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pas a (Ter longues, qu’au moment qu’ils les ap-'
puyèrent fur La muraille.
Philippe V , roi de Macédoine , par ce meme
inconvénient, ncfurpritpas Mélitée. Polybe , qui
le rapporte, blâme extrêmement Philippe de n a-
YOir pas fait mefurer au jufte la hauteur des, murailles
qu’il vouloit efcaüdep. . : -
C ’eft encore un autre grand defaut des échelles
d’être de beaucoup trop longues, parce que ft elles
paffent au deffus du parapet, les ennemts les ren-
Yerfent avec les fourches & les crochets dont ) ai
déjà parlé. . , .
Si pour éviter ce dernier inconvénient, on
écarte’ beaucoup de la muraille le pied de l’échelle,
elle tremble & fe cafté ; ft l ’on fait les échelles h
croffes, qu’en leur donnant même beaucoup de
pied elles ne rompent pas , on ne peut pas elever
facilement & avec promptitude des échelles ft pe
*' Afin que les échelles puiffent fe porter aifément,
elles doivent être conftruites de manière quelles
fe ferment, ce qui fe fait en ouvrant dans la face
intérieure de deux montants de l’échelle des mot-
toifes & canelures oh entrent les échellons , qui,
au lieu d’être arrêtés par des doux ordinaires ,
s'unifient aux deux montants par de petites chevilles
ou boulons , qui laiflent allez jouer les
échellons pour , qu’entrant facilement dans les ca
pelures, l’échelle fe puiffe fermer quand on la
tranfporte. . ,
Chaque échelle eft ordinairement longue de
quinze à dix huit pieds , & plus étroite par le haut
que par le bas , pour pouvoir attacher 1 unejiur
Vautre ; pour cela , le pénultième échelon d en
haut doit fortir dehors des deux montants de 1 è-
chelle de trois quarts de pied de chaque cote, car
c ’eft-là ou l’on ajufte l’ouverture du basée g e-
chelle que l’on ajoute , & que l’on achevé de bien
affermir fur l’autre avec des cordes , ou par des
crochets bien juftes ; quelquefois il y a deux échelons
qui entrent de chaque côté dans 1 ouverture
de l’échelle qu’on ajoute à la première , & alors
on n’a befoin ni de cordes ni de chevilles. Je dis
la même chofe lorfqu’une échelle a de chaque cote
des portants de fer dans lefquels entrent les pieds
de l'autre échelle , ce qui vaut mieux , fur-tout lt
les échelles fe doivent fermer.
On les fait ainftde pièces féparees pour les tranl-
potter avec moins d’embarras , & éviter celui
qu’elles donneroient autrement, principalement
dans un chemin à travers les bois, ou dans des
contours étroits dans des chemins profonds.
Les montants de l’échelle fe font> ordinairement
d’un bois léger, Sc les échelons d un autre bois
bien fort. , , „ . . I
Les échelles , au bout par lequel elles appuient
à terre, ont ordinairement des pointes ou douilles
de fer pour les empêcher de gltller.
Quelhuefois les premiers hommes qui montent
par les échelles de bois, en portent d autres de
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cordes q u i, dans leur extrémité fupérieure, ont
des crochets de fer qui s’accrochent aux crochets
dé retraite des affûts, aux dauphins des canons ,
à la petite muraille qui fert de parapet aux rondes,
ou au parapet même, s’il eff fimple , ou fait de
caillons de terre ,ou de pierre , ou de terre & de
brique ; ces échelles, au lieu de crochet, peuvent
avoir de longues cordes qui s'attachent aux arbres
ou aux merlonsdeda place.
Afin que lès échelles de cordes ne s’appliquent
pas trop lé long de la muraille , & qu’il ne foit pas
pariçonféquent trop difficile d’y monter , il faut,
après les avoir attachées en haut, les affurer en
bas avec-de petites chevilles qui entrent dans les
noeuds par lefquels les deux bouts des deux côtés
de l’échelle Unifient. Je fuppofe que l'on porte ces
chelvilles toutes faites de des maillets de bois pour
les coigner.
Deux fprtes de mantelets peuvent fervir pour
la furprife d’une place : les uns droits avec des
meurtrières , afin que de derrière 8t du haut du
glacis quelques foldats d’infanterie faflent feu
'contre les flancs ou autre partie de la muraille,
d où le fufii du le canon des ennemis incommodent
ceux qui montent par les échelles. Je parlerai
de cette forte de mantelet en traitant des fièges.
Les autres mantelets fervent pour mettre à couvert
du feu de la place 1 homme deftiné à attacher
le pétard. Ils font de trois façons , afin de compo*
fer une efpèce de galerie ; le toit de cette galerie
fe fait d une groiiè planche couverte de la peau
d un boeuf nouvellement écorché, de peur que les
fafeines de goudron 6c les autres fetix d'artifice*
des ennemis ne la brûlent; cette groffe planche
doit être appuyée fur quatre pieds d’environ cinquante
pouces de hauteur chacun ; ces quatre
pieds auront aufli chacun un morceau de bois qui
avance 6c le traverfe pour fervir d’anfe , afin que
huit foldats , à raifon de deux à chaque pied ,
portent le mantèlet jufqu 3 la muraille ; ces bois
de travers ou ce* anfes fe mettront à dix - huit
pouces de hauteur depuis le bas des pieds du man-
telet, afin qu’en les portant un peu plus élevés , ils
ne heurtent pas contre les pierres & les inégalités
du terrein $
Les hommes qui portent le toit de la galerie
doivent être précédés de quatre autres qui, deux
à deux, fur des roues feront rouler de front yn
mantelet, afin que les balles de la place ne bief*
fent pas ceux qui tranfportent le toit de la galerie.
Par les côtés qui regardent les flancs de la place,
on couvre aufli celui qui va attacher le pétard par
d’autres mantelets , dont les roues répondent d'un
côté à l’autre , afin de les faire mouvoir p«*r le flanc
& de biais» , , , , a
Lorfque le terrein des approches de la place en
rude & raboteux , il n’efl pas poflible de faire rouler
les mantelets fur leurs roues ; en ce cas ,il faut
néceffairement les conftruire de pièces de lièges
unies enfemble j par ce moyen ils deviennent por;
SUR
îatifs & peuvent réfifter à la balle du fufii. Au
défaut de ces derniers mantelets, ou faute de trouver
un terrein propre à pouvoir faire rouler les
premiers , on fe fert de boucliers d’acier.
V Le pétard fe peut appliquer aux fimples murailles
, aux portes, aux poternes & aux baffes era-
brafures que l’ennemi a fait murer ; il fert aufli
contre les grilles , les paliffades & les herfes qui
ferment un égoût, un canal ou une rivière. Le
pétard abat deux portes, quoiqu’il y ait quelque
diftance de l’une à l’autre , pourvu qu’elles foient
toutes les deux fermées , & qu’il y ait par-deffus
une route qui empêche l’iffue de l’air que le pétard
pouffé.
Ce feroit un inconvénient fi , aux côtés ou en
face de l’endroit qu’on veut pétarder , il y avoit
des meurtrières par où les ennemis pourroient tuer
à coup de fufii Ou de piques celui qui attache le
pétard ; c’eft encore un obftacle s’il fe trouve di-
le&ement fur le même endroit des mâchicoulis ,
parce que nonoèftant le feu que vous faites fur les
ennemis, ils tireroient contre celui qui attache le
pétard , ou l’accableroient par des bombes & des
pierres ; l’un & l’autre de ces inconvénients ne
feront pas bien confidérables, fi vous vous fervez
de la galerie dont je viens de parler; mais comme
cette galerie n’ eft pas à l’épreuve des coups de
canon., & qtie le feu de votre infanterie ne fau-
roit empêcher celui de l’artillerie de la garnifon ; il
fera bon d’appliquer le pétard dans un endroit qui
ne foit pas en vue du flanc où vous favez qu’il y a
de l’artillerie.
Maneffon Mallet, dans le tome III des Travaux
de Mars ^ propofe une forte de pont ou de machine
qu’il appelle flèches, afin qu’un homme ,
fans defcendre dans le foffé, puiffe le traverfer &
appliquer le pétard ; la machine confifte en une
forte de petit charriot dont la flèche avance autant
que le foffé a de largeur ; ce qui fe fait par le
moyen de quelques foliveaux dont les uns, retenus
par des liens de fer , s’enchaffent fur les extrémités
des autres. Maneffon veut qu’il y ait au bout
du foliveau le plus avancé, une groffe pointe de
fer qui entre dans la muraille ou dans la porte de
la place par l'impulfion qu’on donne au petit
charriot. Cet écrivain veut encore que derrière
cette pointe on mette un petit mantelet poiir couvrir
celui qui va attacher le pétard, & qui , après
y avoir mis le feu , fe retirera par la flèche du
charriot.
Je m’imagine que Maneffon fuppofé qu’il y ;a
un contrepoids à l’extrémité du charriot, derrière
l’efîieu, ou que la pointe de fer qui efl; au bout de
la flèche entre aflèz dans la muraille ou dans la
porte contre laquelle elle eft fortement pouffée,
pour éviter que le pétardier ne tombe dans le foffé.
Il doit encore fuppofer que dès que la flèche eft
parvenue jufqu’à la muraille ou à'% porte qu’on
veut pétarder, on accote les roues du charriot^ de
P.eur qu’il ne recule,
Art militaire. Tome III.
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Cette Invention peut réuflir, pourvu que la
porte contre laquelle le charriot eft pouffé ne foit
pas couverte de fer , ni la muraille revêtue de
pierre, excepté qu’il n’y ait quelque talus ou
quelque avancement fur lequel la flèche puiffe
s’appuyer, quoique fa pointe n’entre pas dans la
muraille. Cependant ft le foffé eft large , la réuflïte
me paroît difficile, fur-tcut ft le parapet du chemin
couvert,ou quelque autre embarras dans le chemin,
empêche de donner affez de mouvement au char-,
riot pour que fa flèche traverfe le foffé.
Deville veut un charriot tel qu’eft celui d’une
chaife roulante , dont les brancards foient fufpen-
dus en l’air par des cordes attachées à un moulinet
pofé derrière cette forte de charriot', pour les
laiffer enfùite tomber fur la muraille. Il veut encore
que les deux, brancards forment un petit pont
fait de planches légères ou de toile , & foutenues
par des fangles ; & fi ma mémoire ne me trompe ,
Deville fouhaite que fur ces brancards il y ait une
couverture à l’épreuve du fufii.
11 eft certain qu’un moulinet derrière cette forte
de chaife éleveroit toute cette machine; cependant
il fe préfente une réflexion , tant contre la
flèche de Maneffon , que contre la chaife de De-
ville , qui eft que fi le foffé eft profond & qu’il
n’y ait point d’éfcalier, il fervira de peu d’avoir
attaché le pétard, car pendant le temps néceffaire
à vos troupes pour defcendre par des échelles dans
le foffé, pour changer ces. échelles & les aller ap-;
pliquer aux murs de la place, afin de monter à
l’ouverture que le pétard aura faite à la muraille ou
à la porte , puifqu’il ne fauroit jetter affez de ruines
dans le foffé pour y pouvoir monter autrement ,
la garnifon accourera en fi grand nombre vers cec
endroit, qu’il vous fera impoffible de pouvoir la
.repouffer par un front aufli étroit fi l’on peut .defcendre
dans le foffé fan* échelles , ou parce qu’il
n’eft pas profond , parce qu’il y a des efcaliers ,
ou parce que le talus & la ruine des terres d’une
contrefcarpe non revêtue en facilitent la descente;
alors, au lieu de la flèche de Maneffon. & de la
chaife de Deville , on pourra , avec moins de
perte, plus ftirement & en moins de temps , fe
fervir de la galerie mobile dont on parlera dans
la fuite.
Si vous n’avez ni la machine de Maneffon ni
celle de De ville, ou fi le mauvais chemin eft un
obftacle à les pouvoir conduire, plu fieu r s écrivains
confeillent que pour élever le pétard jufqu’à la
porte , il faut fe fervir des mêmes échelles par
| lefquelles vous defeendez dans le foffé ; alors', en
accrochant le pétard au haut d’une pièce de io is
que vous appliquez contre la porte , vous y attachez
le pétard, en prenant garde que la pièce de
. bois foit affez haute, à proportion de la profondeur
du foffé.
Il eft aifé de comprendre que fi vous voulez entrer
dans une place par Efcalade, il vaut mieux
choifir un endroit où vous ayez un front plus
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