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en avoient eu en partage pouyoient les garder, ou
les vendre , ou les rendre pour une rançon ,
hommes, femmes , enfants pris fur un champ de
bataille , dans un camp ou dans une ville , touts
devenoient efclaves , & leurs maîtres avoient fur
eux droit de vie & de mort. Us avoient aufli celui
de les. mettre en liberté. ( lliad. X X I , v. 102.
X X IV , 751. Odyff. X V I I I , v. 338. X X I I , 47$ ,
462. Iliad. X X I , 453. Ody f X X I , v. 2I4 )-
Dans les armées de Lacédémone, après une victoire,
le général fe faifoit apporter le butin par les
efclaves, qui ne rendoient le plus fouvent que ce
qu’ils ne pouvoient cacher. Une partie des armes
étoit placée dans les temples ; on em play oit ordinairement
une partie de l’argent à faire des ftatues
ou d’autres dons qui étoient fur tout placés dans
le temple de Delphes ; un dixième étoit choifi fiir
le refte & donné au général ; les neuf autres partagés
à l’armée , fuivant la valeur que chacun avoit
montrée & au jugement du chef. Il étoit défendu
au foldat Lacédémonien de dépouiller les morts
avant la vidoire. ( Herodot. I. I X , c. 80. Id, l.
V I I I , c, 2 1 ,2 7 . Xenoph L. I V , hifi,p.
Æltan.v, kijl.l. V l , c,6 %p. 345 )•
Alexandre fe réferva le butin , foit pour le dif-
tribuer comme récompenfes, foit pour fubvenir
aux frais de la guerre. ( Aman, L 1 , p, 6 & 11 ).
R O M A I N S .
D e s e x e r c i c e s .
Exercices gymnafiiques,
Les Romains, convaincus par une longue expérience
de l'utilité dont la force du corps eil à la
guerre, ne négligèrent aucun des exercices qui
peuvent la développer , l'augmenter & l’entretenir.
Dès qu’ils entroient dans l’adolefcence, touts,
fans ex ceptionfe rendoient au champ de Mars,
& s’y exerçoient à la courfe, au faut, à la lutte ,
au pugilat, à lancer le difque, la pile, à nager
dans le Tibre , & à laver dans fes eaux la fueur &
la pouflière dont ils s’étoient couverts. C étoit-là
que Pompée avoit appris à défier les plus habiles
au faut, les plus légers à la courfe , les plus forts à
manier le levier de fer avec lequel on démolifîbit
les remparts; & à l'âge de cinquante-huit ans , il
continuoit touts ces exercices. Sertorius & Cæfar
durent la confervation de leur vie à l’habitude de
ces travaux. Celui là couvert de bîefliires, pour-
fuivi par l’ennemi, fe jetta dans le Rhône , & ni
le poids de fes armes, ni la rapidité des eaux, ne
l’empêchèrent de gagner la rive oppofée. L ’autre
nagea long-temps fur les côtes d’Alexandrie, portant
d’une main fes tablettes , & tenant avec tes
dents fon manteau de général. Il n’y avoit aucun
obstacle qui pût l’effrayer ou l’arrêter. On le
voyoit fouvent à la tête de fon armée marcher, à
pied la tête nue, expofé. an folcil, au v ent, à la j
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pîuïe ; & lorfque fa prêfence étoit nêceflaîre en de$
lieux éloignés , aucune fatigue n’étoit dans le cas
de l’arrêter. ( Plant. Bacchid. & Moflett. Veget. I ,
c. 9 & 10. Plutarch, Pornp. Id, Sert or. Sue ton, Caf,
c- ); . . . .
Plufieurs fiècles avant lui, ces exercices étoient
en ufage , 8c faifoient, dans les camps, les jeux 8c
les plàifirs. L’an de Rome 410, Marcus-Valérius
Corvus , conful pour la troisième fois , commandant
l’armée qui marchoit contre les Samnites , fe
mêloit avec les foldats dans ces jeux militaires , ne
dédaignoit aucun des adverfaires qui fe préfen-
toient, & fe voyoit du même vifage, ou vainqueur
ou vaincu. {L iv ,l. V I I I , c. 33
Des travaux d’un autre genre , mais non moins
propres à fortifier le corps qu’à bannir de Rome
une oifiveté pernicieufe, c’étoient ceux des grands
chemins, des aqueducs & autres ouvrages publics.
Le foldat s’y formait à remuer lla terre, à conf-
truire des murailles ; il portoit dans les camps cette
induflrie ;. & les bras néceffaires au plus précieux
des arts , à l’agriculture , ne lui étoient jamais enlevés.
C ’étoît par ces travaux continus du champ de
Mars 8c des camps , que les Romains fe prépa-
1 roient à ceux de la guerre, qu’ils parvenoient à
foutenir les fatigues des marches, portant des vivres
pour quinze jours , quelquefois pour trente,
leurs bagages , leurs uflenfiles, leurs outils, trois
ou quatre pieux pour les paliffades , quelquefois
fept, & même douze , avec le bouclier, le cafque ,
la cuiraffe, l’épée, ïe pilum. Les armes n’etoient
pas un fardeau pour eux ; l’habitude ën rentfoit le
poids infenfible; ils ne le fentoient pas plus qiie
celui de leurs bras ; les armes , difoient ils, font
les membres du foldat ; & dans les plus longs & les
plus forts combats , tels que celui contre les Cinabres
, pendant les plus brûlantes chaleurs, aucun
Romain n’étoit ni en fueur, ni hors d'haleine^tandis
que leurs ennemis étoient épuifés de fueur &
de fatigue. ( Jofeph. Bell, Jud. I. I I I , c. 6. Liv-,
epitom. L X X X X IV & L V U , 1 I I I x c, 27. Polyb*
l. X V I I , Cicer, Rufuel. II ).
Maniement des armes.
Un autre avantage non moins important que îé
foldat Romain acquéroit par une exercice continuel
, c’étoit l’adreffe à manier fes armes. Il s’y
exerçoit au champ de Mars pendant la paix, dans
les camps pendant la guerre; & lorfqu’il s'étoit
introduit quelque négligence à cet égard , les
; plus grands généraux, Scipion & Cæfar , rétablif-
foient l’ordre accoutumé. L ’un , après la prife de
Carthagène , ordonne que fes troupes en armes
faffentle premier jour une marche. de quatre mille ;
le fécond, nettoyent leurs armes ; le troifième *
s’exercent avec des épées & dës hafles , dont la
pointe étoit garnie de cuir; fe repofent Le qua-,
TAC
iiîèrtie 8c recommencent dans le même ordre.
L ’autre , devant Numance , fait faire de longues
marches, porter des armes, plus pefantes,des v ivres
pour un mois, fept pieux pour les paliffades ,
fait creufer des foffés & les combler enfuite, conf-
truire des murailles & les démolir. ( Liv, L X X V I ,
c,$i3de R. 543 , àv. J. C. 210. Liv. epitom. L. VII.
Appian. Hifpan. Veget, l. I I I , c. 10, de R. 620 ,av.
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Cet ulage dura autant que la république , & fut
continué fous les empereurs.. Trajan aimoit à, fe
mêler avec fes foldats au champ de Mars ; il les ar-
moit lui-même, lançoit des traits avec eux & contre
eux , attendoit ceux qu’ils lançoient fur lu i, 8c
lorfqu’ils l’atteignoient, fe félicitoit de leur adreffe.
( Plinïi paneg, c. 13. Ap. J. C. 98 ).
- Végèce nous a tranfmis fur les exercices des tirons
ou nouveaux foldats, quelques détails qu’il
avoit tirés d’auteurs militaires’ plus anciens que
lui. On leur donnoit un bouclier d’ofier entrelacé
& une épée de bois pefant l’une & l’autre une fois
plus que le bouclier & l’épée ordinaire, afin que
l’ufage de ceux-ci leur fût enfuite plus facile. Chacun
d’eux plantoit un poteau affermi de forte qu’il
ne vacillât point, & qui s’élevoit au-deffus de terre
de fix pieds romains, ( 5 pieds 3 pouces 3 lignes ) ;
enfuite , armé du boucliér d’ofier & de l’épée de
bois , il attaquoir cè poteàü comme un adverfaire ,
lui portoit des coups à la tête, au vifage, aux flancs, ■
aux jarrets, aux jambes ; il approchoit, reculéit,
fautoit, s’élançoit, & pratiquoit touts les mouvements
que preferit l’art de l’efcrime, ayant, foin
de ne découvrir aucune partie de fon corps & de
tourner fon bouclier de manière à s’en couvrir toti- '
jours en entier. ( L. I , c. 11 6» 12. / / , c. 23 ).
On enfeignoir, dans cet exercice , à donner des
coups de pointe & non de taille; ceux-ci -, quelque
violents qu’ils foient, font rarement mortels ,
& on ne pou voit les porter qu’en découvrant le
bras droit 8c le flanc. Au contraire, une pointe entrée
de deux pouces tuoit le plus fouvent, 8c le
coup fe portoit fans découvrir le corps.
■ Les vétérans qui avoient mérité des récom-
pênfes , telles que la couronne murale ou civique ,
étoient chargés d’inftruire les nouveaux foldats.
L’an de Rome 648 , le conful P. Rutilius les fit
exercer par les maîtres des gladiateurs. Le fuccès de
cette innovation ayant été heureux, elle fut imitée.
Cæfar la re&ifia & l’annoblit ; fes foldats ne
furent exercés ni dans le gymnafe ni par les la-
nijles, mais en des maifons particulières par des
chevaliers Romains, & même par des fénateurs habiles
dans fart de l’efcrime, qu’il autorifa par lettres
de fe charger de cette inftruâion. ( Plin, panegyr.
c. 13. Suèton. Ceef. c. 23 , de. R. 700 , av. J. C, 33 ),
Cependant, les leçons des lanifies fubfiftèrent 8c
furent continuées fous les empereurs. Au temps
d’Alexandre Sévère , il y avoit pour ces exercices
des maîtres nommésdoBores armoTum,campidoPtores,
O* doétores cohonium. Une infeription nous apprend
T A C ? 7 î
qu’il y en avoit dans chaque cohorte ; ces maîtres
enfeignoient une efpèce d’exercice nommé armature
, ainfi que ceux qu’on y formoir. C ’étoit, fuivant
le feoliafte du tetrabiblos de Ptolomée , une
danfe exécutée fous les armes. Les oplorcheflcs t
dit-il, font ceux qui danfent armés , ce que l’on
nomme armatures , 07üXof^<fluç cixtç tmv '01 ^teeSWAan*
ptuoi llç KctXvcrtv' àpf*otTis^us. Végèce dit que ceux
qui s’y adonnoient combattoient par-tout avec plus
de fuccès que les autres foldats. Les princes ne dé-
daignoient-pas ce genre d’exercice , & l’empereur
Confiance y avoit acquis beaucoup d’habileté ;
erat artium armaturot pedejlris perquam fcientijjîmus*
C ’étoit la pyrrique des Grecs. On y exécutoit en
cadence touts les mouvements néeeflaires pour attaquer
8c fe défendre, porter des coups à l’ennemi,
éviter les fiens , fe courber , fe relever, s’élancer ,
manier le bouclier & l’épée, tirer des flèches , lancer
le javelot. Ce n’étoit pas , fuivant Végèce , un
apprentiflage léger que celui de touts les mouvements,
de toutes les pofitions 8c de toutes les cadencés
de l’armature. ( Plin. paneg. c. 13. Lam-
prid. c. 33 , ap. J. C. 222. Gruter. L X X X , 2. Veget,
I, I ,e . 13. L. I V , Valef ad Ammian. I. X IV , c,
II. Ammian. I, X V I , c. 3. Plat. leg. I, VIII, Veget,
7 . l , c . 4 >. , ^ ^
Lorfque les tirons s’étoient exerces au manie«
ment de l’épée, on leur faifoit lancer contre le
même poteau des traits plus pefants que les traits
ordinaires, & le maître d’armes , doüor armorum ,
veilloit’ à ce qu’ils lanÇaflent de toute leur force 6c
frappaflentle but, ou du moins en approchaffent.
On les exerçoit aufli àlancer des flèches plombées.
( Végèt. L 1 , c. 14 6* 17 ).
On ne formoit pas avec moins de foin les archers
8c les frondeurs. Un quart ou un tiers des
nouveaux foldats plaçoient lur le poteau d’exercice
un faifeeau de paille ou de broffaille , & s’en
éloignoient à fix cents pieds romains , ( 90 toifes
4 pieds 2 pouces ) ; ils le frappoient fouvent avec
la flèche ou avec la pierre lancée par le fuftibule.
Les maîtres étoient choifis parmi , les plus habiles
archers ; ils enfeignoient à bien tenir l’arc, à le
tendre avec force , en laiflant la main gauche fixe,
ne donnant à la droite que le mouvement & la dir •
reâion convenable , & tenant l’efprit 8c l’oeil également
fixés fur le but. On accoutumoit les frondeurs
à ne faire avec la fronde qu’un feul tour avant
de lancer la pierre. On exerçoit généralement touts
les foldats à jetter avec la main feule des pierres
pefant une livre , ou environ dix de nos onces.
( Veget. L I , c. 13 , I I , 23 ).
En hiver , lorfqu’il tomboit de la pluie ou de la ;
neige, on exerçoit fous des hangars couverts de
planches , de rofeaux ou de chaume, nommés7<2/f-
licct ; hors ces cas de mauvais temps , les exercices
fe faifoient toujours en plein air.
Les nouveaux foldats étoient exercés touts les
jours , le matin 8c le foir , afin qu’ils fe formaient
au maniement des armes qui leur étoient propres«'
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