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dans les hiftorîens latins, virieds agere , c’eft-àdîre,
app r©cher de la place en formant un rang de
vignes. Elle nous fait entendre très diftin&ement
ce que dit Cæfar. ( Bell. gall. I. V i l , c. 27 ). Legïo-
nés intra vineas in occulto expeditus exhortatus.
« Cæfar ayant exhorté fes légions à couvert & fe-
crètement dans les vignes , &c. ». Enfin elle nous
apprend que ces machines ne formoient point un
ou plufieurs rangs parallèles à la muraille, comme
l'ont imaginé ceux qui voudroient que les anciens
euiTent tout inventé. S’ils les avoient difpofées
ainfi, ils n'en auroient pas couvert les deux côtés
d’ofiers , de cuirs & de feutres ; un feul ainfi corîf-
truit auroit fuffi. De plus , cette difpofition ne les
aur'oit pas conduits au pied des murs qu’ils vou-
loient détruire. Au contraire , ils les difpofoient
fur. un rang à-peu-près perpendiculaire à la muraille
, afin d’y aller par le chemin le plus court,
& d’avoir moins de machines à conftruire.
Quant à ce que Cæfar dit des machines des
Mar&illois, « que des ais longs de douze pieds Sf
armés de pointes, lancés par les plus grandes ba-
liftes j traverfoient quatre rangs de claies, & al-
loient s’ enfoncer en terre » afferes enim pedum
X I I , cufpidibus prcefixi, atque hi maximis bailiJUs
mïjji per IV or dînes cratium in terra defigebantur.
( Bel. civ. I. I I , c. 2 ).
Ce' paflage ne prouve en aucune manière que
Cæfar eût formé avec des claies ce que nous nommons
de.sparallèles il faudroit n’en avoir aucune
idée pour entendre ainfi l’expreffion de l’auteur.
Nous donnons ce nom à des tranchées parallèles
entre elles & au front attaqué , & très disantes
l ’une de l’autre. Quelque petite qu’on fuppofe la
diftance entre les prétendues parallèles de Cæfar ,
lix pieds , fi l’on veut , des planches de douze
pieds lancées de près ( cela ne pouvoir être autrement
) , lancées de haut en bas , du fommet d’un
mur très élevé ( routs ceux des anciens letoient ) ,
ne pouvoient pas percer quatre claies à fix pieds
de diftance l’une de l’autre. Ce que Cæfar a voulu
dire, c’eft que la force des machines marfeilloifes
étant très grande , on avoit cherché à s’en garantir
en mettant quatre claies l’une fur l’autre, au lieu
d’une ou deux qu’on eraployoit ordinairement.
PARAPET. Partie fupérieure d’un rempart , laquelle
couvre ceux qui le défendent. On dit que
ce nom vient des deux mots italiens para pelto ,
couvre-poitrine. Voye£ pour fes dimenfions dans
les differents ouvrages , F o r t if ic a t io n , Retr
an ch em e n t , Pla c e s ( attaque des ).
PARC DES VIVRES. Lieu où font dépofés les
vivres d’un corps de troupes, où l’on en fait les
diftri butions , où l’on tient les équipages de?
vivres.
PARTI. Petit corps de troupes envoyé en expédition.
.
Les puiflances belligérantes règlent par un car- ;
tel le plus petit nombre d h«mmes dont un parti
doit être compofé, Au-deffous lespartis font ré-
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pûtes voleurs & punis comme tels» Ce nombre eft
ordinairement quinze ou vingt.
Une armée eft mieux gardée par les partis que
par de grands corps de troupes placés en avant.
Ceux-ci ne peuvent fe dérober à l’ennemi , il fait
où ils font & les évite. Mais vingt ou trente
hommes fe glifieut atfément auprès d'un camp ou
d’un pofte, fans qu’on les apperçoive, peuvent
refter longtemps au même endroit, & voir fans
être vus.
La guerre de parti eft ce qu’on nomme petite
guerre ; elle prête beaucoup plus que Tautre à la
rufe & au fi ratage tue. Celle des anciens y a plus
de rapport qu’à la grande guerre que font nos
grandes armées ; c’eft aux partifans que l’étude en
peut être plus utile. Cependant les principes fondamentaux
de l’une & de l’autre font les mêmes.
On fait fortir de l’armée , prefque toutes les
nuits , des partis d’infanterie & de cavalerie. Leur
objet général eft d’être informé par eux de ce qui
fe pafle dans le pays, & d’empêcher que ceux des
ennemis n’en approchefit.
Ceux qui fortent pour aller aux nouvelles font ,
fuivant le pays ©ù l’on eft, ou d’un corps particulier
, ou mêlés vde cavalerie, de dragons , &
même d’infanterie,. St s’éloignant plus ou moins
de l’armée, fuivant les vues du général.
Ceux qui font deftinés à éloigner les partis de
l’armée , s’embufquenr & fe cachent foigneufe»
ment pour furprendre ceux des ennemis & les
battre. Outre ces partis d’infanterie ou de cavalerie
, fuivant le pays pour lequel on les deftine, il
fort auflî d’autres partis des années , deftinés pour
couvrir les flancs des conyois , pour empêcher que
l’ennemi n’interrompe lés fonélions qu’on veut
faire le lendemain, & pour faciliter au général la
connoiflance qu’il veut prendre ou d’un camp
avantageux , ou d’une marche, ou même de la
fituation du camp ennemi. Ces partis doivent être
beaucoup plus forts que les autres, & pofés Cyi-'
vant la narure du pays.
Ce font-là toutes les efpeces différfintes de partis
que l’on fait fortir d’une armée, qui ont la guerre
pour objet, & que l’on dit en général être des partis
qui vont à la guerre. Touts ceux-ci font commandés
à l’ordre par le général ; & ceux qui les
conduifent reçoivent leurs inftru&ions fur ce qu’on
veut qu’ils exécutent, & qu’ils tâchent d’apprendre
dans le pays où on les envoie.
Souvent ils font commandés à tour de rôle l
tant pour les officiers , que pour les foldats & les
cavaliers. Souvent auffi le général choifit, pour
commander ces partis-, des officiers de bonne volonté
, qui connoiftent le pays où on les envoie ,
& qui ayent a fiez de capacité pour bien voir Sc
connoître ce dont le général veut être infiruit.
Il y a d’autres partis qui fortent de l’armée, que
l’on nomme volontaires. Comme ils n’ont prefque
toujours pour objet que le gain particulier, fo.it
fur les conyois, foit fur les fourrageurs^ pgtureurs
PAR
3e t’armée ennemie, ceux qui les «détendent &
les compofent fe choififfent entre eux , fe proposant
au major-général de l’infanterie , quand ils
Sont de ce carps , ( ce qui efl prefque toujours ) ,
lecmel. après s’être informé , premièrement, de la
capacité du commandant de ce parti, & enfuite de
la nature de fon deffein , lui donne un paffe-port,
afin qu’en cas qu'il foit pris, il fe trouve avoue
parti de guerre , & puiffe être ou racheté , ou
échangé, s’il y a un cartel de guerre entre les
^ Quand ces fortes de partifans font hardis & capables
, & que le pays eft un peu mêle de bois ,
ils défolent une armée qui ne prend pas toutes les
précautions pour s’en garantir , qui font celles
dont j’ai parlé dans le chapitre des convois , des
fourrages & des pâtures. \ |
Il y a encore une autre efpèce départis, tant de
guerre que volontaires. Ce font ceux qui fortent
des places ; leurs objets foïît en grand nombre.
.Voici les principaux. WB B I -
Un gouverneur craint d’être afiâege , & veut Lavoir
précifément les mouvements des ennemis ,
pour en donner avis au prince & à fon general.
L ’armée ennemie marche près de fa place. Il veut,
pour favoir où & comment elle campera , taire des
prifonniers, pour en apprendre quelque choie de
particulier, & le.faire lavoir. . « r i
Il a Ordre de faire fortir un convoi de la-place
pour joindre l’armée. Comme l’affemblee de ce
convoi ne peut, être inconnue à 1 ennemi » 1 aut
qu’il en allure le chemin jufqu’à portée de 1 armee ,
& pour cela il fait fortir plufieurs partis , qui
fouillent le pays par où le convoi doit palier, qui
s’informent des habitants du pays, & qui, apres
avoir donné avis de tout ce qu’ils ont appris , s em-
bufquent en quelque lieu marqué pour protéger
le convoi. .,
Si le gouverneur a ordre d’établir des contributions
, il faut, pour cela, qu’il fafîe craindre fa gar-
ïiifon , & falTe pénétrer tout le pays par de gros
■ partis pour l’établiflement de la contribution j en-
fuite , fuivant qu’il fè trouve craint, il fait fortir de
petits partis feulement, pour l’exaélitude des payements
, & pour favoir ce qui fe pafîe- dans le pays
ennemi. Les partis volontaires qui fortent des
places étant de même nature que ceux des armees ,
& ayant le même objet, il eft inutile d’en parler.
La hardiefle du partifan qui attaque , décidé
prefque toujours du fuccès entre partis à-peu-près
égaux , en pleine campagne ; & fa conduite , peur
être bien embufqué & pour furprendre l’ennemi,
qui s’engage dans l’embufcade fans précaution, en .
aflùre la réuflite dans un pays couvert & rempli de
défilés.
Un.jeune homme, de quelque qualité qu’il foit,
qui veut favoir à fond le métier de la guerre , ne
doit point tenir au deffous de lui d’aller' en parti,
foit àpied , foit à cheval, avec les bons partifans
de l’armée, ôç de s’en faire aimer, afin d’apprendre
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dans cetfe efpèce de guerre , pour Ce rendre dans
la fuite capable de l’ordonner à propos , lorfqu il
fera parvenu au commandement.
Une armée ne peut être avertie des mouvements
de celle des ennemis de trop de manières différentes;
ainfi , quelque quantité defptons quelle
ait dehors , comme les uns pourraient avoir ete découverts,
& les autres empêches de revenir donner
des avis, à caufe que l’ennemi auroit avance
un corps pour couvrir fon mouvement, ü elt toujours
très utile d’avoir continuellement des parti*
dehors , compofés fuivant la nature du pays qu p
faut qu’ils pénètrent, & par \eCqae\s parus le general
foit averti de ce qui fe paffe à une diftance rat-
fonnable de fon camp. . . , ,
La méthode des Allemands pour la fmete de
leurs parfit, paroît plus judicieufe que la notre. Ils
font fortir de gros corps de cavalerie lorfque armée
fe trouve dans un pays ouvert. Ces corps ,
par leur force , peuvent s'avancer fans nfque. Ils
pouffent enfuite de petits parfit devant eux, que
les nôtres ne peuvent gueres pouffer, parce quils
fe trouvent foutenns, ( huquims ).
Parti-bleu. Petites troupes de foldats de differents
régiments, qui courent dans le pays ami
comme dans celui de 1 ennemi pour pdier le
payfan. Ils font communément fans chef, & commutent
des brigandages. Les foldats agapes ainfi
. eI, parti, font pendus fans remiffton. (. <d- )
PARTISAN. Commandant d un parti.
Un partifan intelligent & entendu dans la
g u e r r e , produit de grands avantages a l armee ; i
en jo ig n e les parti/ennemis ; il inflrn.t le généra
de toutes les démarches de fon adverfa.re tl fer
à étendre les contributions, a gener & a harceler
l’ennemi dané touts fes mouvements. Il faut de
grands talents pour bien s’acquitter de cette fonction
, & fur-tout favoir fuppleer , par 1 art & la
rufe, à la force ; en un mot, comme le dit lur ce
fujet un.auteur du métier , « il fa“ ‘. beauc0“ P , &
pénétration & d’intelligence pour fatfir le noeud &
la difficulté d’une entrepnfe; de la prudence & de
la jufteffe dans le choix des moyens Pr0Pr<js *
l’exécution; du
la conduite ; de la grandeur dame & d . 1 mtrép
dité à la vue du péril ; enfin une prefence .d efprit
en toute rencontre , jufques dans le feu de 1 a8ton
m<Tout officier qui va en parti doit être muni d un
ordre du général en bonne forme , fans quoi lut K
fa troupe font regardés comme voleurs, ou gens
fans aveu, & punis comme tels. Il faut que le part
foit au moins de vingt-cinq hommes d infanterie,
ou de vingt cavaliers ou dragons ; fans ce nombre,
s’ils font pris, l’ordonnance du a® novembre 17
- veut qu’ils (oient réputés voleurs , punis de la
même manière. .
Les partifans ne doivent tirer aucun rafraîchi!
fement des lieux où ils paffent, qu'en payant ae
gré gré. Ils ne doivent difpofer des effets pus fue
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