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ou 16,2.00 lir. ) , 8c pouvoient entretenir un cheval
propre a la guerre.
Dans la troifieme , les médiocrement riches , qui
poffédoient 200 naédiinnes , ( 540 feptiers ou
10,800 liv. ).
Dans la quatrième, ceux qui n’avoient, qu’un
revenu inférieur à cette eftimation , ou ceux qui,
n ayant aucun revenu , vivoient de l’exercice d’un
métier ou d’une profeffion.
Solon attribua aux trois premières claffes , tout le
poids & touts les honneurs de la magiftrature , 8c
les chargea en même temps de touts les frais de la
guerre. Tout citoyen étant né foldat, & deftiné
dans ces trois claffes à remplir les emplois civils 8c
militaires, 1 éducation publique fut dirigée vers ces
deux principaux objets.
Touts les enfants nés dans ces claffes , étoient envoyés
chaque jour aux écoles publiques, nommées
gymnares. On les y amenoit de grand matin , & on
les ramanoit chez eux avant la chute du jour, de
crainte que les ténèbres ne donnaffent des occa-
«ons d altérer l’innocence de leurs moeurs. C ’étoit
dans la meme vue que Solon avoit inftitué une
tres fevere. Si un citoyen qui avoit paffé
lage de l’enfance, excepté le fils du chef de l’école ,
ou fon frère , ou fon gendre , entroit dans la falle
des enfants quand ils y étoient, il étoit puni de
mort ; & le maître qui le permettoit, encouroit
la meme peine. ( Æfchyn., 1er. Solon. ).
Les maîtres dévoient avoir au-delà de quarante
ans. Apres le chef de l’ecole , les premiers maîtres
etoient les pédotribes ou maîtres de pàleftre. Ceux-
ci ayant examiné la conflitution des enfants, les
formoient en compagnies , leur preferivoient un
régime propre à entretenir leur fanté , & les appli- i
quoient, fuivant leurs forces, aux exercices de la
courfe, du faut, de la danfe, de la lutte & du difque.
Celui-ci comprenoit l’art de lancer le javelot. Si
quelques enfants annonçoient une force extraordinaire
, on les féparoit des autres, avec l’agrément i
de leurs parenrs ; on les affujettiffoir à un régime
particulier , 8c à des exercices plus forts, afin d’en
former des athelères quipuffent un jour difputer le
prix dans les combats olympiques, phyfiques ou
néméens ; jeux inflitués dès les temps les plus re
culés, pour exciter & entretenir l’ardeur naturelle
qui porte les jeunes gens aux exercices du corps.
On y accouroit de toutes les parties de la Grèce.
Chaque ville ambitionnoit l’honneur d y fournir
des athelètes, & fur-tout un vainqueur, il étoit ramené
en triomphe dans fa patrie; on abattoit une
partie des murs de la ville pour l’y recevoir. Il avoit
a la guerre un rang honorable, une place diftinguée
dans les affemblées du peuple ; il étoit nourri le
refle de fa vie aux dépens du tréfor public. Malgré
çes diftinaions flaiteufes, la profeffion athlétique
ne fut jamais emfcTraffée dans athènes, que par un
très-petit nombre de citoyens. Outre qu elle exi-
geoit une conftitution 8c une vigueur peu communes
, elle ne procuroit aux corps une force ex-
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traordinaire , qu’aux dépens de celle de l’efprit , &
ne formoit pas même la meilleure efpècé de l'ol-
dats, parce que l’excès de nourriture & de fom*
meil auquel on les accoutumoir dés l’enfance, les
rendoit pare fié ux, indolents & maladifs.
Ainfi , touts les citoyens dont l’ambition plus
éclairée defiinoit leurs enfants , non à fe donner
dans une affemblée folennelle, mais à fervir utilement
leur patrie en paix & en guerre, ne les ap-
pliquoient aux exercices gymnafliqués , qu’autant
qu’il le falloft pour développer leurs forces , & les
rendre capables des travaux guerriers. Aux exercices
du corps, on joignoit ceux de l’efprit. Il y
avoit dans les gymnafes , des maîtres de grammaire
, qui enfeignoient aux enfants à lire , à écrire
& à parler purement la langue nationale, la feule
que les Grecs appriffent ; des maîtres de mufique
qui leur formoient la voix pour les difpofer à parler
public, & leur faifoient chanter des poèmes
propres à leurinfpirer l’ardeur guerrière, tels que
ceux d’Homère, ou bien à leur former les moeurs ,
tels que ceux d Hefionde, de Phocylide, de Théog-
nis & de Symonide ; enfin, des maîtres d’éloquence
, art fi chéri des Athéniens , & fi néceffaire
a touts ceux que leur fortune 8c leurs talents def-
tinoient aux premiers emplois.
Deux autres fciences que l’on enfeignoit auffi
dans les gymnafes , concernoient particulièrement
la profeffion des armes: c’étoient les mathématiques
& la taétique. Il paroît, par ce que Xénophon dit
dans la Cyropédie, que les maîtres n’enfeignoient
dans les gymnafes que ce qui concernoit les différents
ordres de batailles.
Cette éducation finiffoit à dix-huit ans , ( âge militaire
). Tout citoyen parvenu à cet âge , étoit
tenu par la lo i, de fe préfenter devant les mas-if.
trats nommés texiarques. Ceux-ci, après un examen
de fes moeurs, le revêtoient d’une armure dans le
temple d’Agrante, fille deCoecrops, en préfence
du peuple, 8c lui faifoient prêter le ferment fuivant :
« Je ne déshonorerai point ces armes facrées , &
je n’abandonnerai point le chef de la troupe dans
laquelle je fervirai. Je combattrai pour les temples
& les chofes facrées, feul 8c accompagné. Je ne
laiffe rai point ma patrie moins qu’elle ne m’a été
tranfmife; je travaillerai au contraire à la rendre
plus forte 8c plus floriffante. Je m’embarquerai
pour fon fervice , 8c je cultiverai la portion de
terre qui me tombera en partage. J’obéirai aux loix
établies, 8c à toutes celles que le peuple établira
d’un confentement général. Si quelqu’un veut ren-
verfer ces loix, ou refufe de s’y foumettre , je m’y
oppoferai, foit feul, tait de concert avec les autres ;
8c je défendrai la religion de ma patrie. J’en prends
à témoin les dieux, Agrante , Enialius , Mars , Jupiter
, T h é lo , Heguemone ». ( Ariflot. in [aida
voce xi'pi/ioMi').
Les jeunes gens reçus de la forte , & formés par
compagnies , étoient employés à la garde de la
ville 8c des forts qui défendoient les frornières &
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le territoire de l’Aitique , ou dans quelques expéditions
peu importantes. Us s’y formoient aux
exercices, au fervice , a la difciplitie 8c aux travaux
militaires. A l’âge de vingt,ans , ils venoient fe re-
préfenter aux magi'flrats , qui les infcriyoient alors
fur le regiftre de leur tribut. ( Vlpian in Devioflh.
Olinth. 3. Pollux Onomaji., l. V I I I , c. 9 » AEfchin ,
in Ctejiph. ). .
Pour fervir dans la cavalerie, il falloit fubir un
examen différent de celui que fubiffoient ceux qui
étoient deflinés à l'infanterie. Lesgénéraux ne pouvoient
pas changer le fervice d’un citoyen, 8c le
faire paffer de la cavaleriedans l’infanterie.-( Lyfias,
Alctbiad, )
Depuis l’âge de vingt ans jufqu’à quarante, ( durée
du Jervice), les citoyens enregistrés, étoient
obligés , lorfqu’on les y appelloir, de marcher aux
expéditions ordonnées par la république , dans
quelque pays que ce fût. Cependant, comme le
befoin eft la loi fuprême , il y eut des occafions ou
l’on prit des foidats avant dix-huit ans 8c après quarante.
Conon enrôla des citoyens au-deffous de
dix-huit ; Phorion , des o&ogénaires: au temps de
Démoffhène , on en prit de quarante-cinq ans pour
monter les Trirames. ( Ulpian. in Demoflh. Olinth,
I I I , Alex, ab, Alex. , lib. I , c . 20 , âv. J. C. 362 ).
En général, tout citoyen âgé de quarante.ans ,
n’étoit plus tenu qu’à la défenfe du territoire de
l’Attique ; 8c cette obligation duroit jufqu à Soixante
ans. Les premières magistratures n’en difpentaient
pas. Les feuls citoyens qui en fuffent exempts ,
étoient les fermiers des revenus publics , Sc les directeurs
des fêtes de Bacchus. Au refle la difpenfe
de fervice extérieur après l’âge de quarante ans,
ne regardoit que les Amples foidats ,8c ce que nous
nommons bas ofjiciers ; ceux qui afpiroient aux'
. premiers grades, ou que leurs talents y avoient élevés
, continuoient jufqu’à la fin de leur vie de briguer
les fuffragês dans leurs tribus, 8c ne fe réfutaient
à aucune expédition. Il refloit donc toujours
dans l’Attique un corps de troupes deftine a
fa défenfe; favôir, touts les jeunes gens de dix-
huit ans 8c de vingt ans, 8c touts les citoyens depuis
quarante jufqu’à foixante.
Athènes retiroit aiifii quelquefois des fervices;
militaires de ceux que l’on nommoit cohabitants]'
OU étrangers-. ' < . t • ' > •- #
Les cohabitants (>*toiW ) étoient des citoyens
de quelques autres villes grecques qui, préférant
l’Attique à leur patrie, avoient obtenu de i aréopage
la permiflion d’y établir leur domicile, 8c s’y
étoient tranfportés , familles, corps 8c biens , fous
condition de payer une redevance annuelle , 8c de
fe mettre fous la tutelle d’un citoyen. Ils n’étoient
point obligés au fervice militaire ; mais dans les
guerres confidérables, plufieursfe préfentoient volontairement
; 8c quand ils s’étoient diftingués par
leur zèle, leur exaèitude ou une aâi.on. d’éclat, on
leur accordoit Vatclie , c’eft-à-dire , l’exemption de
la -redevance ; cet objet d’intérêt les-excitoit a offrir
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leurs fervices j 8c la république y trouvant 1 avan-
tage de ménagerie fang des citoyens , les réfutait
rarement. Ils pouvoient même obtenir le droit de
cité , mais il falloit que l ’afpitant fût recommandé
au peuple par mille citoyens, 8c que l’aéle d’adoption
fût approuvé dans une affemblée générale
compofée au moins defix mille. On accordoit auto
quelquefois les mêmes faveurs à ceux qui avoient
été bannis de leur patrie. ( Alex. ab. jdlex. I. IV ,
c. io. Plut. Solon.p. 91 »-E. )
Les étrangers ( %mi ) étoient pareillement des
citoyens d’autres républiques qui venaient s établir
dans Athènes , mais fans y tranfporter leurs biens ;
en payant un tribut annuel, 8c fe mettant 'fous la
tutelle d’un citoyen, ils obtenoient la permiflion
d’exercer une profeffion. .Comme ils ^ pouvoient
auffi parvenir par le fervice militaire ...à l’atelie 8c
au droit de cité , ils s’offroient dans les temps de
guerre, .8c on en formoit des compagnie^
Les efclaves , plus nombreux eux feuls que le
refle des habitants de l’Attique , étoient principalement
employés au labourage., ou à quelque profeffion
lucrative, rarement dans les guerres de
terre , 8c plus fréquemment fur les vaiffeaux ou
l’éva(ion étoit moins à craindre. Ils pouvoient, pair
dès fervices éminents, acquérir la liberté, mais
non le rang de citoyen ; alors leur état différoit peu
de celui des habitants { farotxoç ) ; comme eux ils
payoient une capitation , mais un peu plus tarte, 8c
ils étoient tenus de prendre.un patron. Quanta
ceux que leur maître affranchiffoit, ils reftoient dan*
i fa dépendance , pouvoient être pourfuivis pour
i crime d'ingratitude, 8c ramenés dans certain cas a
l’état de fervitude.
Généraux 6* officiers.
Les troupes extérieures 8c intérieures etoient
commandées, par des officiers dont les principaux
étoient les JIragètes, ou généraux. Pour être élus
ftragètes, il falloit pofféder des biens fonds dans le
territoire de l’Attique, 8c être père d’enfants v ivants
; c’étoient pour le peuple autant d’otages de
la fidélité de fes généraux.
Environ ouatre-vingt dix ans apres Solon ( av»
J.C. 564)., Cliflhène ayant divifé le peuple en
dix tribus , l’éle&ion des ftragètes fut réglée d’après
cette divifion. Touts les ans, en paix comme
en guerre, le peuple s'affembloit s un jour marqué
pour procéder à cette éleâion. Chaque tribu élifoit
fon général ; 8c comme toutes avoient un droit
égal au commandement, les dix ftragètes etoient
égaux en pouvoir ; s’ils marchoient touts dix à
l’armée , ce qui n’arrivoit que dans les dangers
extrêmes , ils la commandoient alternativement
chacun un jour. Lorfque dans le confeil de guerre
les voix étoient partagées , on appelloit le polé-
marque pour décider le différend.|C eft le nom d un
ancien officier militaire qui commandoit fous les
rois avant l etabliffement des JIragètes. Il ne lui ref-
toit de fes anciennes fondions que la prérogative