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en ce que celle-ci le fait à découvert J! & que la ;
fappe fe conftruit avec plus de précaution , parce ,
qu’elle fe fait plus près de la place.
La fappe a moins de largeur que la tranchée,
mais on l’élargir enfuite ; elle n’en différé plus ,
alors , & elle perd fon nom de fappe pour prendre
celui de tranchée.
Il y a plufieurs fortes de fappes :
Lafimple, qui n’a qu’un feul parapet.
La fappe double, qui en a deux.
La fappe volante, qui fe fait avec des gabions
que l’on ^ne remplit pas d’abord. On trace avec
•ces gabions l’ouvrage qu’on veut former, & l’on
y fait aller enfuite les travailleurs de la tranchée 1
pour les remplir de terre. Cette forte de fappe ne
peut guère fe pratiquer que la nuit, lorfqu’on eft
encore loin de la place, •'& dans les endroits où
le feu de l’ennemi n’eft pas fort confidérable.
• La demi-fappe efl celle dans laquelle on pofe
• à découvert plufieurs gabions fur un alignement
donné, qu’on travaille, enfuite à remplir, après
avoir fernaé les entre-deux des gabions avec des
fa es à terre ou des fagots de fappe..
Enfin la fappe couverte eft un chemin qu’on fait
fous terre pour mettre les fappeurs à couvert des
grenades, à l’approche des ouvrages qu’on veut
attaquer. On ne laiffe par-deffus que deux pieds
de terre , qu’on foutient s’il en eft befoin , & qu’on
fait tomber quand on veut. Cette fappe , qu’on ne
met gùètes en pratique, peut être utile dans plufieurs
occafions pour cacher fon travail a 1 ennemi.
La fappe ordinaire ou la ûm\>\&Jappe’ n’ eft autre
chofe qu’une tranchée pouffée pied à pied, qui
chemine jour & nuit également. Quoiqu’elle
avance peu en apparence, elle fait beaucoup de
chemin en effet, parce qu’elle marche toujours.
C ’eft un métier qui demande une efpêce d’ap-
prentiffage pour s’y rendre habile, auquel on eft
Bientôt fait, quand le courage & le défir du gain
font de la partie. ( Voye^ P laces ) , ( attaque des ).
SARDAR. Nom d’un officier qu’on tire du
cotps des janHTaires pour quelque expédition particulière
d’une certaine importance, comme pour
être à la tête de quelques détachements en temps
de guerre. Ce mot eft dérivé de la langue Perfane,
où il fignifie un chef, un commandant. Auffi unfar-
dar-, en Turquie, eft le commandant d’un dérache-
ment de guerre, & il eft toujours accompagné ',
dans fon entreprife, d’un député & de deux'fe-
crétaires ; mais fon emploi finit au retour de fon
expédition , foit qu’elle ait réufli ou non. (Pocock,
Defcript. de F Egypte , p. 196 )• ( E>. J. )
SAUVE-GARDE. C ’eft, à la guerre,la pro-
teélion que le général accorde à des particuliers
pour conferver leurs châteaux , maifons ou terres
, & les mettre à Fabri du pillage. Le garde
ou le foldat qui va réfider dans ces lieux ,*fe
nomme auffi fauve-jgarde. H a un. ordre par écrit
contenant l’intentio» du général. Il eft défendu,
fous peine de la vie\? d’enyrer dans les lieux où
SEC
font envoyés les fauve-gardes, & de leur faîré aucune
violence. Le profit des fauve-gardes appartient
au général, & il peut les étendre autant qu’il U
juge à propos. Cependant le trop grand nombre
de fauve-gardes eft au détriment de l’armée , qui fe
trouve privée de tout ce que les lieux confervés
pourroient lui fournir. Loffqu’un lieu où il y a
des fauve-gardes fe trouve furpris par l ’ennemi, les
fauves-gardes ne font pas prifonniers de guerre.
SCOPETIN. Cavalier armé d’une feopette ou
efeopette, car on trouve l’un & l’autre mot dans
Monet. L’efcopette, dit Furetière, eft une arme
à feu faite en forme de petite arquebufe. Les gens
d’armes s’en fervoient fous Henri IV & Louis XIIL
Elle portoit quatre à cinq cents pas. ( D. J. )
. SECOURS. Troupes ou munitions que l’on fait
entrer dans une place affiégèe.
Quoiqu’on ne d oive. entreprendre un fiege
qu’après avoir pris toutes les précautions convenables
pour ne point manquer cette entreprife , &
réfifter à touts les efforts de l’ennemi qui voti-
droit en empêcher, il arrive cependant quelquefois
qu’il afiemble fon armée plus promptement
qu’on ne le croyoit, ou que le fiege étant pins
long qu’on n’avoit cru , on fe trouve obligé de le
combattre , pour ne point interrompre 1 opération
du fiège.
Il y a , dans ce cas, deux partis à prendre: le
premier , d’attendre l’ennemi dans, les ligues ; &
le fécond , d’y laiffer une partie de l’armée pour
leur garde & pour continuer les travaux des approches
, & d’aller avec le refte au-devant de 1 armée
ennemie pour là. combattre htys de ta portée
des lignes & de la placer 1 |j ^
Ce dernier parti paroît avoir moins dapproba1"
teftrs que le premier ; mais fi nous ofons dire notre
fentiment fur ce fujet, nous croyons qu on ne
peut rien prefcrîre de général à ee.t egard , parce
que ce font les circonftances particulières dans lef-
qUelles. on fe trouvé ; qui doivent décider de la
conduite qu’il faut tenir en cette occafion.
Si l’armée affiégeanre n’a rien' à craindre pour
la fureté de tes convois , ft elle eft affez nom-
breufe pour bien garnir touts fes poftes & mettre
fes lignes par-tout en état de faire une bonne de-
fenfe , elle doit, dans ce cas , fe borner à-les défendre
, pour ne point faire dépendre lefucces du
fiège, de l’événement toujours incertain, d une b a?
taille ; mais fi elle fe trouve gênée.pour fes fourr
rages , fi l’ennemi peut couper & intercepter fes
convois , elle doit, fi elle eft affez forte pour aller
au-devant de l’ennemi & pour laiffer un nombre
de troupes fuffifant pour continuer le fiège & réfifter
à touts les efforts de la garmfon , elle doit
dis-je , dans ee cas, prendre le parti d aller le combattre
pour fe ; délivrer de toutes les inquiétudes
qu’il peut lui donner.
L’armée affiégeante doit encore prendre le même
parti j, fi la .circonvallation de la place eft trop etea’;
SEC
^ue p0Ut- qu’elle puiffe bien défendre toiites fes
différentes parties. Quand elle feroit même alors
inférieure à celle de l’ennemi, elle né peur guères
fe difpenfer de fortir des lignes pour aller le combattre.
Il n’eft point rare , dans les faftes militaires,
de voir une armée inférieure arrêter &. même
vaincre une armée plus nombreufe ; le tout dépend
de l’habileté du général pour choifir des
poftes avantageux. En allant ainfi au-devant de
l’ennemi, oh peut lui en. impofer par cetçe démarche
hardie, le furprendre même quelquefois ,
& le battre comme le fit M. le maréchal de Tàl-
lard au fiège de Landau , en 1703.
Il y a encore plufieurs autres confidérations qui
peuvent fervir à déterminer le parti qu’il convient
de prendre contre une armée qui vient au fccours
d’une place. S i , par exemple, l’ennemi eft fupé-
rieur en cavalerie,il eft plus avantageux de l’attendre
dans les lignes, que d’aller au-devant, parce
que cette cavalerie lui fera peu utile dans l ’attaque
de la ligne , & qu’elle lui dônaeroit beaucoup d’avantage
en combattant en plaine.
Si l’on a des troupes de nouvelles levées, ou
étonnées par quelques défaites,.il eft certain.qu’on
pourra les contenir & leur faire faire leur devoir
plus aifément derrière le parapet dès lignes , qu’en
rafe campagne.
Si l’on eft fupérieur en artillerie, on peut encore
fe borner à la défenfe des lignes ; l’artillerie étant
mieux fituée derrière les retranchements qu’en
plaine , peut caufer une très grande perte à l’ennemi
; dans une bataille on peut aifément en arrêter
l’effet ;*le fecret n’en eft pas grand , dit quelque
part M. le chevalier Folard , il ne s’agit que
d’en venir promptement à l’arme blanche.
II feroit aifé d’appuyer les préceptes précédents
par des exemples ; mais comme les circonftances
ne font jamais exactement les mêmes, on 11e peut
en tirer des règles fures pour la conduite qu’on doit
tenir dans les cas femblables. On a vu d’ailleurs
plufieurs fois le hafard & la témérité réuffir dans
des ehtreprifes que le fuccès même ne pouvoit
juftifier aux yeux des maîtres de l’art. C ’eft pourquoi
ce font moins les exemples qui doivent décider
du parti que l’on doit prendre dans les différentes
fituations où l’on fe trouve à la guerre , que
la connoiffance des moyens que l’ennemi peut employer
pour Inexécution de les deffeins, & l’examen
des expédients que la nature du terrein, le
temps & les circonftances particulières peuvent
fournir pour s’y oppofer. Après avoir mûrement
réfléchi fur ces différents ohjets , fi le plus grand
nombre de raifons militent plutôt pour un parti
que pour l’autre , c’eft celui-là qu’il faut adopter.
Ainfi lorfqu’on trouve qu’il y a plus d’inconvénient
à attendre l’ennemi dans les lignes que d’en
fortir pour le combattre , on doit' aller au-devant
de lui , & choifir les poftes les plus avantageux
peur cet effet. Mais fi les lignes font en bon état,
«que nulle raifon particulière n’oblige de coin-
SEC t f y
mettre l’événeffient du fiège au hafard d’un combat
, on doit, dans ce cas , fe contenter d’empêcher
l’ennemi de forcer les lignes , continuer le$
opérations du fiège , même à fa vue , comme on le
fit à Philisbourg en 1734 , à la vue du prince
Eugene , dont l’armée étoit campée à la portée du
canon de la circonvallation de cette place.
Tel étoit l’ufage des anciens ; on remarque que
leurs plus grands généraux ne fortoient de leurs
lignes pour combattre dans les lièges , que lorsqu'ils
fe trouyoient avoir de grands avantages fur
l'ennemi , ou lorfqu’il étoit abfolument néceffaire
de le faire pour fe procurer des fubfiftances ; autrement
ils fe bornoient à défendre leur camp ou
leurs lignes. Virgile , qui fait parler fon héros relativement
aux préceptes des plus grands généraux
> lui fait recommander à fes troupes acquittant
fon armée, de ne point fortir de leurs retranchements
, quoiqu’il pûr arriver, pour combattre ;
mais de fe borner à défendre leur camp.
.. . . Ita drfeedens prxceperat optimus armis
Æneas :.fi qua interea fortuna fiiiJJ'et,
Neu firuere auderent acicm , neu credere campo 1
Cafira modo & tûtes ferv cirent aggere muros.
Æneid. lib. XI.
SECRET. C’eft une maxime inconteftablement
vraie, dit Feuquières-, que du fecret & de la dili-
igence dépendent la réuffitè & le bonheur de toutes
;les entreprifes.
Le prince ne doit commettre fon fecret qu’à fon
confeil & au feul général ; & le général ne le doit
commettre qu’à ceux qui doivent être .indifpenfa-
blement chargés de la diligente expédition du projet
arrêté, & feulement quanta ce qui les regarde.
Ceci fe doit entendre des opérations de guerre
qui fe trouvent dans le cas de demander un fecret
inviolable, & qui doit refter entre très peu de per-
fonnes jufqu’au moment que doit commencer l ’exécution
du deftein formé; car, il fe préfente Souvent
à la:; guerre des cas dans lefquels, quoiqu’il faille
un grand fecret y cependant il eft d’abord entre plufieurs
perfonnes, comme les officiers généraux ,
l’intendant de l’armée, le commandant de l ’artillerie
, & le munitionnaire général.
Ces cas font de différente nature , comme lorfqu’il
faut délibérer fur le choix d’une entreprife,
quand On fe trouve, en état d’en avoir en main
plufieurs à qxécuter, s’il eft néceffaire’ de combattre
, & ou il faut conduire un ennemi pour recevoir
la bataille de lui dans un pofte avantageux
; fi lorfqu’on eft obligé de marcher, & qu’on
le peut faire- de différentes manières , on le doit
faire de l ’une ou de l’autre.
Dans touts ces cas , j’ofe dire que touts les avis
font bons à prendre , pour, de touts les différents
fentiments, en compofer le meilleur, parce qu'il
arrive fouvent que plufi.eurs ayant fait attention les
uns à une chofe , les autres à une autre, on évite,
par l’entière cqnneiffance que l’on acquiert, de
tomber , en faifant ces mouvements, dans le#
B b b b ij