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parce qu’elles ne laiffent pas d’incommoder beaucoup
de leur moufqueterie-& du canon.
On s’eft beaucoup arrêté an détail des fapes ,
des places d’armes & des batteries à ricochet »parce
que ce font des nouveautés dont les propriétés ne
font pas encore bien développées , non plus que la
manière de bien placer les mortiers à bombes &
les pierriers.
Les Hollandois employent depuis peu quantité
de petits canons courts » qu’ils appellent obus, &
de petits mortiers à grenades portatifs par deux
hommes, avec quoi ils en tirent une fort grande
quantité ; mais cela demande trop de fervice & de
dépenfe, & ils ne font pas de grand effet, il vaut
mieux s’en tenir aux gros canons , à nos bombes &
aux pierriers.
Ce n’eft pals que l'on ne puiffe employer le canon
de 4 , de 8 & de 12 livres de balle à la tranchée ,
mais en augmentation des batteries à ricochet feulement
»
Continuation de la tranchée»
Si l’on a pouffé les tranchées en même temps que
leurs places d’armes , elles feront arrivées au pied
du glacis aufiitôt que la troifième ligne fera achevée
, & jufques-là fa conduite en doit être uniforme
; on doit feulement obferver :
i°. De ne jamais s’éloigner des capitales prolongées
qui leur fervent de guides.
2°. De raccourcir leur retour à mefure qu’on
s'approche de la place, comme il eff marqué au
plan.
3°. De ne les jamais enfiler fans une néceffité
abfolue ; & lorfqu’on fera contraint de le faire,
de couvrir les enfilades par de bonnes traverfes ,
avant que l’ennemi en puiffe profiter.
Les traverfes font des bouts de tranchée réparés
, qui fervent à couvrir les revers & les enfilades
, félon les endroits où on les applique.
Comme elles ont différentes figures, nous les
expliquerons par les qualités qui conviennent le
plus à l’ufage qu’on en fait ; favoir r
Les tranchées doubles. ( Fig. 334 ). ^
Les tranchées à crochet. {Fig. 335 ).
Les direâes. ( ÏFig. 336 ).
Et les tournantes. ( Fig. 337).
Renvoi des lettres pour ces quatres figures.
A . Foffé.
C . Chemin couvert.
D . Paliffades.
E. Parapet.
F. Tranchée.
G . Traverfes»
H. Parapet de la tranchée.
Ii Revers de la tranchée.
Les tranchées doubles font celles dont l'un des
côtés fert de traverfe à l'autre, pour fe couvrir mutuellement
contre les revers & enfilades qui viennent
dés deux côtés.
P L A
Les tranchées à crochets fe font fur touts les
retours de la trartchée, fur les extrémités des lignes
& places d’armes, & fur ceux des cavaliers.
Les direéîes fervent à boucher les enfilades à
quoi on eff quelquefois contraint.
Et les tournantes font principalement employées,
tant dans les logements du chemin couvert-* dont
on n’eft pas encore bien le maître, que dans les
grandes pièces , comme baftion , demi-lunes &
ouvrages à corne. On les emploie aufli quand,
après en avoir pris quelque ouvrage , on prolonge
la tranchée vers le centre, & pour en achever
d’occuper le dedans, & y faire quelque établiffe-
ment.
Les figures de touts ces ouvrages font repréfen-
tées dans la planche 12.
Des avants- fojfés.
Dans les lieux où il fe trouvera des avants-foffés
pleins d’eau , il les faudra combler un peu en biai*
fant, s’enfilant de l’arrêté du glacis, & du fur-
plus s’épauler comme au paffage du foffé de demi-
lunes.
Ceux-ci font beaucoup plus ‘.aifés ; mais il eft à
remarquer qu’il ne faut pas entreprendre ces paf-
fages que l’on ne foit fortifié fur fonbord, par
une forte-parallèle, ou plutôt que la troifième ligne
ou place d’armes ne foit bien établie, & en
état de foutenir par fon feu le paffage, & tout ce
qüi fe fera au-delà de l’avant-foffé. Quand ort
l’aura paffé, il faudra s’étendre un peu le long du
bord du glacis , à droite & à gauche, afin d’y loger
quelques détachements pour foutenir les travailleurs
de près, qui, après cet établiffement, gagneront
le milieu de l’arrête , environ à moitié
chemin de la paliffade , pour delà s’étendre à droite
& à gauche, & gagner l” enfilade du chemin couvert
par un des côtés de fon angle, que le ricochet
enfilera plongée de l’autre, établiffant aufli les
cavaliers dans leur temps, & aux fins propofées
pour l’attaque des chemins couverts dès pays fecs.
Quand le glacis eft plat & fort large, on y fait
quelque fois paffer toute la troifième ligne, auquel
cas la prife du chemin couvert en eft plus facile ;
mais il fe trouve rarement affez large, & quand
cela eft ainfi, on doit faire plufieurs paffages de
foffé, car il faut toujours être en état de partir par
de groffes troupes.
De la prife du chemin couvert.
Suppofant la tranchée arrivée à moitié du glacis,
©n fera en état de choifir l’un de ces deux partis ;
favoir , d’attaquer le chemin couvert de vive force,
ou par induftrie.
Si l’on choifit celui de l’induftrie, ce ne pourra
être que par l’effet des batteries à ricochet, foute-
nues de la proximité des places d’armes & des
cavaliers qu’on aura fait pour impofer au chemin
couvert,
p L A
©ouvert » parce que les unes mettent les paliffades
en défordre, & chaffent l’ennemi de fes défenfes,
& les autres impofant pat leur fupériorité, la place
ne fera plus tenable , attendu même la proximité
de cette troifième ligne, qui contenant de fort
gros détachements , joint à toute la garde de la
tranchée , pourront mettre les affîégeans en état de
tomber tout d’un coupfuEle chemin couvert par
un gros corps, & d’envelopper & tailler en pièces
tout ce qui fe trouvera dedans dans un inftant ;
chofe à quoi l’ennemi doit s’attendre, fans qn il y ait
apparence d’éviter ce coup ; ce qui bien confidéré,
la raifon veut que les afliégés ne fe commettent pas
à recevoir un échec qui paroît effroyable , fans
fruit, & fans aucune apparence de le pouvoir éviter
que par l’abandon du chemin couvert. ^
Les apparences prefque certaines font donc qffils
tse s’y hafarderont pas, & qu’ils n’y laifferont que
de petits détachements , auquel cas les ricochets &
les petits cavaliers b b {fig 333 ) , que nous fuo-
potons fais à moitié du glacis, prendront infailliblement
le chemin couvert, fans coup ferir.
Mais fi ce chemin couvert n’eft point battu de
ricochets, qu’on ne foit pas en état de le dominer
par les petits cavaliers, qu’il foit bien traverfé, &
la garnifon force, on fera peut-être obligé d’en venir
aux mains , & de le forcer par une attaque générale.
En ce cas, après avoir achevé 8c muni abondamment
la troifième ligne d’outils, fa es à terre,
gabions & fafeines, on fait commander 8 ou 10
compagnies de grenadiers d’extraordinaire, plus
ou moins félon que la garnifon fera forte ou foi-
ble, avec d’autres détachements de fufiliers difpo-
fés tout le long de la troifième ligne ou place d’armes,
fur 3 ou 4 rangs de hauteur, rangés contre
le parapet j les travailleurs commandés derrière
eux, fur le revers de la place d’armes, fournis de
gabions , fafeines , facs à terre, & c ., & de chacun
deux outils.
Quelque temps avant cela on doit avoir averti
les batteries de canon, bombes 8c pierriers de fe
tenir prêtes, & de ce qu’ils ont à faire, comme
pnfli du temps qu’on attaquera, afin qu’ils fe mettent
en état, de même que les autres poftes de la
tranchée qui doivent courir à l’aélion ; quand tout
eft prêt on donne le fignal, ce qui fe fait par une ,
certaine quantité de coups de canon, ou de bom- :
bes, defquels les trois ou quatre derniers traînent un
peu, afin de donner le temps aux troupes de fe développer.
Quand le dernier coup a fini le fignal, touts
les gens commandés paffent brufquement par def-
fus les parapets de la place d’armes , marchent à
grands pas au chemin couvert, qu’ils enveloppent
de touts côtés, & entrent dedans par les ouv©r-
„tures, chargent tout ce qu’ils rencontrent, & en
chaffent l’ennemi, pendant que les ingénieurs éta-
bliffent promptement les travailleurs fur le haut
de fon parapet, lefqu.els ne font pas plutôt arrangés
qu’on leur fait inceffamment fournit des facs
Art militaire. Tome IIJ.
P L A à terre, 8c des fafeines par d’autres., On rappelle
prefque en même temps les troupes qui ont chargé,
lefquels fe viennent rallier derrière les travailleurs,
où ils reftent genou en terre jufqu’à ce que le logement
foit en état de les couvrir.
Pendant cette aâion, qui eft toujours très violente,
toutes les batteries de canon & de mortiers tirent
inceffamment aux défenfes de la place, aufli bien
que les places d’armes de la tranchée, qui ont des
vues fur les mêmes défenfes.
La place de fon côté fe défend, & met tout en
ufage pour repouffer l’afîiégeant ; comme la plus
grande partie, ou pour mieux dire tout ce fpeélacle
fe fait à découvert de la part des affîégeans , & dure
quelquefois deux ou trois heures, il y a toujours
beaucoup de fang répandu de la part de ceux qui
attaquent, & de ceux qui défendent, mais pour
l’ordinaire beaucoup plus des premiers que des
derniers; c’eft pourquoi toutes les fois qu’on peut
fe rendre maître du chemin couvert par induftrie,
fans être obligé d’en venir aux mains, c’eft fans
contredit le meilleur moyen qu’on puiffe employer.
Suppofons préfentement que les ricochets foient
bien difpofés, & que leur effet, joint à celui des
cavaliers & de la place d’armes, puiffent donner
affez d’afeendant fur le chemin couvert, pour impofer
à un ou à plufieurs de fes angles, par les
enfilades ou plongées des cavaliers; pour lors,
quand la tranchée fera parvenue au pied du glacis
il n’y aura plus guères de retour à faire, encore ne
pourra-t-on pas s’empêcher de les enfiler ; mais il
faut tâcher que ce ne foit que du chemin couvert
& brifer fouvent, moyennant quoi on couvre ai-
fément les enfilades dont les coups , partant d’iitl
lieu près & peu élevé, ne font que rafer 1 hori*
fon , & ne plongent guère.
Après le deuxième ou troifième retour au plus ;
le mieux fera de s’enfiler le long de l’arrête du
glacis par une fape double qui fe couvre des deux
côtés à l’ordinaire, & qui couvre fa tête par des
mantelets roulants , ou des gabions pleins de
fafeines, & de facs à terre que les fapeurs pouffent
& arrangent devant eux, félon leur befoin ; moyennant
quoi ces deux tranchées s’achèvent fans beaucoup
de péril, pourvu qu’on fuive directement
l’arrête , car les ouvertures de la paliffade qui font
en pointe, & joignant le parapet, font un biais
qui ne préfente point l’arrête, mais vis-àvis des faces
feulement; il n’y a tout au plus que la place d’un
fufilier ou deux , qui puiffe voir la tête des tranchées
, à qui il eft facile d’en impofer par le feude la
troifième ligne, qui doit être pour lors en état,
& par les ricochets.
Quand on fera affez avancé pour juger que l’on
n’eft plus qu'à 13 ou 14 toifes du chemin couvert
ce qui fe*connoît par le jet des grenades à main,
dont la portée ne va pas plus loin ; il faudra s’arrêter
là , &■ s'étendre à droite & à gauche du chemin
couvert, ayant foin de fe bien couvrir contre
les enfilades des angles faillans de la droite & dç
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