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même porte les partis fuivants : deux ou trois partis.
de vingt dragons ou cavaliers & de vingt-cinq fan*
taffins, & quatre tambours qui donnent l’alarme a
divers portes de la place loin de celui qu immédiatement
après vous devez efcalader ou pétarder ,
& loin auffi de la porte qu’un détachement des
troupes que vous faites entrer dans la place doit
ouvrir à votre cavalerie ; cette alarme donnée à
différents portes, fera que les ennemis ignorant
©ù eft le vrai danger, diftribueront de touts côtes
les premières troupes qu’ils auront mifes fous les
armes , & que les vôtres trouveront moins d op-
poTition ; vos troupes, en obfervant tout lefilence
poffible , attacheront les échelles ou le pétard pendant
que les partis de -diverfion dont on vient de
parler continueront à tirer, à battre la caiffe & à
crier avance , avance.
Iphidiade d’Alydos ayant fait mettre le feu aux
portes de Paros, furprit par un autre côté cette
place ; les habitants avoient accouru à l’endroit
où on leur avoir donné la première alarme.
Une garde de huit à dix foldats a cheval pour '
empêcher que les voituriers ne s’échappent, &
que perfonne ne prenne les voitures qui ont fervi
à tranfporter les préparatifs pour la furprife.
Une autre garde de pareil nombre pour les voitures
dertinéés pour retirer les bleffés, fuppofez
que vous ne preniez pas le porte que vous attaquez,
ou que vous ne trouviez pas à propos de le
ce'nferver.
Il y aura, à chacune de ces gardes , un officier
d’honneur & vigilant pour empêcher que ces voitures
ne foient prifes par quelques perfonnes qui,
ayant fait butin , ne favent comment le porter juf-
qu’à leur place ou à leur camp. Les mêmes officiers
prendront garde que les voitures deflinées à
chaque ufage différent ne fe mêlent les unes avec
les autres.
• Une autre garde de dix cavaliers ou dragons
aura foin de tenir , dans l’endroit défigné , un
bon nombre de tambours & de trompettes pour
fonner la retraite lorfque vos troupes devront fe
retirer de l’endroit furpris, & afin qu’elles ne
foient pas expofées à être trompées par une fauffe
alarme ; ces tambours ne battront, ni -ces trompettes
ne fonneront, que lorfque le commandant
de la furprife l’ordonnera.
Deux ou trois partis de cavalerie d’élite s’avanceront
au moins jufqu’à une lieue fur les chemins
par où les ennemis pourroient venir au fecours de
leur place. Dès que ces partis les auront découvert,
& auront obfervé leur nombre , ils vous en donneront
avis. Si ce nombre ert confidérable, votre
parti doit tâcher de retarder leur marche. En traitant
de la guerre dèfenfive, & de la retraite des
gardes avancées , je donne divers moyens pour
yetarder la marche des ennemis.
Ces mêmes partis fervent pour enlever les meuble*
les plu* riches, que les habitants feront fortir
de la place, dès qu’ils commenceront à craindre
qu’ils ne foient pris.
Ou comme malgré toutes les mefures que vous
pouvez prendre , afin que la connoiffance de votre
entreprife ne parvienne pas jufqu’aux ennemis,
il fe peut que leur vigilance rende inutiles toutes
vos précautions & vos ftratagêmes , il rerte à parler
des expédiens contre un fecours qui eft déjà en
mouvement pour venir.
Lorfque par vos partis ou par vos efpions vous
aurez avis de la marche de ce fecours : ou vous
n’avez pas commencé l’attaque, ou vous etes
entré dans le lieu dont une partie fe défend encore
, ou vous vous en êtes entièrement rendu
le maître; chacun de ces trois cas demande des
avertiffements différents.
Dans le premier cas , ne tardez pas à vous retirer;
parce que certainement on a eu connoiffance
de votre entreprife dans le lieu que vous voulez
attaquer , avant que vous iayez pu avoir la
i nouvelle dg la marche du fecours , & fi les ennemis
font prévenus, vous ne pouvez attendre de
votre expédition que la perte de votre monde.
. Si le fecours n eft pas plus fort que votre détachement
, vous pouvez vous mettre en embuf-
cade fur fa marche , un peu loin de la place , de
peur qu’au premier bruit du combat , une partie
de la garnifon ne forte pour vous charger par
derrière ; car alors , quelque petite que fût la
troupe , elle ne laifferoir pas de vous bien incommoder.
Dans Je fécond cas, où je fuppofe qu’ en recevant
la nouvelle du fecours , vous êtes maître
dMitié partie du lieu que vous avez furpris , tan-1
dis que les ennemis fe défendent encore dans
l’autre partie , il n’y a pas de doute qu’on ne doive
continuer l’attaque , fi outre les troupes que vous
y employez, vous avez encore en campagne le
corps* de réferve dont j’ai parlé , & s’il eft affez
nombreux pour pouvoir fe battre contre le fecours.
Quoique ce corps de réferve mette en déroute
les troupes du fecours , il y aura toujours quelques-
unes de ces troupes ennemies qui entreront dans
la place , foit parce que cette retraite leur paroîtra
plus fure , foit parce qu’à quelque prix que ce
puiffe être, elles voudront aller au fecours de leurs
camarades. Dans ce cas , il faut auffi que votre |
corps de réferve fafle entrer quelques-unes de fes
troupes dans la place , pour éviter que les ennemis
avec le renfort qui leur eft furvenu, ne chaffent
vos foldats de la partielle la ville dont ils fe font
rendus maîtres. -
Si vous prenez la réfolution de combattre en
même-temps contre les ennemis, qui fe défendent
encore dans la moitié de la place furprife, & corme
le fecours qui leur vient, vous devez penfer a
deux retraites. Suppofez que vous foyez défait,
c’eft-à-dire , vers la place dont je vous fuppoie
J maître d’une partie , ou vers votre pays ; la p*«*
mière vaut mieux , lorfque vous efpérez que de
vos places , de vos quartiers ou de votre armée ,
*1 peur vous arriver du fecours qui vous affure ia
retraite, ou qui vous apporte des provifions de
guerre , pour achever de fini mettre la partie de la
ville que les ennemis défendent ; & quoiqu’il fem-
bls que ceux qui vous ont battus en campagne
devront auffi vous forcer dans la p l a ^ cela peut
arriver tout autrement, fur-tout fi Ta force des
ennemis confirte en leur cavalerie. Il ne fende rien
de dire qu’on leur fera mettre pied à terre ,» parce
que ces ■ cavaliers n’étant pas accoutumés à cette
forme de combat, & n’ayant point de bayonnette,
trois d’entr’eux ne valent pas un famaffin.
Si vous avez deffein de faire retraite vers la
place , vos troupes qui en occupent une partie,
doivent fe retrancher dans les rues , & ouvrir des
meurtrières aux muràille^des maifons du côté du
château, ou des autres édifices que les ennemis
défendent. Ces mêmes troupes doivent auffi faire
un bon détachement pour garder la porte , & les
ouverrures ou les brèches par où elles font entrées ,
& retirer les échelles dont elles setoient fervi pour
ï l’efcaladè.
Il faut faire retraite vers vôtre pays , lorfque les
] ennemis, dans cette contrée , font beaucoup plus
I forts en troupes, & peuvent vous invertir ou vous
I forcer dans cette partie du lieu que vous avez fur-
5 pris. Si vous prenez cette détermination , vos trou-
J pes, tant celles du corps de réferve, que celles
S dont vous vous êtes fervi pour la furprife, doivent,
* avant que le fecours ennemi s’approche , travailler
I inceffammcnt à abattre les murailles , & à mettre,
| en pièces les portes , les barrières , les paliffades ,
I les lierfes, les contre-poids, & les chaînes des
I ponts , afin que la garnifon de la place ou du quar-
| tier, pendant que toutes vos troupes réunies cbm-
3 battent contre le fecours, n’ait pas le temps de
| fermer toutes les ouvertures, pour vous empêcher
I d’entrer une feconüe fois , en cas que vous battiez
J le feçpurs~ Vous devez auffi , avant l’arrivée de ce
I fecours , Sonner ordre de rompre toutes les armes
| des prifonniers que vous avez faits , & d’enclouer
I les canons que vous avez gagnés , à l’exception de
I ceux que vous emportez pour vous en fervir dans
I le combat, qui fe doit donner en campagne; en-
| voyez ces prifonniers dans votre pays, avec une
I efeorte de cavalerie . & fi lé s habitants ne font pas
i afleétionnés pour votre prince, chaffez - les de la
1 place, & fait es meure le feu aux magafins de mu-
| «irions de guerre & des armes , mais épargnez ceux
I des vivres, afin que fi vous venez à d.faire lefe-
i cours, & à prendre ia place , ces vivr.es puiffent fer-
! vir aux troupes que" vous y ferez entrer , en a-tten-
Idant que vous en tiriez de votre pays, w
K Cet expédient d’unir au corps cle réferve les
: groupes <jui ont fur pris.une partie de la place , ert
l^ndilpcnfable , lorfque^ îaiss ces deux corps , vous <
j-n avez pas allez de troupes pour combattre contre :
fecours.
» De toutes les troupes qui font entrées dans ia
ville f u r p r i f e , ne comptez que fur la moitié pour
tin combat, qui poftérieurement doit fe donner
en campagne : car outre les foldats qui auront été
tués dans l’attaque , piufieurs avides du pillage,
& fouillant dans les caves, & les lieux les plus
: cachés des maifons , n’entendront pas la retraite
que les tambours battent. Plufieurs même de ceux
qui l’entendront ne foniront pas dans l’efpérance
que pendant qu’ils font du butin , vous battrez le
fecours , ou dans la réfolution de déferrer fi vous
êtes battus , &. donneront alors à entendre aux ennemis
que ce n’eft pas pour pilier, mais pour déferrer
, qu’ils fe font arrêtés dans ia ville.
Dion de Syracufe vint fondre iïibiîement avec
trois mille hommes fur 1< s troupes de Denis I I ,
q u i, commandées par Nypfie , & beaucoup fupé-
rieures en nombre , iaccagtoi-ent Sytatule. Dion
les défit totalement, parce ^u il les trouva difper-
fées pour piller, & fi acharnées au (àc de cette
v ille, quelles ne purent jamais fe rallier. •
Selon cette fupputation , examinez fi en joignant
les troupes du corps de réferve à celles qui ont été
employées pour la furprije , vous en avez afuz
pour vousoppofer au fecours.Si vous croyez n’êue
pas affez fort, faites battre la retraite, & hâtez-vous
de fortrf , après avoir mis à exécution tout ce qui
doit être pratiqué en pareil cas, détaillant tout ce
que vous ne pouvez emporter, lorfque cela peut
être de quelque utilité au prince ennemi , air.fi
que je le dirai dans la fuite. Il y aura pki s de
gloire dans vorre.entreprife fi vous pouvez emporter
quelques canons i les chevaux ., les mulets ,
& les boeufs que vous pouvez trouver dans la
place, peuvent vous aider à cette fin. Vous pourrez
encore vous fer vir pour cela des voitures qui ont
tranfporté les échelles & les autres préparatifs ,
que dans cette occurrence vous ferez brûler, de
peur qu’ils ne fervent de trophée aux ennemis.
Dans le dernier cas propofé, où je fuppofe que
même en unifiant toutes vos troupes, vous -n’ea
avez pas affez pour combattre contre le fecours ;
dans cette fiippofition , fi le fecours doit tarder
quelques heures , fi la place ou le quartier des ennemis
a une fortereffe £k des vivres pour pouvoir
vous y maintenir , ÔC fi vous n’avez pas un prompt
befoin de vos troupes dans quelque autre endroit,
vous pourrez prendre le parti d’attaquer vivement
la pariie de la ville que les ennemis défendent encore
, & l’ayant (toute prife, ou du moins vous
étant rendu maître des portes, vous pouvez vous
y réfugier. Si vous formez cette réfolution , détachez
de nouveaux partis de cavalerie fur les avenues
& les chemins par où le commandant des ennemis
peut envoyer pour faire favoir à la place
qu’elle va recevoir un fecours qui eft en marche ,
parce que cet avis .encouragerait la garnifon à continuer
de fe défendre.
Si lorfque vous recevez la nouvelle dn fecours
que fes ennemis envoient a vous estes déjà maitte