3 3 1 . . P I Q dèrable, diminua a mefurô .que les armes a feu le
multiplièrent. Dans les armées de M. de Turenne
& du grand Condé , il n’y en avoit plus qu’un
tiers ; Ôc lorfque Louis XIV , par l’avis de M. de
Vauban , les tit fupprimer , le nombre en avoit été
réduit à un cinquième. L’ufage étoit de les placer
au centre du front de chaque bataillon ; mais cette
difpoiition étoit affurément très défavantagèufe ; &
il eft affez étonnant quelle ait été fuivie conftam-
ment par nos plus grands généraux, fi capables de
la varier, comme avoit fait Montécuculli à la bataille
de Saint-Gothard, avec tant de fuccès.
M. de Puyfégur, qui a blâmé avec jufte raifon
xette ancienne difpofition , préfère de placer les
pïqites au centre de la hauteur des bataillons mais
de cette manière, la pique perd une partie de fon
avantage, qui, tant qu’on n’en vient point aux
coups de main, confifte dans la longueur \ engagée
entre plufieurs rangs, elle devient embarraf-
l'ante & fans mouvement.
Le chevalier de Folard trouve qu’un cinquième
de piques par bataillon eft fuffifant. Dans les corps
qui compofent fa colonne > il mele les piquiers alternativement
avec les fufiliers, au premier rang
de chaque fe&ion, & fur les deux premières files
des ailes. Il en ûfe ainfi, fans doute , pour remédier
au grand défaut de h pique, de n’être plus une
arme quand on en a gagné le fort, quoique fa per*-
tuifane foit en quelque forte exempte de ce défaut ;
c’eA là cinquième difpofuion de Montécuculli fur
le mélange de la moufqueterie & des piquiers.
Bottée plaçant les piques devant ou derrière les
fufiliers, ne décide rien.
M. de Mefnil-Durand ne veut qu'un feptieme
d q piques , qu'il placeroit volontiers, dit-il, toutes
aux premiers rangs de la pléfion , attendu que le
piquier, de la maniéré dont il propofe de 1 armer,
ne craindroit plus qu’on lui gag.n&t le fort. Cette
formation eft la même que la troifième de Montécuculli
, & nous paroît la plus avantageafe y nous
en avons dit toutes les raifons.
Enfin M. de Saxe , qui met fes bataillons à
quatre de hauteur, place, fes piquiers aux deux derniers
rangs. On retrouve dans cette difpoiition ,
quoique la même que celle dont Montécuculli fe
trouva fi bien à Saint-Gothard , une partie des défauts
de celle du maréchal de Puyfégur. Il eft vrai ,
comme l’obferve l’auteur ‘des Rêveries , que de
cette manière on évite l’inconvénient de mettre
genou en terre ; mais la néceffité de ce mouvement
, lorfque lès piquiers font au premier rang,
.n’eft point une raifon fi défavorable à cet arrangement
, puifqu’il ne s’agit point de tirer en attaquant
de l’infanterie ; & qu’au cas contraire, s’il
arrive qu’au moment qu’on, fera mettre genou en
terre, l’ennemi vienne à faire fa déchargé , il perd
évidemment une grande partie de fon feu. Au fur-
plus , nous avons communiqué le moyen que
nous avons trouvé pour remédier à touts les défauts
de lapiqur^ & à ceux des différentes difpoiiv
L A
tions dont il vient d’être queftioiî, & faire vo&
comment il eft poflible, avec une feule arme , de
conferver la même quantité de feu qui eft fi fort à
la mode aujourd’hui, de fuppléer la pique, de la
raccourcir ou de la fupprimer, fuivant toutes les
circonllances qu’on voudra fuppofer. Voyez F u s il -
P iq u e . ( M. D. L. R. )
Voye^k l’article Armes , les réponfes aux objections
contenues dans cet article. Je le répète encore
, tenons le milieu ; n’admettons & ne rejet-
tons rien abfolument.
PIQUET. On appelle troupe de piquet dans l’infanterie
, cinquante hommes tirés de toutes les
compagnies des régiments de l’armée, avec un capitaine,
un lieutenant & fous-lieutenant à la tête,
L q piquet de la cavalerie efl compofé de vingt ou
vingt-cinq maîtres par efcadron. Les foldats & les
cavaliers de piquet font toujours prêts, pendant la
durée de leur fervice , qui eft de vingt-quatîe
heures , à prendre les armes au premier commandement.
Dans la cavalerie, les chevaux de ceux
qui font d q piquet fontfellés, la bride tome prête
à paffer dans la tête du cheval, & les armes du
cavalier toutes préparées pour fon fervice;
Toutes les différentes troupes de piquet font ce
qu’on appelle le piquet k l’armée ; il eft deftiné à
garantir le camp des entreprifes de l’ennemi. A l’armée
il y a chaque jour un brigadier , un colonel ,
un lieutenant colonel & un major de brigade de:
piquet. Leur fervice commence les jours de fé->
jour à l’heure qne les tambours battent l’affembfée.
des gardes ; & dans les marches lorfqu’on affemble
les nouvelles gardes qui doivent marcher avec le
campement. Ces officiers fe trouvent à la tête despi-
quets toutes les fois qu’on les affemble. ; ils doivent
faire chacun leur ronde pendant la nuit, pour examiner
fi touts les officiers & foldats de piquet font
dans l’état où ils doivent être. Ils rendent compte
le lendemain aux officiers généraux de joiir, de
tout ce qu’ils ont obfervé dans leur ronde. ( Q. )
P iq u e t . Pieu enfoncé en terre, auprès duquel
on plante une perche. C ’eft un inftrument de punition
militaire. On condamne un foldat coupable
de certaines négligences dans le fervice , à fe,tenir
pendant quelques heures un des pieds fur le pi*
quet, en fe foutenant d’une main avec la perche;
Dans les camps le piquet eft planté fur l’alignement
des faifeeaux, & dans les places près d’uiy
corps-de-garde ou fur la place principale.
PIQUIER. Homme armé d’une pique.
PIVOT. Point central, fur lequel »ne troupe
tourne dans un mouvement de converfien.
PLACE. Ville fortifiée. On nomme place régulière,
cellè dont les angles, les côtés & les baftions.
font égaux, place irrégulière , celle dont les angles
les côtés & les baftions font inégaux-.
On divife les places en places de première , de:
fécondé & de troifième ligne.
La première ligne eft compofée de places dosi
p L A
te polygone eft un quarré , un pentagone ou un
^ Ï Ï ’ feconde de places dont le polygone eft un
heptagone , un oftogone ou un décagone.
La troifième de places dont le polygone eft un
endécagone, un dodécagone & au-deflus.
On forme la première ligne des plus petites
places, parce que fi l’ennemi Les prend, la perte
n’en eft pas grande , & on les reprend facilement.
S’il s’attache à plufieurs , il sV épuife, & arrive
moins fort aux plus fortes. Ce font comme
les gardes avancées d’une armée.
Celles de la fécondé ligne fervant d’entrepôts
pour les magafins , tiennent le milieu entre les
grandes & les petites.
Celles de troifième ligne font plus grandes ,
afin qu’elles arrêtent l’ennemi plus longtemps , &
donnent le temps de raffembler, en cas de be-
foin, des forces fuffifantes pour le repouffer.
Il ne faut pas tant éloigner les places de première
& fécondé ligne, que l’ennemi puiffe les attaquer
fans être inquiété par les garnirons de celles
de troifième ligne , ou puiffe s’attacher a celles-ci
àvant d’avoir pris les autres.
L’article F o r t if ic a t io n enfeigne à tes mettre
en état de défenfe. Celui-ci comprendra l’art de les
attaquer & de tes défendie, d’après Vauban , qui
en eft 1e créateur, & dans tes inventions duquel
on ne trouvera jamais que peu de chofes à rectifier.
De la réfolution des fiiges.
La réfolution des fièges eft une affaire de cabinet.
Elle eft une fuite naturelle de la fupériorité
que l’on croit avoir fur fes ennemis ; mais leur
exécution étant une des plus férieufes, des plus
importantes & des plus difficiles parties de la guerre,
elle demande auffi le plus de mefure & de circonf-
peêfion. Leur fuccès dépend de plufieurs chofes.
i°. Du fecret , fans lequel il eft difficile de
réuffir.
a0. Des forces que l’on a fur pied pour attaquer
tes places des ennemis & défendre tes fienrres.
3°. De la difpofition des ennemis y car s’ils font
réunis & auffi forts que nous , ils peuvent nous empêcher
d’en faire.
4°. De l’état dés magafins tes plus à portée des
lieux fur lefquels on peut entreprendre.
5°. De la conjonâure des temps, car touts ne
font pas propres aux fièges ; & rien n’étant plus
ruineux pour tes armées que ceux d’h iver, il faut
les éviter tant qu’on peut.
6°. Des fonds néceffaires à leurs cfépenfes y car
l’argent étant 1e nerf delà guerre, fans lui on ne
fauroit réuffir en rien.
Ce font toutes mefures à prendre de longue
main, qui doivent être dirigées à loifir ; & après
tout cela, quand on croit tes avoir bien prifes,
fouvent tout échappe ; car l’ennemi qui n’eft jamais
d’accord avec vous > pourra vous interrompre t
p L A 3 3 3
parce qu’il fera auffi fort que votfs , 8c qu’il vous
obfervera de près ; 2°. parce qu’il aura auffi def-
fein d’entreprendre de fon côté fur des places donc
la confervation vous importe plus que la conquête
de celtes fur lefquelles vous pourriez entreprendre ;
3°. parce qu’il fera en état de courir fur votre
pays & d’y porter la défolation pendant que voué
ierez occupé aafiège d’une place, &o nt la prife #
qui peut être incertaine, ne vous dédommageroit
pas des pertes que vOus en pourriez fouffrir ; 40*
enfin parce qu’il peut Ce mettre à portée de vous
combattre, avant, que vous puiffiez être établi devant
la place que vous voulez attaquer.
Il faut bien pefer toutes ces conlidérations avant
que de fe déterminer, & prendre toujours fi bien
fon temps , qu’il ne puiffe vous tomber fur tes bras
avant votre établiffement. Dans l’un & l’autre cas ,
le mieux eft d’être 1e plus fort, & d’avoir deux armées
quand on 1e peut j favoir , une qui affiège *
& l’autre qui obferve. Celle qui affiège fe renferme
dans fes lignes , comme nous dirons tei—
après, & celle qui obferve , ne fait que roder &
occuper tes avenues par où l’ennemi peut fe pré-
fenter , ou prendre des poftes & s’y retrancher »
ou 1e fuivre s’il s’éloigne , en te côtoyant & fe pof-
tant toujours entre lui & l’armée affiégeante , le
plus avantageufemenr qu’il fera poffible , afin de
n’être pas obligé à combattre contre fa volonté.
Quand on peut gagner quelques jours , c’cft un
grand avantage.
Ces deux armées doivent toujours fe tenir à portée
l’une de l’autre , fur-tout dans 1e commencement,
afin de fe pouvoir éntre-fecourir & tenir
l’ennemi éloigné ÿ qui doit, de fon côté, appréhender
de tes approcher de près , de crainte que
tes deux enfemble , fi elles font tes plus fortes , no
tombent fur lui, & ne 1e prennent à leur avantage.
L’armée d’obfervation eft encore d’un grand le-
cours à l’affiégeant dans tes commencements du
fiège , parce qu’elle veille à fa confervation & peut
lefavorifer, efeorter fes convois, lui fournir des
fafeines & faire plufieurs autres corvées. Réciproquement
l’armée affiégeante la peut renforcer dans
le befoin, après les fix ou fept premiers jours do
tranchée , quand elle a bien pris fes avantages
contre la placer
C ’eft encore une eirconftance bien favorable de
pouvoir attaquer avant que l’ennemi fe puiffe
mettre en campagne avec toutes fes forces ; otï
dans l’arrière-faifon , après qu’une partie de' fes-
troupes s’étant retirée, il n’eft plus affez fort pour
s’oppofer à nos entreprifes.
Pour pouvoir exécuter te premier, il eft nécefi-
faire d’avoir de grands magafins de fourrages à
portée des lieux fur lefquels on veut entreprendre ÿ
& d’avoir toujours une armée d’obfervation, s’il eft
poffible.
Des Magafins.-
Nous avons dit qu’il étoit néceffaire d’avoir dés