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Les colonnes de cavalerie qui doivèat former
les ailes couvriront, s’il eft poflible, les ailes de la
marche , & fe développeront corame l'infanterie ;
autrement , elles marcheront à la tête ou à la
queue des colonnes d’infanterie, félon la nature
du pays & les vues dn général ; & quand celles-ci
feront halte au fignal prefcrit, chaque colonne de
cavalerie fe portera fur l’aile qu’elle doit couvrir,
& s’y développera fur deux lignes comme ci deffus.
La fécondé ligne laiffera entre elle & la première
l’intervalle prefcrit par le général ; il doit
être, réglé fur l’étendue de la ligne, l’efpèce des
armes oc la nature du terrein.
On mettra moins de troupes à la fécondé ligne
qu’à la première, parce que la fécondé ligne eft
deftinée à remplacer l’autre , non pas en totalité ,
mais feulement en partie , 8c que les intervalles de
la première ligtie,font moins grands, lorfqu a égale
étendue, elle eft formée par un plus grand nombre
de troupes , (voÿe^prop. 9 Si quelques troupes
die la première ligne font miles dans un trop grand
défordre , l’officier commandant la fécondé ligne
les fera remplacer à l’inftant.
La même difpofttion peut être prife par la fécondé
forme du premier cas de la première manoeuvre
des corps d’armée, ( voye^fig» 419 & man.
4 ou 5e de la feçonde fuppofition ). ' ' /
On forme une ligne oblique (M N , jfg. 420) à
celle de l’ennemi, pour l’attaquer à une de les
ailes avec des forces fupérieures , & lui refufer
l ’autre aile ^ M ^ en la tenant éloignée. Cette dif-
pofition peut être prife par le fécond cas de la première
manoeuvre , ( fig. 4 1®» 4 * 7 » & man.
5 de la fécondé fuppofition , dernier alinéa ) , par
la fécondé forme du premier ças^ de cette même
manoeuvre , {voye^ûg. 419 , où l’on peu? fùppo-
fcr le front oblique a celui de l’ennemi ). On peut
àuffi faire marcher par ie flanc les colonnes formées
en bataille chacune féparément, 8c les faire
fe former en ligne par des mouvements de conversion.
Quelque méthode que l’on fuive, il faut couvrir
l’àvant de l’armée par des troupes légères ,
pour dérober aux ennemis la conhoilfance de fes.
mouvements; fortifier i’aile £ A ,fig- 4 2° ) a^ec te-
quelle on veut attaquer, én y mettant plus de
troupes & les meilleures, en y portant prefque
toute fa cavalerie 8c (on artillerie, fk laiflant à
l’ aile qu’on refufe quelques efcadrons feulement,
( M ) pour s’oppofer à ceux que l’ennemi pourroit
envoyer contre cette aile dégarnie ; etendre la pre-
dpaièrè ligne en laiflant de plus grands^ intervalles
entre les troupes qui font vers l’aile qu on refufe ;
développer avec promptitude l’aile qui doit charger;
y commencer auffitôt un grand feu, pour fur-
prendre & effrayer l’ennemi ; charger avec la cavalerie
& tourner l’aile attaquée ;^la preffer fans
relâche , en Contenant fur l’aile qu on refufe, juf-
qu’à ce que l’ennemi s’ébranle & prenne la fuite ;
alors marcher droit à lui de toute la ligne , & fuiyre
tes règle! d e l'art de te guerre«
TAC
©rl peut combiner l’ordre oblique & le parallèle
, pour avoir un ordre mixte , ou former une
ligne double oblique pour attaquer l'ennemi par le
centre. Ces différentes difpofitions feront faciles ,
lorfqu’on aura bien conçu les ordres Amples qui
doivent entrer dans leur compofition , Ô£ qu’on fe
fera inftiuit d’ailleurs des règles de l’art.
Le front & la profondeur des troupes étant laif-
fés indéterminés’ dans les manoeuvres précédentes,
ces manoeuvres conviennent a toutes les troupes.
Je les ai fait exécuter prefque toutes par de très
petites troupes ; plufieurs officiers de cavalerie
m’ont dit qu ils en avoient lait l’effai dans leurs
corps avec luccès ; il eft facile de les appliquer aux
divers ordres de bataille que l'hiftoire nous apprend
avoir été pris par les généraux modernes ;
on peut les appliquer de même aux corps militaires
Grecs 8c Romains; je ne dis pas qu’elles
ayent été pratiquées par ces corps , mais feulement
qu’elles ont pu l’être. J’exhorte les jeunes offi*
ciers à faire cette application en lifant l’hiftoire , a
développer , fuivant ces principes , la phalange
d’Alexandre; les légions de Scipion & de Cæfar ;
les bataillons de Tarenne & de Condé. Je crois
devoir les prévenir qu'il n’eft pas difficile de com-
pofer des manoeuvres ; mais qu’elles n’ont d utilité
que lorfqu’elles font faciles, dépendantes l’une
de l’autre , formant un corps de do&rine , & d un
ufage commun à la guerre. J’ofe efpérer que ceux
à qui ces principes feront devenus affez familiers
pour qu’ils puiffent les expliquer clairement, brièvement,
8c faire exécuter avec promptitude les
manoeuvres qui en font déduites, même par des
troupes qui n’en auroient aucune connoiflance, ( §C
c’eft-là ce qui me paroît devoir feul être nommé
feience & habilefé') , fauront former des foldats ,
en faire ufage à la guerre , en plaine comme dans
les poftes , & manoeuvrer dix bataillons auffi facilement
que dix pelotons ; avec un peu d habitude
& des principes fûrs, l’étendue du front y met peu
de différence. ..
Paffons maintenant aux développements pruf*
fiens expofés dans l’ouvrage allemand dont j’ai
parlé ci-deffus.
Après avoir démontré, dit l’auteur, la bafe des
principes fondamentaux d’après lefquels on doit
aligner en front & en profondeur une troupe particulière
dans les différentes pofitions que les cir-
conftances exigent , ( voye^ A l i g n e m e n t ) , je
vais traiter de l’application de ces principes a une
armée. -
L’expérience ne prouve que trop combieu u eu
important aux exercices journaliers des troupes , a
plus forte raifon à la guerre, que les commandants
connoiffen? touts très parfaitement dans uiie armée,
non feulement lés principes propres pour
: donner aux troupes les alignements nèceffaiïes en
front & en profondeur, 8c pour déterminer la tU-
reâioa des lignes qu’elles doivent parcourir , mais
! qifil$ eg ayent uniformément le* mêmes notion*
T A C
c£ dès idées parfaitement égales, afin que î’aîigfté*
ment général s’exécute dans toute l’armée avec une
parfaite égalité 8c fur les lignes preferites.
Il n’y a nui doute que la perfection d’une manoeuvre
à la guerre ne dépende de la promptitude
de la facilité avec laquelle elle eft exécutée ,
*infi que de l’ordre intérieur des bataillons & de
Çelui qu’il faut obferver à la formation des rangs &
$es files , fur les diverfes lignes qu’il faut prendre.
Il n’eft pas moins indifpenfable que les officiers
Inférieurs , chefs de pelotons , connoiffent parfaitement
toutes ces parties, & qu’ils ayent,l’idée la
plus diftinCte de leur rapport réciproque dans touts
fes changements poffibles.
Mais on fera vraifemblablement moins de mon
fv is , quand j’avancerai, 8t même d’après l’expe-
tience, que nombre de commandants de bataillon
auroient encore befoin d’acquérir les connoiffances
fiéceffaires fur touts ces objets.
Quand on aura médité les principes que je
donne, 8c examiné mûrement ft mes règles font
juftes & conféquentes, en regardant alors , fans
préjugé , quelques exercices feulement , fi l'on
trouve mon affertion trop légèrement hafa'rdée, je
p a fie condamnation; & fi j ’avois fort, je (crois
coupable de vouloir, pour ainfi dire , m’ériger en
indicateur de commandants fupérieurs dans une
partie qu’ils font cenfés ne devoir jamais ignorer.
An refte , les fuccès d’une armée étant en partie
proporiionnés à la manière dont les troupes auront
été inftruites, j’avoue que je fais des voeux
pour qu’elles le foient plus parfaitement de ce qui
concerne en général les manoeuvres d’une armée à
la guerre; alors on pourra les moins fatiguer par
les exercices , fans préjudicier au bien du fervice.
A la guerre , tout bataillon dans une armée, confidéré
féparément, qui doit fe mettre en ligtie oc
s’aligner en front & en profondeur dans fes pofitions
8c dans fes marches quelconques , n’a exactement
d'autres principes ni règles à fuivre en fon
particulier, que ceux même que j’ai démontrés
dans la première partie de ce traité, relativement
aux diverfes pofitions dans touts les cas poffibles.
Nous avons vu , dans cette partie , que les officiers
inférieurs , chefs de pelotons , ne font nullement
obligés de faire attention au rapport général
dans lequel leur bataillon fe.trouve, ou devroit fe
trouver néceffairement avec les objets environnants
; mais qu’il eft de leur devoir de veiller feulement
à l’intérieur du bataillon , de prêter attention
aux commandements généraux , & de former
6c diriger intérieurement le tout félon les principes
développés , en remettant le foin des objets extérieurs
au commandant du bataillon , qui feul eft
tenu d’ordonner l’accord de l’enfemble 8c d’y
Veiller.
Il en eft d’un corps d’armée confidéré comme un
enfemble particulier , de même que d’un bataillon
confidéré féparément. Pour aligner ce corps d’ar-
‘P é e , foit de pied-ferme, foit en marchant, il faut
Aot militaire* Tome III»
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fuivre précifément les mêmes principes & les
mêmes règles.
Cependant la réunion de plufieurs bataillons en
un même corps d’armée , donne lieu à des cir-
conftances qui ne fe rencontrent pas pour un bataillon
feul ; plufieurs bataillôiîs rangés les uns à
côté des autres fon t, à la vérité, obligés de faire
enfemble divers mouvements ; c’éft tantôt de fe di-
vifer , tantôt de fe réunir, tantôt de marcher e*
différents ordres les uns à côté des autres , en ob-
fervant un certain accord dans l’enfemble.
Mais le prolongement immenfe d’un ordre de
bataille formé d’un grand nombre de bataillons ,
empêche de remédier promptement aux déviations
de la ligne générale néceffaire à tenir , 8c aux dé-
fordres qui en réfultent intérieurement dans les
mouvements des bataillons ; en un mot, de con-
ferver exactement l’ordre Scies lignes déterminées.
Les commandements de vive voix du général.ne
fauroient être bien entendus ; il eft même impof-
fible qu’ils parviennent iiffez promptement à toute
la ligne à la fois ; & comme on ne peut découvrir
entièrement l’état de cette ligne , il en eft bien
plus difficile auffi de juger de fes rapports avec
les objets environnants, & de fon ordre intérieur
de forte que les commandements du général s’exécutent
plus lentement 8c plus difficilement , les
désordres & les irrégularités arrivent en plus
grand nombre & plus fréquemment , fuivant
qu’une armée eft plus ou moins, forte , & fuivant
que la'ligne du front de bataille néceffaire eft plus
ou moins longue.
Donc, la-réunion en corps d’armée d’un certain
nombre de bataillons demande auffi plufieurs
règles particulières, d’après lefquelies cet enfemble
doit être mis en ligne & aligné en général >•& chacune
de fes parties en particulier, dans fon rapport
néceffaire avec les autres, afin que le tout
refte toujours dans l’accord convenable.
Ces règles, proprement dites , que je vais développer
dans cette fécondé partie de mon traité ,
doivent être connues parfaitement & à fond, non-
feulement du général en chef, niais encore de touts
les commandants des bataillons , afin qu’en fon
abfence ils puiffent, en toute affurance , faire
prendre à leurs bataillons refpe&ifs les alignements
& les direélions ordonnés, les mettre en
ligne, 8c lés aligner dans l’ordre néceffaire 8c déliré.
Donc , les commandants des bataillons doivent
touts favoir juger également des circonftances
quelconques ; il faut qu’ils ayent une égale con-
noiffance des règles néceffaires 8c les mêmes idées
de l’alignement des lignes ; qu’ils pofledent enfin
parfaitement les principes propres pour diriger le
tout 8c fes parties-; en un mot, il faut qu’ils con-
noiffent touts exa&ement ces règles particulières
en qu eft io n/, pour les favoir appliquer, dans la
pratique, à touts les cas poffibles,.
-C’eft dans cette vue que je vais développer les
pofitions 8c les mouvements d’une armée , i’aii-
ï x x x