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mun de voir apporter dans les camps les maf-
chandifes rebutées ailleurs ; la police doit donc
veiller fur leur qualité; elle doit empêcher leur
falfification ; elle doit donc avoir Tinfpeâion fur
toutes les denrées ou marehandifes dont on peut
avoir befoin dans les camps, & qui ne doivent y
être introduites que par fa permiffion ; elle doit
aufFi fixer leur prix d’après le premier achat , les
frais de tranfport, les rifques courus, & le gain
que doit faire le vendeur ; par la même raifon, elle
doit veiller fur les poids , fur les mefures, &c.
Après avoir fixé des poids & des mefures uniformes,
la p o l i c e pour parvenir à empêcher la
fraude dans la viande 6c dans le pain , établira des
"boucheries & des boulangeries , dont il fera défendu
, fous de grièves peines, de fortir ni viandes
ni pains , avant qu’on ne les aye attentivement
examinés.
On pourroit prendre les mêmes précautions pour
les différentes boiffons , ainfi que pour les fruits,
les légumes, l'huile , le beurre , & il en réfülterôit
même ûrié'plus grande tranquiVhré & fureté dans
les camps , où on ne laifferoit plus pénétrer touts
ces marchands & marchandes qui ne ceffent de les
parcourir , & qui peuvent continuellement voir &
favoir ce qui s’y paffe; chaque■ objet auroit donc
fon marché particulier fur les derrières du camp ,'
dont touts feroient féparés de manière à ne pouvoir
pas être inftruit de ce qui fe paffe ; il en feroit
de même pour les cafés * cabarets ou autres lieux
dans lefq.uels on permettroit aux foldats 8c aux
officiers de s’affembler pour leurs plaifirs ou leurs
befoins ; par ce moyen la potier -feroit infiniment
mieux faite 8c plus ai fée à exécuter.
Mais comme l ’attention de là police ne peut pas
s’étendre fur la qualité de toutes les choies dont
l’armée peut avoir befoin , elle—fe' bornera aux
chofes les plus néceffaires ; cependant comme il
arrive trèsfouvent que les fourberies dans la nature
des différentes denrées ne fe commettent pas
toujours par les vivandiers ou les marchands de
l’armée, mais par ceux qui les leur vendent, il
fera à propos que le pouvoir de la police s’étende
ail moins fur ces objets jufques fur lés marchands
des villes & des villages qui tromperoient, afin de
les punir fans avoir recours à la juftice du lien , qui
ne châtie ordinairement que ceux qui n’ont pas le
moyen de la corrompre.
Mais outre ces objets , il y en a.qui ne regardent
que la partie des vêtements , celle des commodités
ou des agréments qu’on voudroit fe procurer ;
d’autres ont des rapports avec les monnoies » ceux-
ci avec le butin qu’a pu faire le foldat & qu’on
doit lui difiribuer, &c-, que la police n’en rcégl ige
aucuns , que toute efpèce de marchàndife fbirfcru-
puleufemerit examinée avant d’ètre livrée, qu’aucun
marchand ou ouvrier ne puiffe abufer du be-
foin ou de la fantaifie que peut avoir l’officier on
le foldat , qu’ils ne fe fervent que des! poids 8c
•mefures fixés par la police.
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Quant aux monnoies, plufieurs fois il eft arrivé
qu’on a haufféleur valeur au deffus du cours ordinaire;
on fait circuler dès efpèces quin’avoient
pas cours , les foldats fouffrent de ces variations ,
ainfi que de la néceffité où ils fe trouvent de fe
fervir de pièces étrangères, parce qu’à mefure que
l’argent augmente de valeur, le prix des denrées
monte à proportion, & les marchands , forcés de
prendre de la mbnnoie qui n’a pas cours chez eux ,
8c fur laquelle ils craignent de perdre, augmentent
auffi le prix des marehandifes.
Le burin fait fur l ’ennemi , appartient de droit
a ceux qui ont contribué à l’en priver ; mais pour
l’ordinaire la plus grande partie tombe entre les
mains des valets, des femmes | des vivandiers, 8cc.,
le refte paffe par tant d’autres mains, qu’il ne reffe
rien , ou prefq.ue rien pour le loldar, a qui il devroit
feul appartenir ; il faut donc que la police
prenne un foin particulier de cette portion de la
propriété de quelques foldats; il faut quelle pu-
ni fie févèrement ceux qui s’en emparer oient injuf-
temeot, qu’elle veille à ce que ia diftribtuion s en
faffe' avec équité, & qu’elle faffe vendre à.Ten*
chère & publiquement les effets , afin que les fol-
dacs à qui ils appartiennent ioient moins trompés
par les acquéreurs.
4°. Sûreté au-dedans pour les vivandiers, marchands
& ouvriers.
Pour encoùrager lës marchands 8c les vivandiers
à apporter dans les- armées les commodités qui y
font nécefiàires, & s’attacher à y entretenir l’abondance
, il faut que la police protège leurs biens
& leurs perfonnes ; en conféquence elle établira !a
plus grande fureté dans les marchés publics -, garantira
de toute efpèce de violence les demeures
des marchands, ainli que leurs tentes , fournira des
fentinelles à celles qui font les plus fréquentées ,
donnera des paffe-ports , rendra toutes les avenues
très fures, 6c punira rigoureufement touts
ceux qui pourroient donner la moindre atteinte à
cette f ureté', atteinte qui pourroit retarder les. opérations
de l’armée par la difficulté des fubfiflances.
Si la police , par fon exactitude, parvient à établir
fureté 6c protection pour les marchands 6c les
vivandiers , les vivres 6c les commodités manqueront
bien rarement dans l’armée ; les habitants des
lieux voifins du camp s’emprefferont d’y apporter
en quantité 6c de leur plein gré , tout ce dont ils
pourront fe paffer;, 6c dont ils efpéreront pouvoir fe
défaire avec quelque avantage*
Outre les vivandiers 8c les marchands ,■ il faut
encore à l’armée des ouvriers , dont les moins in-
difpenfables font les charrons , les armuriers, les
feUicrs -j les maréchaux-ferrants f les tailleurs , les
cordonniers, &c. ; il faut répare f ce qui fe gâte ,
remplacer ce qui fe perd. La polies affurera donc la
tranquillité' dans l’armée „ y diminuera les défagré-
ments 6c les dépenfes, en veillant à ce qu’il y ait
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à la fuite touts les ouvriers dont on peut y avoir
befoin, à ce qu’ils foient bons , intelligents , munis
des outils qui leur font néceffaires ; à ce qu il
n’y en ait que le nombre fuffifanr, 8c fur-tout à placer
enfemble ceux qui profeffent les mêmes nié-
tîets, de façon à diminuer la confufion 8c le défor
dre , 6c à faciliter aux perfonnes qui peuvent
avoir affaire à eux , les moyens de.les trouver tout
de fuite, ainfi qu’on l’a demandé pour touts les
autres objets qui doivent fe vendre ou fe'faire dans
le camp , pour la vie , la commodité ou: l’agrément
de ceux qui font obligés de Thabiter.
5°. Précautions à prendre pour augmenter encore ,
autant qu il ejl pojjible, la tranquillité & le bien-
être du foldat au-dedans.
Cependant f i, après avoir pris toutes les mefures
dont nous venons de parler pour établir la
fureté dans les marchés pour les marehandifes , les
vivandiers 8c les marchands , ainfi que pour en
écarter la fraude , les habitants du voifinage du
camp , par mauvaife volonté ou d’autres motifs,
refufoient*de faire ce qui dépertdroit d’eux pour
pourvoir l’armée, la police devroit s’occuper des
moyens de les y contraindre. Ainfi fi une armée
fe pourvoit quelque temps dans un lieu où les
vivres feroient rares, la police taxeroit les habitants
à une certaine quantité de comeftible de différentes
efpèces, qu’ils feroient obligés de fournir par jour,
6c qu’ils pourroient vendre à leur volonté , à moins
qu’ils ne vouluffent paffer les prix fixés ; alors la
police les obligeroit à s’y conformer, de même
que fi elle étoit obligé d’exiger des livraifons par
des habitans un peu éloignes ; elle s’occuperoit
âuffi à ce que l’armée eût un certain nombre de
vivandiers, bouchers 8c boulangers , 6c une fois
leur nombre fixe, elle n’en fouffriroit ni n’en tô-
léreroit aucuns autres. Mais pour encourager ces ■
perfonnes fi néceffaires , la police leur donneroit
toutes les facilités poflibles , comme des fourrages
pour un certain nombre de chevaux , 6c même des
avances pour les équipages 6c les marehandifes,
au cas qu?ils ne puffent pas fubvenir à toutes ces
dépenfes de leur propre fond.
La police devroit auffi prendre des précautions
pour affurer le fervice des poftes pour les lettres ,
■ 6c diminuer la çonfufion &■ le déiordre qui règne
fouvent dans cette- partie.
Une précaution -.encore infiniment effentielle ,
c’eft d’empêcher le foldat d’aller chercher des
vivres dans la campagne ; on ne le leur permet jamais
que ce ne"foit au préjudice des habitants , 6c
fouvent de l’armée môme. Fuffent-ils conduits par
des officiers, ils prouvent toujours trop de moyens
pour commettre des défordres qu’il eft bon d’éviter.
Us détruifent deux fois plus de vivres qu’ils
n’en rapportent au camp ; il eft donc bien plus
Avantageux que la police fe charge de faire porter
au camp ces mêmes vivres, aèn qu’il n’y en ait
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point de perdu , 6c que les habitants ne foient ni
léfés ni .vexés.
Enfin , quoique plufieurs régiments ayent une
bibliothèque, comme le tranfport en eft coûteux,
embarraffant , ,6t. augmente beaucoup trop le
nombre des équipages dans les armées, on pour-
rqit borner à très peu de livres militaires, la bi- -
bliothèque qu’on permettroit à chaque régiment
pendant la guerre. Mais pour l’agrément, la dif-
traélion 6c l’occupation de Meilleurs les officiers, la
police pourroit çhoifir un entrepreneur qui, moyennant
une foraine modique que chaque officier
payeroit par mois, feroit provifion de borsTlivres
dans, touts les genres , ( excepté ceux militaires que
les régiments auroient avec eux ) , qu’il loueroit
enfuite,à raifon d’une certaine reconnoiffance proportionnée
à la valeur du, livre 6c au temps du
louage ; on en déduiroit l’avance faite précédemment.
Cette entreprife, infiniment utile , remédie-
roit au défoeuvrement de beaucoup d’officiers ,
qu’elle empêcheroit peut-être de mal faire.
Sûreté au dehors,
Cette fureté regarde i°. les chemins à tracer pour
les marches & les marches elles-mêmes ,* 20. les campements3
®. les fourrages ; 4 les détachements ;
50. les habitans des pays où l ’on paffe pendant les
marches , & ceux qui avoijinent les camps où Von
s’arrête.
Après avoir détaillé touts les objets fur lefquels
doit veiller la police au-dedans , objets qui doivent
l’occuper continuellement touts les jours 6c à touts
les iriftaiits du jour 6c de la nuit, il faut parler de
ceux qui exigent ffès furetés au dehors , niais qui
font moins habituels que les premiers , parce que
les armées, ne font pas toujours^en marche , 8c que
l’on n’envoie pas touts les jours au fourrage en
détachement,. 8tc.
i ft. Marchesi |
Quand l’atmée doit fe. mettre en marche pour
i faire . quelques recouvrements, on a foin , lorsqu’on
en a le temps , d.e marquer les chemins
qu’elle doit fuivre ; alors \z police.àou ;faire avertir
les propriétaires de faire couper les bleds ou
autres denrées dans toute la longueur 6c la largeur
des chemins.
Une fois l’armée en.marche , comme c’eft pendant
ce temps-là que fe commettent les plus grands
excès contre les; propriétaires , que les femmes ,
les valets 6c les vivandiers .abandonnés à eux-
mêmes ruinent les.campagnes, pillent 8c moleffent
les habitants, 8c font ordinairement plus de ravages
que les troupes mêmes, la police veillera avec
exa&itude à ce que tout feit dans Tordre ; 8c comme
nous avons demandé que touts les marchés » marchands
8c ouvriers fuffent réunis dans un feul endroit,
on aura foin dans les marches que touts
foient auffi enfemble, 6c marchent réunis fous.Te£
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