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reâeur des attaques doit commander aux ingénieurs
, mineurs , fapeurs , 8c à tout ce qui a rapport
aux attaques , dont il eft comptable au général
feul. Par la raifon que quand il y a plufieurs têtes
à qui il faut rendre compte, il eft impoffible que
la confufion ne s’y mette ; apres quoi tout ^ ou- la
plus grande partie va de travers , au grand désavantagé
du liège & des troupes.
XXIX. -Enfin ne jamais s’éloigner de l’obferva-
tioa de cés maximes, parce que l’on ne le fauroit
faire fans manquer dans une chofe ou dans 1 autre,
& Souvent dans tout. .
Préparatifs des attaques.
Dès le commencement du Siège on doit faire ,
provifion de gabions, & tenir la main à ce quils
Soient bien faits & de bonne afiiette, & touts égaux,
de 8 ,9 ou io piquets chacun , de 4 à j pouces de
tour , allez Serrés 8c bien bridés , haut & bas, avec
de menus brins , & de fafcines étoupées en partie ;
on leur donne 2 pieds & demi de haut, fur autant
de diamètre , afin de les rendre plus maniables.
Trois ou quatre jours avant l’ouverture de la
tranchée , à-peu-près dans le temps que les troupes
ont achevé de camper & Se mu-nir de fourrages ,
on commande des fafcines & piquets à tant par bataillon
& tant par efcadron, ce qui va à 2 ou 3000
• pour les premiers , 8c 12 ou, 15 pour les derniers.
La longueur des fafcines doit être de 6 pieds uïr
2,4 pouces de tour aux reliures qui font doubles ,
8c les fafcines bien faites, les gros & petits brins
recroiflants également l’un fur 1 autre par liaifon
alternative. Les piquets doivent avoir 3 pieds de
long fur 5 à 6 pouces de tour, mefurés vers le
milieu. >. . ;
Il faut remarquer que les fafcines 8^ les piquets
font des ouvrages de corvée, de même que les
lignes ; mais les gabions fe payent ordinairement
c°f. pièce , à caufe de la difficulté de leur conftruc-
tion , qui demande des foins & de l’adreffe. Touts
les corps font amas de ces fafcines à la tête de leur
camp, où chacun d’eux fait fon magafin près des
fentinelles.
Quant aux gabions, c’eft un ouvrage de fapeurs
& mineurs bien inftruits , 8c d’un détachement de
Suiffes qu’on demande à cet effet ; ceux-ci font ordinairement
plus adroits que les François à cette
forte d’ouvrage. On doit aufli faife amas de toutes
les chapes 8c barriques vuides de l’artillerie g de
même que celles que l’on peut trouver chez les
vivandiers & à la campagne , defquelles on paye
même prix que des gabions.
Préparatifs du parc.
Pendant qu’on travaille aux lignes & aux préparatifs
de la tranchée , l’artillerie, de fon^côté , travaille
à former fon parc & fon magafin à poudre , :
à monter les pièces fur leurs affûts, préparer les
plattes-formes du canon & des mortiers , les fêpa«
rer, ranger les bombes, boulets , grenades, les
outils, à radouber ce qui en a befoin ,.vfaire les
portières & fronteaux de mires ; on travaille en
même temps à faire des blindes de bois, ronds ou
quarrés , de 3 ou 4 pouces de groûeur , larges de
2 pieds 8c demi à 3 pieds , entre deux poteaux
pointus par les deux bouts, longs de 5 à 6 pieds ,
entre deux traverfes de 15 pouces de pointe à
chaque bout. (ƒ#. 319 ).
On doit aulii faire amas de roulettes de charrues
, de madriers pour les mantelets roulants à
l’ufage des fapes. On amaffera des crocs , fourches
de fers 8c gros maillets à longs manches , des pelés
de fer emmanchées longues pour les fapes, des
pioches , des brouettes , des facs à terre & des paniers,
dont il faut toujours avoir grande quantité.
Les mantelets propres aux fapeurs font des ma-r
chines roulantes , qui ne conviennent qü’à la fape.
Pour les faire, on cherche des roulettes de charrue
à la campagne , auxquelles on met un effieu de
4 3 5 pouces de diamètre, fur 4 3 5 pieds de long
entre les moyeux ; au moyen defquelles on af-
femble une queue fourchue de 7 à 8 pieds de long,
à tenons 8c mortoifes , paffant les bouts de la
fourche entaillée dans l’eflieu ; on les arrête ferme
par des chevilles ou des d o u x , les deux, bouts
traverfent fur l’eflieu , paffants au travers du man-
telet, qui eft un affemblage de madriers de 2 pieds
8 pouces de haut, fur 4 de large, penchant un peu
fur l’efiîeû du côté de la queue , pour l’empêcher
de culbuter en avant. Les madriers qui compofent
les mantelets font goujounés l’un à l’autre, 8c tenus
enfemble par deux traverfes de 4 pouces de
large, & deux d’épais, auxquelles ils font cloués
& chevillés , & tout le corps du mantelet appuyé
fur une ou deux contrefiches , affemblées dans les
traverfes du mantelet par^un bout d une part, 8c
fur la queue du même de l’autre , auquel elles font
fortement chevillées. Les plans & les profils re-
préfentant cette machine , achèveront de faire
comprendre fa conftruclion. Comme le tranfport
en eft incommode , à caufe de fa figure & pefan-
teur, le mieux fera, après que toutes les pièces
auront été préparées & préfentées l’une a l’autre ,
de les marquer & faire pqrter toutes démontées à
la tête des fapes , & de les monter là , il y aura
Bien moins d’embarras.
Fig. 3 20. Plan d’un mantelet.
321. Profil d’un mantelet.
3 22. Mantelet vu par-devant.
323. Mantelet vu par derrière.
3 24. Chandelier. Voyeç le fupplément.
325. Mantelet double.
Des outils
Les outils dont on fe fert dans les ffeges font,
pics à hoyaux , pics à rocs, pioches, pèles de fer ,
bêches communes, feuilles de fauge * peles de bets
ferrées & non ferrées, & lochets de Flandres. Ces
derniers font les.meilleurs de touts, en bon terrein ,
comme celui des, Pays-Bas ; rarement font-ils propres
ailleurs, parce que le plus fouvent les terres
font dures & riïèlées de tuf, cailloux & pierrailles,
où ils ne font pas d’un bon ufage. Les pics a hoyaux
qui ont une pioche d’un côté & une pointe de l’autre
font bons, mêlés avec les pioches communes.
Les pèles de fer, appellées efcoupes , ne font pas
mauvaifes quand elles ont une bonne douille , 8c
qu’elles font bien emmanchées. Les becbes un peu
longues qui s'enfoncent dans la terre avec les pieds
font encore affez bonnes , parce qu elles enlèvent
la terre, écjont l’excavation d’un1' même coup. Les
pèles de bois ferrées font bonnes parce qu’elles
prennent beaucoup de terre à la fois, mais elles fe
cajfent facilement J les moindres de toutes font les
pèles de bois non ferrées , parce qu elles font très
caftantes, & de peu de durée,;‘ toutes ces efpeces
d’ outils font bons pour la terre & pour les roçail-
les ; les fuivants font pour le bois : favoir > ferpe ,
hache commune, fcies de toutes efpeces, cifeaux ;
fermoires de toute grandeur, hachets , daloirs,
herminettes, & c., & touts antres outils appartenants
à la charpenterie, ferroiVerie: & ferrurerie, def-
quels il doit y avoir plufieurs boutiques complettes
dans le-parc ; même des tourneurs, pour faire les
porte-feux des bombes & des grenades , plateaux
de bois pour les pie.rriers, tampons pour les mortiers
& les canons. Il doit y avoir de plus des outils
de mineurs pour la terre franche , le roc & le,tuf,
les murs , Sac. Toutes- ces, fortes d’outils , qui
doivent être bien emmanchés,, fe tirent des magasins
où il y en a pour L’ordinaire des amas de
longue m 1 i n , affe m b lés à loi.fir pour être bons ; ils
doivent être de 4 à 5 livrés » fabriqués de bon fer ,
de bonne trempe,Sa bien afférés fur les tranchants,
avec les pointes bien renforcées, de bonne 8a forte
douille à là, tête , ce qui fe voit-rarement, parce
que tout cela fe prend à des prix faits , Sa que l’on
ne tient pas la main avec affez d’exa&itude à leur
exécution.
- De la reconnoijfance des places.
Il y a préfentement peu de places dans l’Europe
dont nous n’ayons des plans; la plupart même font
gravés ; mais quoique ces plans foient prefque
touts peu exaâs ■, on ne laiffe pas de s’en aider 8a'
d’en tirer des lumières qui ne font pas inutiles ,
c’eft pourquoi je crois qu’il ne faut pas les négliger
, non plus que les cartes des environs des
places.
On trouvé encore le moyen d’apprendre quelque
chofe de l’état des places par les gens du pays,
principalement par des ouvriers un peu intelligents
, comme maçons , tailleurs de pierres, appa-
reilleurs »terraffiéts , entrepreneurs, Sac. On peut
encore introduire quelqu'un dedans, qui, après y
avoir fait quelque féjour, vous apporie des nouvelles
de ce que vous avez voulu fayoir..
A tout ce qu’on peut apprendre déjà forte , il
ne faut pas trop s’y fier ; on peut y ajouter ce que
l’on peut en découvrir par foi-même ; c’eft pourquoi
il: faut les reconnaître en perfonne , ou les
faire reconnoître par des gens furs 8a intelligents ,
ce qui fe doit faire à petit bruit , de jour Sa de
nuit.
Êîe.jour , on n’a pas la liberté de s’approcher de.
bien près , à moins qü’on ne le faffe prefque feul ,
parce que les gardes avancées de la place Sa le canon
vous inquiètent quand vous êtes accompagné
, Sa vous empêchent d’approcher.
Le mieux eft d'avoir de petites gardes avancées
derrière foi, cachées dans des haies ou dans quelque
foffé, foutenues par d’ autres un peu plus éloignées,
à la faveur defquelles qn s’avance feul, ou très
peu. accompagné ; cette pratique réuftit prefque
toujours , ce lônt de ces fortes de chofes qu’il faut
dérober comme on peut, Sa,-les revoir plufieurs
fois.
Ces manières’ de reconnoître la place n’inf-
truifent guères que du chemin à tenir pour les ac-
: taques du nombre 8a grandeur dès battions »cavaliers,
demi-lunes , ouvrages à corne , redans, chemins
coyverts , Ôcc., ce qui eft toujours beaucoup ;
mais s’il y a des fonds près de la place , Sa autres
couverts qui puiffent être bons à quelque chofe ,
on a peine à les bien démêler, 8a d’ordinaire on
ne- les recontioît que fort imparfaitement , non
plus que les eaux dormantes 8a courantes qui font
. près de la place.
Pour bien démêler tout ce c i, il faut les reconnoître
de nuit » bien accompagné , afin de les pouvoir
approcher Sa toucher, comme on dit, du
bout du doigt, ce qui ne fe fait pas fans péril, en-
. core ne voit-on pas grand chofe ; mais le matin en
fe retirant peu à peu avec le jour , on découvre ce
qu’on vouloit voir d’une manière plus parfaite..
C ’eft en quoi il ne faut rien négliger , car on retire
de grands avantages à\meplace bien reconnue.
Au furplus , ce neft pas une chofe bien ai fée
que de démêler le fort & le faible d’une place ;
vous avez beau la reconnoître de jour Sa de nuit,
vous ne verrez pas ce qu’elle renferme dans fo i, fi
vous ne l’apprenez par d’autres ; c’eft pourquoi il
ne faut encore rien négliger pour en être inftruit.
Il n’y a point de place qui n’ait fon fort 8c fon
foi b Le , à moins qu’elle ne foit d’une conftruélion
régulière , dont les pièces''de même qualité foient
toutes égales entre elles, Sa fituées au milieu d’une
plaine rafe 8a vafte , qui l’environne à perte de
vue, 8a qui n’avantage en rien une par.ie plus que
l’autre, telle qu’eft le Neuf-Brifack ; pour lois ou
peut la dire également forte 8a foible par-tout ; Si
en ce cas, il 11’eft plus qvieftion que d’en réfoudre
les attaques par rapport aux commodités , c’eft-
^ à-dire, par le côté le plus à portée du quartier du
roi, 'du parc de l’artillerie , des lieux, dont on peut
tirer des fafcines Sa des gabions, Sa des accès plus
commodes ; mais comme il fe trouve peu de