
4 4<* RÉC
p a r fa fo rm e , l ’id é e d u r em p a r t , & l a v a lla ire c e lle
d ’un r e tran ch em en t. L a c ou ro n n e d on n ée à c e lu i
q u i a v o it eu l’a v an ta g e dans un com b a t équ eftre ,
p o r to it q u e lq u e s o rn emen ts q u i l 'a n n o n ç a ie n t , &
i l en é to it ainfi des autres a llio n s de g u e r re .
C e lu i qu i frap po it un e n n em i, non d ans un com b
a t gén é ra l o u dans un a f fa u t , mais dans un c om b
a t pa rticu lier ch e rch é v o lo n ta ir em e n t & fans y
ê t re o b lig é par fo n d e v o i r , r e c e v o itu n e h a i e p u r e ,
c ’e fl-à -d ir e , fans fe r . L o r fq u 'i l a v e i t tu é & d é p
o u illé fo n a d v e r fa i r e , o n lu i d on n o it une pha-
lè r e , s’il é to it c a v a lie r , un b ra ffe le t ( 4 ) ,
s ’il é to it fantaffin ; a u t r e fo is , d it P o ly b e , on n e lu i
d o n n o it qu ’u n e h a i e . ( Polyb. L VL, c. 3 7 . Serv.
in virg,v. L ip f L. V. dialog. 17. Fefi. armilia ).
L e bra ffe le t d’o r o u d’a rg en t é to it r é fe rv é au x
c ito y e n s ; le s é tran g er s n e l ’o b ten o ien t pas. L e
c o l l i e r , au tre p r ix de la v a le u r , é to it d ’o r p o u r les
é tra n g e r s & les au x ilia ires , d’a rg en t p o u r le s c i to
y e n s ; il y a v o it auffi des récompenfes p o u r c eu x
q u i a v o ie n t le plus co n tr ib u é au fu c c è s d ’un c om b
a t. L e s pré teu r s L . C a lp u rn iu s P ifon , & L . Q.
C r ifp iu s , a y a n t d é fa it les E fp a gn o ls & fo r c é leu r
cam p , d o n n è r en t à leu r c a v a le rie c elu i-là des pha-
lè r e s , l’autre d e p e tite s cha îne s &c des b o u c le s ,
( caflellis ac fibulis donavit ). ( P lin. ibid. Liv. I.
X X X IX , c. | | , dé R. 568, av. J. C. 185 ).
O n t ro u v e pa rmi les d on s militaires de petites
c o rn e s d ’a rg e n t ( comiculi argentii ) ; L . Papirius'
a y a n t défa it le s S am n i te s , d on n a de petites co rn e s
& d es b ra ce lets d ’a rg en t à touts le s c a v a lie r s . ( Id.
L X , c. 44 ,de R . 460 , av. J. C. 293 ) .
L e v e x ille fu t auffi u n e récompenfe m ilita ire . Un
f ra gm en t a ttribué pa r Suida s à P o ly b e en fa it ment
io n ; e lle d e v in t plus fréqu en te v e r s le s d erniers
tem p s de la r ép u b liq u e & tous le s em p e reu r s . Ma -
r iu s d emandant le c o n fu la t , d ifo it : « Je ne p eu x
m o n tr e r d e me s an cê tre s ni f la tu e s , ni b u l le s , ni
c o n fu la t s , ni t r iom p h e s ; mais-s'il le f a u t , je pré-
fe n te ra i de« h a l l e s , u n v e x i l l e , d es ph alère s &
d ’autres dons militaires ». A g g r ip a r e ç u t d ’A u -
g u lle , après fa v iâ o i r e n a v a le , un v e x ille d e c o u le
u r b le u e . A u r e lie n o b tin t d ix h a lle s p u re s &
q u a t re v e x ille s de d eu x cou leu r s . P rob u s fe rv a n t
e n qu alité de T r ib u n con tre le s Sa rmate s , r e ç u t ,
a v e c d ’au tre s d ons , qu atre v e x ille s purs , c’e lf-
à - d i r e , u n e fe u le c o u leu r . U n g ran d nomb re d’in f- ;
c r ip tion s fo n t men tio n de c e tte récompenfe. ( Sallufi. \
Jugurth. c, 83 , de R . 646, av. J. C. 107. Sueton, c.
2 3. Vopifc. de J. C. 26 3. Id. de J. C. 260. V. Gruter, )
I l fau t com p te r auffi parmi les d on s faits an c ien n
em en t au x g én é rau x v a in q u eu r s o u au x c ito y e n s
le s plus b r a v e s , c e lu i de la p o r tio n d e te r r e q u o n
p o u v o it la b o u r e r en un jo u r ; c e lu i d’u n h ém in e
d e farine , qu ’on n om m o it adoreum , & qu i é to it
d é c e rn é pa r les tribuns m i li ta i r e s , p a r les troupes
o u pa r le p e u p le . L o r fq u e M anliu s eut fa u v é le Cap
ito le , i l re çu t a v e c les é lo g e s dus à fa v a l e u r , les
d on s militaire s ac co utumé s , & non - fe u lem e n t
le s t r ib u n s , mais auffi touts les fo ld a t s , po r tèren t
RÉC
volontairement à fa maifon chacun une demi-livre
de farine & un demi feptier de vin. (£/V./. F , Ci
47 , V(il. max. Plin. L. X V I I 1 , c. 3 ,8 , de R. 363 >
av. J. C. 390 ). Portons encore ici le don d’une
place clans le cirque, & le droit d’y avoir la chaire
curule, honneur qui fut accordé au diâateur Marins
Yalérius , vainqueur des Sabins , & à fes def.
cendants ; le titre d’impérator attribué au général
par fon armée ; les furnoms donnés pour des actions
particulières & tirés des noms des villes
prifes ou délivrées , dés pays fournis-, du lieu de la
viâoire, ou du genre de la récompenfe obtenue ,
tels que ceux de Coriolanus , Torquatus , Capitoli.
nus , Regillenjis , A fric anus , AJiatïcus ; le don fait
aux officiers généraux , aux foldats ou aux centurions,
d’une portion de butin confinante en armes,
i uftenfiles , vêtements ou argent ; l’avancement en
grade , l’augmentation de ration & de paye ,
l’exemption des travaux du fervice du carapi, les
enfeignes particulières données à une légion ,
comme les éléphants le furent à la cinquième par
Jules Cæfar, & peut-être ces furnoms de triomphante,
de fulminante, & autres femblables don-
! nés aux légions. ( Plin. I. X V I I I ,.c. 3. Liv. I. U,
\ c. 3 1 , de R. 239 , av. J. C. 494. Appian. Bell. civ,
I. I I ,p . 455 , S . y , ■ I ■ :
Les trophées & les temples perpetuoient auffi la
mémoire des aâions d’éclat , des viâoires & des
conquêtes. L’ufage des trophées fut rare. Le peuple
Romain , dit Florus , ne reproehoit point fes fuccès
à l’ennemi qu’il avoit fournis. Cependant Do-
mitius Ahénobarbus, conful en 659 , & Fabius
Maximus , firent élever des tours de pierre aux
lieux où ils avoient combattu , & y fufpendirent
des trophées formés des armes de l’ennemi. Pompée
en érigea fur les Pyrénées après fes viâoires
en Efpagne. ( L. I I I , c. 2. lb. Sallufi. )
L’ufage des temples votifs étoit plus commun.
Plufieurs généraux promirent aux Dieux des
temples & des autels , s’ils revenoient triomphants
dans Rome , & ces édifices rappelloient le fouve-
nir de la victoire & le nom du vainqueur. Lorfque
l’armée de Romulus , preffée par les Sabins , com-
mençoit à fuir, ce prince promit à Jupiter de fiatuer
un temple qui attefteroit à la poftérité que Rome
devoit fa confervation au fecours de ce Dieu.
Auffitôt les Romains recommencèrent le combat
avec avantage. M. AttUius Régulus, voyant les
légions ébranlées & prêtes à fuir devant les Samnites,
fit voeu d’élever un temple au même Dieu
qui avoit exaucé Romulus , fi l ’armée, revenant
de fon effroi, retournoit au combat & en fortoit
viâorieufe. Elle le fu t, 8c le fénat regarda comme
un devoir facré l’obligation de s’acquitter envers
un Dieu qui, deux fois , s’étoit montré proteâeur
de Rome. Dans la bataille livrée aux Gaulois &
aux Samnites , par P. Décius , & Q . Fabius Maximus
, celui-ci voua un temple & les dépouilles de
l’ennemi à Jupiter vainqueur ; M. Marcellus, à
l’honneur & au courage dans la guerre contre tes
RÉC
Gaulois ; P. Sempronius, à la fortune primigène
dans un combat contre Annibal aux environs de
Crotone. ( Liv. L I , c. 12. Id. I. X , c. 37 * de R.
av. J. C. 294. Wm L X , c. 29 , de R. 458 ,
I l J. C. 29ï . X X V I I , c. 25 , de R. 531 , av, J. C.
222. X X IX , c. 36, de R. 349, av. J. C. 214).
Une autre récompenfe des plus rares & des plus
honorables , confiftoit dans le droit de confacrer à
Jupiter Férétrien , les dépouilles qu’on nommoit
opunes ; c’étoient celles qu’un général enlevoit au
général ennemi après l’avoir tué.Un autre officier,
quel qu’il fût, ne pouvoit prétendre à cet honneur.
T . Manlius Torquatus , & M. Valérius , ne
l’obtinrent pas, parce qu’ils n’étoient généraux ni
eux ni leurs adverfaires ; & quoique M. Craffus ,
général d’une armée Romaine , eût tué Deldon , i
roi des Baflarnes, les dépouilles qu’il lui enleva
ne furent point regardées comme opines , parce
qu’il n’étoit que lieutenant d’Augufle. Cependant,
fuivant Varron, les dépouilles enlevées au général
ennemi, même par un fimplc foldat, étoient réputées
opimes. Il fe peut qu’on leur ait donné ce
nom, mais qu’elles n’aient été fufpendues dans
aucun temple. ( Fefi. val. max. I. I I I , ç. %. Dio.
IL . 1 ) .
Les premières furent confacrées par Romulus.
Ce prince porta lui-même fur le capitale les dépouilles
d’A cron, roi des Cécinenfes , qu’ il avoit
tué dans le combat ; il les y dépofa contre un
chêne révéré des bergers comme facré; il y défi-
gna l’emplacement d’un temple en difant ces
mots : « Jupiter Férétrien , moi Romulus , roi &
vainqueur, je t’apporte ces dépouilles d’un roi ,
& je te dédie un temple que je viens de mefurer
mentalemenf ; lieu defïiné aux dépouilles opimes ,
que mes defcendants , fuivant mon exemple , y
apporteront, après avoir tué les rois & les chefs
des ennemis ».
Numa Pompilius confirma par une loi la volonté
de Romulus. Il ordonna que les dépouilles de ce
genre fuffent confacrées dans la fuite à Jupiter
Férétrien, comme Tavoient été les premières ;
mais il voulut que les fécondés le fuffent d’abord
fur l’autel des mers , & que cetoi qui auroit enlevé
la valeur de trois cents livres de cuivre ,
(33 liv. 15 f. ) , immolât un boeuf ; que fi le prix
des dépouilles alloit à cent quatre-vingt, ( 20 liv..
5 f* ) , il immolât un porc , une brebis & un taureau
; que les troifièmes dépouilles opimes fuffent
d abord confacrées à Janus Quirinus , & que le
vainqueur immolât un bélier. ( Fefi. Plutarch. iji
marcello ).
Les fécondés dépouilles opimes furent dépoféeS’
dans le temple de Jupiter Férétrien , par le conful
Aulus Cornélius Caffus , qui tua Tolumnius , roi
des Véiens. Lorfque Cæfar Augufte entra dans ce
temple, ruiné en partie , on y lifoittoncore fur
une cuiraffe de toile , que le conful Coffus avoit
enlevé ces armes ; & Plutarque dit qu’il entra dans
Rome avec ces dépouilles , porté par un char à
RÉC 4 4 7
quatre chevaux ; honneur qui ne pouvoit âpparte*
nir à un général triompha'nt. {Liv. I. IV , c. 19 ,
de R. 325 , av. J. C. 228 ).
Les troifièmes furent confacrées par M. Marcellus
, qui, dans la guerre contre les Gaulois Infu-
briens , ôta la vie à Virdumar , roi des Géfates.
Ce conful imitant Romulus, porta lui-même au
temple ces dépouilles fufpendues à un tronc
d’arbre ; Sigonius dit avoir vu chez André Lauré-
dano , noble Vénitien , quelques anciennes mé-.
dailles d’argent très bien confervées , où Marcellus
étoit repréfenté portant ainfi ces dépouilles*
( Liv. ep'uom. X X , Flor. Eutrop. Virgil. I. VI,
trontin. IV , de R. 531 , av. J. C. 222. Fafi.Roman,
p. 246 ).
Celles que les officiers particuliers & les foldats
recevoient comme portion du butin ou comme
dons militaires , étoient fufpendues aux portes 8e
.aux vefiibules de leurs maifons , comme témoignages
& monuments de leur valeur. Le roi ordonnait
que ces dépouilles y périffent de vétufté;
lorfque la maifon étoit vendue , il n’étoit permis à
l’acheteur ni de les réparer, ni de les ôter. ( Plin,
l. X X X V , c. 2. Plutarch. quoefl. Roman. 37 ). Ceux
qui avoient reçu des couronnes, des braffelets ,
des colliers & d'autres prix , les portoient dans les
jeux & dans les pompes ; le droit de porter ces
ornements leur appartenoit exelufivement. Ces récompenfes
répandues avec une efpèce de profufion ,
entretenoient dans Rome les vertus guerrières ;
touts les citoyens y afpiroient. L’occafion de les
mériter étoit le plus grand bonheur pour ceux qui
fervoient dans l ’armée , & l’objet de l’envie & des
regrets de ceux qui reftoient dans Rome. O11 peut
juger des effets de cette excellente infiitution , &
des efforts qu’elle faifoit faire par le nombre des
récompenfes qu’obtinrent quelques citoyens. Lorfque
M. Manlius fut accufé, il fit expofer aux yeux
du peuple les dépouilles de trente ennemis qu’il
avoir tués , quarante dons militaires, parmi lef-
quels étoient deux couronnes murales & huit civiques.
Sicius Dentalus avoit eu part à cent vingt
combats; il avoit tué à la vue de l’armée, huit ennemis
qui avoient défié le plus brave des Romains ;
il avoit reçu quarante-cinq bleffures , toutes par-
devant; il avoit eu de fes généraux dix-huit hafles
pures , vingt-cinq phalères, trois colliers , quatre-
vingt braffelets, vingt-fix couronnes , dont une
obfidionale, quatorze civiques , trois murales ,
huit couronnes d’or , vingt captifs, vingt boeufs,
dix mille as du tréfor public , qui font ( 1 1 7 3 l iv .k
Il avoit contribué aux viâoires de neuf généraux ,
& avoit fuivi leur char dans la pompe triomphale;
honneur fuprême réfervé aux généraux qui ren-
troient viâorieux dans Rome à la tête de leurs
troupes , feules témoins de leurs aâions. ( Polyb, l.
V I , chap. 38. Tibul. I. I. Propert. I. III Liv. I.
XXX V III. Plin. I. V I I , c. 28. Val. Max. L I I I ,
c. 2 , §. 26 , de N. 300 , av, J, C. 453. Liv. I.
X X X IX , c. 29 ).