peur arriver
aifément, 8c fe mettre en bataille dé l’autre côté
dans une pofition avantageufe pour réfiller à l’ennemi.
Les endroits où la rivière fait une efpèce de
coude ou d’angle rentrant , font très favorables-
pour le paffage, ainfi que ceux qui font au con-
tiuent de la rivière qu’on veut paffer, 8c d’une
autre rivière navigable. Dans le premier cas; la-dif-
pofiiion de la rivière donne lieu de protéger le
paffage , ou la conftruéfion du pont par un feu d’artillerie
qui découvre une plus grande parue du ter-
rein oppofé ;. 8c dans le fécond, on a la commodité
d’affembler les bateaux hors des yeux 8c de la
portée de l’ennemi , 8c de les faire defcendre
promptement 8c fans obftacle dans, l’endroit où il
s’agit dé conftruire lés ponts»
Lorfquii y a des îles dans la rivière , elles»
peuvent encore fervir à faciliter le paffage, fur-
tout fi elles font boifées. On joint d’abord le ter-
rein de 111e par un pont qui y aboutit on gagne:
enfuite le bord oppofé par un autre pont, qui,
étant protégé du feu dé l’artillerie que l’on établir
dans Tiie 8c de la moufquerterie,. s’achève’
fans grandes difficultés..
Comme le paffage d’une armée qui défile fur utî
feul pont demande bien, du temps , que d’ailleurs
il peut arriver que le pont fe rompe par quelque
accident, dans le temps qu’il n’y a encore qu’une
petite partie de l’armée de paffé, ce qui expofe-
roit cette partie à être battue par l’ennemi ; fa communication
avec l’autre partie fe trouvant ainfi cou«
pée on interrompue , il eft à propos, pour éviter
ces. inconvénients-, de faire en forte d’avoir affez-
de bateaux pour conftruire deux ponts à-la fois , æ
peu de diftance l’un de l’autre^
Lorfqu’on a touts les bateaux & les uftenfiles
néceflaires pour la conftruélion d’un pont, on le
fait très prompteme.:t, fur-tout fi l’ennemi n’eft
pas en force, fur la rive oppofée pour en emgêq
fie r M le chevalier de Folard dit, dans fon commentaire
fur P olybe, avoir vu faire un pont de
cinquante pontons fur le Rhin , qui fut achevé en
moins de huit heures. Cette opération ne fe fait
pas toujours avec la même diligence ; elle dépend
des circonftances plus ou moins favorables du
terrein , des obftacles qu’on éprouve de la part de
l’ennemi, 8c particulièrement de l’habiléte de celui
qui conduit ou dirige cet ouvrage.
Quelque vivacité que l’on apporte à la conltruc-
tion du pont fur lequel on veut paffer une nviere ,
l’ennemi, pour peu qu’il veille avec attention iur
les démarches de fon adverfaire, peut toujours en
être informé ; 8c comme le paffage des troupes
exige du temps, il lui eft facile de tomber promptement
fur tes premières troupes parvenues de
l’autre côté de la rivière, 8c de les culbuter dedans.
Pour ne point être expoiè à cet inconvénient, on
ne manque jamais , foit qu’on paffe les rivières a
gué , ou far des ponts de bateaux, de protéger le
pacage par des batteries établies fur le bord oe la
rivière , 8c lorfqu’il y a quelques troupes de parvenues
à l’autre bord, on fait, fans différer, un retranchement
pour les couvrir 8c tes mettre en état
de réfifter aux attaques des différents corps que
l’ennemi peut,envoyer pour empêcher ou inquiéter
le paffage. On agrandit enfuite ce retranchement
à mefure que le nombre des troupes qui y
arrivent devient grand., en forte que toute 1 armée
puiffe s’y réunir ou s’y affembler, 8c fe porter delà
dans les lieux que le général juge à propos de lui
faire occuper. . A , , .
Si l’ennemi eft en bataille de 1 autre cote de la
rivière que l’on veut paffer , il n’eil guère pomble
de réuffir dans cette entreprile, à moins qu on ne
trouve le moyen de l’en eloigner par un grand feu
d’artillerie , fécondé de celui de la moufquetteris ,
fi la largeur de la rivière n’excède pas la portée du
fufil. Lorsqu'elle a plus d’étendue , on peut placer
des fufil i ers dans des bateaux , dont les bords
foient affez élevés pour former une efpèce de parapet,
derrière, lequel les foldats puiffent tirer à couvert
des coups de l’ennemi. Ces bateaux étant protégés
par le feu du canon , 8c bien garnis de fol-
dats, affurent la conftruélion du pont, 8c ils empêchent
que l’ennemi ne puiffe en interrompre le
travail.
.Si l’ennemi s’ eft fortifié fur le bord oppofé de la
rivière par de bons retranchements , 1 z paffage eft
alors prefque- impoffible dans cet endroit, à moins
qu’on ne trouve des fituations fur le bord que 1 on
occupe, propres à établir des batteries qui fou-
droyent & labourent tout le camp de l’ennemi ,
& qui ne lui permettent pas d’y demeurer.
Comme le terrein n’offre pas toujours des polirions
auffi avantageufes pour les batteries , ce
qu’on a de mieux à faire en pareil cas, c’eft de
cherchera tromper l’ennemi* Pour cet effet, on
feint d’abandonner l’entreprife pour aller chercher
un paffage où il y ait moins d’obftacles à vaincre.
Oiî fait marcher l’armée avec tout l’attirail des
ponts , 8c l’on fe met en devoir de faire le paffage
dans des lieux éloignés du pont, mais on laiffe
fecrètement un bon corps de troupes dans les environs
, avec ordre de profiter du départ de Tartinée
ennemie pouraffurer la tete du pont, fi elle
prend le parti de fuivre celle qui veut forcer le
paffage, gs .
Si l ’ennemi abandonne fa pofition , les troupes
qu’on a laiffées pour obferver fe hâtent de paffer
dans de petits bateaux pour aller occuper le bord,
oppofé 8c s’y retrancher; l’armée revenant enfuite
pour protéger la conftruâion du pont, peut, par
ce moyen , effeéluer le paffage de la rivière fans
grandes difficultés. S i,au contraire, l’ennemireft©
toujours en forçe dans le même endroit , ori
cherche à faire le paffage dans quelque autre lieii
plus favorable qu on a reconnu pour cet effet*
Quand on craint qu’il ne vienne s’y oppofer", on
refte avec la plus grande partie de l’armée vis à-vis
de lui, en faifant toujours les démonftrations ne-
ceflaires pour lui faire croire qu’on veut s obffiner
à /forcer le paffage dans cet endroit. Pendant cef
temps là , les troupes qu’on a détachées pour chercher
8c tenter un autre paffage , peuvent, enufant
de beaucoup de diligence , paffer la riviere dans
le fieu où elles préfument de trouver moins d obftacles
, 8c lorfqu’elles ont formé un bon retranchement
à l’autre bord , 8c même du côté qu’elles ©c-
cupoient d’abord pour mettre les deux iffues du
pont à l’abri des entreprifes des détachements de
Tennemi ; l’armée alors marche à cet endroit où
l’on achève de conftruire le pont, 8c de faire paffer
les troupes malgré les efforts que l'ennemi peut
faire par les détachements de fon armée pour s’y
oppofer. Comme il n’eft guere poffible qu il garde
également urçe grande étendue du cours de la rivière
, tes petits corps qu’il peut pofter en differents!
endroits ne font pas fuffifanis pour empêcher le
paffage ; il faut qu’il leur envoyé du fecours. Si ce
fecours forme un corps confidérable, la lenteur-
ou la pefanteur de fa marche donne le temps de fe
fortifier centre lui avant fon arrivée. Si , au contraire
, ce corps eft petit, fa marche eft plus légère
8c plus prompte ; mais auffi il eft plus aifé d©
fe mettre en. état de lui réfifter»
On voit par-là , qu’en rufant un peu avec l’ennemi,
8c en calculant le temps de la durée , les
différentes manoeuvres qu’il peut faire, on peut,
avec de Tadreffe 8c de la diligence , le tromper &
traverfer les rivières malgré les foins qu’il peut
prendre pour s’y oppofer. C ’eft ce que 1 expérience
fait voir touts les jours à la guerre.
Les précautions néceflaires pour paffer les rivières
à gué, font à-peu-près les mêmes que lorfqu’il
s'agit de les paffer fur des ponts. Il faut feulement
avoir foin de bien faire reconnoître les
gués avant que de commencer le^ paffage , 8c s’af-
furer que Tennemi ne les a ni gâtés, ni rompus.
Lorfqu’on eft parvenu à paffer uae riyiktz &§?