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torieufe , & une dlfpofition légiflative préparée
avec fagefle gagne toujours à être difcutée ( C. ).
HACHE D ’ARMES. Arme de main ; el'pèce de
hache dont on fe fervoit autrefois dans les combats.
Elle ne fert plus guère aujourd’hui que dans
ceux de mer. Le manche de la hache et armes étoit
fouvent tout de fer : elle étoit taillée d’un côté en
forme de hache ou cognée, & de l’autre en marteau
en pointe, ou en croiffant. ( Q ).
Les haches danoises ont été en grande réputation.
HAIE. Difpofition d’une troupe, formée fur un
feul rang.
Un officier particulier détaché avec un petit
nombre d’hommes eft inftruit qu’un- parti de cavalerie
très fupérieur marche poiir l’attaquer ; il le
v o it, il l’entend déjà ; il jette les yeux autour de
lui ; il n’apperçoit ni un ravin pour fe gtiffer , ni
une maifon pour s’y renfermer ; il n’auroit pas le
temps de gagner une hauteur voifine, un bois ou
une vigne qui lui offrent un àfyle alluré ; il ne découvre
qu’une haie un peu haute & fourrée ; il
dirige fa marche vers cet appui fecourable •; auflitôt
qu’il fa jointe , il en fait couper les épines ou les
branchages la quatre pieds & demi ou cinq pieds
au-de (fus du fol ; il cherche à donner à la partie
fupérieure de cette haie l’inclinaifpn que doit avoir
la plongée d’un parapet ; ( voye\ OUVRAGE en
terre ) ; il, fait couper auffi intérieurement les
brandies qui-empêeheroient fes foldats d’approcher
du pieîl de la'h a k , Si de derrière cet ouvrage , que
la cavalerie ne peut forcer , il fait un feu à volonté
Si bien ajufté qui rebute & éloigne néceflairement
fon adverfaire. S’il a un peu de temps à fa; difpofition
, il fait jetter de la terre contre le pied de la
haïe , il plante de gros piquets dans le milieu des*
arbuftes , ces piquets aident la haie à foutenir les
terres , & il forme ainfi une efpèce de parapet q u i,
hérifle d’épines , eft infiniment difficile à forcer.
Voye^ Parapet.
Si l’ennemi, en fe plaçant fur le flanc de ce
pofte , peut en découvrir l'intérieur, on élève fur
les flancs de petites traverfes en terre , auxquelles
on donne une épaifleur proportionnée aux terres
dont on peut difpofer , & aux armes avec lefquelles
on prévoit qu’on fera attaqué. Voye^ ouvrage en
TERRE.
Si la haie derrière laquelle on fe place eft très
haute , & fi l’on peut difpofer de quelques moments
, on fait couper la partie fupérieure des arbuftes
à 6 pieds & demi ou 7 pieds de hauteur, &
on élève une petite banquette contre le pied de la
haie. Si les arbuftes qui forment h haie font au
contraire trop bas pour couvrir entièrement les
hommes , alors on cretife derrière la haie un petit
foflè dans lequel les foldats fe placent.
Quoique l’hiftoire n’ait été que rarement écrite
par des militaires, & que les hiftoriens ayent cherché
plus fouvent à nous’ amufer ou à nous étonner
par des actions générales qu’à nous inftruire par
des faits particuliers., elle nous a confervé néan-
H A I
moins des exemples qui prouvent combien line
haie peut être utile à un petit détachement.
En 1422, Guillaume K y r ie l, capitaine anglois,
commandant un corps d’environ 80 chevaux, rencontre
200 chevaux françois commandés par le capitaine
du Bêlai ; il paroît impoffible aux anglois
d'éviter l’ennemi ; ils fe réfolvent donc à fe défendre
: ils mettent pied*à terre, fe placent derrière
une haie , & delà ils lancent un fi grand
nombre de traits contre les françois , qu’ils les
mettent en fuitetoutefois après en avoir tué plu-
fieurs & fait même quelques-uns d’eux prifonniers
de guerre.
Les françois , je le fçais , commirent une grande
faute : ils aflaillirent la haie à cheval; mais le grand,
le fublime de l’art ne confifte-t-il pas prefque toujours
à favoir profiter des fautes de fes ennemis ?
Les mémoires de la pucelle d’Orléans , qui nous
ont fourni le premier trait que nous venons de
rapporter, nous en préfentent uii autre encore plus
décifif..
« En 1426 ,un capitaine françois nommé Guyon
du Coing, lequel pour trouver fou adventuré, partit
de Sablé , ayant en fa compagnée de cent à fix
' vingt chevaux , & rencontra à une lieue près du
Mans un chevalier nommé mefljre Guillaume Ho-
deal, qui avoit en fa compagnée feulement de feize
à vingt anglois ; lequel quand il yeid. lefdits françois
venir devers lu i,, il defpendit & fes gens auffi
à pied dans un grand chemin:-près d’une./foie , pour
fe défendre & combattre contre iceux françois ;
lefquels lui vinrent courir fus tout à cheval ; mais
il fe gouverna & défendit fi vaillament , qu’il demeura
lui, Si fes gens toujours ferme à fa place ,
fans recevoir comme point de dommage ; au contraire,
il y eut des françois de tués & de pris, &
entre les autres un écuyer de Bretagne nommé
Jan Soret ; puis icelui Hodeal s’en alla , fans lien
perdre, en la ville du Mans » ( C )■
Haie. Border la haie. *
On dit que des troupes bordent la haie , lorfque
les foldats font formés fur un feul rang & placés
l’un à côté de l’autre.
Les troupes bordent la haie lors des procédions
folemneiles, Si. lorfque des princes ou des grands
à qui cet honneur militaire éft dû entrent dans la
ville ou elles font en garnifon. Voycç Honneurs
MILITAIRES.
Elles fe mettent encore en haie lorfque les infpec?
teurs ou les commiflaires des guerres paffent leurs
revues. Avant l'ordonnance de $776, les compagnies
fe formoient d’abord en haie ; on les divifoit
enfuite en trois parties , Si on les formoir fur- trois
rangs ; on a eu raifon d’abolir cette coutume ;
chaque fol dut doit favoir dans quel rang il eft
compris, Sc s’y placer de lui-même" toutes les fois
qu’il prend les armes ; la manoeuvre de détail dont
on fe fervoit pour pafler.de la formation en haie à
la formation fur trois rangs eft donc aujourd’hui
moins néceflaire qu’elle ne l’éfoit autrefoismais
H A L
fallait-il pour cela la pafler fous filence ? Je crois
que non. L’ordonnance devroit indiquer -encore
les commandements dont ori doit fe fervir pour
border la haie lorfqu’on eft placé à la droite , au
centre ou à la gauche du terrein qu’on doit border ;
elle devroit encore enfeigner la manière de fe former
fur la droite , fur le centre ou fur la gauche..
Une des qualités eflentielles à une loi militaire ,
ç’éft de ne laifter rien à l’arbitraire. Quand on a
reconnu que les réda&eurs d’une ordonnance ont
fait un feul oubli, même peu conféquent, la foule
fe croyant autorifée à taxer la loi d’imperfeélion ,
lui obéit avec répugnance. ( C. )
HALEBARDE. Arme de main compofée d’un
long fuft ou bâton d’environ cinq pieds , qui a un
crochet ou un fer plat échancré en forme de croif-
fant, & au bout une grande lame forte Si aiguë.
La halebarde étoit autrefois une arme fort commune
dans les armées ; il y avoit des compagnies
d’halebardiers : les fergens d’infanterie font encore
armés de halebardes. ( Q. ) Les françois emprunr
tèrent.cetre arme des l’uifles.
HALECRET. Corfelet de fer battu compofé de
deux pièces , dont l’ une couvroit la poitrine , Si
l’autre les épaules. Le halecret étoit plus léger que
la euirafi'e. La cavalerie françoife , qu’on appeloit
fous Louis XI les hommes d'armes, portoit le halecret
.H
ALTE. (Déflation de mouvement d’une troupe
qui marche-
Lot fqu’un régiment qui eft en route, ou une armée
qui eft en marche fait halte pour fe repofer, les
officiers defeendent de cheval, les foldats quittent
leurs armes & leurs havrefacs , tous s’alTeyent à
terre, tirent leurs provifions des havrefacs , des
cantines, & mangent. La durée de la halte dépend
des circonftances Si de la volonté du commandant.
La troupe fait quelquefois halte fans quitter (es
rangs & fes armes.
Dans les exercices une troupe fait halte foit
pour pafler d’un mouvement à un autre, foit lorf-
qu’elleeft arrêtée fur le terrein qu’elle doit occuper.
Ce mot vient de l’allemand halten , qui lignifie
tenir, arrêter.
HANGAR. On donne le nom de hangar à de
grandes falles couvertes Si. percées de plufieurs
fenêtres , dans lefquelles on exerce les troupes
pendant l’hiver.
Pendant que la fureur du maniement des armes
a duré en France , les hangars étoient toujours occupés
i j’ai vu faire l’exercice aux flambeaux ; au
jourd hui, que la raifon a montré combien il eft
inutile de s’appefantir fur cet objet , les hangars
font moins fréquentés , mais ils n’en font pas moins
nécefîaires. Quand la terre eft couverte de ne ge ,
quand le froid eft très âpre , ou qu’il pleut avec
abondance , il faut un hangar , tant pour exercer
les compagnies en détail, que pour aflembler les
gardes & inftruire les recrues. On devroit donc
placer toujours .très proche de chaque corps de ca-
H A R h
fernes un hangar dont le fol fût aflez élevé au-deflus
des terres environnantes pour être à l’abri de l’humidité
; aflez bien pavé en pierres ou en cailloux
pour prévenir l’épaifle poufliêre dont les nôtres
font conftamment remplis ; aflez bien percé pour
y entretenir un air pur ; aflez folidement conftiuit
pour durer très longtemps , & aflez bien voûté
pour être à l’abri de la bombe. Ces hangars fervi-
roient de magafin pendant, la guerre , Si. de cafe-
mates pendant un liège. La dépenfe d’un hangar ,
tel que je Je propofe, excéderoit de beaucoup celle,
des hangars tels qu’ils font aujourd’hui ; mais ceux-
ci font mal fains Si. feulement utiles pendant la
paix, Si ceux-là feroient falubres Si utiles pendant la
paix Si pendant la guerre. ( C. ).
HARANGUE. Difcours que le général ou tout,
autre commandant fait à fes foldats.
§• i-
Des harangues militaires en général.
* On dit que d’après notre manière de compofer y
de ranger en bataille, Si de faire combattre nos
grandes armées , les harangues font impoffibles ,
ou du moins inutiles. Prétendre qu’il eft impoffible
de haranguer nos armées , c’eft ignorer la manière
dont les harangues militaires doivent être prononcées
; nier leur pouvoir fur le coeur Si l’efprit du
foldat , c’eft méconnoître les effets viélorieux de
l’éloquence , c’eft contredire l ’opinion de la plus
Grande partie des auteurs militaires , Si lutter enfin
contre une infinité d’expériences heureufes ; ainfi
nous regarderons les harangues militaires comme
poflibles & comme utiles , tant avant le commencement
d’uncombat & pendant la durée dé la bataille
, qu’après la clécifion de la lournée. Mais les.
généraux doivent:ils tenir à leurs foldats des difcours
femblablesà ceux que les hiftoriens, de l’antiquité
& quelques écrivains modernes mettent
dans la bouche de leurs héros ?
Toutes les fois que je rencontre une de ces harangues
magnifiques, dont les hiftoriens grecs , romains
ou françois ont.enrichi leurs ouvrages, je
la relis deux fois;, comme ardent amateur de tout
ce qui porte , le caraéière du beau , comme homme
de lettres, je l’admire ; me rappellant enfuite que
je fuis homme de guerre , que cette harangue blefle
la vérité Si même la vraifemblance , qu’elle don-
neroit aux guerriers de faufles idées fur l’éloquence
militaire , Si aux généraux des leçons d’autant
plus pernicieufes qu’elles font plus féduifantes,
je ne puis plus applaudir auffi foriement à ce chef-
d’oeuvre. Convenons-en pourtant, ces harangues
fublimes n’ont pas été inutiles à l'état militaire.
Gomme leurs auteurs étoient des hommes de génie
qui connoflfoient parfaitement le coeur humain ,
& comm? ils ont fait jouer dans leurs difcoursles
rçfloi ts lB^-plus capables de l’émouvoir , ils nous
ont fait conr.oîire les idées qui doivent entrer
dans la compofition des harangues militaires.