
France depuis lè moment où Henri V I I I , roi d’Angleterre
, fe fépara de la communion romaine; ils
furent cependant peu nombreux ju(qu’au moment
où Louis XIV donna un afyle à Jacques II ; mais
depuis cette époque nous avons eu à notre fervice
juf qu’à 24000 hommes, fournis par cette nation,
auffi brave que fidelle. . .
De /’infanterie fuijfe au fervice de la France.
Comme nous confacrerons un article particulier
au mot Suisse , ce fera là que nous parlerons des
Suiffes que la France a entretenus à fon fervice,
m v 1.
EJfai hijiorique fur l ’infanterie italienne & corfe au
fervice de la France.•
La première infanterie italienne au fervice de la
France fut fournie par les Génois. Ce fut Philippe
de Valois q ui, le premier, les appella dans fes
armées ; ils étoient excellents arbalétriers, mais
leur fervice n’étoit que momentané ; on ne les
gardoit que pendant la durée des campagnes. Ce
fut fous Charles VIII que les italiens fe multiplièrent
dans nos armées ; Louis XII en foudoya
encore un plus grand nombre que fon prédécef-
feur ; François premier imita Louis ; Henri II enrégimenta
les Italiens', & les corps qu’il créa, après
avoir éprouvé beaucoup de variations, ont enfin
formé ceux de royal italien & royal corfe, qui
fubfifient aujourd’hui. ( C. )
INGÉNIEUR. Officier deftiné à projetter 8c diriger
les travaux des fortifications /foit des places,
foit des camps , & ceux des fièges pour 1-attaque
ou là défenfe.
Cet emploi demande beaucoup de connoif-
fances, de prudence & de valeur. Ce font les ingénieurs
qui tracent les tranchées , les redoutes &
les batteries, de concert avec les commandants de
l'artillerie. Ils accompagnent les troupes dans l’attaque
du chemin couvert, des ouvrages avancés &
du corps de la placé , afin dé faire faire les loger
jnents néceffaires , dirigent le paffage^du foflé ,
conduifentles travaux pour la défenfe d’une place.
Toutes leurs fondions font très dangereüfes ; & il
n’y a pi officiers ni foldats plus expofés qu’eux ,
foi? dans les attaques, foit dans la défenfe,
On les appellôit autrefois engeigneurs , du mot
çrgin y qui fignifioit une machine, parce que les
machinés de guerre »voient é té , pour la plupart,
Inventées par ceux qui rempliffoient cet emploi ,
eue cetoient eux qui les mettoient.en oeuvre
dans là guerre. Quelques auteurs ont cru que leur
nom défignoit l’invention & l’habileté qu’ils de* ‘
voient avoir , fur. la fuppofirion que le mot engin
venoit du latin ingèn'tùm ; mais on ér3 peut douter , ;
quoique dans la baffe latinité, on ait nommé ingtpia \
les machines de guerre, . ? , y,;, . . - j
Hi fe clauferunt prope ripas ingcniortith'ÿ '
dît Guillaume-le-B reton dans l’hiftoire envers de
Philippe Augufte, en parlant du quartier où étoient
: les machines.
Li engigneurs engins drejfcnt.
G u i l l . G u y A r t . ann. lacé.
Et .Philippe Mouskes dans l’hiftoire du roi Louii
v m :
Quand li bons Meftres araauris ,
Le firédes" Engignours,
■ ' Coiwntànder des Min ours , &c.
Les ingénieurs font abfolument nécefiaires à làt
guerre ; auffi cet emploi eft il très , honorable. Ils
lont fouvent appellés au confeil du général, fur-
tout quand il s’agit d’un fiège. Ils montent aux
grades les plus confidérables de l’armée ; ils deviennent
brigadiers , maréchaux-dç-camp , lieutenants
généraux , gouverneurs de places ; M. de
V.auban a monté jufqu’à la dignité de maréchal de
France , avec l’approbation de tout le royaume 8c
des armées. On a porté l’art du génie à un très haut
point fous le règne de Louis-le-Grand ; 8c c’eft
aux ingénieurs françois que ceux des autres nations ,
parmi lefquelles il s’en efl trouvé auffi de fort dif-
tingués , font redevables de leur habileté.
Il y a encore aujourd’hui dans les fièges, comme
du temps de Philippe Mouskes, le fire des engi-
gneurs, c’eft-à-dire un ingénieur en chef qui préfide
à touts les travaux d’un fiège, 8c dont les autres
ingénieurs prennent les ordres. On trouve cet ingénieur
en chef dans un compte d’artillerie de 1627 *
qualifié d'ingénieur fai fan t la charge de capitaine 8ç
clire&eur général des tranchées » redoutes 8c travaux
en l’armée de Languedoc , ayant fous lui
deux conducteurs defdits travaux.
On v o it, par ce compte & par plufieurs autres
beaucoup plus anciens, que les ingénieurs étoient
alors du corps de l’artillerie ; aujourd’hui ils n’en
font plus , 8c prennent un corps à part.
La déférence qu’on avoit pour M. de Vauban ,
faifoit que les.commandants d’artillerie fouffroient
qu’il marquât l’emplacement des. batteries. Depuis
fa mort les ingénieurs voulant s’attribuer ce.droit,
le marquis de la Frizeliere s’y oppofa au fiège de
Landau l’an 1 7 0 3 ,8c le maréchal de Talard , qui
commandait ce fiège , décida en fa favenr. La prétention
des ingénieurs ayant été renouvellée en
quelque autre oçcafion , il y eu? un réglement à
l’avantage du commandant pe l’artillçrie. Il eft du
bien du fervice , que le commandant de l’artillerie
8c l'ingénieur en chef agiffent de concert en pareilles
occafions, ( Daniel mil. franc. tqme I I , L
IJÇ,pag.Sg). / . . ■
L’emploi d‘ingénieur exige beaucoup d’étude , de
talents , de capacité 8c de génie, Les fciences fondamentales
de çet état font la feieneç du.calcul, la
géométrie, la mécha-qique’& l’hydraulique.
. Un ingénieur-doit avoir quelque ufage du deffein.
La phyfique; lpi eft néceflaire pour juger de. la
naturq
1 N G
nature des matériaux qu’on emploie dans les bati-
ménts , de celle des eaux .;8c des différentes qualités
de l’air des lieux qu’on veut fortifier.
Il efi très utile qu’il ait des connoiffances générales
8c particulières de l’architeélure civile pour
la conftruflion des bâtiments militaires , comme
cafernes , magafins , arfenaox , hôpitaux, logement
de l'état-major. 8cc.‘, dont .les ingénieurs font
ordinairement chargés. M. Frézier recommande
aux ingénieurs de s’appliquer à la coupe des pierres.
«J’ai reconnu par mâ propre expérience, dit ce
favant auteur ( dans l’ouvrage qu’il a donné fur
cette matière ) , que cette connoiffance de la coupe
des pierres efi auffi indifpen fable à un ingénieur
qu’à un architecte , parce qu’il peur -être envoyé ,
comme moi, en des colonies éloignées , 8c même
en ces provinces où l’on manque d’ouvriers capables
d’exécut-’r certaines parties de la fortification,
qui demandent de l’intelligence dans cet art ».
Ces différentes connoiffances & quelques autres,
comme celle de la taCtique & de l ’art de la guerre ,
ne font que l’acceffoirè de ce qui conftitue le véri-r
table ingénieur. C ’eft la fcience de la fortification ,
de l’attaque 8c de la défenfe des places qui le ca-
raCtérife particulièrement, 8c qui doit être l’objet
le plus férieux de fes études.
«Les différentes parties du génie., dit l’auteur
de l'ingénieur de campagne, fe rapportent préfque
toutes à la fortification; on ne peut douter qu’elle
n’en foit la principale ; cependant, à parle* en gé
néral, c’eft celle à laquelle les ingénïeu’s s’attachent
le moins. Cette indifférence vient probablement
de ce que n’aya.nt appris qu’une routine fans principes
, qu’un maître peu éclairé rend refpeCtable
par le nom de l’auteur dont il l’emprunte , on regarde
naturellement cet objet comme borné 8c
comme porté au point de perfeCtion dont il eff fuf-
ceptible ». ( Préface de l’ingénieur de campagne ).
En examinant le progrès de la fortification depuis
l’invention des bàftions, on s’apperçoit que
la difpofition de l’enceinte des places a "éprouvé
peu de changements ; mais doit-on en conclure
qu’elle a tout le degré de perfeCtion poffible? Non
fans doute ; le peu de durée de la défenfe de cette
enceinte, lorfque l’ennemi a pu s’en approcher, fuf-
fit pour le démontrer.
Il eft donc important de chercher à rendre notre
fortification plus parfaite..Il faudroit trouver le
moyen de fe garantir de l’effet du ricochet ; de
rendre les ouvrages moins expofés à la nombreufe
artillerie avec laquelle on bat les places; de mettre
les dehors plus en état d’être foutenus 8c repris
par l’affiégé ; de faciliter les communications , de
les rendre plus fures 8c plus commodes , 8c fur-tout
de diminuer l’exceffive dépenfe de la fortification.
Ce font les principaux objets qu’on doit avoir en
vue dans les nouveaux fyftèmes de fortification
qu’on peut propofer. Les ingénieurs peuvent feuls
donner des idées juftes dans une matière où la
théorie ne peut rien , ou du moins ne peut que
Art Milit aire,Tome IIIf
très peu de chofe fans la pratiqué des fièges. C ’eft
cette expérience qui a produit le traité de fortification
de M. le comte de Pagan, 8c les vues nouvelles
que cet illuffre ingénieur a données pour perfectionner
la difpofition de l ’enceinte des places ,
& pour rendre la défenfe des flancs plus direCre.
Foye^ F o r t i f ic a t io n .
Pour perfectionner la fortification , ou reChfier
ce qu’elle a de défavantageux , il faut pofleder parfaitement
tout ce qui a été fait 8c enfeigné fur
cette matière. Cette étude , lorfqu’on y fait un peu
d’attention /paroît plus vafte 8c plus difficile qu on
ne le croyoit d’abord. Bien des gens s’imaginent
fçavoir la fortification , parce qu’ils ont appris à
tracer l’enceinte d‘un plan fuivant la méthode de
M. cle Vauban ;.ou celle de quelqu’autre ingénieur ;
mais ceux qui ont réfléchi fur cet art, fentent bien
quelles font les bornes d’une pareille étude; elle,
feu feulement à apprendre les termes de la fortification
; mais fi l’on n’entre point dans l’efprit des
inventeurs des fyftèmes ,fi l’on ne fait pas attention
aux différents objets qu’ils ont eus dans leur
; conftruClion , il arrive , comme l’expérience, le
preuve, qu après av.oir beaucoup copié de plans
\ & confinât beaucoup de fyftèmes, on ignore encore
la fortification, c’eft-à dire , fon e(prit, fes
; règles & fes préceptes , 8c qu o.n fe trouveroit très
cembartaffé s’il fa U oit appliquer ces règles à une
lituation tant: foit 'peu irrégulière.
Lés connoiffances de la fortification , utiles à un
ingénieur, font bien différentes de celles: qui con»
: viennent à un officier ordinaire.’ Le premier doit
| non-feulement fçavoir difpofer les ouvrages d une
; place de guerre pour la mettre en état de taire une
vigoureufe réfiftance ; mais il faut encore qu il
fâche la conftruire , 8c remédier aux différents inconvénients
qui arrivent dans la conftruCtion. L officier
peut fe borner au premier objet pour être en
état de reconnoître le fort 8c le foible d’une place.
Si avec cela il fait mettre un village ou un pofte
en état de réfifterà un coup de main, on peut dire
qu’il poffède la ’fortification néceflaire à fon état ;
niais l’habileté de l’ingénieur doit être portée à un
point bien différent. Comme les idees ne fe pré-
fentent.que fuccefliyement, il faut, pour en trouver
d’utiles , s’appliquer très férieufement à 1 objet
que l’on veut perfeéïionner. Ceux qui croyent n’avoir
plus rien à apprendre dans les chofes de leur
état, ne font pas propres à trouver de nouvelles
i inventions. Un efprit éclairé , {âge 8c raifonnable,
n’emplôie fon temps à des recherches particulières,
qu’autant qu’il préfume que fon application
ne fera pas infruâueufe ; il eft rare qu’avec cette
difpofition , de l ’intelligence, des connoiffances 8c
■ un travail affidu , on ne parvienne à la fin à quelque
découverte utile.
Nous penfons donc que la perfection de la fortification
aéluelle eft un abjet digne de l’ atrenrion
8c de l’applicarion des plus favants ingénieurs. On
peut tout attendre d’un corps auffi éclairé 8c .au®