
i i H A B
pour les ferrer , la ceinture fort large & montant
au-delTus des hanches. La grande couture recouverte
comme la verte d’une treffe blanche en poil
de chèvre, & de trois lignes de largeur. Cette culotte
feroit doublée jufqu’à quatre doigts au-deflous
des genoux d’une toile douce ».
«. Le foldat auroit pour l’hiver un ample fur-
tout de drap blanc , qui fe fermeroit par deux rangs
déboutons qui defcendroit au-deffous du genou ,
& auroit les mêmes marques dirtinâives que la
verte ».
« Sur la jonâion du gilet & de la culotte feroit
une ceinture de drap bleu , de cinq pouces de
large , qui fe ferreroit par-derrière au moyen de
deux boucles. Cette ceinture, commode à l’homme,
auroit d’ailleurs l’avantage de garantir la partie la
plus faliffante du gilet ».
L’habit verte de M. de Saint-Germain reffem-
bloit infiniment à la verte de M. le B. D. B. : il dif-
féroit feulement en ce qu’il avoit des bafques &
des retrou flis de couleurs.
En retraçant ici les différents habillements militaires
qui ont été propofés, nous avons fourni à
nos leâeurs le moyen d’en faire eux-mêmes la
comparaifon , & nous avons donné aux perfonnes
qui voudront s’occuper de cet objet la facilité d’éviter
des erreurs anciennes.
§• I V .
Examen des cinq habillements décrits dans le paragraphe
précédent.
Ces cinq habillements , quoique différents, pa*
roiffent cependant créés pour le même efprit ; ils
joignent aux avantages du vêtement ample 8c long
ceux du vêtement étroit 8c court.
Celui de M. le maréchal de Saxe 8c celui de M.
de Saint-Germain nous femblent cependant moins
bons que ceux de M. de Servan & de M. le B. D. B.
Les demi-culottes du premier, fon buffle , fon capuchon
Sc les manches larges de fon manteau turc
contrarient quelques-unes des conditions exigées
dans un bon habillement ; il en eftde même des bafques
8c des retrourtis , & de quelques autres parties
de l’habit-verte de M.de Saint-Germain.
L’habillement propofe par l’auteur des nouvelles
conftitutions militaires a fans doute fe s avantages ;
mais l’anonyme avoit-il bien réfléchi que les culottes
de peau une fois mouillées , fe fèchent très
lentement, qu’elles font d’un entretien difficile;
qu’une fabre-tache de peau offrirait encore plus
d’inconvénients que les poches qu’il réforme, 8c
que fon capuchon feroit un effet défagréable fans
offrir de grands avantages ?
L 'habillement propofé par l’auteur de l’examen critique
& par celui du foldat citoyen, diffèrent affez
peu quant à la forme générale, pour qu’on ne fâche
bien précifément auquel des deux on doit donner
la préférence. En effet, fi la culotte de M. le D. D.
B. nous paroîr préférable à celle de M, de Servan ,
H A B
; le gilet du fécond eft meilleur que celui du premier,'
& la verte de celui-ci remplit un plus grand nombre
des conditions demandées que la verte de celui-là.
Quant aux redingotes , elles font femblables. 11 me
i femble qu’en prenant , des cinq coftumes mili-
j taires que nous venons d’examiner, ce qu’ils ont
de meilleur , il feroit poffible de compofer un habillement
qui rempliroit toutes les conditions que
nous avons exigées , nous adopterions donc :
La culotte de M. le B. D . B. : mais elle ne feroit
point doublée. Cette obfervation eft effentielle ,
quand le foldat nétoye fes armes, quand il fait la
foupe , ou quand il eft de corvée pour la propreté
du quartier , il ne porte que fon calçon ; ainfi fa
culotte fe conferve propre plus longtemps & dure
beaucoup plus.
Le gilet de M. de Servan ; les meilleurs d’entre les
: vieux habits en fourniroient, prefque toujours la
matière.
La vejle de M. le B . B . , après en avoir ôté les
ganfes de poil de chèvre, qui coûreroient beaucoup
trop cher.
Enfin le manteau de tauteur des nouvelles conjli-
tutions militaires, toutes fois après l’avoir un peu
raccourci & en avoir fait difparoître le capuchon.
Le foldat porteroit le ceinturon au-deffus des
hanches 8c point en baudrier ; le poids du fabre
! fatigue la poitrine, 8c nuit à la fanté plus qu’on ne
l’imagine.
L’habillement de l’officier ne différeroit de celui
du foldat que par la fineffe des étoffes.
§• V .
De t habit de ta cavalerie.
Pour trouver quel eft l’habit que doit porter la
cavalerie françoife, interrogeons les écrivains militaires
que nous avons consultés jufqu’ic i, 8c qu’on
ne peut s’empêcher de regarder comme les meilleurs
guides qu’on puiffe fuivre.
L’habit que propofe le maréchal de Saxe , &
qu’il recouvre d’une armure, ne peut convenir à
notre cavalerie , que l’on croit devoir laiffer combattre
prefque nue.
L’auteur du foldat citoyen & celui des nouvelles
conftitutions militaires donnent aux troupes à cheval
le même habit qu’aux troupes à pied.
M. le B. D. B. propofe pour les cavaliers qu’il
nomme cuïrajjiers, une verte femblable à celle
qu’il a donnée à l’infanterie ; il veut qu’elle foit
ample dans toutes fes parties , afin de pouvoir la
doubler pendant l ’hiver d’une peau de mouton ; la
verte des cuirafliers n’auroit point de revers, mais
à environ un pouce de croifure, elle fe fermeroit
au moyen d’un rang de boutons 8c de ganfes de
chaque côté ; ces boutons coufus à trois pouces du
bord de la verte feraient de métal jaune , larges ,
extrêmement plats 8c minces , portant le numéro
du régiment. Il eft néceffaire qu’ils foient très plats
H A B
& très minces, afin de ne point bleffer par la pref-
fion de la cuiraffe, qui doit fe porter fui1 la verte 8c
non deffous. Le parement feroit en pointe à la po-
loitoife, fermé par trois petits boutons de côté ; fa
couleur feroit tranchante 8c diftinâive. Lecolet feroit
renverfé 8c taillé en pointe ; il feroit d’une
couleur tranchante , pour aider à la diftinâion des
régiments , les cuirafliers auroient de plus fur l’épaule
gauche une aiguillette de couleur différenciée.
« Le gilet fans poches 8c fans manches feroit façonné
à la manière de celui de l’infanterie ; mais il
feroit de drap blanc, doublé de ferge blanche ; la
raifon eft toujours que le cuiraflier n’ayant point de
fur-tout, doit avoir une verte & un gilet plus
chauds que celui du fantaffin. Les boutons feroient
unis & plats, de même métal que ceux de la vefte ».
u La culotte feroit de drap blanc ou de peau
blanche, femblable en tout à celle de l’infanterie.
C ’eft pour les hommes à cheval fur-tout que cette
forme de culotte eft commode , puifqu’elle évite les ,
manchettes de bottes. Les boutons de culotte 8c
les boucles de jarretière font des corps durs qui
bleffent les genoux du cavalier dans l’efcadron , 8c
lui rendent la preffion douloureufe 8c infuppor-
table ; avec l’accoutrement d’aujourd’h u i, qu’une
troupe manoeuvre un peu vivement pendant une
heure ou deux , le frottement des genoux dans
l’efcadron déchire les manchettes de bottes, arrache
les boutons , caffe les boucles ; c’eft ce qu’on
remarquera toutes les fois qu’on voudra y faire
attention ».
« La ceinture de la cavalerie feroit pareille à celle
de l’infanterie, & fon manteau femblable à celui
que porte aujourd hui notre cavalerie. » Il auroit
auffi un furtout de culotte de treillis écru 8c une
chemifetre de toile pour couvrir fa verte lors du
panfement des chevaux , 8c en général pour le fer-
vice des écuries. Je préfère infiniment ces dernières
aux furtouts de .tricots qu’ont aujourd’hui les troupes
à cheval, en ce qu’elles font moins embarraf-
fantes, moins coûteufes 8c rempliffent mieux l’objet
, garantiffanr non-feulement la vefte, mais encore
le gilet du cuiraflier, qui ne peut en temps
de guerre porter deux habits avec lu i, 8c d’ailleurs
doit toujours être en uniforme ».
Quant à 1’habillement aétuel de notre cavalerie,
il eft femblable à celui de notre infanterie.
De ces trois habillements , quel eft le meilleur ?
Toujours partifans du coftume qui joint le vêtement
ample 8c long au vêtement étroit 8c court,
nous exclurons l’habit que porte notre cavalerie,
8c nous n’aurons plus qu’à choifir entre celui du
foldat citoyen 8c celui de l’examen critique. Comme
l’auteur de ce dernier ouvrage paroît avoir fait de
profondes études fur la cavalerie, 8c comme Y habillement
qu’il propofe nous paroît réunir un très
grand nombre de qualités heureufes , c’eft celui
que nous adopterons.
H A B 13
g. VI.
De fhabillemetlt des troupes légères à/ pied 6r à
cheval.
M. le maréchal de Saxe n’entre point dans les détails
de Y habillement de fes troupes légères ; il y a
donc apparence que ce grand homme vouloit vêtir
les armées à la légère comme l’infanterie, 8c les dragons
, comme la cavalerie. Les autres écrivains militaires
penfant de même , nous adopterons avec
eux Y habillement de l’infanterie pour les chaffeurs à
pied, 8c celui de la cavalerie pour les dragons 8c
les chaffeurs à cheval.
Quant aux huffards, leur habillement étant con-
facré par un long ufage , 8c contribuant beaucoup
à l’efprit de corps qui les anime, nous nous garderons
de rien changer à fa forme.
§. VII.
De la couleur de /’habillement des troupes françoifes '.
Quel eft la couleur la plus propre à Y habillement
militaire françois ? Cette queftion a été fouvent agitée
, mais elle n’a point encore été réfolue d’une
manière bien pofitive. Si le blanc a fes partifans,
le bleu de roi a auffi les fiens ; il en eft de même du
bleu de ciel piqué de blanc, 8c du gris de fer. Quelle
eft de ces quatre couleurs celle qui mérite la préférence
? S’il étoit poflible de trouver une couleur
qui fût i°. peu voyante; a0, qui abforbât peu les
rayons dufoleil ; 30. qui fût fixée fans le fecours
d’un mordant capable d’altérer la qualité des laines
8c d’augmenter le prix des étoffes ; 4°. affez folide
pour paroître la même fur une étoffe ufée 8c une
étoffe neuve ; 50. peu faliffante ; 6P. enfin d’un
entretien aifé , cette couleur mériteroit d’être adoptée
préférablement à toutes les autres ; mais comme
cela eft impoflible, puifque quelques-unes de ces
conditions impliquent contradiction , il faut bien
s’en tenir à celle qui offre le plus d’avantages 8c le
moins d’inconvénients. Cette couleur, c’eft le blanc.
Tout mordant altère la qualité des laines 8c augmente
le prix des étoffes ; on ne peut en difeonve-
• nir ; il en eft de même de toutes les matières teignantes.
Entre un drap blanc 8c un drap bleu de la
même qualité * il y'a un quatrième de différence
pour le prix, 8c un huitième pour la force.
On ne fait jamais entrer dans les draps blancs
autant de laine de mauvaife qualité que dans les
draps d’une autre couleur ; car là rien n’empêche
d’en reconnoîtrela préfence.
Le blanc très blanc eft très faliflant , mais le
blanc jaunâtre ne l’eft pas autant, il l’efl cependant
davantage que le bleu de c iel, que le gris de fer y
mais auffi on le rapporte avec facilité au degré de
blancheur 8c de propreté auquel on doit l’entretenir.
Il fuffit pour cela de le foner 8c d’en enlever les
taches avec un abforbant quelconque.