
76 H U C
nerni. Cependant, il n’en eft pas de ces énormités ,
comme des avions auxquelles la chaleur du combat. on eft emporté dans
On demande s’il eft permis de tuer un général
ennemi. C’eft une a&’ion que les anciens le font
permife 8c que l’hiftoire n’a jamais blâmée ; & de
nos jours, îe feul point qui foit généralement décidé
, c’eft que l’exécration feroit la jufte récom-
penfe de la mort d’un général ennemi, fi elle étoit
la fuite de la corruption d’un de fes foldats.
On a profcrit toutes les h o j î i li t é s qui avoîent
qréuceilpqruo’qauppesa.rence d’atrocité, & qui pouvoient être
HUCQUE. V o y e^ Jacque.
HUMANITÉ. Dans un fiècle où tout retentit du
mot h um a n i t é, où ce mot fémble être le cri du
ralliement général, on me blâmeroit, fans doute,
de n’avoir pas confacré un article particulier à ce
fentiment généreux , qui porte les hommes à compatir
aux maux de leurs femblables , à alléger leurs
H U M . Sainte humanité, toi qui as toujours b râlé dans
mon ame , fi ma fortune bornée ne m’a point permis
peines, à diffiper leurs chagrins , & à tarir leiirs
larmes j & moi-même, fi je ne rendois pas ici un
hommage folemnel à cette vertu de touts les âges
8c de touts les états , ne me le reprocherois-je
. point fans ceffe ? Toutes les fois que je verrois des
mil taires inhumains , ne me dirois-je pas, toi qui as
confumé tant de jours , qui a paffé tant de nuits à j
calculer la manière la plus fure & la plus prompte
à détruire les hommes , de couvrir leurs corps de
blefturçs plus cruelles que la mort; pourquoi ne
t’es-tu point occupé aufli à élever dans towts les
coeurs un temple à la tendre humanité? Pourquoi
n’as-tu pas vanté aux guerriers la bienfaifance, la
douceur., l’efficacité r Ah ! fi tu avois cherché à pa-
rër d’une main les coups que tu portois de l’autre,
fi tu avois pris foin de n’offrir pour modèles que
des hommes qui ont joint X h um a n ité à la fcience
militaire, la b o n t é à la valeur, peut-être aurois-tu
pxévenu quelque affreux incendié , peut-être là
dévaluation eût elle été portée moins loin, peut-
être le champ de bataille eut-il été jonché de moins
de morts ; mais certainement la riâoire auroit été
toujours accompagnée de la pitié , des tendres
foins , 8c X h um a n ité auroit féché une partie des
larmes que l’ivreffe du combat auroit fait couler ;
à ces penfées mon ame fe feroit brifée ; chacun
des cris qu’auroit pouffé X h um a n ité gémiffante auroit
enfoncé dans mon coeur un poignard mal
acéré; j’aurois cru voir à mon afpeélles hommes
fuir avec .horreur en s’écriant : c’eft un barbare
qui n’a fçu tracer que des leçons fanguinaires; nous
avons fait un crime à quelques-uns de nos concitoyens
de ce qu’ils n’étoient humains que dans
leur« écrits , mais celui-ci eft mille'fois plus criminel.
encore ; ;il n’a de X h um a n ité ni dans la tête , ni
dans le coeur. Non., non, jè ne mériterai jamais des
reproches auffi. cruels ; on pourra condamner mes j
écrits comme foibles & peu utiles ; mais fi je m é - '
ritois d’être mis au rang des fauteurs de X h um a n ité, «
pion coeur ne m’aurôitpas infpiré mes ouvrages. 1
de te faire touts les facrifices que mon coeur
me diéloir ; fi , emporté par l’amour du bien ou par
quelque autre pallion moins noble , je t’ai bleliée
dans la perfonne de quelques-uns de ces hommes
estimables qu’un hafard aveugle a fait mes inférieurs,
ou que le fort a fait mes ennemis; vois
mon repentir, 8c pardonne moi en faveur de mes
remords ; je te jure d'être toujours un de tes défen-
feurs les plus ardents ; mes derniers regards tomberont
fur ton image facrée , 8c ma dernière pen
fée fera pour toi. En faveur de ce voeu folemne"
que j’accomplirai , échauffe-moi de ta divine!
flamme , imprime ton feeau brûlant fur mes écrits
fais qu’ils portent une vive émotion dans Tame de-
touts lés guerriers ; qu’ils arrachent aux rois, 8c
fur-tout à leurs miniftres , le ferment de ne faire-
jamais que des guerres juftes, & de ne ^courir à*,
la voie des armes que lorfqu’ils auront épuifé touts
les moyens capables de conferver la paix, car la.
guerre eft un attentat horrible contre Xhunuinitèr
Que chaque général jure de ne faire aux- ennemis
que le moins de mal qu’il pourra;- de ne facri-
fier aucune goûte de fan g à fa propre gloire ; de
prodiguer aux vaincus des foins compatifiants 8c de
tendres confolations j de ne jamais faire la guerre
aux femmes , aux enfants , aux vieillards ; de re-r
; garderies paifibles habitants des campagnes comme
; des hommes facrés ; de ne détruire que ce qu’il ne
pourra conferver ; de n’ufer jamais de cruelles re-
prefailles; imiter un ennemi furieux, c’eft mériter
■ plus que lui le titre de barbare ; il étoit emporté-'
par un premier mouvement , & vous , vous avez
ordonné de fang froid les meurtres & les incendies.
Qu’il promette de réprimer la licence de fes
foldats & de mettre des bornes à leur fureur ; d’être-
leur ami, leur confolateur 8c leur père ; de facrifier
fa fortune, fa tranquillité, fes plaifirs au bien être
de fes fubordonnés ; d’être avare de leur fang y
économe de leurs forces-; de ne recourir à la rigueur
qu’après avoir en vain employé la clémence
de ne punir avec l’épée qu’après avoir ufé fans-
fuccès des- armes moins cruelles ; qu’il s'engage
enfin à ne rien négliger pour mériter leur amour &
leur confiance, car on fert Xhumanité en inlpirant
aux hommes des fentiments qui allègent leurs-
peines.
Que les officiers généraux 8c particuliers répètent
le même ferment; qu’ils jurent d’être juftes avec
leurs inférieurs ; de ne leur enlever jamais le prix
du fang qu’ils ont perdu , la gloire des aélions
qu’ils ont faites, ou celle des confeils qu’ils ont:
donnés ; qu’ils promettent de les accueillir avec
complaifance, de leur parler avec douceur, de les
traiter avec bonté, de les vifiter malades , de les
fecourir indigents , de les aider foibles.
Que les bas-officiers, eux qui règlent toutes les
allions du foldat, qui conduifent fes coups , mat-
trifent même fes penfées & dirigent fon coeur, qu^
H U M
les bas-officiers prononcent encore plus difiinâe-
ment le même ferment ; qu’ils promettent de ne
jamais traiter les foldats. avec dureté, de ne leur
adreffer jamais des paroles faites pour avilir leurs
âmes , & de ne fe laiflèr jamais conduire par l’humeurla
prévention ou la partialité; & vous foldats
, vous qui êtes trop fouvent accablés fous le
poids de l’autorité, & expofès à tours les maux qui
peuvent affliger X h um a n ité , jurez de ne verfer du
lang que lorique vous ne pourrez vous difpenfer
d’en répandre; de refpeaer la vie & les propriétés
des êtres foibles & dèfarmés ; de n’allumer jamais
aucun.incendie dans le pays ennemi; de faire tout
pour éteindre ceux que le hafard aura allumés ; de
ne troubler jamais la tranquillité de vos concitoyens
, de la maintenir, de la fortifier au contraire
; en un mot, de faire tout le bien qui dépendra
devons, 8c de ne commettre que le mal in-
difpenfable; fi nous tenons tous ce ferment fo-
jémnel, les guerres deviendront moins fréquentes,
moins longues , & fur-tout moins cruelles ; la terre
étonnée apprendra que l’h um a n ité peut furvivre à
la paix ; que la férocité n’efi point le caraflère dif-
tinâif de la bravoure, ce. que la véritable valeur
n’eft jamais dépourvue d’h um a n i t é, alors , d’une
voix unanime , les hiftoriens 8c les poètes, ces
organes de la renommée , ne rangeront parmi les
grands hommes, 8c fur-tout parmi les héros , que
les guerriers généreux qui auront accompli les
loix que X h um a n ité .d iâ e . Pour prouver aux militaires que le ferment que
nous venons de proférer 8c que nous avons exigé
tdr’oenusx- ldeouirt qêutree lelsa fernègtilme ednet s ldeue r conduite, mon- X h u n ia n ité la plus
tendre ont été profondément gravés dans lecteur i des hommes qu’ils révèrent le plus ; 8c qu’aiafi
que nous l’avons avancé dans le commencement
du paragraphe XVIÏ de l’article Général , 1 ’h u m
a n i té a fufiî pour faire monter plufieurs'guerriers
•au rang des héros , 8c X in h um a n ité pour les en faire
defeendre.
Quoique nous ayons montré dans le paragraphe
ÎXVIl de l’article Général -, un grand nombre de
isnilitaires remplis & h um a n i té, un nouveau coup-
d’oeil fur les guerriers de touts ,les âg:ss va nous en
offrir encore plufieurs autres dignes d’être cités
pour modèles. Dans la lifte des héros que leur h u m
a n ité a illuftrés , on doit joindre aux- noms
d’Alexandre , ceux d’Alexis Comnène , Totila,
Edouard III, Alphonfele magnanime, 8c LouisIX,
dont Xh um a n ité a- mérité des autels ; a.ux -noms de
du Guefclin. 8c;de Louis XII, ces- deux! héros à qui
leur h um a n ité a fait donner les fu'rnpms de bon connétable
8c de père 'du. peuple , furnoms les plus
beaux qu’un guerrier.8c qu’un roi puiffent porter ;
aux noms de Gonfalve de; Cordoue,-d’Henri IV ,
& du grand Condé, que nous avons vengé du
foupçon odieux d'in h um a n ité y àiceux de Turenne,
Fabert, Gatinat, Marlborough, Eugène, Luxembourg,
Pierre le Grand, Charles XII 8c Louis •jXLV;
H U’M' 77
ces trois princes, qu’on doit louer de n’avoir pas
été inhumains, quoique embrafés de la fureur des
conquêtes.; à ceux de l’élève de Montaufier, de
Philippe , duc d’Orléans , 8c de Louis XV ; à touts
ces noms illuftrés , on doit joindre , dis-je, ceux
de Xercès, Scipion, Germanicus , Aurelien, Constantin
, Narfès, Philippe II, Jeanne d’Arc , Conf-
tance de Cezelli, Bayard , Lautrec , Dévie , Mon-
talambert, Guflave- Adolphe, Harcourt, Ban-
nier, Schaumbourg, Vaufean . Villars, Cumberland
8c Audiffret.
J’aurois pu groflir encore cette lifte déjà fi con-
fidérable ; mais j’ai cru qu’il lie pouvoit pas exifter
de militaire affez malheureux pour n’ètre pas entraîné
par ces autorités; retraçons en peu de mors
les événements qui ont mérité aux guerriers que
je viens de nommer , l’honneur d’être inferits dans
cet article.
Des .malheurs fans nombre accablent Lacédémone
; les Spartiates , perfuadés que la divinité eft
toujours jufte, attribuent leurs infortunes au crime
affreux qu’ils ont commis en faifant mettre à mort
des hérauts que Darius leur a envoyés ; ils croient
que leurs calamités ceffprpnt dès que deux citoyens
ie> fsront dévoujs pour leur patrie en. allant le remettre
entre les mains du monarque Perfan ; Sper.tis
8c Bulis s’offrent, ils croyent marcher à une mort
allurée ; maisXercés ne veut poinr ufer d’indignes
repréfailles ; il admire la génerofité des deux Lacédémoniens;
, les combie d’éloges 8c de bienfaits ,
8c les renvoie apprendre à leurs concitoyens que
les Perfes .méritent moins que les Spartiates le fur-
nom de barbares.
Touts Tes hiftoriens de l’antiquité rapportent
que ce fut X h um a n ité de Scipion qui engagea les
uÊnfpaangimnoel.s à lui déférer la couronne d’une voix
Peut on être étonné de voir les Romains baigner
de larmes le tombeau de Germanicus , quand
on fçait qu’il traita avec une grande h um a n ité les
légions qui étoient fous,fes ordres ? quand on apprend
qu’il remplaça le bagage qu’elles avoient
perdu , qu’il joignit a cette générofité les manières
les .plus affables-,; que pour faire oublier leurs
peines à fes foldats:, il vifltoit les malades 8c les
bleffés, leur rappelloit les exploits qu’ils avoient
faits, encourageoit celui-ci par des efpérances ,
i celui-là par des proineffes, 8c plufieurs par des
récompenfes ?
L’empereur Aurelien eft plus connu par le fub-
terfuge qu’il employa pour empêcher le fac de
Tlah fiyèaren eZ,é nquoeb iep.ar les viéloires qu’il remporta fur
Après la prife de Suze , Conftamtin ordonna à
fes foldats d’éteindre le feu qui avoir déjà confumé
quelques maifons ; 8c pour rendre leur obéiffance
plus aélivè , il partage leurs, fatigues. Cette feule
a^ion n’eft-elle pas capable de faire pardonner
beaucoup de: cruautés ? .
, La garnifon de Lucques convient de fe rendre à