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où l’on règle les troupes qui doivent attaquer, &
d’où l’on part pour linfulte du chemin couvert.
Il faut obferver que c’eft de la fécondé ligne
qu’on doit ouvrir line tranchée contre la demi-lune
C ( fig. 326 ) , qui fe conduit comme les autre*,
c’ejt-à-dire, à la lape , & le long de fa capitale prolongée
C £ , & quand les trois têtes de la tranchée
feront parvenues à la diftance demandée pour l’é-
tabliffement de la troifième ligne ; on y pourra
employer fix fapes en même temps ; favoir 2 à
chacune, qui prenant les unes à ta droite 6c les
autres à la gauche , fe feront bien jointes , 8c
comme les parties plus voiftnes de la tranchée fe
perfectionnent les premières, on y pourra faire
entrer le détachement à mefure qu’elles avancent,
6c on les fortifiera plus ou moins, félon que les
forties feront plus ou moins à appréhender.
Des demi-places d’armes.
Quand la garnifon eft nombreufe & entreprenante
, & que les intervalles des grandes lignes
font de 140 ou 145 toifes, comme il faudroit
qu’elles fuffent pour être bonnes, on pourra couper
ces mêmes intervalles en deux parties à-peu-
près égales par des crochets ou demi-lunes de 40
à 50 toifes de long, figurés comme les marques R
Cfig- eHes ferviront à placer les détachements
qui doivent appuyer les travailleurs; ces
demi lignes ou demi -places d’armes ne font bien
néceffaires qu’entre les deuxième 6c troifième lignes
, pour pouvoir foutenir de près les têtes
avancées de la tranchée, jufqu’à ce que la troifième
ligne foit achevée ; leurs largeurs & profondeurs
doivent être comme celle des tranchées, ou
encore mieux , comme celle des grandes lignes.
Pour conclufion, les propriétés des trois grandes
lignes , & des demi-lignes font :
i°. De lier & de communiquer les attaques les
unes aux autres, par touts les endroits où il eft
befoin.
20. C ’eft fur leurs revers que ce font touts les
amas de matériaux.
3°, Elles dégagent les tranchées , & les débar-
raffent des troupes, laiffant le chemin libre aux
allants & venants.
40. C ’eft dans fes lignes que fe rangent les détachements
commandés pour les attaques, & que
fe règlent toutes les difpofitions quand on veut
entreprendre quelque chofe de confidérablc, foit
de vive force ou autrement.
5°. Elles ont enfin pour propriété Singulière &
très eftimable, d’empêcher les forties ou du moins
les rendre inutiles, & de mettre en état de ne
point manquer le chemin couvert.
D e s S o r t -i i s .
Maximes générales pour les prévenir ou les rendre
inutiles.
ï . La première & la plus importante de toutes,
eft de bien faire- perfectionner les trois places
d’armes, & de les mettre en état de fervir à faire
feu fur l’ennemi , de même que les autres logements,
que nous appelions demi places d'armes.
II. De ne faire aucun ouvrage qui n’ea foit
flanqué à une bonne portée.
III. De n’en point pouffer en avant , que ceux
qui les doivent foutenir ne foient en état de le
faire.
IV. De bien difpofer les troupes dans les places
d’armes , tenir les ailes & le milieu toujours plus
fort que les autres parties , 6c deftiner le gros de la
garde pour faire feu, & les grenadiers 6c gens dé«
tachés pour marcher aux ennemis quand il en fera
temps , n’oubliant pas de fe ménager une réferve,
qui fera forte du tiers ou du quart de la garde, fie
qui tiendra lieu de troifième ligne.
V . Inftruire journellement la garde de cavalerie
de ce qu'elle devra faire en cas de fortie , fie l’obliger
d’envoyer au lieutenant général de tranchée
quelque officier intelligent pour recevoir fes ordres.
"V I.Renouve'ler touts les jours la difpofition des
gardes à caufe de l'avancement des tranchées , fie
les régler comme fi on étoit affuré que l’ennemi
dût faire fortie, 8e en conféquence de bien inftruire
les poftes de ce qu’ils auront à faire.
VII. Ne jamais s’opiniâtrer à foutenir des ouvrages
imparfaits, mais céder & faire retirer les
gens armés 6c les travailleurs fur le revers des
places d’armes voifines, laiffant agir le feu de la
tranchée , qui fera beaucoup plus de mal à l’ennemi
que la réfiftance qu’on pourroit lui faire , en
s’opiniâtrant à lui tenir tête dans des lieux défa-
vantageux qui ne feraient pas en état.
V lfl. Par la même raifon, ne fe point preffer
d’aller au-devant de l’ennemi, mais l’attendre , le
laiffer engager, 6c effuyer le feu des places d’armes,
tant 8c fi longtemps qu’il trouvera à propos de s’y
expofer, & quand il fera affaibli 8t bien engagé,
le faire charger par les grenadiers 6c gens détachés-,
pendant q$ie la garde de cavalerie , qui aura eu: le
temps de venir, tombera fur lui de fon côté , foit
en le coupant, ou en le preffant par les coins.
IX. Après avoir battu la forrie, ne la point pour-
fuivre avec beaucoup d’opiniâtreté , mais fe contenter
de la pouffer 6c renfermer chez elle ; après
quoi fe jetter promptement dans la tranchée , pour
ne pas demeurer expofé au feu de la place , qui ,
étant préparé, fera pour lors fort dangereux.
X . Tenir encore une fois pour maxime très certaine
, de ne fe jamais trop preffer, mais de laiffer
agir votre feu quand il eft bien difpofé , & ne revenir
fur l’ennemi que quand ©n le verra en dé-
fordre 8c fort engagé ; & pour conclufion , ne fe
pas faire une affaire de lui voir renverfer une
douzaine ou deux de gabions , 6c mettre le feu à
quelque bout du travail imparfait, car fi votre feu
eft bien conduit, il le payera très chèrement.
Ces maximes fuffiront pour indiquer les difpofi*
fions néceffaires à fe pouvoir oppofer aux forties
avec
p L A
beaucoup d’avantage, & même pour empê-
cher l’ennemi d’entreprendre rien de confidérable ,
car il eft certain que fi on établit des places d’armes
comme il eft propofé dans ces mémoires, que la
difpofition des troupes y foit bien appropriée, l’ennemi
ne pourra faire de forties qu’il ne rencontre
tête pour rête, toute la garde de la tranchée, 6c
que l i , d’autre côté, les batteries à ricochet font
bien fervies, il ne pourra s’affembler en nul endroit
des chemins couverts oppofés aux attaques ;
ainfi il n’y aura que peu ou point de fortie.
On pourra donc en demeurer là , 6c finir cet article
; mais comme on pourroit ne le pas trouver
affez détaillé f nous allons expliquer plus au long
ce que l’on doit obferver pour empêcher les for*
fies | ou les rendre inutiles.
Les forties ont toujours pour objet de faire du
mal aux affiégeants, ce qui arrive de plufieurs ma-,
flières. -
i° . D e battre la tranchée en tout ou en partie.
20. De rafer quelque bout confidérable 6c mal
protégé de fes logements. |
q°. De retarder le progrès des attaques.
4rt'. D’attirer l’affîégeant fous le feu de la place,
pour lors très bien préparé.
50. De reprendre quelque partie du chemin couvert
nouvellement perdue , 6c où l ’affiégeant ne
fera pas bien établi.
6°. Lç chaffer d’une brèche où il fera encore
mal affermi , foit dans les. demi-lunes , contre-
gardes , ouvrages à corne, ou dans 1 enclos de la
place même.
70. De chicaner le paffage du foffé.
8°. Et enfin de chaffer ou tuer le mineur dans
fon trou. Voilà en générai lés objets de toutes les
forties. . o
Nous diviferons les forties en extérieures & intérieures.
Les extérieures font .celles qui fe font
hors des chemins couverts. Les intérieures font
celles qui fe font dans l’enclos des mêmes chemins
couverts.
Des forties extérieures.
On peut divifer les forties extérieures. Les générales
ne “«’entreprennent que quand une garnifon
eft bien forte, ou que la place a reçu quelque renfort
confidérable , qui la met en état de braver les
affiégeants de pouvoir faire impunément de :
grandes entreprifes fur eux.
Ces forties fe peuvent réduire aux projets fui-
vants : celui d’abattre la tranchée , ou d’enlever
quelque quartier des plus à portée. Ce dernier ne
fe peut exécuter que quand l’affiégeant eft très
foible , par rapport à la garnifon ; pour lors c’eft à
lui àlefentirôc à voir s’il eft en état de continuer
le fiège ; s’il ne l’eft pas , il doit lever le piquet le
plus promptement qu’il lui fera pôffible. S’il fe
trouve en état de le continuer , il eft à préfumer
qu’il ne fe laiffera pas furprendre, qu’il fe fera
précautionné d’une ^onne contrevallation; que les
Art militaire. Tome III,
P L À 353
mlarriers les plus expofés à la place feront bien retranchés
; qu’on y fera bonne garde nuit 8c jour ;
crue pendant la nuit ils auront des batteurs d d -
trade entre eux & la place pour les avertir; que
touts les jours ils renforceront leurs gardes ; & enfin
ou’ilsfe mettront en état de n’avoir rien a craindre
de ce côté-là ; & que de plus ils auront toujours
un piquet commandé de cavalerie oc d infanterie ,
pour, à tout événement, s’ en pouvoir fervir au
befoin. Moyennant ces précautions , il eu moralement
impoflible qu’une fortie réuffiffe , quelque
grande & bien concertée qu’elle puiffe être.
Si la fortie fe fait fur la tranchée, l'ennemi ou-
! vrira en même temps toutes les barrières du chemin
couvert oppofées aux.attaques , 8c meme celles
de la droite & de la gauche qui les débordent, afin
de pouvoir fortir plufieurs corps à-la-fois. Touts
enfemble attaqueront tout le front des tranchées.
Si cela arrive à la première ou fécondé garde de
tranchée , cette fortie pourroit échouer s expofer
à fouffrir une grande perte, parce qu’elle s’élot-
gneroit trop de la place, 8c qu’elle effuyeroit longtemps
le feu de la tranqhée avant que d’en pouvoir
venir aux mains, fans qiac de fa part ebe
puiffe lui rendre la pareille; que de plus elle fe
mettrait en état d’être coupée par la cavalerie,
tant de la garde que du piquet, Sc chargée en
même temps par les grenadiers 8c gens détachés
de la tranchée , foutenus des bataillons, ce qui
ferait très capable de la battre 8c défaire entièremSC
’èft pourquoi, quelque forte que puiffe être
une garnifon , je ne crois pas qu’elle fe doive com-
■ mettre jamais à de pareilles aventures. Les deux,
ou trois premiers jours d e 'la tranchée elle peut
faire faire feulement quelque galopade de cavalerie
de peu d’effet, & incapable de rien déranger aux
attaques.
Les quatre ou cinq premiers jours de la tran-
chée, on fera encore bien loin du chemin couvert;
comme la fécondé place d’armes pourrait bien
n’être pasachevée ; il ne ferait pas impoffible que
l ’ennemi, dans le d£fir de profiter de cette imper-
feflion , ne pût hafarder une fortie, s’il étoit bien
fort. Il eft à préfumer que la première place d’armes
fera pour lors achevée 8c occupée par la garde , &
la fécondé commencée, mais non tout-à-fait achevée
• en ce cas, la difpofition fuivante pourra fervir
à rep.uffer la fortie , 8c rendre fes efforts inutiles.
1*. Bien garnir les extrémités de la première
ligne ou place d’armes, 8t le milieu par des grenadiers
8c gens commandés, Se le furplus delà même
ligne , le border par des bataillons..
H P s; la fécondé place d’armes eft bien avancée ,
quoique non achevée, y faire tenir deux ou trois
bataillons, avec des détachements 8c des grenadiers
à l’ extrémité des ailes.
Une compagnie de grenadiers a la queue des
travailleurs les plus avancés, 8c quelques d’étache-
ments pour les foutenir, avec des feminelles a la
1 ; y y.